mercredi 30 septembre 2009

Une femme.

Rosiane lutte depuis plus d’un an contre ce que l’on appelle pudiquement une longue maladie. Les phases répétitives d'un traitement lourd s’avèrent très éprouvantes. Certains effets secondaires l’a font énormément souffrir. Et il y a bien des jours où le moral est en baisse.
Cette photo je l’ai prise en juin dernier. Rosiane équeutait des haricots du jardin sous la véranda. J’ai capté son œil vif et pétillant et ce sourire malicieux qui marquent une forte volonté de vivre en dépit des vicissitudes de l’existence. Rosiane fête aujourd’hui ses 74 printemps.

Ce jour là : Les marchandes de frites, 1946

Les marchandes de frites, 1946
Ce jour-là, je venais de terminer un reportage sur les Halles Baltard, les grandes Halles de Paris. Le quartier m’intéressait beaucoup et je me promenais encore, comme ça, au gré de ma fantaisie. Il était midi et j’étais arrivé rue Rambuteau. J’ai été saisi par la grâce de ces deux jeunes filles qui vendaient simplement des frites et parlaient à un client qui, naturellement, plaisantait avec elles. J’ai fait ma photo, de chic, le nez au vent. Il y avait beaucoup de monde tout autour et comme elles étaient jolies et avenantes, ça excitait la verve des clients. C’était en 1946, un an après la Libération, Paris vivait une période d’optimisme et de grand enthousiasme, c’est ce que traduit pour moi cette photo. Leur charme, leur sourire, leur malice, c’est au fond tout ce qu’on aime dans ce Paris-là, vif, alerte, drôle. J’ai eu la chance de vivre à cette époque-là. J’ai couvert les trois-quarts du siècle. Mes premières photos datent de 1926, et j’ai travaillé jusqu’en 2002. Avec un arrêt pendant la guerre, où j’étais dans le Midi. Là, je n’ai pas fait de photos, sauf quelques-unes de Vincent bien sûr. Et une série de portraits de Jacques Prévert qui nous avait invités à passer la Saint-Sylvestre chez lui, à Tourettes-sur-Loup, la nuit de 1941 à 1942.Mais il y a un nouveau Paris que j’aime aussi, qui possède un vrai charme. Le parc Citroën, le parc de Bercy, la coulée verte, et d’autres belles créations architecturales.

mardi 29 septembre 2009

Passé les bornes y'a plus de limites.

Enfin des mesures. Hier, à France Bouldegom, un nouvel adepte de la « mode du suicide » à trompé la vigilance de Casimir et mit fin à ses jours en se jetant du haut de l’arbre rouge sous les yeux effarés de monsieur Du Snob et de Sabrina. Depuis 18 mois 24 bambins ont ainsi disparu de l’Ile aux Enfants. Statistiquement c’est donc le chiffre de 24% qu’il faut retenir pour qu’enfin Casimir prennent des mesures drastiques. Tout d’abord il met fin à la mobilité des enfants. S'égayer en liberté dans le décor de l'île c’est fini, interdiction formelle de grimper sur "l'arbre rouge" doté désormais d’une palissade en béton ou de jouer avec les balles, trottinettes et vélos. Fin des jeux et activités organisés par François ou Julie. Tout le monde au même régime : Gloubi-boulga et au boulot. Sur certains sites de l’ile des travaux de réaménagements ont été entrepris : rehaussement des parapets de passerelle, scellage des fenêtres. A cela nous pourrions préconiser quelques barreaux aux fenêtres, des miradors et pour favoriser l’emploi, quelques matons armés de flashball pour calmer les esprits suicidaires.
Le fronton de l’entrée de France Bouldegom sera désormais orné de l’inscription tristement célèbre : «Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre ».

Ce jour là : Chez Maxe, Joinville, 1947

Une sympathique édition en livre de poche d’un recueil de Willy Ronis : "Ce jour-là", où il nous raconte comment il a photographié sur le vif, au hasard de ses rencontres, certaines de ses images emblématiques. Il se souvient avec une incroyable précision des circonstances, des lumières, de l’émotion qui à chaque fois l’ont poussé à appuyer sur son déclencheur. Dès ses premiers clichés dans les années 1920, il s’intéresse à la personne humaine dans ses comportements les plus communs. Ses sujets ? Sa femme et son fils en vacances dans le Midi de la France, les bals populaires en bord de Marne, la vie en usine, les scènes banales des rues de Paris, sa ville natale, qu’il a arpentée appareil en bandoulière pendant plus de soixante-dix ans.

Chez Maxe, Joinville, 1947

Ce jour-là, j’étais debout sur une chaise. J’étais allé à Joinville pour un reportage sur les guinguettes que m’avait demandé Le Figaro qui éditait alors tous les trimestres un bel album sur papier couché, avec des textes d’artistes, d’écrivains, de poètes.C’était en 1947, un dimanche après-midi. J’aimais en particulier l’ambiance de ces guinguettes, j’y venais régulièrement. Chez Maxe, c’était le nom de celle-ci, curieusement écrit avec un « e », et dès que je suis entré j’ai vu un groupe de danseurs vers le fond, que j’ai eu envie de photographier. Tout de suite. Mais il me fallait chercher un point de vue, je ne pouvais pas aller directement sur la piste car la photo aurait été prise de trop près, il me fallait trouver un endroit qui me ferait dominer l’ensemble de la danse. C’est ce mouvement général de la salle et de la danse qui m’attirait. Et que je voulais saisir. Alors, j’ai grimpé sur une chaise, juste derrière ce couple qui est là, devant, de dos. Ce sera mon premier plan, j’ai pensé. Mais une fois sur la chaise, mon attention a été attirée vers un garçon qui faisait danser deux filles, très librement, très élégamment, sur la droite. C’est mon sujet, je me suis dit. Je le sens tout de suite quand je trouve mon sujet. Alors, j’ai fait signe au danseur pour qu’il se rapproche. Lui aussi m’avait remarqué, il m’a compris aussitôt et, tout en dansant avec les deux filles, il s’est avancé vers moi?: c’est alors que j’ai fait ma photo. Il dansait comme un dieu. Et d’ailleurs, pour faire danser deux filles comme ça, il fallait qu’il ait vraiment du talent. Mais quand la musique s’est arrêtée et qu’il a repris sa place, je me suis aperçu qu’il avait un pied bot. J’étais stupéfait. C’était tout à fait invisible quand il dansait.Le moment où je choisis de prendre une photo est très difficile à définir. C’est très complexe. Parfois, les choses me sont offertes, avec grâce. C’est ce que j’appelle le moment juste. Je sais bien que si j’attends, ce sera perdu, enfui. J’aime cette précision de l’instant. D’autres fois, j’aide le destin. Par exemple, ici, je sais que le premier couple ne s’est rendu compte de rien, mais pour avoir cette photo précise, je les ai vraiment appelés, mes danseurs.L’histoire ne s’arrête pas là. Il y a trois ans, j’ai reçu une lettre de la danseuse qui est sur la droite. Elle me disait qu’elle voyait cette photo de temps en temps dans la presse et qu’elle tenait à me dire combien elle était touchée par tout ce qu’elle représentait. Sa jeunesse, l’ambiance de ces guinguettes, et bien sûr la jeune fille qui dansait sur la gauche qui était une copine d’enfance?: depuis la maternelle, précisait-elle. Mais le garçon, non, elles ne l’avaient plus jamais revu. Elles n’avaient dansé que cette fois-là avec lui.

vendredi 25 septembre 2009

Embrouille au G20

Bien sûr, comme d’ab’, y manque un truc juste au moment où je voulais regarder le chien avec Barbie et Dechavanne sur la Une. Aujourd’hui c’est du lait. Les mecs en jettent des millions de litres partout en Europe et moi je rate le chien pour un pack de lait. Merde ! J’étais un rien vénère. Je suis donc allé au G20, seul truc ouvert sur le monde à l’heure qu’il était. J’en ai pour une minute, je me suis dit. Un pack de lait et hop ! à la caisse. Et là, putain le monde. Une queue d’au moins vingt personnes qui jacassent et refont la planète. Une vraie Cour des miracles sans les miracles, j’ai pensé. « Je comprends pas 640.000 chômeurs de plus qu’en 2009 » fait un nabot bourré de tics à sa voisine une petite boulotte à l’accent allemand, tandis qu’un grand black bien sapé vérifie son ticket de caisse question de voir s’il s’est pas fait arnaquer sur les céréales et le ket chup. « Dites donc ! fait le black, z’avez-vu à combien vous me facturez le ket chup ? C’est hors de prix, c’est du vol manifeste ! – C’est pas moi qui fait les prix, répond le caissier impavide. Si vous n’êtes pas content allez faire vos courses ailleurs. – A cette heure-ci comme si on avait le choix, fait le nabot au costard trop grand – Pareil pour les saucisses, insiste la boulotte. Que des mauvais produits à un prix prohibitif » Le caissier hausse les épaules. « De toute façon les touristes c’est toujours pareil : tout est trop cher. Si ça vous plaît pas, z’avez qu'à rester chez vous – Pourriez être poli tout de même ! - C’est vrai, c’est pas des façons », fait le tout petit en prenant la défense de la boulotte. Et pendant ce temps là la queue n’avance pas. « Si vous n’aimez la saucisse de Strasbourg, eh bien mangez de la Francfort, ironise le caissier. – Au prix où vous la vendez ici, autant s’en passer. - – C'est ça, poses tes saucisses, avances ta viande et fous nous la paix avec l’indice des prix ! » hurle un grossier. Les autres se retournent et me regardent. Forcément je suis le dernier de la file et le grossier c’est bibi qui a eu ses nerfs.
Je me suis retrouvé avec tout le magasin contre moi. Et soudain, c’est l’embrouille. Le ton monte. Piquée au vif la Teutonne me gifle, je réponds, deux clients me ceinture, le petit en profite pour me refiler un coup de genou dans les roustons. Dans l’affolement général les autres ont pillé les rayons et tout le monde s’est cassé sans payer, même les Francfort pas bonnes. Et moi sur le carrelage du G20 à me malaxer les testicules tel un babouin en rut, tenu en joue par trois flics de la BAC. Où va le monde ?

jeudi 24 septembre 2009

Devoirs de Vacances 2 : L'archange et le procureur

Avril 1794. Camille Desmoulins, «vainqueur de la Bastille » et journaliste éloquent est guillotiné à l'âge de trente-quatre ans pour avoir critiqué dans ses articles la Terreur de Robespierre. Sa femme Lucile le suit dans la mort quelques jours plus tard. Les deux époux deviennent ainsi les héros idéalisés du plus beau et du plus tragique roman d'amour de la Révolution.Camille et Lucile laissent un fils en bas âge, Horace. Une fois adulte, Horace fuit jusqu'en Haïti les fantômes de la Révolution qui le hantent. Horace brûle de savoir la vérité sur ses parents. Depuis son enfance, il entend des rumeurs, des insinuations. Le "dévergondage" de sa mère, le "vice caché et honteux" de Camille et sa lâcheté... . La déception est une phase nécessaire de l'amour et son ultime épreuve. Mais il n'y tient plus et demande à sa grand-mère de tout lui dire. La vieille femme s'exécute, dans un long récit sensible : "Je voudrais vous réapprendre à aimer votre père, mon cher Horace. Je puis vous jurer qu'il en est digne." À travers les personnages de Camille, Lucile ou Robespierre, c'est toute l'histoire de la Révolution française qui ressurgit, avec ses convulsions sanglantes, ses trouées lumineuses et ses contradictions. Tout en respectant rigoureusement la trame historique, Christophe Bigot retrace avec un style d’un classicisme enlevé sans ostentation, la courte vie de son personnage dans un récit pudique et jette une lumière bouleversante sur la Terreur.

mercredi 23 septembre 2009

Un soir d'automne un voyageur...

Par un soir d’automne un voyageur s’est annoncé. Munis d’une petite valise nous sommes allés le quérir au 35 de la rue Roger Salengro à Bondy. L’attente fut longue. Comme il tardait, on m’a simplement prié de revenir. La nuit a semblé interminable, tant pour Annie, torturée par les douleurs de l’attente, que pour moi. L’aube vint sans nous apporter de réponse. La journée fut tout aussi interminable. J’attendis un coup de téléphone qui ne vint pas et mes appels reçurent toujours une même réponse négative. Le soir j’ai retrouvé Annie, harassée par les longues heures de veille. Il me semble encore sentir ses ongles s’enfoncer dans ma peau. Rien en regard de ce qu’elle même endurait de façon de plus en plus fréquente et régulière. Toutefois dans ses yeux pétillait une lueur indéfinissable qu’elle accompagnait d’une sourire las et fatigué. Puis vint l’épreuve en salle de travail. Et j’attendis sur ma chaise au chevet d’un lit vide et froissé où se dessinaient les reliefs des tourments endurés. Ce lundi soir d’automne le voyageur est enfin arrivé. Sa peau était mate, ses cheveux en arrière coiffés et ses deux poings serrés. Sa mère et moi l'avons prénommé Yann. Il fête aujourd’hui ses trente-cinq ans. Bon anniversaire, fiston.

mardi 22 septembre 2009

Les grosses têtes.

Le gosse est rentré et s’est affalé sur le canapé à mes côtés, le regard rivé sur l’écran de son téléphone portable. J’ai regardé le mien au cas où il m’enverrait un SMS pour me dire bonsoir. Le portable de sa mère à sonné. Elle a reçu le sien, j’ai pensé. Non, c’était ma belle-mère. En attendant mon SMS j’ai lorgné du coin de l’œil le doigté de notre petit André Verchuren du clavier cellulaire. Quel talent ! Pas besoin du conservatoire. Puis, j’ai remarqué un truc. « C’est un nouveau téléphone ? » j’ai tenté auprès de l’autiste. Le trajet vers le cerveau fut beaucoup moins rapide que la dextérité de ses doigts. Pour m’occuper, je suis aller aux toilettes. A mon retour il s’échinait toujours sur son mini écran «C’est un nouveau téléphone ? j’ai réitéré. – Oui, me fut répondu. – Qu’est-ce que tu as fait de l’ancien ? – Je l’ai passé à Maman – Et celui de maman ? – Sais pas. – Je peux le prendre, alors ? – Te le conseille pas. – Ah ! bon, pourquoi ? – Trop lent, trop chiant. » C’est un argument. J’allais me lever prendre le portable lent et chiant question de vérifier par moi-même la véracité de ses dires. Sa mère est revenue et lui a tendu son « nouveau » téléphone à elle, « ancien » de son fils. « Tu me remets tout sur l’autre. Sur celui-là je ne m’y retrouve pas ! Ils me manquent des numéros ! – Fallait les sauvegarder. – Si tu crois que j’ai que ça à faire de passer mon temps au téléphone ! – Il s’agit pas de passer son temps au téléphone, mais de sauvegarder ses numéros sur sa carte Sim. – En tout cas, tu me remets tout ça sur mon ancien téléphone. - Bien maman ! ». J’ai tendu le téléphone lent et chiant. « Tu lui as refilé un rossignol ? – Un quoi ? – Un téléphone qui fonctionne pas. – C’est toi, pas ! Elle sait pas sans servir, c’est tout ! – Bon, pas d’embrouilles, remets-lui tout comme avant ! – Une minute. » André Verchuren a configuré le sien et celui de sa mère sans lever une seule fois la tête. « Et l’ancien, qu’est-ce que tu en fait ? – Tu peux le pendre. C’est la même marque. » Alors je l’ai pris.
J’ai éteint le mien, retiré la carte SIM (Subscriber Identity Module), glissé ladite carte SIM dans le « nouveau » téléphone, entrée le code PIN (Personal Identification Number) validé le code SIM et basta ! Un vieux téléphone comme neuf. Le pied.
« Pourquoi j’ai que Robert ? – Hein ! – Pourquoi j’ai que Robert, le numéro de mon frère Robert dans mon répertoire ? – C’est mort. T’as plu qu’à tout te retaper à entrer tes contacts dans ton répertoire. – Hein, mais pourquoi ? - Ben parce que t’es comme maman, à part ton frère Robert, tu n’as pas sauvegardé tes numéros sur ta carte SIM – Et alors ? – T’es pas au courant, Sim est mort.» Salle gosse.

lundi 21 septembre 2009

Le stress...


Tout va mal au boulot. Pour ne pas déroger à la mode actuelle dans le monde du travail, j’ai décidé de me suicider tout de suite. Seulement je n’ai pas de fenêtres. Pour me défenestrer il a fallut que j’aille dans le bureau de Gérard. Gérard m’a vu entrer dans son bureau, ouvrir la fenêtre et me jeter la tête la première dans le vide. Il m’a récupéré la gueule en coin un mètre vingt plus bas. J’avais complètement oublié que le bureau de Gérard était au rez-de-chaussée. Ceci étant je ne me suis pas raté. Au service médical on m’a fait une poupée de la tête. Le service du personnel m’a donné la journée et prié de tenir ma langue par rapport au suicide question de préserver l’image de marque de l’entreprise. Ils m’ont ensuite laissé partir comme ça alors que je les avais prévenus que j’allais me suicider tout de suite. Quelle inconséquence. Ils verront quand ils auront mon cadavre sur la conscience.
En arrivant devant l’immeuble j’avais oublié le code d’accès. A quoi bon avoir sa journée pour ne pas pouvoir entrer chez soi. Je me suis assis pour réfléchir. Et là, rien, la carte mémoire niquée. Tous les codes d’accès zappés. Celui du digicode, donc, mais aussi mon numéro de sécurité sociale, mon code PIN, ma carte SIM, mes accès à l’ordinateur, ma messagerie, mes comptes bancaires, ma carte bleue, Cofinoga, Monsieur Bricolage….C’est bien simple j’ai ouvert la valise porte cartes et ne me rappelais d’aucun des codes d’accès des trois cents dix sept cartes à ma disposition. C’était bien malin. J’aurais dû les recopier quelque part. A dix huit heures, trente une dame très gentille m’a demandé ce que je foutais là assis par terre. Elle m’a embarqué au quatrième. Parait que c’est là que je demeure, que nous sommes mariés depuis dix ans et que si je fais le con pour me faire plaindre, eh bien ce n’est pas très malin. Ceci dit, la dame elle est gentille. Elle m’a montré ma carte d’identité. Il y a ma photo, mon nom, mon prénom et mon adresse. C’est un bon début. Pour les codes d’accès la dame m’a dit que pour la plupart j’utilisais toujours le même, mon année et mon mois de naissance. Et comme ils sont mémorisés sur ma carte d’identité, y a pas de lézard, elle a dit. C’est déjà ça. Je lui ai demandé s’il était vraiment nécessaire que je retourne dès le lendemain à la boîte où que je travaille d’ordinaire et d’où je venais de me suicider le matin même. Elle a défait avec beaucoup de sang froid et gentillesse ma poupée de la tête pour voir s’il y avait rien de grave. Juste une petite coupure superficielle. Elle m’a alors trainé par l’oreille, montré les comptes et les factures à payer. « Alors tu arrêtes un peu de faire le con ou tu iras dormir dans un carton ! » qu’elle a vociféré, pas contente. On ne s’est pas parlé de la soirée. Juste après une petite soupe je me suis mis au lit. On est mieux que dans un carton, j’ai pensé. Je n’ai pas réussi à trouver le sommeil tout de suite. Le stress sans doute. Va falloir que je consulte.

samedi 19 septembre 2009

Putain, quatre ans

BON ANNIVERSAIRE RAFAEL

"La mode du suicide..."

Le Monde vendredi 18 septembre 2009 :

Auteur de "Suicide et travail : que faire ?" (PUF, 2009), Christophe Dejours, psychanalyste, appelle à repenser le travail pour sortir des logiques gestionnaires qui détruisent le tissu socio-professionnel tout en faisant croire qu'elles traitent les problèmes des salariés. Pourquoi parle-t-on plus aujourd'hui du suicide au travail ?
Christophe Dejours : Parce que les suicides sur les lieux de travail n'existaient pas avant. Ils sont apparus il y a une douzaine d'années, sans avoir été relayés. Le tournant s'est opéré en 2007, avec les cas de suicides chez Renault et Peugeot.
Les premiers suicides dont j'ai entendu parler constituaient pour moi une forme de décompensation psycho-pathologique parmi d'autres. C'est la répétition des choses qui est devenue hallucinante. Non seulement, il y avait un suicide sur les lieux de travail mais généralement il ne se passait rien après. Ces suicides au travail marquent incontestablement une sorte de bascule qui frappe le monde du travail.
Pour un suicide lié au travail combien de tentatives de suicide et de personnes internées en raison du travail ?
On ne peut pas le chiffrer car on n'a pas fait d'enquêtes épidémiologiques. Le ministère du travail fait la sourde oreille à mes demandes. Grâce à la commission mise en place par le gouvernement et dirigée par David Le Breton et dont je suis membre, nous avons réussi à obtenir que dans les statistiques sur les conditions de travail, il y ait désormais un item lié au suicide-travail. D'après une étude réalisée en 2005 en Basse-Normandie, on arrive à un taux de suicide, quand on l'extrapole à l'ensemble de la France, de 300-400 suicides par an. Mais le chiffre ne change rien. Dans votre ouvrage, vous invalidez la défaillance individuelle comme seule raison du suicide...
Il y a des cas de suicides que l'on ne peut imputer à des difficultés dans l'espace privé : troubles névrotiques, psychotiques, dépressifs, des symptômes précurseurs, ni à un terrain de vulnérabilité particulière. C'est même là aussi une bascule pour la psychopathologie générale.
Ce qui est surprenant c'est que nous avons des personnes qui vont très bien et qui se suicident. On ne peut les expliquer avec les références habituelles de la psychiatrie. Il y a une bascule dans l'ordre social, dans le fonctionnement de la société, c'est aussi le signe d'une rupture dans la culture et la civilisation : les gens se tuent pour le travail. Cela oblige à repenser les catégories habituelles de notre discipline et à revoir ce que les sociologues du suicide disent, en particulier Emile Durkheim dans son livre Le Suicide qui contestait les positions des psychopathologues. Du coup, on est obligé de revenir à ce qui se dit sur la solitude. On avait donc un peu raison.
Vous écrivez qu'il y a trente ans, il n'y avait pas de suicide au travail pour deux raisons : la résistance à l'effort et des solidarités plus fortes...
Oui, il y avait les autres, un collectif de travail, des stratégies de défense. On ne laissait pas un type s'enfoncer. J'ai vu des ouvriers alcooliques qui ne pouvaient pas monter sur les toits pour travailler. Les copains lui demandaient de rester en bas. Ils faisaient le boulot à sa place. Vous vous rendez compte de ce que cela veut dire en termes de prévention de l'accident, de prévention du suicide, de prévention des troubles psychopathologiques ? C'est impensable aujourd'hui ! On apprend aujourd'hui le pire alors qu'on apprenait le meilleur hier : la solidarité. C'est parce qu'on a adopté de nouvelles méthodes au travail que l'on a aujourd'hui un désert au sens arendtien du terme : la solitude totale. C'est ce que vous appelez le passage du critère "travail" au critère "gestion du travail"...
A partir des années 1980, les gestionnaires se sont imposés dans le paysage, en introduisant l'idée que l'on pouvait faire de l'argent non pas avec le travail mais en faisant des économies sur les stocks, les ratés, les retouches, les effectifs. Tout ce qui est à la marge peut être l'objet d'économies. Partout, on vous apprend que la source de la richesse c'est la gestion des stocks et des ressources humaines, ce n'est plus le travail. Nous le payons maintenant ! Cette approche gestionnaire croit mesurer le travail, mais c'est conceptuellement et théoriquement faux ! Il n'y a pas de proportionnalité entre le résultat du travail et le travail. C'est très grave, car cela signifie que la comptabilité est fausse. D'où la contestation.
C'est donc le décalage entre la réalité du travail et la vision gestionnaire qui augmente le stress des salariés ?
Les gestionnaires qui ne regardent que le résultat ne veulent pas savoir comment vous les obtenez : c'est un contrat d'objectif, disent-ils. C'est comme ça que les salariés deviennent fous, parce qu'ils n'y arrivent pas. Les objectifs qu'on leur assigne sont incompatibles avec le temps dont ils disposent.
Cette logique gestionnaire se rapproche-t-elle de la logique totalitaire selon la conception d'Hannah Arendt, que vous citez dans votre bibliographie ?
C'est assez difficile d'être affirmatif mais la question est posée, car les gens sont amenés à faire des tâches qu'ils réprouvent et il y a une machinerie très puissante qui est mise en œuvre et qui a avec le totalitarisme ce point commun qu'on traite l'humain comme quelque chose d'inutile, d'interchangeable. On lance des slogans pour faire croire qu'on fait des ressources humaines mais dans la réalité, c'est la gestion kleenex : on prend les gens, on les casse, on les vire. L'être humain au fond est une variable d'ajustement, ce qui compte, c'est l'argent, la gestion, les actionnaires, le conseil d'administration.
Ce qui pose forcément la question de la responsablité...
A l'évidence, ce sont les dirigeants d'entreprise, des politiques d'entreprise, le Medef, la refondation sociale mais aussi l'Etat, qui sont responsables. Il joue toujours un rôle de régulateur et là il s'est aligné sur le Medef. La responsabilité est aussi partagée par nous tous dans notre rapport au système qui ne marche pas sans notre collaboration, notre intelligence, notre zèle. Toute organisation du travail est aussi une organisation politique et une certaine conception de la domination.
Qu'entendez-vous par "repenser le travail" comme solution à la dégradation de la santé mentale au travail ?
Il faut rompre avec les modèles d'évaluation dont je vous ai parlé et repenser le travail à partir du travail collectif : c'est la question de la coopération et des instruments d'analyse du travail collectif. Puis, il ne faut plus mesurer le travail mais entrer dans la matérialité du travail. Enfin, c'est possible, puisque je l'ai fait dans un certain nombre d'entreprises. Quand on fait ce changement de cap, ce n'est pas qu'une catégorie particulière qui souffre, c'est tout le monde. Car c'est un réel changement de posture. Mais une fois que le mouvement est lancé, les gens vont beaucoup mieux.
Votre modèle casse la logique du Medef ?
Effectivement, mais il y aussi des patrons qui viennent me voir pour me demander de changer les instruments d'évaluation. N'oublions pas que l'évaluation du coût de la santé mentale au travail représente 3 à 6 % du PIB aujourd'hui dans tous nos pays. Donc les gens ont tout à gagner à faire ce travail de réévaluation.
Votre méthode a-t-elle rencontré des échecs ?
Oui, des démarches s'arrêtent en cours de route. L'idéologie de France Télécom, c'est de casser les gens, les faire plier. Les gens ne comprennent plus. D'un côté, on demande aux cadres de virer des gens, de l'autre, on leur dit, vous êtes responsables de dépister les gens qui ne vont pas bien. La responsabilité incombe à ces managers tiraillés entre recevoir l'ordre de casser les gens et d'en assumer la responsabilité. Ils tombent malades. Mais il y a aussi le suicide, l'infarctus, l'hémorragie cérébrale. Pour en sortir, il faut un accord négocié sur la démarche et sur la cohérence par rapport à la politique de l'entreprise.
Sinon vous prenez le risque d'être associé à un alibi ?
Oui. Mais nous ne voulons pas passer pour un alibi, car à ce moment-là, nous échouons. Les alibis, ce sont les autres, ceux qui font de la gestion individuelle du stress, qui vendent de la relaxation. Les coachs, eux sont la vitrine et l'effet slogan. Ils font croire qu'ils font quelque chose. Et quand cela ne marche pas, ils disent aux salariés : "Vous ne savez pas gérer votre stress".
Une personne peut en cas de détresse se suicider mais aussi retourner son arme contre ses collègues, sa hiérarchie ou saboter gravement l'entreprise ? Est-ce déjà arrivé ?
Des tentatives de meurtres ont déjà été enregistrées. J'ai vu un gars armé tenir en joue tout l'état-major de l'entreprise pendant une matinée. J'ai vu aussi des sabotages extrêmement graves, notamment dans des centrales nucléaires.
Ces cas sont-ils récents ?
On a arrêté des sabotages au dernier moment. Mais je ne peux pas vous en dire plus, je suis sous le sceau du secret. Souvenez-vous de ce cas connu à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritine), où une personne a cassé la 1re tranche, puis la 2e tranche, puis la 3e tranche en une heure et demie. Il a failli détruire tout le centre de production nucléaire, alors qu'il y a des maîtres-chiens, des contrôles. Comment a-t-il fait ? Si ce n'est au moins avec la passivité des copains. Dans une autre centrale, le gars voulait découpler la centrale du réseau. S'il y était parvenu, la centrale aurait sauté. Ce sont des membres de la CGT qui lui ont "cassé la gueule" pour l'arrêter.
Propos recueillis par Gaïdz Minassian

vendredi 18 septembre 2009

Devoirs de vacances 1 : Qoëlet

" Quand l'ordre fut enfin donné de fermer les portes de la ville, cent Parisiens déjà avaient été emportés par la maladie. Négligeable, croyez-le : dix mille devaient les rejoindre à la fosse dans les mois suivants. Ceux qui fuirent furent rattrapés. Ceux qui se cachèrent furent débusqués. Les chroniques du temps ne sont pleines que de cela tant il est incontestable que le pays connaissait là une des plus terribles épidémies de petite vérole de son histoire. »
Ainsi s’ouvre le flamboyant roman de François de Gourcez : un superbe livre d’aventure conçu en quatre cents pages et sept chapitres comme les jours de la semaine et la création du monde.
En cette période de crise et de morosité (à laquelle s'ajoute un risque de grippe), on serait plus porté à lire les blagues de l'almanach Vermot voire les aventures de Pim Pam Poum, question de se payer une bonne tranche de rire, plutôt que cette histoire de la vaccination de la petite vérole au XVIIème siècle. A croire que ce livre pointerait son nez tel une malédiction voire une pandémie pour nous filer une trouille monstre. Et pourtant je vous assure on aurait tort.
Le roman est la biographie imaginaire de ce personnage né en Bretagne au début du XVIIIe siècle au sein d'une famille de petits nobliaux terriens ruinés et dont l'existence hors du commun sera tout entière rythmée par la découverte incomprise de ce qui deviendra, au siècle suivant, la vaccination de la variole, ce fléau de l'Ancien Régime, succédant à la peste.
Car très tôt Qoëlet a le pressentiment d'être sur terre pour accomplir une mission... A seize ans, il quitte son manoir, puis la France pour s'en aller courir les mers. En chemin il y laissera une jambe mais pas sa quête qu’il poursuivra tel le capitaine Achab Moby Dick. Il s'épuise dans toutes les passions humaines - le vin, le jeu, l'argent, l'opium... - et découvre l'amour.
D'une plume alerte, François de Gourcez surfe sur l'écume des vagues pour nous entraîner à la suite de son héros avec des mots simples, des phrases courtes, magnifiquement ciselées qui laissent la part belle à l'imagination plutôt qu'à la description. Avec un sens de l'action et une intensité narrative qui ne faiblit jamais, nous suivons ce juene homme pauvre qui rencontre les grandes figures du XVIIIe siècle et revisite ses événements marquants. Les misères de la vie paysanne en Bretagne, la guerre au côté des Ottomans contre les Impériaux dans les Balkans, l'épidémie de variole à Constantinople, le siège de Pondichéry et l'effondrement de l'Empire français des Indes, l'initiation spirituelle du héros au contact de la civilisation brahmanique, les voyages en Italie et dans la nouvelle France américaine, les querelles entre jésuites et jansénistes à Paris, mais aussi les salons de Mme de Pompadour et de Mme du Deffand, la naissance de l'Encyclopédie, sont autant de tableaux et de scènes qui se lisent avec énormément de plaisir. Qoëlet raconte la vie d'un homme en quête du bonheur. Une quête qui fut aussi celle de son siècle. Entre ombre et lumière. Désenchantement et espérance. Un quête qui continue à nous hanter.

jeudi 17 septembre 2009

La Papounette


Il ya moins d’un an une copine me dit : « J’ai un chiffon miracle pour les carreaux » Encore une entourloupe de la quincaillerie de la Grotte à Lourdes je me suis pensé. Mais non. C’est une chiffonnette en microfibre qui juste humidifiée avec de l’eau et super bien essorée, nettoie toutes les surfaces en verre : vitres, miroirs, pare-brises, écran de télévision etc.… « C’est nickel, rapide et ça laisse pas de traces, sékoule, non ? » - Ah bon ! » j’ai répondu sceptique. Alors la copine en a parlé à plein d’autres copines dont Pupuce et on a fait venir la fée du logis à la boîte où que je travaille pour qu’elle expose « l’essuie vitres » et tous les autres articles et accessoires qu’elle propose. Et là je vous dis pas. Dans le hall on se serait cru à la course La Parisienne mais sans les dossards. A croire que nettoyer les vitres c’est un vrai bonheur. C’est bien simple la fée du logis a demandé à revenir. Et entre les deux rendez-vous, ben figurez-vous que les copines des copines des copines, elles ont testé les produits.
Pupuce avait acheté l’essuie spécial vitres qui vous donne des vitres propres et sans traces en quelques secondes. Tout est relatif. Moi, il me faut quelques centaines de secondes pour qu’il n’y ait plus de traces. Pupuce m’a fait la démonstration que j’essorais mal l’essuie vitres. Et quand elle essore Pupuce, vaut mieux que ce soit l’essuie vitres que mon encolure. Pareil pour la serpillère. Ah oui, parce-que je vous ai pas dit, Pupuce elle a acheté aussi la serpillère. Enfin des sols sans traces grâce à la serpillère bleue qui absorbe et retient les microparticules dégraisse et nettoie le sol sans aucun produit et vous fait retrouvez l’éclat d’antan. Je sais pas ce que ça veut dire d’antan. Enfin si, d’autrefois, de jadis quand ils avaient pas la serpillère bleue. Ou quand lelinoléum était neuf. Et tout ça sans produit. Vrai de vrai. Eh bien vous me croirez ou pas, mais ça marche. A condition d’utiliser la serpillère bien essorée. D’ailleurs l’autre jour, dans le couloir, j’ai bien failli me casser la gueule en chaussettes tellement ça glissait sévère comme au mois de décembre par moins quinze mais sans la sensation de froid. Voyez ? Enfin bref, quoi qu’il en soit chez nous ça brille et c’est propre. Tranana-nanèr-reu ! parce que en un an, eh bien on a eu le temps de l’essayer et de la réessayer la chiffonnette et la serpillère miracle. Et puis la fée du logis est revenue. C’était mardi. Et toujours autant de monde. Forcément : le bouche à oreille. Le savon détachant qui détache vite et sans efforts toutes les tâches organiques : herbe, sang, goudron, graisse, fruit, encre etc. a fait un tabac. Il y en a même qui ont commandé par téléphone afin de ne pas se retrouver en rupture de stock lors de la visite de la fée du logis.
Imaginez un peu le succès. La fée du logis devrait même commercialiser ce produit en boules façon naphtaline ou chapelet que tu te glisses dans le slip, question d’être toujours propre lorsque vous vous faites dessus quand on vous annonce votre mise au rancard ou votre licenciement. Viré mais propre. Question de dignité. Mais je m’égare. Revenons à nos chiffonnettes.
« On s’en fout, on est équipé » que je me suis pensé dans ma tête. C’était sans compter sur «l’efficacité d’une microfibre à fibre longues qui bénéficie d’un exceptionnel pouvoir dépoussiérant avec une texture d’une grande douceur qui accroche la poussière durant plusieurs jours grâce à procédé antiredéposition.» Antiredéposition ! Comme la lessive Persil il ya quelques années de ça ? La poussière ne se redépose plus sur les meubles, on la respire. « Putain, on l’avait pas celle-là ! » me suis-je exclamé in-petto. Eh bien rassurez-vous, c’est fait. « Vous serez surpris »ajoute la publicité. Tu m’étonnes que j’aie été surpris. Il paraît que quand tu fais la poussière le mercredi, eh bien tu n’as pas besoin de la refaire le samedi.
Alors hier matin Pupuce est partit au travail en me disant de bien essorer l’essuie vitres et la serpillère magique avant de les passer et d’utiliser la «Papounette» pour la poussière. «Papounette» parque que c'est comme qui dirait un cadeau "La Papounette" vu que c’est moi qui fais le ménage le mercredi à la maison. Et samedi, qu’est-ce qu’elle fera Pupuce ? Elle restera au lit avec un livre. Elle est pas belle la vie ?
Le seul truc qui me gêne dans la Papounette, voyez-vous, c’est qu’elle est bleue. Pas bleu nuit, bleu ciel. Vous me rétorquerez que bleu nuit c’est la couleur du ciel la nuit, donc bleu, mais s’il vous plaît, ne commencez pas à compliquer les choses. Avant j’utilisais un vieux collant noir. Sur le mobilier ça te traque la poussière et sur le collant noir roulé en boule, ça reste dessus et ça se voit. Que là sur la Papounette bleue, tu peux t’écarquiller les yeux sur la Papounette, ben tu la vois pas la poussière. Pourquoi ? Mais que je suis con. Parce qu’elle est restée suspendu dans l’air et que tu te la respires comme un malade toute la sainte journée en faisant le mènage. "Rien dans le chiffon, tout dans le poumon." D’ailleurs j’ai fait le test. D’abord la Papounette. Ensuite le collant noir. Eh bien sur le collant noir il y avait rien dessus. Alors où qu’elle est la poussière si c’est pas sur le collant noir ou la Papounette ? Dans les poumons à Bibi, forcément. C’est pas beau le progrès ?

mercredi 16 septembre 2009

L'Ile aux Enfants

Rien ne va plus à l’Ile aux Enfants. Dans sa filiale France Bouldegom dirigée par Casimir, une enfant est tombée récemment du quatrième étage. Monsieur Du Snob, Jérôme, Lucile, Pomme et Gnassou m’ont confirmé que la solidité des barres d’appuie aux fenêtres n’avait rien à voir. J’ai alors pensé que se taper du Gloubi-Boulga tous les midis à la cantine pouvait conduire à des actes irrémédiables. Albéric Mr Beauchêne, Le Capitaine, Mlle Futaie et Léonard m’ont jeté alors un sale œil. Faut dire que de la confiture de fraises, des bananes mûres à point, bien écrasées, du chocolat râpé, de la moutarde de Dijon, très forte, une saucisse de Toulouse, crue mais tiède, recette a laquelle Casimir ajoute parfois question de varier les menus quelques anchois, ou un peu de crème chantilly, et ça tous les jours, ben faut être fort mentalement et avoir une excellente santé. Mais à leurs regards j’ai tout de suite compris que je faisais fausse route. Alors, quoi ? Tout à l’air de bien aller. Les enfants s'égaient en toute liberté dans le décor de Bouldegom, grimpent sur "l'arbre rouge" ou jouent avec les balles, trottinettes et vélos mis à leur dans les bureaux. Ils participent régulièrement aux jeux et activités organisés par François ou Julie. Et pourtant nous en sommes au 23 ème suicide. « Il y a quelque chozé dé pourri au royaume dé France Bouldegom » a déclamé Hamlet, un voisin de table danois. Alors que ce passe-t-il vraiment chez France Bouldegom ? Saurons-nous un jour la vérité sur les activités régulières du machiavélique, Mr Travling ! Les enfants de France Bouldegom contaminés par le virus de la grippe sont ils suicidés par les enfants sains ? Est-ce Casimir lui-même qui jette ces fameuses boules grippantes achetées chez un marchand de farces et attrapes de Bagdad, stockées depuis la guerre du Golfe, pour se débarrasser des enfants les plus encombrants ? L’enquête ouverte par le parquet de Disneyland nous le dira, car pour l’instant avouons le c’est mystère et Bouldegom.

lundi 14 septembre 2009

Guillaume Apollinaire


Il existe une théorie selon laquelle il y a six degrés de séparation entre deux individus. Que vous vouliez voir le pape ou Barack Obama c’est pareil. Il vous faut trouver les cinq personnes amenées à faire le lien avec celle souhaitée.
Moi je m’en fous, je ne veux voir ni le pape ni Barack Obama. Par contre, pour Flaubert je me suis rendu directement sur sa tombe à Rouen. Mais parait-il que ça ne compte pas. La théorie ne marche pas avec les morts, ni les gens qui n’existent pas comme par exemple Betty Boop. Enfin quand même, entre deux individus cela multiplie énormément le nombre de probabilités. Riez pas, les choses vont vite parfois.
Tenez, quand François-Ferdinand s’est rendu à un méchoui chez des potes à Sarajevo, il a eu des mots avec un qu’était pas invité. Résultat des courses : pas le temps de dégainer le coupe chou, un pistolet, pan t’es mort ! Eh ben, je sais pas si c’est le bouche à oreille mais bagarre générale en Europe : presque dix millions de morts.
Et à cette époque, ils en ont profités pour tout essayer, du canif au tank en passant par le gaz moutarde de Dijon. Terrible le gaz moutarde de Dijon dans l’œil. Ca pique l’œil et ça monte au nez. Terrible. Il y en a même qui on subit le syndrome du lapin au gaz moutarde de Dijon. Ils rêvaient qu’ils étaient poursuivis par un lapin albinos de deux mètres de haut.Flippant.
Alors pour se protéger du gaz moutarde de Dijon, eh bien avant la fin des hostilités ils se sont dotés de masque à gaz juste au moment où est arrivée la grippe du toréador, plus communément appelée grippe espagnole qui tua quand même quatre cents mille personnes en France, dont Guillaume Apollinaire sous le pont Mirabeau. Putain de grippe.
Pour le coup, j’ai décidé de me mettre à la poésie. Je fais rimer amour avec toujours et Oursin avec vaccin. Quitte à mourir autant mourir célèbre, que je me suis dit. De toutes les façons, qu’est-ce que je risque ?

dimanche 13 septembre 2009

Willy Ronis

Le "photographe de l'humain" n'est plus. Willy Ronis, 99 ans, est décédé. Né en 1910 à Paris, il s'est rendu célèbre avec ses photographies en noir et blanc dépeignant la France des petites gens de l'après-guerre, comme ses confrères Robert Doisneau et Henri Cartier-Bresson. Parmi les nombreux livres j’aime particulièrement, le premier celui en collaboration avec Didier Daenincks sur Belleville & Ménilmontant.
. « Willy Ronis a découvert le quartier de Belleville-Ménilmontant en 1947. Immédiatement amoureux de ses ruelles, passages, escaliers, terrasses et arrière-cours, le photographe multiplie les clichés de ce village populaire et de ses habitants qui tous partagent la même douceur de vivre. Emu par les images de ce Paris disparu habité des silhouettes de gens simples mais dont la "vie n'est pas ordinaire", Didier Daenincks réinvente la vie qui aurait pu être celle de l'un de ces personnages. L'auteur imagine alors le retour d'un exilé, qui après dix ans, retrouve son quartier, recensant les choses qui ont changé et celles qui sont restées. Ce livre, né de la rencontre de deux émotions, est un magnifique hommage à la mémoire de ce Paris des guinguettes, de ce quartier où, malgré les changements, demeurent "des espaces dénaturés" et surtout "cette lumière incomparable des quartiers sur collines"
Le second, celui consacré au fil de ses promenades sur les bords de Marne. De la fin des années trente aux années quatre-vingt-dix, ses images révèlent l’eau, la nature, les guinguettes, les sorties en famille, une immense joie de vivre. Ainsi est né Le Val et les bords de Marne.

En même temps pour en savoir plus sur Willy Ronis, faites une petite visite au blog de saintsulpice qui lui consacre un très bel hommage.

Panique à Disneyland

Témoignages issus de Libération. Comme quoi je n'invente rien avec mon message publié hier "Pandémie à Disneyland".
C’est Marie-Adélaïde qui raconte : «Ça fait deux semaines que j’ai la crève. Le médecin m’a dit que j’avais un début de bronchite, un peu de rhinite. Chaque fois que je prends les transports en commun, il suffit que j’aie une quinte de toux pour que je me fasse massacrer par les autres usagers. Au début, ils ne disent rien. Ensuite, c’est des soupirs énormes. Enfin, ils me demandent d’arrêter de tousser. Ils s’écartent, prennent un air désespéré, me demandent de sortir parce qu’ils ne veulent pas être contaminés. «Lundi dernier, je me suis pris la tête avec une grand-mère. Elle m’a dit : "Ce n’est pas respectueux. Vous devriez porter un masque." Pourtant, je tousse dans un mouchoir. Si je portais un masque, imaginez l’impact visuel. Tout ça pour une bronchite ! Elle est sortie avec moi en continuant de m’engueuler. J’ai fini par crier : "Arrêtez, vous êtes dingue !" «J’essaie de dédramatiser en toussant et en prenant l’air surpris, mais cela ne sert à rien. Au boulot, une collègue m’a envoyé un SMS pour me dire que son entourage s’inquiétait - elle a un enfant d’un an. Elle voulait savoir si j’avais été voir un médecin. Je me sens à la fois victime et coupable.» Masques et occurrences. Le comparateur de prix sur Internet Kelkoo indique avoir constaté un triplement du volume de recherches du terme «masque» entre juin et août 2009, alors que ce type de requête était encore inexistant en début d’année. Le 27 août 2009, jour de la conférence de presse du gouvernement au sujet de la grippe A (H1N1), Kelkoo a enregistré un pic de 500 requêtes. Imposture. Un homme interpellé pour une petite affaire d’escroquerie a prétendu être atteint de la grippe A pour échapper à sa garde à vue. Cet homme avait été placé lundi en garde à vue au commissariat de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). Dans les locaux du commissariat, il a simulé les symptômes d’une grippe et demandé à voir un médecin, évoquant la grippe A (H1N1). Conduit à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif par les policiers, il y est resté la nuit sous surveillance policière, le temps que les médecins délivrent leur diagnostic négatif.
La vie me fait peur. Pas vous ?

samedi 12 septembre 2009

Pandémie à Disneyland

Dans l’adversité il est toujours bon de se serrer les coudes. Et c’est ce que nous avons décidé de faire, en plus des réflexes préconisés pour prévenir la pandémie grippale. Alors les garçons ne s’empoignent plus virilement, les filles ne nous embrassent plus, nous nous serrons les coudes. C’est un coup de main à prendre. Il est certain qu’au début ça surprend. Mais on s’y fait très vite car l’opération reste somme toute dérisoire. Par contre ouvrir portes et robinets, boire et manger, fermer le verrou, lever ou baisser l’abattant des toilettes, taper sur son clavier d’ordinateur, faire une photocopie etc... et tout ça avec les coudes, même deux, ben c’est pas simple. Alors on triche et forcément à un moment donné les autres le voit qu’on triche et soudain ils ont peur de vous parce-que vous êtes différents. Alors, ils refusent de vous serrer les coudes, rasent les murs et se jettent au sol en hurlant si d’aventure il vous prend l’envie de tousser. Parfois même, ils vous dénoncent. Et là, ça craint. Depuis le Vel D’hiv et Drancy j’ai le syndrome de la rafle.
Alors, comme tout le monde, j’essaye de suivre au mieux les consignes pour passer inaperçu, voire invisible. Comme le virus en fait. Alors je ne touche plus à rien et ne veut voir personne. Juste me laver les mains. Mais comme tout le monde est comme moi et qu’il n’ y a que deux toilettes par étage, eh bien il y a une queue monstre et une inévitable pénurie de savon, de serviette en papier et les poubelles débordent de déchets porteurs du virus. "On va tous mourir", j’ai pensé. Le service médical a même affiché des messages d’avertissements pour prévenir la pandémie un peu partout et une cellule de veille a été créé avec une adresse mail intitulé « alerte ». Etonnant, non ?
Il y a comme qui dirait du virus dans l’air. Et cette attente est devenue vraiment trop insupportable. Autant arrêter de respirer tout de suite et qu’on en finisse un bon coup. « Virus Hector, contaminé : t’es mort ». Point barre.
La dépression gagne les masses. Il faut donc lutter contre la pandémie et la morosité ambiante. Et c’est là qu’interviennent les masques. Pour vivre heureux, vivons caché. Il existe bien le masque anti-projections ou le FFP2 réservé au professionnel, mais à mon avis, ce n’est ni suffisant, ni concluant. On décèle la détresse dans le regard et ce n’est pas très bon pour le moral des yeux de cocker. Non, il faut imposer le port d’un masque intégral voire même d’une combinaison. Comme ça vous assurer une protection complète de l’individu et vous préservez son anonymat.
D’ailleurs depuis lundi, dans la boîte ou que je travaille, tout le personnel à eu l'obligation de se présenter à son poste habituel déguisé. Seule la cellule de veille connaît la véritable identité de chacun. Cette liste a été communiqué exclusivement au service de sécurité et aux gardiens pour le contrôle à l’entrée.
J’ai choisi de me déguiser en caribou, mais je l’ai dit à personne. Le renne, ou caribou, est un animal robuste pouvant peser jusqu’à 200 kg pour une taille moyenne de 1,30 m. Son pelage peut être brun ou gris et sa queue est courte. Georges, de la compta est en banane géante et Véronique du Cool Center en Crustacé Potemkine. Je vois pas trop entre crabe, cloporte ou homard en quoi elle est déguisée, Véro. On dirait plutôt un bateau. Mais bon, faut pas chercher à comprendre, chacun fait ce qu’il veut.
Ce qu’il y a de bien avec le masque, c’est que nous avons renoué avec le goût de la fête. On se croirait à carnaval. Chaque matin dans les couloirs de la boîte on chante, on danse, on farandole en se jetant des confettis à la poire. Fini la morosité. On se fend la gueule. Et le contact humain est revenu. Chouette, non ? L’autre jour, je ne sais pas ce qui m’a prit j’ai galopé comme un fou après Daisy, Bécassine et un singe des Galapagos en bramant tel une bête. Je ne me reconnais plus. En tout cas, on se fait de ces galopades, et que je te chatouille, et que je te gratouille et que je te fais des guili-guilis. Ambiance tagada pouêt pouêt, quoi ! Comme on bon vieux temps.Vive la pandémie.
Enfin je dis ça, mais depuis jeudi l’ambiance n’est plus à la fête. j’ai croisé un zèbre, un labrador,Dark Vador et les sept nains avec une étoile jaune cousue sur leur déguisement et équipés d’une crécelle qu’ils doivent activer pour prévenir de leur présence. Et ce matin, le labrador manquait à l’appel. Faut attendre lundi pour savoir s’il a pris une journée de RTT, a été piqué ou raflé. En tout les cas, cela n’augure vraiment rien de bon pour l’avenir.

vendredi 11 septembre 2009

La Parisienne

Je ne sais pas si vous vous rendez compte ce que ça peut faire 17500 femmes en train de courir cette course atypique de 6km, question de mettre les femmes à l’honneur dans la lutte contre le cancer du sein, afin d'en sensibiliser certaines et donner de l'espoir à d'autres ? « En choisissant une distance accessible à toutes, La Parisienne laisse la compétition loin de sa ligne de départ et donné l'envie, le goût, la curiosité, la fierté à toutes celles qui n'y croyaient pas de relever ce petit défi sur elle-même. Dessiner un objectif assez glamour et joyeux permet à plus d'une Parisienne de s'accrocher à la course à pied, se discipliner dans son hygiène de vie et s'accorder des moments à soi. » Elles s’envoleront dimanche matin à 10h00 du Pont d’Iéna pour se poser six kilomètres plus loin sur la Place Joffre. Juste le temps de boire un café et manger des croissants. Si d’aventure vous vous trouvez sur le trajet n’hésitez pas à encourager chaleureusement toutes les participantes, notamment Evelyne, Aurélia et Isabelle dotées respectivement des dossards 5765, 5764 & 5778. Ce n’est pas bien difficile, je vous ai communiqué les numéros. Allez, les filles.

mardi 8 septembre 2009

l'Affaire Moulinsart

L'éditeur français Arconsil, qui publie une série de romans, les aventures de "Saint-Tin", librement inspirées de celles du héros de BD Tintin, a été condamné jeudi à verser 40.000 euros aux ayants-droit d'Hergé en réparation du préjudice économique pour parasitisme. Le tribunal de grande instance d'Evry, près de Paris, a en revanche débouté la société Moulinsart, et Fanny Rodwell, héritière d'Hergé, des poursuites pour "contrefaçon" contre l'éditeur.Le tribunal a également ordonné la publication du jugement dans le magazine Livres Hebdo et un quotidien national. La demande d'interdiction et de commercialisation a en revanche été rejetée par le tribunal, qui a ordonné la mainlevée de la saisie du stock, qui avait été faite à la demande des plaignants. A l'audience du 2 avril, Me Florence Watrin, avocate des plaignants, avait estimé que la série d'ouvrages, dont 4 volumes sur 23 avaient été publiés, avait "repris" et "exploité les éléments qui font la notoriété de l'oeuvre", et contrefait les titres et les personnages.
La série de romans, écrits par Gordon Zola, de son nom de plume, met en scène les aventures contemporaines du jeune reporter "Saint-Tin" et de "son ami Lou", qui n'est pas un chien mais un perroquet. Dans le Crado pince fort, Le vol des 714 porcineys, L'oreille qui sait ou encore La Lotus bleue, autant de clins d'oeil appuyés aux titres des albums d'Hergé, se croisent des personnages comme le "professeur Margarine", le "Rasta populiste", ou "le capitaine Aiglefin", le haddock étant de l'églefin fumé. A la barre, les deux parties avaient longuement détaillé les ressemblances et les différences entre Tintin et Saint-Tin. Selon Me Watrin, éditeur et auteur ont voulu faire "un coup éditorial", et "se sont arrogé le droit de faire l'adaptation du maître", une démarche "d'une prétention inouïe", donnant naissance selon elle à "des ouvrages assez médiocres". Etonnée par "l'agressivité et la méchanceté" des propos de sa consoeur, Me Bénédicte Azzopard avait défendu la démarche de l'éditeur, qui voulait selon elle "rendre hommage à Hergé, mais aussi à ses précurseurs", citant Rouletabille, dont le créateur de Tintin se serait inspiré.

lundi 7 septembre 2009

Cet été en Creuse...

Expo en demi teinte le 2 août dernier : une aveugle et un joueur de flipper au rendez-vous.

dimanche 6 septembre 2009

Les grigris de Sophie

Dès l’enfance, hasard ou coïncidence nous amène à rencontrer des êtres avec lesquels nous faisons un agréable bout de chemin. Je ne cesse de m’étonner de ces petits bonheurs éphémères ou durables que nous offre la vie en permanence. Souvent je songe à certains de ces petits bonheurs tombés de ma poche, perdus ou abandonnés, sans plus jamais savoir ce qu’ils étaient devenus. Certains argueront qu’il existe mille façons de renouer des contacts rompus. A quoi bon. J’ai tellement peur d’être navré. Et puis, je ne suis pas adepte de ce jeu pernicieux d’enquêteur de police qui oblige à fouiller dans les affaires des autres avec obstination alors qu’ils ne vous demandent rien. Je préfère polir ma nostalgie sur le revers de ma veste en laine avant de la croquer à belles dents. De ces petits bonheurs il y en a de nouveaux chaque jour. Il suffit d’un rien, une visiteuse dont vous ne connaîtrez jamais exactement la raison de sa venue première et qui vous a laissé volontairement entrouverte sa porte, que l’on pousse plus par curiosité que par malveillance. Une fois franchi le seuil de cette maison vide, on en écarte les tentures pourpres pour s’y glisser. D’abord, on ne touche à rien. On regarde. On écoute le silence. On oublie de respirer. Et l’on se laisse doucement aller dans cet univers qui n’est pas le vôtre mais dans lequel l’on ne parvient pas à définir pourquoi l’on se sent déjà si bien. Et l’on repart sur la pointe des pieds pour ne pas déranger, en s’excusant presque, en n’en oubliant de dire au revoir, mais à qui ? Alors on revient sous n’importe un prétexte futile comme pour vouloir s’excuser. On connaît mieux le chemin. Toujours cette même porte laissée entrouverte et les tentures pourpres de cet univers de fée qu’il ne reste plus qu’à soulever d’un souffle. Hier une fanfreluche. Aujourd’hui, un livre laissé sur un guéridon que l’on prend, que l’on feuillette, sur lequel on arrête et que l’on note sur un calepin pour une lecture en devenir. On le repose enfin, pour vaquer plus loin entre les feutrines, les boutons de couleurs, les perles multicolores, les plumes et les coquillages, parmi lesquels, épars et sages, cohabitent écrivains, artistes et musiciens. Alors comme Alice je parcours avec délice cet univers typiquement féminin composé de mille petits riens griffonnés sur des partitions de symphonies arc-en-ciel. Et je ne peux m’empêcher de penser à cette chanson de Gérard Manset composée pour Julien Clerc qui me ramène immanquablement à cet univers insolite : « Comme je faisais bouillir de l'eau, pour me faire un café, Sur ma table est tombée une petite fée. » Et depuis elle m’emporte un peu plus chaque jour dans l’azur étoilé de son monde coloré.
D’elle je ne sais rien ou si peu. A quoi bon connaître la vie rêvée des fées à moins de vouloir finir ensorcelé ? Un de ceux qui l’a rencontrée, un magicien, un lutin, un elfe, en parle bien mieux que je ne pourrais le faire. Il s’appelle Patrick Lepetit. Je vous renvoi à son texte. Moi je préfère rêver.

samedi 5 septembre 2009

Putain de ballon


Avec Pupuce on est allés à la mer. Pas de bol. Elle était loin et comme il n’y avait pas de navette, il fallait soit se baigner à pied ou attendre qu’elle remonte. Comme je suis un mec courageux, j’ai plié mon short et mon tee-shirt dans le panier et, avec le ballon en mousse rouge sous le bras, gagné la rive d’un pas assuré et rapide sur le sable chaud. La ballon en mousse rouge, c’est pour s’amuser dans l’eau. Que voulez-vous, Pupuce et moi on est très joueur. Le vendeur m’avait affirmé que pour la plage, c’était l’idéal. Certainement un extra, car je ne l’ai jamais retrouvé pour lui casser la gueule. Pour la plage certes, c’était peut-être bien le gros ballon en mousse rouge, mais dans l’eau, une fois gorgée d’eau de mer on s’envoyait dans la gueule l’équivalant en poids d’un boulet de canon du jardin des Invalides. A la longue, ça muscle, mais c’est vite lassant. Sans compter qu’emportés par les vagues qui nous traîne, nous entraîne, écrasés l'un contre l'autre, nous ne formions qu'un seul corps, et les flots sans effort, nous pousse, enchaînés l'un et l'autre et nous laisse tous deux épanouis, enivrés et heureux mais flapis. Je suis allé m’écraser à l’ombre du parasol sur ma serviette comme un pied de porc pané question de piquer une petite ronflette, tellement la balle en mousse rouge m’avait usé la santé. Et puis, dites-donc, une balle en mousse rouge gorgée d’eau de mer et pleine de sable, c’est intransportable. Pour saloper la bagnole avec mes conneries, je suis fort, a insinué Pupuce. L’avait pas tort. Vu qu’elle était pas tatouée, et en dépit de ses véhémentes protestations, je l’ai abandonnée dans une fourré. Le ballon en mousse, pas Pupuce. Le lendemain, j’ai fait l’acquisition d’une ballon de plage en plastique bleu avec marqué Italie dessus. Comme les champions du monde. L e vendeur m’avait affirmé que pour les jeux de plage, c’était l’idéal. La mer était plus proche. Le vent s’était levé. Alors le ballon de plage, frôlant l’écume des vagues allait loin et emportés par la houle qui nous traîne, nous entraîne, nous éloigne l'un de l'autre, je lutte et je me débats et le son de la voix de Pupuce s'étouffe dans les rires des autres. Et je crie de douleur, de fureur et de rage, et je pleure avant de m’écrouler sur le sable, tétanisé... Putain de ballon. J'ai arrêté le sport. Je me suis mis à la lecture.

vendredi 4 septembre 2009

Usine Retraite

Dans ma boîte, où que je travaille, ils viennent d’apposer partout sur les murs des affiches annonçant pour 2010 : l’Usine Retraite. L’usine je connais, j’y ai échappé de justesse. L’autre je l’attends depuis la naissance pour qu’enfin on me lâche un peu avec le travail avant que je meure. Déjà que je voudrais pas crever les outils à la main, si maintenant l’usine et la retraite font cause commune, nous voilà beaux. Et dire que depuis les années soixante les sociologues n’arrêtent pas de nous bassiner avec la fin du prolétariat comme si soudain, débarrassés de nos chaînes allégoriques, nous étions tous devenus riches et heureux dans une société radieuse et égalitaire. Moi ce que je comprends dans ce slogan de l’Usine Retraite c’est qu’après avoir été des cols blancs, les salariés du tertiaire vont devenir, ce qu’à mes yeux ils ont toujours été, les cols bleus de demain. D’abord faudra passer au magasin chercher son bleu de chauffe, sa chemise Kidur à carreaux, une paire de croquenots à bout ferré et sa boîte à outils, le tout retenu sur ses maigres mais futurs appointements. Le port de la gâpette sera pas obligatoire, mais si on veut, on peut. Tiens je les imagine déjà Claudine et Muriel, nos deux hôtesses chéries, recevoir nos allocataires en bleu de chauffe à la réception. D’abord le matin, la pointeuse, pis les vestiaires avec Josette et Dédé à se mater des photos de Chippendale collés sur les parois de l’armoire métallique en se tisant une petite mousse. Pis au coup de sirène empoignée sa boite à outils « Usine Retraite » et se colleter à la dure réalité de l’existence : les Vieux. Qu’est-ce qui nous font chier, les vieux ! Peuvent pas rester tranquilles, peinards dans leur maison de retraite en attendant la mort ou de finir prématurément brûler comme un fagot dans un incendie volontaire. Je sais plus qui a dit en substance « Les vieux, on devrait tous les tuer à la naissance ! » mais il avait bougrement raison. Parce que nous déjà, vieux, c’est pas dit qu’on y arrive d’une part, d’autre part, s’il nous reste une once de moelle pour tenir debout, qui c’est qui viendra nous filer des écrans plats pour qu’on vote pour lui ? Cohn Bendit, peut-être ? Ou la Ségolène ? Ou le Sarkozy ? Quéquette ! Personne, viendra et on crèvera dans notre coin comme la Mémé à François Béranger qu’a clamsé dans son ptit lit du côté de Clamecy. Et pendant ce temps-là, nous dans les ateliers, à serrer les boulons pour que l’Usine Retraite, elle tourne, tourne, tourne, tourne, tourne…. comme la planète à nous en filer le tournis comme une foutue belle valse un beau soir de noces. Sauf qu’à la noce, on y est pas. On y est plus. Y a t-on été un jour, d’ailleurs ? Y a longtemps qu’on a soufflé nos bougies tandis que les autres, les riches, les nantis, les patrons, ceussent qui dirigent la rotation de la planète y se partagent le gâteau pour le bouffer en nous laissant lécher les assiettes. Alors ceussent qui se sont fait mettre pendant trente ou quarante ans y sont maintenant à nous réclamer du pognon, après avoir trimer toute leur vie pour des assiettes vides. Est-ce qu’on réclame, nous ? Non. On cherche des coupables. C’est plus facile de se trouver des coupables comme les vieux d’hier avant de devenir ceux de demain, avec au bout du compte toujours les mêmes assiettes vides à se partager, tout en pensant qu’il y’a des pays où y a des gars, eh ben ! y zont même pas d’assiette. La belle affaire. Alors on réclame pas. On bêle. On réclame pas, parce-qu’on a plus le courage. On n’a soit disant plus la force. On a plus de couilles, plutôt. On prend ce qu’on nous donne, bien trop content de pas être chômeur ou dormir dans un carton ou au square Villemin comme les réfugiés afghans.. Faut qu’on s’arrête ! Je sens que je m’échauffe pour rien et que je vais m’attraper un gros coup de sang, et le gros coup de sang c’est pas bon pour ma santé. J’ai encore quelques années à tenir à l’usine avant la retraite. Mais je me dis quand même avant de crever dans notre petit lit comme la Mémé de Béranger à Clamecy, que ça serait beau tous les cols bleus de la nouvelle classe ouvrière dans la rue à foutrent leurs boites à outils à travers la gueule des Sarko de tout bords, de tout poils et de toutes espèces. L’usine fermée, les bras croisées. Un beau rêve avant de mourir.

jeudi 3 septembre 2009

Vie de chien


Déjà rentré à la nuit pour être réveillé sur le coup de deux heures par une erreur d’interphone et ensuite se faire gueuler dans les esgourdes pour s’entendre dire qu’il est six heures, c’est pas une vie de chien. Pour pas réveiller, Pupuce, je me suis armé lesdites esgourdes d’écouteurs appropriés comme quand les résistants de la première heure captaient Radio Londres. J’ai résisté ainsi jusqu’à six heures trente, heure à laquelle, en progression reptilienne j’ai activé le détonateur de la bombe à caféine. Deux déflagrations neuronales plus tard, un slip sur la tête et le cul collé sur le Jacob Delafon, je me suis brossé les dents en me nouant les chaussures. Essayez, c’est pas simple. Et à sept heures tapantes je me suis retrouvé comme une merde sur le trottoir. C’est alors que s’est pointé le type. « Hep, monsieur, j’espère que vous ne pensez pas vous en tirez comme ça, par hasard ? qu’il me dit. – M’en tirez comme quoi ? Que j’y réponds. – Ben, en laissant traîner vos détritus sur la voie publique », qu’il me fait en sortant son carnet à souche. Et que je me tourne et que je me retourne à la recherche du détritus suspect. « Vois pas ! que je lâche. – Et ça ! » qu’il me montre, un index suspect pointé sur moi, en pleine déprime le jour de la rentrée. Je ne me doutais pas qu’après plus de trois semaines de vacances, j’avais si mauvaise mine. Ni que me retrouver telle une merde sur le trottoir, allait me valoir d’être verbalisé derechef par un inspecteur de la voirie. Je me suis ramassé avec un bout de Sopalin et jeté dans la poubelle la plus proche. « Ça ira comme ça ?», j’ai lâché, un rien cabot. Devant ma gueule de chien battu, le type a refermé son carnet à souche. « Ca ira pour cette fois, qu’il a soupiré, bienveillant. Evitez toutefois de vous trouvez une nouvelle fois comme une merde sur mon chemin, qu’il a ajouté, sinon je verbalise. – Vaut mieux sur le chemin que sous la semelle ! » j’ai tenté , ironique. J’ai tout de suite vu qu’il manquait cruellement d’humour, alors je suis resté coi, tout recroquevillé dans ma poubelle, un rien péteux. Quelle vie de merde, tiens, que je me suis pensé.