jeudi 29 mars 2018

Les Hollandais à Paris, 1789-1914, Van Gogh, Van Dongen, Mondrian… musée du Petit-Palais à Paris.

   

   Organisée en collaboration avec le musée Van Gogh d'Amsterdam, cette exposition évoque la richesse des échanges artistiques et humains entre les peintres hollandais et français, du règne de Napoléon à l'aube XXe siècle. De nombreux peintres hollandais ont en effet quitté leur pays pour s'installer à Paris. Leur style s'y est enrichi, a évolué, parfois s'est renouvelé. Dans cette ville qu'ils avaient choisie pour l'intensité de sa vie artistique, ils ont suivi un enseignement, noué des contacts avec des peintres français, y ont vendu des œuvres... Certains sont rentrés dans leur pays d’origine, d'autres s'y sont établis définitivement.

     L'exposition montre comment les séjours parisiens de ces peintres hollandais ont été décisifs dans leurs œuvres, et plus généralement, dans le développement de la peinture hollandaise. Elle montre aussi, à l'inverse, comment ces artistes hollandais ont enrichi ou renouvelés les thèmes, les couleurs et les sensibilités des toiles françaises, y imprimant des influences du Siècle d'or hollandais. De part et d'autres, ces rencontres internationales ont été les prémisses de révolutions stylistiques.
Côté hollandais, on y voit des œuvres de Van Gogh et Van Dongen, mis en regard avec des toiles de Cézanne, Monet, Picasso, Mondrian, Corot, Signac...

Les Hollandais à Paris, 1789-1914, Van Gogh, Van Dongen, Mondrian… jusqu’au 13 mai au musée du Petit-Palais à Paris, Avenue Winston Churchill, 75008

samedi 24 mars 2018

Philip Kerr, le père de Bernie Gunther est mort


      L’écrivain Philip Kerr est mort le vendredi 23 mars.  Auteur d’une trentaine de livres, il avait été rendu célèbre par son détective Bernie Gunther, inspecteur de la « Kripo », la police criminelle allemande, enquêtant tant bien que mal sous le régime nazi.

     Pour créer son univers, la bible de l'Anglais Philip Kerr n'était  autre qu'un vieux Baedeker édition 1930, consacré à Berlin. Sans ce guide du temps  jadis, qui répertorie bars, restaurants, boîtes de nuit, bâtiments administratifs, les romans noirs berlinois de Kerr n'auraient pas ce fascinant goût d'authenticité. Mais pour ressusciter par la plume les ruines d'une ville détruite et fantomatique, il faut plus, bien sûr, qu'un Baedeker. Car du Berlin nazi, il ne reste, hormis les musées et les églises, que l'écrasant ministère de l'Air de Göring, devenu aujourd'hui ministère des Finances, la synagogue de l'Oranienburger Strasse, rebâtie en partie, et l'hôtel Adlon, ex-palace cosmopolite reconstruit à l'identique. Tant de rues ont été rayées de la carte, tant de noms transformés. Et pourtant, grâce à la formidable minutie de Kerr, on a l'impression d'y être, plongé dans ce labyrinthe débridé où évolue son héros, Bernie Gunther. Bernie n'est pas n'importe qui. Brillant policier avant l'arrivée des nazis, en 1933, détective privé ensuite, il est si efficace que Heydrich, séduit par son talent, le réintègre de force en 1938 dans la Kripo (Kriminalpolizei).

Pour se documenter, Kerr a ajouté à son Baedeker fétiche des balades dans la ville et de multiples lectures, parmi lesquelles les mémoires des grands détectives berlinois, traduits jadis en anglais. Après Christopher Isherwood, Lan Deighton et John Le Carré, Kerr à perpétué donc ce tropisme étrange des Britanniques pour Berlin. En l'occurrence, un Berlin aussi noir que brun.





Trilogie berlinoise
À travers le regard désabusé et insolent de Bernie Gunther, ancien policier devenu détective privé, immersion dans une Allemagne au tournant de son histoire, le temps de trois enquêtes.Berlin, 1936. Alors que les Jeux Olympiques approchent, Gunther est embauché dans L’Été de cristal par un riche industriel pour élucider le meurtre de sa fille et surtout la disparition d’un précieux collier en diamants. Bientôt la Gestapo s’en mêle… Deux ans plus tard, dans La Pâle Figure, la tension monte en Allemagne, y compris pour Gunther, sommé par le bras droit de Himmler de résoudre au plus vite les viols et les meurtres en série d’adolescentes blondes et aryennes. Changement de décor pour Un Requiem allemand : dans la Vienne de 1947, Gunther est appelé à la rescousse par un ancien collègue, accusé de meurtre. Au sortir de la guerre, un monde nouveau est à reconstruire et beaucoup semblent prêts à tout pour tirer leur épingle du jeu…

 La mort entre autres
On se souvient de Bernie Gunther, l’ex-commissaire de police devenu détective privé, qui, à la fin de La Trilogie berlinoise, assistait à la chute du IIIe Reich, conscient de la corruption qui, à Berlin comme à Vienne, minait le régime. 1949. Bernie vit une passe difficile. Sa femme se meurt, et il craint que le matricule SS dont il garde la trace sous le bras ne lui joue de sales tours. Une cliente affriolante lui demande de retrouver la trace de son époux nazi, et le voici embarqué dans une aventure qui le dépasse. Tel Philip Marlowe, son alter ego californien, et en dépit de son cynisme, Gunther est une proie facile pour les femmes fatales… Atmosphère suffocante, manipulations, et toujours l’Histoire qui sous-tend habilement la fiction.



Une douce flamme
Il paraît qu'en présence du Führer, ses admirateurs sentaient brûler en eux une douce flamme... En 1950, lorsque Bernie Gunther débarque à Buenos Aires sous un nom d'emprunt, la ville est infestée d'exilés nazis, qui ont reconstitué leurs réseaux et leurs pratiques. Informé de sa véritable identité, le chef de la police charge Bernie d'une enquête qui lui rappelle une affaire non élucidée, alors qu’il était détective à la Kripo berlinoise : une jeune fille retrouvée, atrocement mutilée, une autre disparue. L’occasion, pour Bernie, de découvrir l'ampleur de la collusion entre le régime Perón et les nazis… Dans le sillage de La Trilogie berlinoise, la confrontation entre l'Histoire et le crime continue, sous la plume de Philip Kerr, de provoquer des étincelles.
Hôtel Adlon

 Chargé d'assurer la sécurité d'un des plus luxueux hôtel berlinois, l' Hôtel Adlon, Bernie Gunther voit son job se corser lorsque les morts commencent à s'accumuler. le dirigeant d'une entreprise de construction est retrouvé mort dans sa chambre. Comme si cela ne suffisait pas, le cadavre d'un jeune boxeur juif est repêché dans un canal de la ville, les poumons remplis d'eau de mer. En parallèle, Gunther fait la connaissance - et un peu plus - avec la délicieuse et magnifique Noreen Charalambides, journaliste juive américaine venue enquêter sur la politique raciale de l'Allemagne à l'heure des prochains JO de Berlin : elle entend prouver une discrimination envers les Juifs en vue d'un boycott américain et il va l'y aider. Vingt ans plus tard, il recroise Noreen à La Havane. La Havane où les mafieux américains font pratiquement la loi et où lui-même tente une réorientation professionnelle dans le cigare. Jusqu'à l'assassinat d'un businessman germano-américain véreux, tandis que gronde la rébellion anti-Batista.




 Vert de gris

 En 1954, l'armée américaine arrête Bernie Gunther à bord du bateau dans lequel il quittait Cuba. En pleine guerre froide, la CIA espère obtenir de lui des informations sur Erich Mielke, ancien SS comme lui, devenu chef de la Stasi.

 Prague fatale

Berlin, 1942. Bernie Gunther, capitaine dans le service du renseignement SS, est de retour du front de l'Est. Il découvre une ville changée, mais pour le pire. Entre le black-out, le rationnement, et un meurtrier qui effraie la population, tout concourt à rendre la vie misérable et effrayante. Affecté au département des homicides, Bernie enquête sur le meurtre d'un ouvrier de chemin de fer néerlandais. Un soir, il surprend un homme violentant une femme dans la rue. Qui est-elle ? Bernie prend des risques démesurés en emmenant cette inconnue à Prague, où le général Reinhard Heydrich l'a invité en personne pour fêter sa nomination au poste de Reichsprotektor de Bohême-Moravie.

Les ombres de Katyn

Mars 1943. Le Reich vient de perdre Stalingrad et le moral est au plus bas. Pour Joseph Goebbels, il faut absolument redonner du panache à l’armée allemande et porter un coup aux Alliés. Or sur le territoire soviétique, près de la frontière biélorusse, à Smolensk, ville occupée par les Allemands depuis 1941, la rumeur enfle. Des milliers de soldats polonais auraient été assassinés et enterrés dans des fosses communes. Dans la forêt de Katyn, aux abords de la ville, des loups auraient d’ailleurs déterré des fragments de corps. Qui est responsable de ce massacre ? L’Armée rouge sans doute. Pour Goebbels, c’est l’occasion rêvée pour discréditer les Russes et affaiblir les Alliés. Il a l’idée d’envoyer sur place une autorité neutre, le Bureau des crimes de guerre, réputé anti-nazi, pour enquêter objectivement sur cette triste affaire. Le capitaine Bernie Gunther, qui y officie est la personne idéale pour accomplir cette délicate mission. Gunther se retrouve dans la forêt de Katyn avec une équipe pour exhumer les quatre mille corps des officiers polonais et découvrir la vérité, quelle qu’elle soit.
 La dame de Zagreb
 Eté 1943. Il y a des endroits pires que Zurich, et Bernie Gunther est bien placé pour le savoir. Quand Joseph Goebbels, ministre en charge de la propagande, lui demande de retrouver l’éblouissante Dalia Dresner, étoile montante du cinéma allemand qui se cache d’après la rumeur à Zurich, il n’a d’autre choix que d’accepter. Mais, très vite, cette mission en apparence aussi aguichante que l’objet de la recherche, prend un tour bien plus sinistre. Car le père de Dalia Dresner est en fait un croate antisémite de la première heure, sadique notoire, qui dirige un tristement célèbre camp de concentration de la région. Et la police suisse exige au même moment que Gunther fasse la lumière sur une vieille affaire qui risque de compromettre des proches de Hitler.
La Femme de Zagreb est une histoire formidable, extrêmement bien documentée sur cette période cauchemardesque, avec son héros cynique, attachant, et toujours aussi indomptable.

 Les Pièges de l’exil

 Au milieu des années 1950, Bernie Gunther est l’estimé concierge du Grand-Hôtel de Saint-Jean-Cap-Ferrat, sous une identité d’emprunt qui le met à l’abri des représailles et des poursuites (il figure sur les listes de criminels nazis recherchés). Mais son ancienne activité de détective et son pays lui manquent. Pour tromper son ennui, il joue au bridge avec un couple d’Anglais et le directeur italien du casino de Nice. Introduit à la Villa Mauresque où réside Somerset Maugham, l’auteur le plus célèbre de son temps, il trouve enfin l’occasion d’éprouver quelques frissons : Maugham, victime d’un maître chanteur qui détient des photos compromettantes où il figure en compagnie d’Anthony Blunt et de Guy Burgess, deux des traîtres de la bande de Cambridge, a besoin d’un coup de main... Très vite, la situation se corse, car Gunther est dangereusement rattrapé par son passé. Le roman offre un éblouissant portrait romanesque de l’écrivain, ancien espion de la Couronne, tout en entraînant le lecteur dans une machination palpitante.


vendredi 23 mars 2018

Impressions lisboètes (6)


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        Face à Lisbonne à Almada  de l'autre côté du Tage, s'élève sur le sommet d'une falaise le Cristo Rey. 
      Les mains étendues au-dessus de la ville rappellent le Corcovado de  Rio de Janeiro.  Le Cristo Rey en est sa réduction portugaise et  fut construit à l'issue de la Seconde Guerre mondiale pour remercier le ciel de n'avoir pas été envahi.
       Ce ne fut pas mon cas. J'ai été vite envahi  d'une grande fatigue à l'issue de la très longue marche pour rejoindre le Crist Rey qui m'attendait bras ouvert. Compte tenu de la hauteur de la falaise je suivais le Christ planer au-dessus des nuages et  la vue était magnifique. Et en arrivant au sommet, ivre de fatigue, j'ai eu une révélation : Dieu existe : Il y avait une navette pour rentrer.



A suivre...

mardi 20 mars 2018

Foujita les années folles







        Du 7 mars au 15 juillet 2018, le Musée Maillol à Paris, présente une exposition consacrée à l’artiste japonais, naturalisé français, Léonard Tsuguharu Foujita. Plus d’une centaine d’oeuvres majeures, issues de collections publiques et privées, retracent le caractère exceptionnel des années folles de Foujita à Montparnasse, entouré de ses amis Modigliani, Zadkine, Soutine, Indenbaum, Kisling ou Pascin. L’exposition se concentre sur la première période parisienne de l’artiste, très productif entre 1913 et 1931.
     L’exposition retrace l’histoire d’un destin unique, celui d’un artiste évoluant entre deux cultures. De ses prémices au Japon, en passant par son ascension et la révélation de son oeuvre, son parcours le mènera jusqu’à la création de ce personnage si singulier dans le contexte parisien des années folles. Ses thèmes récurrents – femmes, chats, natures mortes, enfants et autoportraits – sont spécifiques du foisonnement de sa production artistique. Foujita traverse les grands courants modernistes sans dévier de son schéma de recherche, respectueux de ses racines japonaises et du classicisme des grands maîtres occidentaux.
      Ses oeuvres en appellent d’autres, celles de ses voisins d’atelier, ses amis, admirateurs et inspirateurs, pour un dialogue enrichissant permettant de mesurer l’originalité et la complémentarité des artistes regroupés sous l’appellation « École de Paris ».
    Les oeuvres majeures en provenance d’institutions et de musées remarquables et une centaine d’oeuvres rares de quelques 45 collections privées en provenance du Japon, des États-Unis et d’Europe, concourent à souligner à la fois l’extraordinaire génie créateur de Foujita et à inviter le visiteur à découvrir l’intimité d’un artiste surprenant. Les deux diptyques monumentaux, Combats I et II et Compositions au lion et au chien datés de 1928, prêts du Conseil Départemental de l’Essonne, coeur des Années Folles et de l’exposition, démontrent la puissance virtuose de Foujita et l’impact qu’il eut sur son époque. Ces grands formats, confiés par Foujita à sa femme Youki, étaient considérées par l’artiste comme ses tableaux les plus aboutis. L’exposition démontre le talent de l’artiste fou de dessin qui, après son illustre prédécesseur Hokusai, maniait le pinceau avec brio. Le trait de Foujita se révèle d’une sureté infaillible et ses lignes d’une finesse calligraphique exemplaire avec l’utilisation du sumi (encre nore japonaise) autant sur le papier que pour ses huiles. Il laisse à la couleur un rôle secondaire mais si décisif qu’elle en sublime le trait. La délicatesse de la gouache et de l’aquarelle emplit les formes par aplat, pour des transparences subtiles lorsqu’il s’agit de peinture à l’huile. Ses fonds d’or renforcent quant à eux l’impression de préciosité et de raffinement.
    Cinquante ans après la mort de Foujita en 1968, le musée Maillol met à l’honneur l’oeuvre lumineuse et rare du plus oriental des peintres de Montparnasse.


Du 7 mars 2018 au 15 juillet 2018
Musée Maillol
59-61 Rue de Grenelle
75007 Paris 7

vendredi 16 mars 2018

Pierre Lemaitre Couleurs de l'incendie





Ambitieux, Pierre Lemaitre a entrepris de réécrire un siècle (1920-2020) comme une fresque balzacienne au long cours dans laquelle tout serait vrai sans être obligatoirement exact. Le premier tome, Au revoir là-haut (prix Goncourt 2013), scrutait un nouveau monde capitaliste à travers une arnaque aux monuments aux morts. Le deuxième, Couleurs de l’incendie, est une affaire de vengeance, celle d’une femme démunie, déclassée, mais obstinée jusqu’à la manipulation. La boucherie de la Grande Guerre cède la place à un cycle de trahisons orchestrées par les banquiers et les politiques. La crise de 1929 avance à grands pas, le nazisme commence à ronger l’Europe, mais au cœur du roman se tient Madeleine, une femme qui perd tout et remonte l’escalier marche après marche, tout en refermant un piège sur ses ennemis les plus cupides.
Couleurs de l’incendie s’ouvre sur les obsèques de Marcel Péricourt — le père d’Edouard Péricourt, la gueule cassée d’Au revoir là-haut —, dont l’empire financier revient logiquement à sa fille, Madeleine, et au jeune fils de cette dernière, Paul. Tout semble réglé et officiel mais, en quelques heures, Madeleine est ruinée, seule avec un enfant handicapé. Après une ouverture digne d’un grand scénographe, Pierre Lemaitre secoue son lecteur, l’apostrophant parfois pour mieux l’entraîner dans ce voyage au pays de la finance et du complot.
Le plaisir est permanent, dans ce roman mêlant la vista d’un Alexandre Dumas à l’humour de Sacha Guitry. Tous les personnages, particulièrement les traîtres, sont délicieusement campés par un auteur qui sait tricoter la documentation, les références littéraires et la pure création. Un jour, nous marchons avec lui dans les couloirs obscurs d’un ministère ; le lendemain, on assiste au récital d’une énorme cantatrice à la voix cristalline ; puis vient le moment d’accompagner un journaliste que la morale n’étouffe pas… Du roman policier qu’il a longtemps pratiqué, Pierre Lemaitre a retenu le refus du temps mort ainsi que la construction au cordeau, et de ses lectures classiques, une liberté avec l’Histoire et une joyeuse endurance. Le résultat est parfaitement dosé, aussi vif que profond, avec ses haines recuites et ses instants lumineux. Pierre Lemaitre a déjà en tête le troisième volume, situé dans les années 1940, et envisage de pousser jusqu’au tome dix. Balzacien, vous disait-on…

| Ed. Albin Michel, 540 p., 22,90 €.



Piqûre de rappel pour le roman précédent admirablement adapté au cinéma par Albert Dupontel




Ils ont miraculeusement survécu au carnage de la Grande Guerre, aux horreurs des tranchées. Albert, un employé modeste qui a tout perdu, et Edouard, un artiste flamboyant devenu une "gueule cassée", comprennent vite pourtant que leur pays ne veut plus d'eux. Désarmés, condamnés à l'exclusion, mais refusant de céder au découragement et à l'amertume, les deux hommes que le destin a réunis imaginent alors une escroquerie d'une audace inouïe.
Fresque d'une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l'après-guerre de 14, de l'illusion de l'armistice, de l'Etat qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants. Dans l'atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose avec talent la grande tragédie de cette génération perdue.

mercredi 14 mars 2018

Victor Hugo, les Misèrables, bibliothèque de la PLéiade





       Y a-t-il du nouveau à apprendre sur "Les Misérables", ce monument de la littérature française parmi les plus connus au monde ? La nouvelle édition du chef d'oeuvre de Victor Hugo  prouve que oui.
Dirigé par Henri Scepi, un des spécialistes de la littérature française du XIXe siècle, ce nouveau volume de la prestigieuse collection de Gallimard fourmille de révélations. Ainsi, apprend-on que Victor Hugo hésita longtemps sur le titre même de son roman fleuve. Au départ, il songe à l'appeler "Les Misères" ou bien "Jean Tréjean", du nom de son héros. A mesure que l'histoire progresse, "Jean Tréjean" change d'identité. Il devient "Jean Vlajean" avant de prendre enfin, en mars 1861, le nom de "Jean Valjean", l'ancien forçat qui deviendra un saint laïc. "Marius", l'amoureux de "Cosette", autre personnage central du roman, devait s'appeler "Thomas", révèle encore Henri Scepi.
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                                                       © Collection Gérard Pouchain



    Lorsque Victor Hugo commence la rédaction des "Misérables", en 1845, il est membre de l'Académie française et pair de France (nommé par le roi Louis-Philippe). Les événements de 1848 (insurrection de février, puis Journées de Juin) l'obligent à abandonner son travail d'écriture. Élu député en juin 1848, réélu en mai 1849 dans les rangs conservateurs, il s'éloigne peu à peu de son camp jusqu'à dénoncer, le 2 décembre 1851, le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte.

L'exil 

Pourchassé par la police, il se voit contraint à l'exil. Le pair de France est devenu un proscrit. Hugo trouve refuge à Bruxelles puis à Jersey avant de s'installer à Guernesey. Les brouillons des "Misérables" dorment dans leurs cartons. Non pas que l'écrivain a renoncé à écrire. Au contraire. De son exil, il écrit "Les châtiments", puis "Contemplations" avant de rédiger "La légende des siècles". Amnistié mais toujours en exil, il reprendra l'écriture des "Misérables" en avril 1860, quinze ans après l'avoir commencé. Le livre, "un des principaux sommets, sinon le principal de mon oeuvre", écrit Hugo, est finalement publié à Bruxelles par un éditeur belge en mars 1862. L'écrivain a alors 60 ans.
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                                                      © Collection Gérard Pouchain    

Différentes ébauches

Le texte publié par la Pléiade se fonde sur cette édition originale publiée de mars à juin 1862. Outre le texte impressionnant d'Hugo, le volume de 1.824 pages est enrichi d'un "Atelier des Misérables" où ont été rassemblés les préfaces et projets de préfaces rédigés par Hugo mais aussi différentes ébauches qui permettent d'apprécier l'évolution de l'oeuvre au fil de sa longue rédaction. On peut comparer ainsi la scène au cours de laquelle Javert s'accuse auprès du respectable "M. Madeleine" (qui n'est autre que Jean Valjean) de l'avoir pris pour l'ancien forçat dans la version de 1846-1847 et celle de 1862. "Tout a été retravaillé avec un soin extrême en vue de ménager l'effet de suspens escompté", fait remarquer Henri Scepi. 

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                                                       © Collection Gérard Pouchain

Critiques féroces

"L'Atelier des Misérables" comprend aussi les pages écartées du manuscrit, les scènes ou chapitres qui n'ont pas trouvé leur place dans l'édition publiée. Un volet intitulé "Images des Misérables", sous la direction de l'universitaire Dominique Moncond'huy, présente des dessins (dont ceux de Victor Hugo) inspirés du roman et dresse également un inventaire complet des films, pièces de théâtre adaptés de l'oeuvre d'Hugo dont la célèbre comédie musicale "Les Misérables" jouée sans interruption à Londres depuis 1985. Des adaptations ont été réalisées pour le cinéma japonais, égyptien, turc ou encore vietnamien, nous apprend la Pléiade.

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                                                         © Collection Gérard Pouchain
 
Quant à la réception du roman, le lecteur d'aujourd'hui ne manquera pas d'être étonné. Certes, le livre connaît un succès commercial dès sa parution, rappelle Henri Scepi, mais les critiques sont féroces. Flaubert et Lamartine cognent à cœur joie sur le texte d'Hugo. La mère d'Arthur Rimbaud écrira une lettre indignée au professeur du jeune Arthur, Georges Izambard, coupable selon elle d'avoir placé un exemplaire des "Misérables" dans les mains de son fils.

Le grand roman de Victor Hugo était entré une première fois dans la Pléiade en janvier 1951 et n'avait jamais été réédité depuis.
Victor Hugo, Les Misérables, bibliothèque de la Pléiade. 72 euros

vendredi 9 mars 2018

David Goldblatt : 21 février au 13 mai, Centre Pompidou






     Le Centre Pompidou consacre pour la toute première fois une rétrospective à l’œuvre de David Goldblatt, figure clé de la scène photographique sud-africaine et artiste phare du documentaire engagé. À travers ses photographies, Goldblatt raconte l’histoire de son pays natal, sa géographie et ses habitants. L’artiste entretient dans son œuvre une tension singulière entre les sujets, le territoire, le politique et la représentation. L’exposition retrace son parcours à travers un choix de séries majeures et dévoile aussi des ensembles plus méconnus, comme ses premières photographies prises dans les townships de Johannesbourg. La série On the Mines, devenue aujourd’hui une œuvre emblématique de l’histoire de la photographie documentaire, est présentée avec des tirages de travail. L’exposition montre enfin une partie de la série Particulars appartenant à la collection du Centre Pompidou, ou encore le travail plus récent de l’artiste à travers la série Intersections. Toutes ces séries reviennent avec acuité sur la complexité des relations sociales sous l’apartheid.

21 février 2018 - 13 mai 2018
de 11h à 21h Galerie 4 - Centre Pompidou, Paris

lundi 5 mars 2018

Van Dongen et le Bateau-Lavoir 16 février au 26 août 2018





    Dans le cadre de l’année culturelle néerlandaise en France, le Musée de Montmartre organise une exposition centrée sur « Van Dongen et les artistes du Bateau-Lavoir », du 16 février 2018 au 26 août 2018. Le Musée de Montmartre évoque déjà, dans ses collections permanentes, à quel point le Bateau-Lavoir, situé Place Emile Goudeau à quelques pas de l’actuel musée, a joué un rôle important dans la naissance de l’Art moderne à Paris. L’art antiacadémique, la liberté, l’esprit de révolution, l’art populaire et le dialogue entre les arts sont les facteurs qui vont stimuler l’arrivée d’un nouveau siècle artistique avec le fauvisme et le cubisme au Bateau-Lavoir.

    Van Dongen réside au Bateau-Lavoir à partir de la fin de l’année 1905 et fréquente, entre autres, l’artiste néerlandais Otto van Rees, ainsi que Maurice Vlaminck, André Derain, Henri Matisse et Pablo Picasso. Le séjour au Bateau-Lavoir de Van Dongen a considérablement influencé l’évolution de son œuvre. Cette exposition entend montrer à quel point cette période fut déterminante pour l’artiste ; c’est la raison pour laquelle nous montrerons l’évolution de sa création tout au long de sa carrière.

Van Dongen et le Bateau-Lavoir
Musée de Montmartre
16 février au 26 août 2018

vendredi 2 mars 2018

Impressions lisboètes (5)

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    Un séjour à Lisbonne passe forcément par l’achat de boîtes de sardines ou de conserves de poissons dans de rutilantes boutiques de conserveries que l'on ne peut rater.

 La sardine est l’un des symboles de la capitale portugaise.  On la cuisine dans tous les restaurants. La première usine de fabrication de boîtes de sardines remonte à 1879 dans la ville de Vila Real de Santo António, en Algarve. Pas étonnant donc que de nombreuses boutiques de conserveries plus jolies les unes que les autres fleurissent au fil des rues de Lisbonne.

  Mais les conserves ne s’arrêtent pas aux sardines, c’est une véritable spécialité portugaise et de nombreux produits de la mer sont mis en conserve. Le choix est tout simplement impressionnant dans certaines boutiques : thon, truite, saumon, maquereau, chinchard, pâté de sardine, mousse de poisson et même des moules, du poulpe et des calamars. Du côté de l’assaisonnement, le choix est lui aussi très vaste : naturel, à l’huile d’olive, à la tomate, mariné au citron vert, aux oignons.




       Et lorsqu'il est question de manger rien de tel que de se rendre dans un petite restaurant traditionnel. Un restaurant recommandée par des françaises rencontrées dans le tram et que je remercie pour la qualité de l'information. 
       "A Merendinha do Arco" à deux pas de la plaça de Figueras, rue dos Sapateiros, un restaurant traditionnel dans son jus et sans chichis où l'on mange un festival de spécialités portugaises à touche-touche avec une clientèle d'habitués. Un adresse que je recommande vivement.