Marrakech Express 2

La Place

Au loin dans une brume de chaleur, Marrakech s'étirait l'échine au soleil tel un gros chat roux. Nous avons abandonné la magnifique résidence Al Qantara, sise dans l’un des grands chantiers périphériques pour rejoindre le cœur de la ville. Le nez collé à la vitre de la navette qui nous conduisait au square de Foucault, je me contentais de rester vivant, les yeux à la fois fertiles et exorbités d'horreur, devant l'animation de la ville traversé de à grands coups de freins et de klaxons, sans nous plafonner une seule fois ni écraser quiconque. Le bol ! A hauteur de Bab Agnaou, gonflée au vent comme un ballon de baudruche, la djellaba pistache d'un motocycliste grisé de vitesse, ressemblait à un loukoum géant motorisé. Trois musulmanes colorées de rouge, vert et jaune, longeaient les remparts ocre. Une charrette tirée par un âne, croisait des calèches dans un essaim de poussière. Des vélomoteurs pétaradaient. Des passants s'insinuaient entre les voitures. Des vélos lourdement chargés, faisaient entendre leur avertisseur au timbre grêle. Des badauds baguenaudaient, nez au vent. Des chauffards s'insultaient par-dessus le tintamarre des camions aux freins puissants. Des enfants criaient et riaient. Une femme voilée de mauve, une jarre en équilibre sur la tête, ondulait en traversant le trafic. Tout un monde grouillant et chaotique se coulait avec tant de grâce et de simplicité que j'en restais muet d'admiration. Et cette agitation matinale qui composait le paysage de la ville à son réveil, me trouvait fort secoué mais vivant un quart d'heure plus tard.

Et alors là, il nous a bien fallu s’insinuer nous-aussi dans le trafic pour prendre possession de la Medina. La chance à fait le reste.

.La Kouboubia

A elle seule, la place Jemma el Fna, est l'attraction de la ville, le point de rencontre obligé. Il y grouille à toutes heures du jour un monde cosmopolite tout droit sorti d'un roman d'espionnage. Si d’aventure vous en êtes à votre première visite à Marrakech, évitez de l’aborder de front par l’esplanade où vous y attendent les charmeurs de serpents et autres envahissants bateleurs toujours à quémander avec insistance quelques dirhams.

A deux pas de la place jeema-el-Fna, le square Foucault est le point de départ des calèches pour la visite de Marrakech. C'est aussi l'endroit où les marrakchis prennent le frais en discutant loin de l'agitation touristique.

Sur la place Djeema-el-Fna, le matin se tient sur cet ancien terminal des autobus, un immense marché tenant à la fois de la brocante et de la halle aux fruits et aux légumes. D'échoppe d'apothicaire en étal d'herboriste, de vendeuses de pains accroupies sur le sol, aux marchands de jus de fruit frais, de quincailliers en vanniers, de ferrailleurs en chiffonniers, chacun déambule et se plonge dans ce foisonnement pour y faire ses achats.

Les terrasses de l'Argana et du Café de France offrent une beau point de vue sur la place.

Impensable de ne pas déguster pour quelques dirhams un délicieux jus d'oranges

La place à l'heure du repas.

Sur le coup de midi tandis que les terrasses panoramiques se peuplent de touristes affamés, la Place du néant, porte bien son nom. Un soleil de plomb lamine l'esplanade déserte et soudain assoupie. De rares porteurs d'eau font tintinnabuler inutilement leurs clochettes et un charmeur de serpent tonifie un reptile capricieux et cataleptique. Et du minaret vous parviennent les admirables chants de la foi que psalmodie le muezzin. Rien de plus sinon en début de soirée, aux premiers roulements de tambours, aux premiers sons de flûte, l'amorce d'un soupçon d'animation sur l'esplanade que gagnaient les premiers flâneurs de l'après-midi avant que le lieux ne se transforme dès la tombée de la nuit en un restaurant de plein air aux vagues allures de foire. A la lueur des lampions, funambules, lutteurs, conteurs, acrobates, danseurs, baladins, camelots, commerçants ambulants et bateleurs drainent une foule de badauds et d'habitués autours des gargotes illuminées. Marrakech palpite.

Le soir la place devient un vaste restaurant en plein air aux vagues allures de foire. .

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