dimanche 29 novembre 2015

William Sheller : Stylus






Nous sommes dimanche. Il pleut. Et moi j'écoute quasiment en boucle le dernier album de William Sheller « Stylus »
Sept ans qu'il n'avait pas enregistré. Un artiste lumineux mais bien trop rare. Stylus écrit et composé dans une absolue fidélité à son style. Piano et quatuor à cordes. Et une voix toujours douce et feutrée, Stylus est court : dix titres, trente-trois minutes. Trente trois minutes de bonheur.


samedi 28 novembre 2015

Attentats au gaz sarin ?





Avez-vous déjà essayé de manger des biscottes avec un masque à gaz en tête d'élan ou de rennes? Non!
Ben, il va falloir vous y mettre. Je dis d'élan ou de rennes, parce qu'en cette saison, en cas de recherche d'emploi vous pouvez combiner sécurité et un CDD avec le père Noël. Si vous préférez chercher un emploi à Disneyland, tentez votre chance avec un masque de Mickey ou Pluto. Ça peut fonctionner aussi. Il suffit simplement que votre masque à gaz soit homologué.

Je sais, vous êtes en train de vous demander "qu'est-ce que c'est, que ce con, avec son histoire de masque à gaz pour manger des biscottes."

J'explique, juste pour ceux qui ont la mémoire courte. Lorsqu'en 1914 François-Ferdinand s’est rendu à un méchoui chez des potes à Sarajevo, il a eu des mots avec un qu’était pas invité. Résultat des courses : un pistolet, pan t’es mort ! Eh ben, je sais pas si c’est le bouche à oreille mais bagarre générale en Europe : presque dix millions de morts.

Et à cette époque, ils en ont profité pour tout essayer, du canif au tank en passant par le gaz moutarde de Dijon. Terrible le gaz moutarde de Dijon dans l’œil. Ça pique l’œil et ça monte au nez. Terrible. Il y en a même qui on subit le syndrome du lapin au gaz moutarde de Dijon. Ils rêvaient qu’ils étaient poursuivis par un lapin albinos de deux mètres de haut.

Alors pour se protéger du gaz moutarde de Dijon, avant la fin des hostilités, ils se sont dotés de masque à gaz juste au moment où est arrivée la grippe du toréador, plus communément appelée grippe espagnole qui tua quand même quatre cents mille personnes en France, dont Guillaume Apollinaire sous le pont Mirabeau. Putain de grippe.

Mais ça, c'était en 14-18 dont nous fêtons le centenaire. Depuis, notre société a évolué. Nous avons eu la seconde guerre mondiale et son Zyclon B qui entraîna la mort de plus de six millions de personnes.

Nous avons testé depuis le virus de la grippe H1N1 et aujourd'hui on nous promet une attaque terroriste au gaz sarin, une substance inodore, incolore et volatile, cinq cents fois plus toxique que le cyanure. 
Maurice pensait qu'il s'agissait  d'un gaz à base de fiente de serins. Déjà qu'il est persuadé que les salafistes, se nourrissent exclusivement de salsifis pour fabriquer des bombes avec leurs propres gaz. Maurice veut faire fermer les mosquées salsifistes et faire enprisonner les producteurs de salsifis.
Maurice pense aussi que le braconnage des pinsons est identique à celui des serins pour fabriquer des bombes avec du gaz de volatiles. J'ai vérifié, Maurice porte un slip bleu.
j'ai appelé le défenseur des oiseaux Allain Bougrain-Dubourg, qui est venu gentiment lui assener un grand coup de pelle dans la gueule question de le détendre et nous avec.


Pour ma part, je me suis fait vacciné contre la grippe et me suis acheté un masque à gaz en tête d'élan en cas d'attaque au gaz sarin.

Pour le coup, j’ai aussi décidé de me mettre à la poésie comme Apollinaire. Je fais rimer amour avec toujours, Oursin avec vaccin et serin avec coin-coin. Quitte à mourir autant mourir célèbre, que je me suis dit. De toutes les façons au jour d'aujourd'hui, qu’est-ce que je risque ?

vendredi 27 novembre 2015

Hommage aux victimes des attentats du 13 novembre.


"Le patriotisme c'est l'amour des siens. Le nationalisme c'est la haine des autres."

                                  Romain Gary

La meilleure réponse à l'inhumain : 
Liberté, Égalité, Fraternité.

jeudi 26 novembre 2015

Alice au pays des merveilles fête ses 150 ans



 Alice au pays des merveilles fête son 150e anniversaire et pour l’occasion des événements sont organisés à travers le monde afin de célébrer ce livre merveilleux! Nous aimons beaucoup Alice, elle nous fait voyager et rêver à travers ses rêves! Un des premiers « vrais livres » qu’on m’a offert lorsque j’étais petite c’était « De l’autre Côté du miroir »


« De plus en plus étrange se dit Alice… » Le voyage fantastique d’une petite fille anglaise qui suit un lapin blanc dans un terrier continue de fasciner 150 ans après sa première publication. La British Library de Londres rend hommage à l’oeuvre de Lewis Carroll au travers d’une grande exposition. Vous pourrez voir le manuscrit original de Lewis Carroll de 1864 avec les dessins de l’auteur et de nombreuses éditions illustrées par Mervyn Peake, Ralph Steadman, Leonard Weisgard, Arthur Rackham, Salvador Dali et bien d’autres.

Pourquoi ce livre pour enfant et sa suite (Through the Looking-Glass, and What Alice Found There – 1871) a-t-il connu une telle renommée et de si nombreuses adaptions  Si par exemple, la célèbre version animée des studios Waly Disney de 1951 a bien sur retenu l’aspect onirique et fantastique, l’ouvrage de Charles Dodgson (le vrai nom de Lewis Carroll) était avant tout l’oeuvre d’un professeur de mathématiques. Il ne faut donc pas passer à coté de l’aspect logique et les références aux sciences mathématiques de l’oeuvre, comme l’usage du jeu d’échec ou les nombreux paradoxes logiques. Les linguistes se sont également penchés sur l’oeuvre au travers de la redéfinition du langage et du jeu sur la langue et les sonorités (les traductions, en particulier du poème du Jabberwocky, entièrement composé de néologismes, sont toujours très difficiles). Sans parler des psychanalystes et de toutes les personnes qui se sont demandé ce que pouvait bien fumer la chenille sur son champignon…
Mais si bien sur, les adultes ont su trouver touts les richesses sémantiques de cette œuvre, c’est la galerie de personnages qui continue à fasciner petits et grands : le lapin blanc, le chapelier fou, la reine de cœur, le lièvre de mars, le dodo, le morse….et bien sur le personnage d’Alice, petite fille bien élevée, tentant d’appliquer les bonnes manières à un univers fonctionnant avec une logique autre.

Entrée gratuite / jusqu’au 17 avril 2016




Si vous passez par Londres, il y aura de nombreux événements, mais il y en aura à travers le monde entier, il suffit de chercher près de chez vous, cet anniversaire ne passera pas inaperçu!

Au V&amp.A museum of Childhood, suivez l'évolution du look d'Alice à travers les tendances, une sélection de vêtements, des photographies, des éditions rares.

L'exposition nous montre comment Alice a inspiré dans le monde les plus célèbres designers, créateurs, stylistes et photographes.

Asseyez vous à la table du Chapelier fou pour prendre part à un étrange afternoon tea party de la littérature. Les menus sont cachés à l'intérieur des livres d'époque, les serviettes sont enroulées sous forme d'énigmes, et la vaisselle est décorée de rois et de reines, il y des cages à oiseaux, des carrousels et des horloges à retardement... que de merveilles.

Régalez-vous de gâteaux de songes, de chocolats et de mousses 'Eat Me’ ainsi que de crème glacée pralinée noisette.

Pour la boisson des grands, le champagne rosé « drink me » est une véritable tentation à laquelle on a beaucoup de mal à résister!

Sanderson Hôtel, 50 Berners Street, W1T 3NG


Les boutiques Whittard of Chelsea proposent aussi une merveilleuse collection de vaisselles Alice in Wonderland! 





Alice Through The Looking Glass... Cette boutique excentrique dédiée au Pays des merveilles est peut-être la seule à Londres à pouvoir se vanter d’avoir un adorable lapin blanc vivant dans sa vitrine. Malheureusement, le lapin n' est pas à vendre, mais cette boutique de Covent Garden propose des vêtements, des gravures, une sélection des premières éditions de 1860 du célèbre roman de Lewis Caroll. C’est « the » boutique pour les fan d'Alice. Jake Fior, ancien producteur pour Pete Doherty, a décidé d'ouvrir cette charmante boutique après avoir trouvé un échiquier d'époque qui était peint à la main par l’illustrateur Sir John Tenniel . Vous pouvez acheter des répliques dorées de l'échiquier, mais ils vous en coûtera £ 3500. adresse: 14 Cecil Court 


 






mardi 24 novembre 2015

les Variations Goldberg de Bach par Alexandre Tharaud




L’amusant avec les Variations Goldberg de Bach, c’est que chaque amateur en a une préférée. Postulons qu’en analysant une partie de l’œuvre, nous évoquions le tout et choisissons, vraiment par le plus grand des hasards, la variation n°21, canon à la septième déchirant et pré-moderne qui s’élève et s’effrite en même temps. La plupart des interprètes filent les quatre premiers motifs en une phrase coulée élégante qui fend la tristesse en feignant la voir. 

Le pianiste Alexandre Tharaud, qui publie aujourd’hui ces Variations à jamais marquées par l’ombre de Glenn Gould, lui, prolonge deux soupirs de la partition, laissant d’infimes silences respiratoires entre les deux premiers ensembles, qui s’en trouvent dissociés et comme superposés en recherche de profondeur. Cela change tout, et donne le ton de son interprétation, plus verticale que linéaire. Pour la 21, nous plongeons dans cette triste mélancolie.


Variations Goldberg - Johann Sebastian Bach, Alexandre Tharaud (Erato) avec un DVD où l’instrumentiste interprète l’intégralité des Variations.





jeudi 19 novembre 2015

Paris est une fête






"Paris ne fut plus jamais le même. C'était pourtant toujours Paris, et s'il changeait vous changiez en même temps que lui.... Il n'y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu'en gardent tous ceux qui y ont vécu diffère d'une personne à l'autre. Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ou comment il avait changé, ou avec quelles difficultés -ou quelles commodités- nous pouvions nous y rendre. Paris valait toujours la peine, et vous receviez toujours quelque chose en retour de ce que vous lui donniez. Mais tel était le Paris de notre jeunesse, au temps où nous étions très pauvres et très heureux."

Ernest Hemingway, Paris est une fête. Folio

dimanche 15 novembre 2015

Rassemblement à Aubusson


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Un rassemblement de plusieurs dizaines de personnes, s'est tenu ce soir à 17 heures à la mairie d'Aubusson en hommage avec les victimes des attentats de vendredi dernier. 








Fluctuat Nec Mergitur


« Fluctuat nec mergitur. » La devise en latin de la ville de Paris est devenue spontanément un slogan de résistance au terrorisme dans les rues de la capitale et sur les réseaux sociaux après la vague d’attentats du 13 novembre.

Cette devise, que l’on peut traduire par « il [le bateau] est battu par les flots mais ne sombre pas » a été peinte samedi après-midi en grand sur la place de la République.
Un collectif de graffeurs a peint cette fresque géante de 2,50 m de haut par 12 m de large, en lettres blanches sur fond noir, sur une structure à proximité de la statue de bronze, point de ralliement de nombreux anonymes qui venaient jusque tard dans la nuit rendre hommage aux 129 victimes des attaques de la veille, en y déposant bougies et fleurs.

« On a eu cette idée ce matin [samedi], on s’est dit que c’était bien de rappeler cette devise aujourd’hui, alors on s’est vite réunis », a raconté Chaze, artiste membre de la « Grim Team », à l’AFP. « On a grandi à Paris et on voulait montrer qu’on était toujours là […] que c’est une ville qui a encore de la puissance », a renchéri un autre membre du collectif rencontré sur place.
 
Source Le Monde

jeudi 12 novembre 2015

Col de la Croix Morand, Puy de Dôme


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samedi 7 novembre 2015

Friedrich Gulda et Mozart




Dans les années 80, le pianiste Friedrich Gulda s’était aménagé un domicile de vacances et de travail à l’Hotel Zur Post à Weibenbach am Attersee. Le salon abritait un Böseldorfer Imperial que Friedrich Gulda appréciait beaucoup. L’hôtel n’ouvrait que durant la période d’été. Le reste du temps, ce lieu de silence était propice à des séances de piano. Gulda jouait pour lui-même. Un magnéto à cassettes enregistrait les sonates mais n’était destiné qu’à contrôler son travail.

 Bien plus tard, ces bandes furent offertes à l’ingénieur du son, présent lors des séances à l’Hotel Zur Post. Sa veuve en découvrit des copies et les remis au fils de Gulda. Il se souvient non sans émotion de ses périodes des vacances au bord de l’Attersee. La fenêtre ouverte du salon donnait sur le lac. Son père jouait de neuf heures à midi quatre à cinq sonates comme s’il les donnait en récital. Vingt-cinq ans plus tard il le voit encore l’inviter du regard à entrer et écouter. Récemment il a fait connaissance d’une femme qui faisait chaque jour un détour pour passer devant la fenêtre et voler ses instants magiques en oubliant le temps et l’heure. Friedrich Gulda est décédé en 2000. Restent ces documents bruts à la sonorité sèche mais qui dégagent une saisissante atmosphère intime du cycle incomplet des sonates de Mozart. Écoutez, Friedrich Gulda est dans votre salon et joue pour vous du Mozart sur un petit nuage rose. 

Excellente initiative donc de rééditer le coffret de ces sonates en y adjoignant l'enregistrement des concertos pour piano.


CD, coffret. Compte rendu critique. Friedrich Gulda : Mozart, the Mozart tapes Concertos and Sonatas 10 cd Deutsche Grammophon.

dimanche 1 novembre 2015

Boussole de Mathias Enard



Les écrivains n'y sont certainement pour rien. Ils font des efforts pour satisfaire les lecteurs et moi, ben moi je fais la moue. J'ai la lippe boudeuse. Rien ne me va. Rien ne me plaît.
Habité par l'état d'esprit cité plus haut, je me suis donc rendu à la librairie La Licorne à Aubusson, faire quelques courses.
Heureusement qu'il y a des professionnels de la profession, comme dirait Godard, capable d'extraire du maelstrom littéraire de la rentrée le roman que vous n'attendiez plus.  Mon livre sous le bras, je me suis attablé à une terrasse de café dans la Grand rue pour entamer ma lecture sous un doux soleil automnal.

« Nous sommes deux fumeurs d’opium chacun dans son nuage, sans rien voir au-dehors, seuls, sans nous comprendre jamais nous fumons, visages agonisants dans un miroir, nous sommes une image glacée à laquelle le temps donne l’illusion du mouvement, un cristal de neige glissant sur une pelote de givre dont personne ne perçoit la complexité des enchevêtrements, je suis cette goutte d’eau condensée sur la vitre de mon salon, une perle liquide qui roule et ne sait rien de la vapeur qui l’a engendrée, ni des atomes qui la composent encore mais qui, bientôt, serviront à d’autres molécules, à d’autres corps, aux nuages pesant lourd sur Vienne ce soir : qui sait dans quelle nuque ruissellera cette eau, contre quelle peau, sur quel trottoir, vers quelle rivière, et cette face indistincte sur le verre n’est mienne qu’un instant, une des millions de configurations possibles de l’illusion... »

Ainsi commence le voyage où nous entraîne Franz Ritter, musicologue et orientaliste autrichien. Dans sa chambre donnant sur Porzellangasse il est sujet à l'insomnie. Il a reçu ses analyses médicales et les nouvelles ne sont guère bonnes. Il a contracté une maladie exotique qu'il juge incurable.
 Porté par la mélancolie, il évoque sa vie, revisite Damas, Istanbul, Alep, Palmyre, Téhéran... cet Orient tant aimé. Au fil des pages de cette longue rêverie érudite, nous constatons à quel point la maladie à fait son chemin, Franz est malade, malade de cet Orient qu'il a étudié, parcouru, rêvé, un Orient parfois disparu sous les orages de la guerre en Syrie comme le Sissi House dans le quartier arménien d'Alep ou l'hôtel Baron fondé en 1911 qui a logé dans ses murs T.E. Lawrence et Agatha Christie et où il a séjourné avec Sarah, l'amour de sa vie. Cet Orient dont il a lu mille et un témoignages, mille et une rêveries, mille et une poésies, écouté mille et une musiques, comme mille et un contes qu'il évoquera en cette nuit d'insomnie. Et nous, d'écouter ce merveilleux conteur nous narrer ce foisonnant voyage, étourdissant, érudit jusqu'à l'ivresse. Et nous, comme Franz, de somnoler parfois, le livre ouvert sur la poitrine pour mieux rêver, emporté par la musique de Chopin, Litz, Berlioz, Beethoven, Mozart, alterner des phases d'éveil et d'errance, de rêves, de fantasmes aux côtés de Rimbaud, Chateaubriand, Fernando Pessoa, Germain Nouveau, Marga d'Andurain, Isabelle Eberhardt et tant d'autres. J'aurai dû tout noter, noircir au crayon de papier les références de lectures et de musiques dont ce livre regorge. J'aurai dû avoir dans ma pharmacopée quelques boules d'opium pour m'accompagner tout au long de ce fantastique voyage en Orient, y chercher moi aussi Sarah, au jeu de l'Amour, femme aimée jusqu'à la déraison par Franz, Sarah, qu'il sait à l'autre bout du monde en Malaisie, tandis qu'il « agonise », Sarah, avec laquelle il a arpenté le Moyen-Orient de la Syrie à l'Iran comme dans un rêve et qu'il attend. Il reprend à son compte les vers de Wilhelm Müller mis en musique par Franz Schubert dans le Voyage d'Hiver : Je referme les yeux, / Mon cœur bat toujours ardemment./ Quand reverdiront les feuilles à la fenêtre ?/ Quand tiendrai-je mon amour entre mes bras ?
Boussole de Mathias Enard est dans le dernier carré des goncourables. Je sais à quel point dans le petit jeu des pronostics, les commentaires vont bon train. Je ne m'aventurerai pas sur ce terrain. Boussole n'est pas un livre « grand public » à glisser sous le sapin comme c'est parfois le cas, mais Boussole serait à mon sens un roman brillant à figurer à ce prestigieux palmarès.

Boussole, Mathias Enard, Actes Sud