jeudi 26 avril 2012

Souvenirs souvenirs (1960)






1960 L’horizon s’éclaircit. Devant moi s’annonce la décennie prodigieuse qui allait me voir grandir. Pour la seule année 1960, citons pêle-mêle : la création du "nouveau franc "; les débuts sur scène des Beatles et de Johnny Hallyday; le lancement du paquebot "France". Le reste : les révolutions culturelles, politiques, on s’en fout., enfin aussi à huit ans c’est un peu normal. Les Français d'alors travaillaient beaucoup et vivaient chichement. En 1962, un ouvrier gagnait en moyenne 580 francs par mois (90 euros), quand un transistor bon marché en vaut 245. La voiture, le téléphone, la télévision sont des luxes de nantis. Le Français moyen n'a ni salle de bains ni machine à laver.




















Dalida est en tête de tous les suffrages devant les Compagnons de la chanson, Gilbert Becaud et Bob Azzam avec fais moi du couscous chérie laisse augurer la fin de la guerre d’Algérie.







Pourtant, Selon les grands spécialistes de l’époque du Yéyé échapper au phénomène Johnny Dans les années 60 relevait de l’impossible dans les milieux populaires. Porté par la vague rock émanant des Etats-Unis il s’est d’emblée imposé en France comme l’idole des jeunes. En décembre 1959 le directeur artistique de chez Vogue. lui propose de signer un contrat et à 16 ans Johnny Hallyday sort son premier 45T, «Laisse les filles» et «T’aimer follement» dès janvier 1960. Mais c’est avec le titre «Souvenirs, souvenirs» que Johnny est véritablement lancé en juin 1960 et emballe les foules à chacun de ses concerts, provoquant l’hystérie, que ce soit au Golf Drouot ou à l’Olympia. Fin 1960 j’avais pour ma part huit ans. Le CE du Bronze Industriel organisa un week-end de ski à Morzine. Il y eut lors de se séjour un concours de luge auquel j’ai participé installé sur le dos de Papa, allongé sur cet instrument de torture difficilement maniable dans les virages. J’y ai gagné un minuscule piolet montagnard qui faisait office de stylo et Papa des contractures abdominales. Le retour s’est effectué en car et de nuit. En m ‘endormant la tête sur les genoux de Papa, j’ai le souvenir de cette chanson de Johnny qu’avait capté des jeunes sur leur transistor.







Hiver 1960 Papou au ski avec son papa

mercredi 18 avril 2012

Route Nationale 7 (1959)


 
Ma cousine Sabine et moi-même.


Alors que le début d'année voit l'entrée en vigueur du Marché Commun et qu'un certain Fidel Castro cherche à prendre le pouvoir, je vois d'emblée mon horizon s'obscurcir par une fallacieuse ordonnance gouvernementale qui décrète la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans. La merde, quoi. De plus j'allais me trimballer le général sur une décennie. Heureusement restait les chansons.





Les parents et les frères de  Karavan Papou






Karavan Papou condamné à l'école jusqu'à plus soif.




mardi 17 avril 2012

Les lavandières du Portugal (1955)





Mon père, homme de petit gabarit, ne donnait pas cher de ses chances face à ses concurrents. Pour attraper ma mère il s’est mis à l’athlétisme. Le virus est resté. Ma mère aussi. Alors, comme il ne voulait pas travailler la vigne, il est monté à Paris. Ma mère aussi.

Mes parents se sont installé tout d’abord rue de Paris à Bobigny avant de filer rue des Peupliers. En 1934 mon père courait encore. Il avait pour partenaire René Loiseau. René Loiseau venait de fonder sa boite Le Bronze Industriel à Bobigny. Homme généreux devant l’éternel, René Loiseau proposa un emploi à mon père.

Ma mère rue de Paris
En 1956 j’avais trois ans. Ma mère avait arrêté de commencer et mon père faisait chauffer la tambouille au Bronze Industriel. La télévision n’avait pas encore fait son apparition dans le petit trois pèces et l’énorme T.S.F. n’avait pas été remplacé par le poste à transistors. Cela n’a pas empêché mon père de vibrer à la victoire d’Alain Mimoun au marathon des jeux olympiques de Melbourne et d’écouter les succès du moment en se rasant dans la salle de bains sur l’évier entre l’assiette plate et l’assiette creuse.
Mon père en tête. En tête de quoi ?





A cette époque mon frère ainé me présentait des gonzesses.













Le tour de France 1955 & 1957 filmés par un amateur






L'arrivée  métro à pneus à la fin des années cinquante.



Rue de Paris






Le poinçonneur des Lilas (1958)


Les lavandières du Portugal, le film.

lundi 16 avril 2012

Les Misérables pour tous



Ma toute première version des Misérables je la dois à la télévision.  Comme beaucoup d’enfants, j’ai frémis et pleuré aux aventures mélodramatiques de ses héros. Le merveilleux Claude Santelli et son Théâtre de la Jeunesse, en adaptant ce monument de la littérature  en trois parties : Cosette, Gavroche et Jean Valjean m’a ouvert en grand le monde de Victor Hugo. Plus tard, j’ai eu entre les mains la version abrégée des Misérables, publiée dans la bibliothèque verte et illustrée par Jacques Pecnard.  Cette édition de 1959 en deux volumes devait appartenir à mon frère. Et puis il y a eu les trop nombreuses adaptations cinématographiques dont aucune ne trouve vraiment grâce  à mes yeux. Hugo n’a pas eu la chance d’avoir derrière la caméra un David Lean comme ce fut le cas pour l’œuvre de Charles Dickens.
Tout le monde en connaît plus ou moins la trame principale qui débute en octobre 1815 sous la Restauration et s’achève peu de temps après l’insurrection républicaine à Paris en juin 1832 qui tente  de renverser la monarchie de juillet.

Commencé en 1845, sous le titre initial Les Misères, l’auteur termine ce roman, conçu comme un réquisitoire social, en 1861. Il n’achèvera en revanche jamais la longue «préface philosophique». Entre le roman historique et le roman à thèse, Hugo a voulu avant tout faire de cette œuvre une épopée du peuple.

Dans les années quatre-vingt j’ai lu la version intégrale en compagnie d’une guide du vieux Paris et une carte  de 1839 détaillant les rues de la capitale avant les grands travaux d’Haussmann. Ce qui m’a le plus frappé à sa lecture c’est, comme l’écrit Mario Vargas Llosa dans son essai « La tentation de l’impossible » :

 «  (...) Sur l'intrigue principale se greffent d'autres histoires, indépendantes ou parasites, ainsi que de multiples digressions philosophiques, sociales et religieuses. Cette amplification est parfois disproportionnée, anarchique ; tant d'allées et venues font par moment perdre le fil de l'action et il arrive que l'attention du lecteur se dilue dans l'abondance des commentaires. Mais c'est précisément par sa nature torrentielle, à l'image du vertige de la vie, que ce roman Les Misérables, malgré ses naïvetés et sa sensiblerie, son côté daté et ses maladresses de feuilleton, est apparu à ses lecteurs depuis sa publication — et nous ne faisons pas exception —, comme l'une des plus mémorables histoires qu'ait produites la littérature. »





dimanche 15 avril 2012

A chasse noire meute muette


                                                      Extrait du plan de Paris de 1839

"Jean Valjean avait tout de suite quitté le boulevard et s’était engagé dans les rues, faisant le plus de lignes brisées qu’il pouvait, revenant quelquefois brusquement sur ses pas pour s’assurer qu’il n’était point suivi."
"Cette manœuvre est propre au cerf traqué. Sur les terrains où la trace peut s’imprimer, cette manœuvre a, entre autres avantages, celui de tromper les chasseurs et les chiens par le contre-pied. C’est ce qu’en vénerie on appelle faux rembuchement."

(...) Jean Valjean, pas plus que Cosette, ne savait où il allait. (...)  Il était déterminé à ne plus rentrer dans la maison Gorbeau. Comme l’animal chassé du gîte, il cherchait un trou où se cacher, en attendant qu’il en trouvât un où se loger."
"Jean Valjean décrivit plusieurs labyrinthes variés dans le quartier Mouffetard, déjà endormi comme s’il avait encore la discipline du Moyen-Age et le joug du couvre-feu; il combina de diverses façons, dans des stratégies savantes, la rue Censier et la rue Copeau, la rue du Battoir-Saint-Victor et la rue du Puits-l’Ermite. Il y a par là des logeurs, mais il n’y entrait même pas, ne trouvant point ce qui lui convenait. Par exemple, il ne doutait pas que, si, par hasard, on avait cherché sa piste, on ne l’eût perdue."
"Comme onze heures sonnaient à Saint-Etienne-du-Mont, il traversait la rue de Pontoise devant le bureau du commissaire de police qui est au no 14. Quelques instants après, l’instinct dont nous parlions plus haut fit qu’il se retourna. En ce moment, il vit distinctement, grâce à la lanterne du commissaire qui les trahissait, trois hommes qui le suivaient d’assez près passer successivement sous cette lanterne dans le côté ténébreux de la rue. L’un de ces trois hommes entra dans l’allée de la maison du commissaire. Celui qui marchait en tête lui parut décidément suspect."
– Viens, enfant, dit-il à Cosette, et il se hâta de quitter la rue de Pontoise.
Il fit un circuit, tourna le passage des Patriarches qui était fermé à cause de l’heure, arpenta la rue de l’Epée-de-Bois et la rue de l’Arbalète et s’enfonça dans la rue des Postes.
Il y a là un carrefour, où est aujourd’hui le collège Rollin et où vient s’embrancher la rue Neuve-Sainte-Geneviève. (...)
La lune jetait une vive lumière dans ce carrefour. Jean Valjean s’embusqua sous une porte, calculant que si ces hommes le suivaient encore, il ne pourrait manquer de les très bien voir lorsqu’ils traverseraient cette clarté.
En effet, il ne s’était pas écoulé trois minutes que les hommes parurent. Ils étaient maintenant quatre; tous de haute taille, vêtus de longues redingotes brunes, avec des chapeaux ronds et de gros bâtons à la main. Ils n’étaient pas moins inquiétants par leur grande stature et leurs vastes poings que par leur marche sinistre dans les ténèbres. On eût dit quatre spectres déguisés en bourgeois.
Ils s’arrêtèrent au milieu du carrefour et firent groupe comme des gens qui se consultent. Ils avaient l’air indécis. Celui qui paraissait les conduire se tourna et désigna vivement de la main droite la direction où s’était engagé Jean Valjean; un autre semblait indiquer avec une certaine obstination la direction contraire. A l’instant où le premier se retourna, la lune éclaira en plein son visage. Jean Valjean reconnut parfaitement Javert."
"L’incertitude cessait pour Jean Valjean; heureusement elle durait encore pour ces hommes. Il profita de leur hésitation; c’était du temps perdu pour eux, gagné pour lui. Il sortit de dessous la porte où il s’était tapi, et poussa dans la rue des Postes vers la région du Jardin des Plantes. Cosette commençait à se fatiguer, il la prit dans ses bras, et la porta. Il n’y avait point un passant, et l’on n’avait pas allumé les réverbères à cause de la lune.
Il doubla le pas. (...)
Il laissa derrière lui la rue de la Clef, puis la fontaine Saint-Victor, longea le Jardin des Plantes par les rues basses, et arriva au quai. Là il se retourna. Le quai était désert. Les rues étaient désertes. Personne derrière lui. Il respira.
Il gagna le pont d’Austerlitz.
Le péage y existait encore à cette époque. (...)


Le Pont franchi, il aperçut un peu à droite des chantiers devant lui; il y marcha. Pour y arriver, il fallait s’aventurer dans un assez large espace découvert et éclairé. Il n’hésita pas. Ceux qui le traquaient étaient évidemment dépistés et Jean Valjean se croyait hors de danger. Cherché, oui; suivi, non.


Une petite rue, la rue du Chemin-Vert-Saint-Antoine, s’ouvrait entre deux chantiers enclos de murs. Cette rue était étroite, obscure, et comme faite exprès pour lui. Avant d’y entrer, il regarda en arrière.

Du point où il était, il voyait dans toute sa longueur le pont d’Austerlitz.
Quatre ombres venaient d’entrer sur le pont.
Ces ombres tournaient le dos au Jardin des Plantes et se dirigeaient vers la rive droite.
Ces quatre ombres, c’étaient les quatre hommes.
Jean Valjean eut le frémissement de la bête reprise.

Il lui restait une espérance; c’est que ces hommes peut-être n’étaient pas encore entrés sur le pont et ne l’avaient pas aperçu au moment où il avait traversé, tenant Cosette par la main, la grande place éclairée. En ce cas-là, en s’enfonçant dans la petite rue qui était devant lui, s’il parvenait à atteindre les chantiers, les marais, les cultures, les terrains non bâtis, il pouvait échapper.
Il lui sembla qu’on pouvait se confier à cette petite rue silencieuse. Il y entra.
Au bout de trois cents pas, il arriva à un point où la rue se bifurquait. Elle se partageait en deux rues, obliquant l’une à gauche, l’autre à droite. Jean Valjean avait devant lui comme les deux branches d’un Y. Laquelle choisir?
Il ne balança point, et prit la droite.
Pourquoi?
C’est que la branche gauche allait vers le faubourg, c’est-à-dire vers les lieux habités, et la branche droite vers la campagne, c’est-à-dire vers les lieux déserts.(...)


Le point de Paris où se trouvait Jean Valjean, situé entre le faubourg Saint-Antoine et la Râpée, est un de ceux qu’ont transformés de fond en comble les travaux récents, enlaidissement selon les uns, transfiguration selon les autres. Les cultures, les chantiers et les vieilles bâtisses se sont effacés. Il y a là aujourd’hui de grandes rues toutes neuves, des arènes, des cirques, des hippodromes, des embarcadères de chemin de fer, une prison, Mazas; le progrès, comme on voit, avec son correctif.


Le Petit-Picpus avait ce que nous venons d’appeler un Y de rues, formé par la rue du Chemin-Vert-Saint-Antoine s’écartant en deux branches et prenant à gauche le nom de petite rue Picpus et à droite le nom de rue Polonceau. Les deux branches de l’Y étaient réunies à leur sommet comme par une barre. Cette barre se nommait rue Droit-Mur. La rue Polonceau y aboutissait; la petite rue Picpus passait outre, et montait vers le marché Lenoir. Celui qui, venant de la Seine, arrivait à l’extrémité de la rue Polonceau avait à sa gauche la rue Droit-Mur, tournant brusquement à angle droit, devant lui la muraille de cette rue, et à sa droite un prolongement tronqué de la rue Droit-Mur, sans issue, appelé le cul-de-sac Genrot.
C’est là qu’était Jean Valjean. (...)
Pour comprendre ce qui va suivre, il faut se figurer d’une manière exacte la ruelle Droit-Mur et en particulier l’angle qu’on laissait à gauche quand on sortait de la rue Polonceau pour entrer dans cette ruelle. La ruelle Droit-Mur était à peu près entièrement bordée à droite jusqu’à la petite rue Picpus par des maisons de pauvre apparence; à gauche par un seul bâtiment d’une ligne sévère composé de plusieurs corps de logis qui allaient se haussant graduellement d’un étage ou deux à mesure qu’ils approchaient de la petite rue Picpus; de sorte que ce bâtiment, très élevé du côté de la petite rue Picpus, était assez bas du côté de la rue Polonceau. Là, à l’angle dont nous avons parlé, il s’abaissait au point de n’avoir plus qu’une muraille. Cette muraille n’allait pas aboutir carrément à la rue; elle dessinait un pan coupé fort en retraite, dérobé par ses deux angles à deux observateurs qui eussent été l’un rue Polonceau, l’autre rue Droit-Mur.
A partir des deux angles du pan coupé, la muraille se prolongeait sur la rue Polonceau jusqu’à une maison qui portait le no 49 et sur la rue Droit-Mur, où son tronçon était beaucoup plus court, jusqu’au bâtiment sombre dont nous avons parlé et dont elle coupait le pignon, faisant ainsi dans la rue un nouvel angle rentrant. Ce pignon était d’un aspect morne; on n’y voyait qu’une seule fenêtre, ou pour mieux dire, deux volets revêtus d’une feuille de zinc, et toujours fermés.
L’état de lieux que nous dressons ici est d’une rigoureuse exactitude et éveillera certainement un souvenir très précis dans l’esprit des anciens habitants du quartier.
Le pan coupé était entièrement rempli par une chose qui ressemblait à une porte colossale et misérable. C’était un vaste assemblage informe de planches perpendiculaires, celles d’en haut plus larges que celles d’en bas, reliées par de longues lanières de fer transversales. A côté il y avait une porte cochère de dimension ordinaire et dont le percement ne remontait évidemment pas à plus d’une cinquantaine d’années.
Un tilleul montrait son branchage au-dessus du pan coupé et le mur était couvert de lierre du côté de la rue Polonceau.
Dans l’imminent péril où se trouvait Jean Valjean, ce bâtiment sombre avait quelque chose d’inhabité et de solitaire qui le tentait. Il le parcourut rapidement des yeux. Il se disait que s’il parvenait à y pénétrer, il était peut-être sauvé. Il eut d’abord une idée et une espérance.
Dans la partie moyenne de la devanture de ce bâtiment sur la rue Droit-Mur, il y avait à toutes les fenêtres des divers étages de vieilles cuvettes-entonnoirs en plomb. Les embranchements variés des conduits qui allaient d’un conduit central aboutir à toutes ces cuvettes dessinaient sur la façade une espèce d’arbre. Ces ramifications de tuyaux avec leurs cent coudes imitaient ces vieux ceps de vigne dépouillés qui se tordent sur les devantures des anciennes fermes.
Ce bizarre espalier aux branches de tôle et de fer fut le premier objet qui frappa le regard de Jean Valjean. Il assit Cosette le dos contre une borne en lui recommandant le silence et courut à l’endroit où le conduit venait toucher le pavé. Peut-être y avait-il moyen d’escalader par là et d’entrer dans la maison. Mais le conduit était délabré et hors de service et tenait à peine à son scellement. D’ailleurs toutes les fenêtres de ce logis silencieux étaient grillées d’épaisses barres de fer, même les mansardes du toit. Et puis la lune éclairait pleinement cette façade, et l’homme qui l’observait du bout de la rue aurait vu Jean Valjean faire l’escalade. Enfin que faire de Cosette? comment la hisser au haut d’une maison à trois étages?
Il renonça à grimper par le conduit et rampa le long du mur pour rentrer dans la rue Polonceau.
Quand il fut au pan coupé où il avait laissé Cosette, il remarqua que, là, personne ne pouvait le voir. Il échappait, comme nous venons de l’expliquer, à tous les regards, de quelque côté qu’ils vinssent. En outre il était dans l’ombre. Enfin il y avait deux portes. Peut-être pourrait-on les forcer. Le mur au-dessus duquel il voyait le tilleul et le lierre donnait évidemment dans un jardin où il pourrait tout au moins se cacher, quoiqu’il n’y eût pas encore de feuilles aux arbres, et passer le reste de la nuit.
Le temps s’écoulait. Il fallait faire vite.
Il tâta la porte cochère et reconnut tout de suite quelle était condamnée au dedans et au dehors.
Il s’approcha de l’autre grande porte avec plus d’espoir. Elle était affreusement décrépite, son immensité même la rendait moins solide, les planches étaient pourries, les ligatures de fer, il n’y en avait que trois, étaient rouillées. Il semblait possible de percer cette clôture vermoulue.
En l’examinant, il vit que cette porte n’était pas une porte. Elle n’avait ni gonds, ni pentures, ni serrure, ni fente au milieu. Les bandes de fer la traversaient de part en part sans solution de continuité. Par les crevasses des planches il entrevit des moellons et des pierres grossièrement cimentés que les passants pouvaient y voir encore il y a dix ans. Il fut forcé de s’avouer avec consternation que cette apparence de porte était simplement le parement en bois d’une bâtisse à laquelle elle était adossée. Il était facile d’arracher une planche, mais on se trouvait face à face avec un mur.
 

        Cliquez sur l'image pour l'agrandir et suivre l'itinéraire de Jean Valjean et Cosette

vendredi 13 avril 2012

Fleur de Papillon (1954)



Mon frère Jean-Luc à Drancy dans le cadre de sa formation d'évasion Monte Cristo.

Papou imite Albert Einstein qui allait disparaitre en 1955

Les années qui suivirent ma naissance furent pauvres musicalement. Le poste T.S.F. fredonnait les succès du moment et mon père chantait en se rasant dans la cuisine.  La veille de ma naissance François Mauriac obtenait le prix Nobel. Par la suite, Mr Hulot prenait des vacances. Les Rosenberg étaient mis au courant. La reine Elisabeth II était couronnée. Louison Bobet gagnait le tour trois années de suite. Le Petit fugitif donnait des idées à François Truffaut. L’abbé Pierre se fachait tout rouge. La 4 CV sortait des chaines de montage. En 1955 Raymond Kopa battait les anglais. 







shampoing dop par webmaster18














Mon premier numéro de Playboy