lundi 30 novembre 2009

Les maux d'Hélène

Suite à mon message intitulé Hélène & Sophie, Hélène m'a laissé un commentaire à propos du monde hospitalier, auquel je fais allusion ces jours-ci, suite à l'hospitalisation de ma belle-mère. La valeur du témoignage, la colère qui s'y dessine mais aussi son désenchantement, (ce qui n'est pas banal dans l'univers des fées) m'incitent à le publier.
"Je suis infirmière depuis plus de vingt ans, il n’y avait pas de suppression de postes à cette époque. Malheureusement le problème que vous évoquez était déjà là. Ces patients qui se retrouvent seuls face à la douleur, à l’angoisse, la sonnette qui reste sans réponse. Oui j’ai connu cela et je n’ai pas pu continuer. Les pauses café sont fréquentes, jeune infirmière, j’ai tout fait : les remontées du bloc au distribution de repas, le changement des draps, la pose du bassin et son nettoyage. J’ai tout fait, j’étouffais, en sortant toujours après mes heures. Mais cette ambiance, je la hais, tous ces gens à la merci d’un système défaillant, je les plains. Alors je suis partie en libérale, même métier, autres problèmes : les médecins soignent des symptômes sans se préoccuper ni du pourquoi, ni du comment et mes patients m’attendent, moi la fée pas si féerique que cela, dans ces cas là. Que faire face à la maladie, la souffrance, la mort ? Les soins à domicile sont de plus en plus lourds et je suis seul face à cela. Gérer tous ces problèmes qui se posent lorsqu’un malade rentre trop tôt chez lui, sans assistance et souvent le samedi soir donc pas de médecin, sans pharmacien !!! J’ai tant de choses à vous dire, pourquoi maintenant ? Moi aussi j’ai des colères si vous saviez…(...)"

samedi 28 novembre 2009

Ordures !


J’ai enfin décidé de prendre de bonnes résolutions. Il serait temps. Au début, Je ne savais pas trop bien lesquelles puis l’idée à finit par faire son chemin. C’a m’est venu un soir pendant le Journal.
Pujadas me parlait tandis que je finissais ma cassolette de dix litres de moules avec ma bouteille de Muscadet. D’un coup, je sais pas pourquoi, j’ai eu comme un grand dégoût de tout. Surtout des moules. J’ai donc décidé d’arrêter. Faut une fin à tout, je me suis dit. En plus Pujadas me parlait des 4,7 millions de tonnes d’emballages mis chaque année sur le marché. Paraît que chaque année, notre production de déchets augmente de 1 à 2 % pour aujourd’hui atteindre le chiffre effrayant de 650 millions de tonnes par an, dont 30 millions pour les ménages. Ces déchets ne sont pas sans conséquence sur notre environnement et notre santé. Il paraît que je m’en trimballe 390 kilos par an. Je comprends mieux maintenant mes problèmes de lombaires. J’ai regardé les coquilles de moules et le cadavre du Muscadet et j’ai décidé de réagir vigoureusement.
Je suis allé me coucher.
Le lendemain les moules étaient encore là. Elles faisaient la gueule. Moi aussi. Je savais plus de quelle couleur était la poubelle pour les moules. La même que les huîtres et les bigorneaux, je me suis pensé. J’ai tout vidé où j’ai pu, puis j’ai été submergé de honte. Déjà que des milliards de moules font des tonnes de caca dans l’Océan, je n’y peux rien si on ne peut pas acheter les moules, les huîtres et les bigorneaux sans coquilles. Les déchets d’emballages et les déchets de moules entrent pour environ un tiers dans la quantité totale des ordures ménagères. J’en ai eu marre. Pour protester contre le sur-emballage et les emballages jetables, source de gaspillage et de pollution. Je suis allé investir dans un caddie étanche à l’habillage écossais vert, bleu et jaune. Comme ça je pourrais y mettre à la fois tout types de contenant associés aux couleurs des poubelles pour chaque type de déchet. Tout dans un même caddie. C’est chouette, pratique et écologique.

Derechef je l’ai inauguré. Au magasin, tout le monde me regardait. Certainement à cause du caddie flambant neuf où je vidais scrupuleusement tout le contenu de mes courses en laissant sur place le contenant, c'est-à-dire tous les emballages, en prenant soin toutefois de collecter les codes-barres avant mon passage en caisse.
Et bien sûr il y a toujours des aigris de la vie pour vous la polluer. Deux types à l’air farouche se sont mit à gueuler après moi. « Eh man ! a dit le plus grand. Faut arrêter. – Arrêtez quoi ? – Arrêtez quoi ! Vous ne manquez pas de culot ! Faut arrêter, c’est tout. On se trimballe pas à poil dans un supermarché avec tout plein de codes-barres collés sur soi ! – Nana-nanère ! Nana-nanère ! – Eh ! vous êtes disjoncté comme mec ! Pis arrêtez de vider vos courses en vrac dans votre caddie et de laisser vos ordures sur place. C'est dégueulasse. Qu'est-ce que vous allez faire de toute cette merde, maintenant ? qu’il a ajouté en mettant la main sur mon caddie. - Ben de la merde, justement." Au loin, j’ai vu se pointer les bleus. « C’est celui qui dit qui y’est ! Ordure toi-même !» j’ai lâché avant de me débiner en courant avec mon caddie. Les femmes hurlaient. Les enfants pleuraient. Les types hurlaient. Les flics couraient. Un beau bordel, j’ai pensé quand ils ont cherché à me coincer dans l’allée 7 au rayon des condiments. « Fais pas le con ! Lâche ton caddie ! Il ne te sera fait aucun mal. Tu verras, tout va bien se passer ! »
J’avais déjà entendu cela à la télé. Quand un type à l’air farouche dit à un autre type à l’air abattu « Ca va bien se passer » t’es sûr que le type à l’air abattu finit boulevard des allongés dans les quinze secondes qui suivent. On ne me l’ fait pas.
Alors je les ai bombardés avec des pots de cornichons. Les pots éclataient et les types se protégeaient les yeux des éclats de verre et des éclaboussures de vinaigre, car le vinaigre ça pique.
J’ai essayé les câpres et les oignons blancs. Ca marche aussi. Je m’amusais bien, quand je me suis retrouvé aveuglé par une couverture et que de des bras puissants m’ont ceinturés et plaqués au sol.
« On le tient, on le tient !» qu’ils gueulaient, les cons. Dans la bagarre, bien-sûr plein de codes-barres se sont décollés. Ca va encore être un beau bordel pour payer la note.
Poubelle bleu : pour les journaux, les magazines, les cartons et les sans papiers. Les bleus m’ont embarqué. Je me suis retrouvé à poil dans le fourgon sans mes courses et mon caddie neuf. Les ordures !

vendredi 27 novembre 2009

Hélène & Sophie

La féerie est une industrie familiale développée de mère en filles depuis l’éternité. Après des études à l’école de Poudlard, Sophie a ouvert sa boutique de création de porte-bonheur voici deux ans. Bon Anniversaire. Porte-bonheur, amulettes ou Grigris comme elle dit qu’elle confectionne dans son chaudron magique avec des boutons, des plumes et des coquillages. Des Grigris à se coller partout afin de se protéger des mauvais sorts de la vie qui aime trop souvent nous habiller de gris.
Comme un bonheur ne vient jamais seul, Sophie a entraîné dans son sillage sa sœur Hélène. L’une habille les princesses, l’autre transforme les citrouilles. En effet, cet ancien chef de gare est sorti de son train-train pour concocter dans son chaudron mille et une recettes (magiques) qu’elle est prête à partager avec vous le temps d’un week-end. Alors, colportez ou soufflez partout ces bonnes nouvelles, peut-être que vous ou vos ami(e)s voudront se couvrir de Grigris avant 2012 et chez Hélène si vous n’y allez pas vous-même peut-être que vos potes iront.

jeudi 26 novembre 2009

Casse-toi, pauv' con !

Rosiane, ma belle-mère, hospitalisée à Lariboisière, pour une chirurgie digestive lourde, va nettement mieux. Ouverte du sternum au pubis, elle fait son jogging chaque avec deux gardes du corps autour de Lariboisière, complété par une petite centaine de pompes avant d’attaquer le couloir avec la lavette. L’autre matin elle s’est frittée la gueule avec la patiente de la 105 « équipée comme une putain sans pratique » qui voulait lui tirer son seau et sa serpillière. Avec 6000 emplois de supprimés dans les Hôpitaux de Paris, la concurrence est rude et les malades mit à contribution.
Hier par exemple, prise soudainement d’une furieuse envie de pisser, mais dotée d’une ceinture abdominale hors pair, elle a sauté du lit pour se rendre aux toilettes. Hélas, l’intendance n’a pas suivi. Quand je parle d’intendance c’est tout l’appareillage sur roulettes qu’il faut se trimballer du lit jusqu'aux deux mètres carrés de salle de bains, wc et vue imprenable sur l’amer.
A se pisser dessus à 73 ans, il y a de quoi être amère. Et Rosiane l’est. Amère aussi à attendre près d'une heure l’intervention d’une aide-soignante afin d’être changée et remise au lit. « Ils sont gentils, tu sais » 6000 postes en moins. Faut faire avec.
Depuis un an elle a une stomie et est appareillée avec une poche. Un corps étranger qu’elle ne supporte pas. L’hôpital lui en a fourni une bien jolie transparente et vidable. Le must. Eh bien, désormais que le transit à reprit, il va falloir qu’elle se la change elle-même. Certainement en restant allongée, appareillée et dans le même état de délabrement physique que celui dans lequel elle est actuellement. 6000 suppressions d’emplois.
J’ai jeté un œil dans le couloir vide au cas ou Roseline Bachelot servirait la soupe, ce qu’elle fait très bien d’ailleurs pour le compte de notre bon Président.
Et moi, je regarde Rosiane, livide et épuisée de douleur, me narrer dans un souffle tant bien que mal ses mésaventures. Je regarde son visage ravagé, son regard vide vers le plafond, je la regarde tenter de happer l’air qui semble lui manquer. « Quand l’aut’ con à fait un malaise vagal, il a été pris en charge par les services médicaux de la France entière ! Nous, on a qu’à crever dans notre coin. » Je crois qu’elle a raison.
6000 suppressions de poste. Alors je lui tiens la main. Elle ne parle plus. Elle souffre. Elle souffle. Souffle et souffre encore et encore. Et nous parvient, le brouhaha incessant de la ville. Les rames de métro de la ligne 2 trimballent leur cargaison humaine. Les autos klaxonnent. Les pas claquent sur le pavé. Le pavé. Les pavés. La vie est dehors. Accroche-toi, Rosiane. On s’occupera de l’autre con après.

mardi 24 novembre 2009

Silence Hôpital

Sur son chariot, Rosiane attendait. Elle ne savait pas depuis combien de temps. Elle ne se souvenait que des couloirs interminables, des néons agressifs. Puis elle était tombée en profonde léthargie dont elle se réveillait en même temps que la douleur. De la salle émanaient cris et vagissements des malades en réveil. Elle appela en vain. Rien en se passa. Elle sombra à nouveau.
De notre côté, rien. A croire que le téléphone à Lariboisière avait été coupé pour factures non payées. Sur place personne. On a traversé dans le noir la cour carrée pour descendre au 3ème sous sols. La lumière blafarde nous faisait des gueules de pas biens portants. Des murs jaune sale. Quatre ascenseurs pour le service et une porte coulissante interdite au public. Le bloc. On sonne. Rien. Lariboisière emploie des sourds et muets. J’essaie le langage des signes. Rien. Sourds, muets, aveugles. Avec les boules et une furieuse envie de les enguirlander, bientôt Noël, je me suis pensé. Nous regardions le bloc comme une vitrine de Noël. Mais le spectacle s’est révélé vite lassant. Alors on a re-ressonné. Une aide soignante, récemment mutée de l’hôpital de la Grotte à Lourdes, nous a ouvert. Il y avait bien une Rosiane dans le parking des opérés. On en a pas su plus jusqu’à l’arrivée d’un anesthésiste qui nous a endormi.
Sur son chariot, Rosiane attendait. Elle ne savait plus depuis combien de temps. Elle ne se souvenait que des couloirs interminables, des néons agressifs et de cette douleur de plus en plus insupportable dans le ventre. Elle appela. On lui cherchait une place. Patientez. Et pour la douleur ? Combien de 1 à 10 ? Rosiane ne savait pas. 20 ! Patientez. Elle patienta. Et rien en se passa. Elle continua à souffrir en silence.
Dans l’atmosphère feutrée du couloir vide et interminable du service de chirurgie viscérale , le silence est pesant. Avant de balancer le concept de son émission, M6 et L’équipe de D&Co avec Valérie Damidot s’est entraînée à l’Hôpital Lariboisière. Les murs sont bleu. Rosiane est jaune. Ses filles sont verte. C’est joli mais faut aimer. Faut les comprendre aussi les filles à Rosiane. Opérée de la veille et toujours en l’attente d’une place, d’un anti-douleur et d’un pronostic. Il y a eu des mots. On a frôlé l’hémorragie de l’interne. Entubée sur son chariot, même Rosiane s’en est mêlée : « Pas de moyen ! m’en fous ! Z’avez qu’à pas voter Sarkozy ! Moi, j’ai pas voté Sarko et j’ai mal ! »
Du coup ça a rassuré tout le monde, enfin surtout ses filles car l’interne n’en menait pas large. Déjà deux sur le râble, alors avec la mère en sus, c’était pas gagné. Il a fait venir du renfort et la Rosiane les cheveux dans le vent à 12o km/h avec sa perf anti-douleur pour gagner enfin sa chambre. Ah les femmes, quand même !

lundi 23 novembre 2009

Dans la ligne de mire

Un salarié d’un comité d'entreprise des industries électriques et gazières (rassemblant EDF, GDF-Suez), s'est suicidé début novembre, évoquant dans un courriel des problèmes liés à son travail.
Le salarié âgé d'une cinquantaine d'années, qui travaillait à la Caisse centrale des activités sociales, chargée par exemple des activités culturelles et sportives, des séjours vacances, s'est pendu dans son jardin, après avoir fait part d'un harcèlement moral de la part d'un supérieur hiérarchique.
Tout fout l'camp ! Si les syndicats commencent maintenant à harceler leur personnel au point qu'ils se suicident comme à France-Bouldegom, alors qu'ils sont là pour défendre nos intérêts, où allons-nous. Et que fait le syndicat des employés de syndicats ? Le malaise gagne. On vit dangereusement.
Tenez par exemple, Vendredi dernier, j'ai eu chaud. Un salarié fou de notre CE aurait très bien pu adresser une balle perdue à n'importe qui, dont moi, en distribuant des chèques Tir Groupé. Tu parles d'un cadeau. Qu'en j'y repense, je flippe un max. On est bien peu de chose.

dimanche 22 novembre 2009

Monsieur le Ministre (2)

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On fête ces jours-ci le Beaujolais nouveau. Moi je fête le sourire radieux de tous ces étrangers heureux du travail accompli, après les vendanges au château de l'Hermitage, J'y vois au premier rang mes deux aines séparés par le cousin Claude Navarro. Ma mère est juste derrière et pause sa main gauche sur l'épaule du cadet Robert. Juste au-dessus d'elle légèrement à droite se tient son frère, mon oncle Elysée Navarro. Encore à droite, la troisième personne est sa soeur, ma tante Maire-Rose Navarro. Mon frère Jean-Luc est sur la gauche de Claude en regardant la photo. Au dessus de lui, légèrement à gauche se tient ma tante Elvire Bardaji dont j'ai déjà ici évoqué le souvenir. Que sont devenus les autres, les Sanchez, les Lopez, les Ramirez et les autres ? Morts durant la guerre d'Indochine ? Morts durant la guerre d'Algérie ? Morts d'une vie d'épuisement ? Morts.



Ils vous ont facilité le travail, Monsieur le Ministre. Vous n'aurez pas à les lister à les marquer et à les expulser dans votre Commissariat Général aux Questions Etrangères. Reste à attraper les gosses et les gosses des gosses. C'est infernal ce que ça se reproduit vite un étranger. Enfin il vous reste les autres. Vous les reconnaîtrez plus facilement à la couleur de leur peau.

vendredi 20 novembre 2009

Monsieur le ministre...


Mon père est né à Lérida (Espagne) en 1915. Ses parents ont quitté l’Espagne pour venir s’installer à Servian dans l’Hérault. Mes grands-parents étaient illettrés. Raison financière oblige, mon père fut contraint d’abandonner l’école publique dès l’âge de treize ans. Ses parents pouvaient être fiers de leur dernière progéniture : son diplôme d’obtention du certificat d’études primaire est aujourd’hui en bonne place dans mon salon.
Il a épousé une française de naissance : Elise Navarro, fille d’émigrés espagnols. Refusant le travail agricole, il est monté, comme on dit, à Paris avec son épouse et trouvé un emploi au Bronze Industriel ainsi qu’un logement à Bobigny, banlieue Rouge, au 20 rue des Peupliers. Il y a vécu jusqu'en 1975 et j'y suis né.
Il a obtenu sa naturalisation française en 1936, alors que se déclenchait en Espagne les prémices de la Seconde Guerre mondiale. Mon père ne fut pas brigadiste. Mon père ne fut pas collabo. Mon père ne fut pas résistant. Mon père fut simplement mon père et avant moi celui de mes deux frères nés respectivement en 1939 et 1941 qu’il à élevé et nourri durant les années noires. En 1952 je suis arrivé tel une mauvaise herbe qu’il a pourtant laisser folâtrer dans son jardin ouvrier en l’arrosant avec tendresse.
Le sport fut sa seule faute. Il a longtemps excellé en coureur de demi-fond. Champion de l’Hérault, sa photo trônait au Grand Café dans le village de Servian. Il adorait les polonais Kopa, Stablinski et Jazy, l’algérien Mimoun, le marocain Cerdan, l’italien Platini et des dizaines d’autres sportifs français. Je crois qu’il aurait passionnément aimé la bande à Zizou et aujourd'hui d'Henry et Benzema. En 1975, il s'en est retourné à Servian où il est décédé et enterré depuis 1982.
Monsieur le Ministre, mon père était-il un bon français ?

jeudi 19 novembre 2009

Rien à foot


J'y connais rien en foot. Je ne regarde que les matchs officiels des bleus et m'endort toujours avant la fin. Parfois je me réveille en sursaut quand le type hurle les trois lettres d'une marque d'un magasin d'électroménager. Je me rappelle que contre une bande d'électriciens, employés de bureau, chauffagistes et caissiers des Iles Féroé, il a vanté la marque de ce magasin par cinq fois. Il n'y avait pourtant pas de mérite.
Hier nous nous battions contre l'Irlande pour la construction d'un barrage en Afrique du Sud. Et hier, j'ai eu une journée éprouvante. J'ai accompagné Rosiane, ma belle-mère, pour son admission à l'hôpital. Puis je me suis occupé de ma voisine. Ouais, je vous vois venir. Vous n'y êtes pas du tout. Elle a reçu une lettre recommandée de Paris Habitat pour un problème d'effraction de caves dont la sienne, qu'elle doit vider illico des encombrants qu'elle contient jusqu'à la gueule et la sécuriser avec un cadenas. Seulement, sa cave elle n'y est pas allée depuis 1980. Elle a peur. Et les clés, ben les clés, elle ne sait pas ce qu'elle en a foutu. Je n'ai pas pu faire grand chose pour elle, mais ce pas grand chose m'a pris une heure et demi. La-dessus le ménage avec la Papounette et Pupuce m'a retrouvé livide en rentrant sur le coup de vingt heures.
C'est vers ces heures-là que nous avons découvert que la communauté algérienne était très très importante dans le quartier. L'Algérie avait remporté un contrat pour un barrage à Assouan contre l'Egypte, pourtant spécialiste de l'édifice. Et ils étaient contents d'avoir du travail. On les comprend, avec la crise.
Puis ce fut notre tour. Avec un taux de chômage de 11%, j'ai tout de suite senti les Irlandais désireux de décrocher le contrat. Ah quand on veut du boulot, ben faut se bouger. Bref match nul dans tous les sens du terme et prolongation. Et qui c'est qui bosse demain ? (c'est à dire aujourd'hui pour ceussent qui suivent pas). C'est Bibi avec sa gueule de poisson pas frais. Parce-que moi, j'ai du boulot. C'est pas comme les autres sur le terrain qui se battent pour en avoir. Alors je suis allé me coucher. Plutôt m'écrouler dans mon pieu en écoutant Radio Londres. J'étais sérieusement assoupi quand Lamain a marqué. Jemmy Lamain, paraît. Un type qui n'était même pas sur la feuille de match. Thierry, Henry, Lamain : but. Voilà le travail. Je me suis endormi terrassé par l'émotion. Ce Domenech', tout de même, tout le monde le critique mais quel tacticien. Tiens en plus, le Portugal a décroché l'autre jour un contrat pour le barrage en Afrique du Sud. En 2010 en Afrique du Sud, il y aura une flopée de manœuvres et 22 maçons. C'est déjà ça.

mercredi 18 novembre 2009

Je me souviens...


Je me souviens de la 4ch Renault Bleu Roy de mon papa avec laquelle nous allions chez ma grand-mère en traversant la France du Nord au Sud en une journée et demie.
Elle ne possédait ni ceintures de sécurité, ni appuie-tête, ni airbags. Elle n’était pas équipée de sécurités enfants et j’aurais pu faire chier mes parents en me jetant sous les roues d’un trente tonnes quand mon papa essayait de le doubler avec une pointe de 110km/h. Mais j’avais beaucoup mieux à faire sur le siège arrière à me fiche des billes dans le nez ou sucer mes jouets contenant du plomb ou fourrer dans ma bouche mes doigts sales, couverts d’encre, à force de tourner les pages de magazines bon marché. Je me souviens que pendant les vacances avec mes cousins, nous construisions des caisses à savon, et établissions des records de vitesse en descendant à toute berzingue la côte près de la départementale. Déjà que les espadrilles étaient vite ruinées à cause du freinage, parfois une mauvaise chute me niquait aussi les vêtements. Restait ma mère pour me fritter la gueule à coup de savates, mais c’était la prise de risque obligée, surtout pour ses savates. Enfin bref, on osait jouer. Je me souviens que pris de fringale on avalait des sucreries, du pain beurré, des boissons riches en sucre... on buvait l’eau directement au tuyau d’arrosage, ou, si nous étions riches, On se partageait à quatre une bouteille de limonade l’Algérienne directement au goulot…et personne n’en est mort. On a eu du bol ! On rentrait ensuite à la nuit en vélo sans casque ni lumière, Si par chance, l’un de nous crevait, il n’y avait pas de téléphone portable et nos vieux ne savaient pas ou nous étions. Nous vivions dangereusement.
Je me souviens que ma mère me traitait de demeuré. J’ai quand même évité le psychologue, psychopédagogue et autre pédopsychiatre. J’ai redoublé, c’est tout. Et aujourd’hui, je me demande encore comment nous avons fait pour survivre à cette époque formidable.

mardi 17 novembre 2009

La Folia

/ Jordi Savall a pour habitude de charmer nos oreilles, ici il se fait magicien et les enchante : dans un voyage au coeur de la musique ancienne , aux origines de la beauté , de l'espagne du 15eme siecle a l'italie du 17ème en passant par la france ; nous sommes ici portés par le theme obsedant de la "folia ", air sur lequel nombre de compositeurs apportèrent leur variations ou " diferencias " ; a l'origine ce theme est issu de danses populaires champetres portugaises , il a voyagé a travers le temps et l'espace , des compositeurs anonymes de la renaissance jusquaux "grands " : vivaldi , haendel ,..... après la premiere " codification " par corelli ; mention particuliere aux variation de A.MARTIN Y COLL , qui sont un veritable instant de feerie , alternant melancolie et frenesie virtuose , avec une instrumentation aux sonorités uniques ; savall fait encore mouche , c'est le disque a ne pas manquer , celui qui , quelque part , retrace l'histoire de la musique et de ceux qui furent les vrais createurs de l'harmonie sonore .

lundi 16 novembre 2009

Modesty Blaise

Il est des choses que l’ont ne peux cacher bien longtemps. Elles se voient, s’entendent et se lisent. L’autre jour une relation m’a demandé : « ben dites donc, vous n’avez guère l’air d’être en forme.» Ah bon ! que je me suis pensé tout en réfléchissant dans une glace ma personne, question de voir en forme de quoi. Tout bien réfléchi, je dois admettre n’y avoir vu que le reflet de moi-même avec une mine de papier mâché. Ca m’a chiffonné. « Tu prends un mauvais pli, mon gars, et forcément tu te froisses d’un rien» que je me suis pensé. Alors j’ai répondu évasivement que j’étais sujet à l’ennui. Je sais c’est vague (à l’âme) mais suffisamment générique pour tenter d’expliquer un mal être passager qu’on se trimballe comme une grosse et vieille valise d’une consigne à une autre, dans l’espoir de la perdre un jour ou l’autre avec le ticket de consigneet rentrer chez soi en sifflotant les bras et le cœur légers.
«Comment peut-on s’ennuyer ? m’a-t-elle rétorqué. Vous pratiquez la photographie, vous écrivez, vous faites certainement plein d’autres choses, comment pouvez-vous vous ennuyer ? Je crois bien ne m’être jamais ennuyée.»
Elle prenait ça très au sérieux. Et je voyais pas très bien comment aborder le sujet sans tomber dans le grand dévidoir d’encéphale. J’avais répondu l’ennui. J’aurais pu tout aussi bien répondre le spleen, la mélancolie, le cafard, l’accablement, la vacuité, le dégoût… L’ennui était venu en premier.
« Parce-que vous savez, ça me turlupine cette histoire d'ennui.... » J’ai trouvé ça plutôt touchant que quelqu’un se penche sur mon ennui sans que je lui demande rien. C’est même plutôt rare. La plupart du temps on en est à pas savoir très bien ou poser sa valise, alors les valises des autres. Regardez dans le train. La moindre mémé peut finir écrasée sous sa valise sans que quiconque n’esquisse le moindre geste, sinon gueuler que le passage est obstrué par une mémé morte et une valise géante non étiquetée qui n’a plus de propriétaire. Bon je sais plus pourquoi je suis monté dans ce foutu train. Ah oui, le train-train de l’ennui. C’est pas grave, je finirais bien par en descendre.
En attendant il y a une personne compatissante qui m’aide à descendre ma valise. Je devrais être plutôt content et dire merci et voilà que je reste bête sur le quai ma valise à la main. « Reste qu’il existe un ennui plus radical, ajoute-t-elle, comme le dit Pascal dans les Pensées : celui où l’individu s’ennuie lui-même et de lui-même. Il a beau être entouré de tous les objets qui habituellement constituent pour lui les moyens de donner sens à ses activités mais pourtant plus rien n’est susceptible de s’inscrire dans une quelconque temporalité finalisée. L’individu sait pertinemment qu’il retrouvera la temporalité finalisée de ses activités quotidiennes mais il est pourtant submergé par une absence complète d’appétence, pire que cela, un véritable dégoût de lui-même, un désespoir qui le rapporte à sa propre temporalité vide. Ce ne sont pas tant les objets qui posent problème plutôt que moi-même confronté à une absence de fin et donc à une absence de signification : je ne suis alors plus rien d’autre que cette « temporalité vide et insensée, c'est de cela dont vous parlez ???? c'est à cela que vous pensez ????? » Oui, c’est ça. Sur le coup j’ai cru que la citation était de mon beau-frère avant de me souvenir du philosophe. je l’ai abandonnée sur le quai et suis rentré à la maison question de voir ce qu’en pensait le petit qui prépare le bac français. Il est arrivé dégingandé, pâle comme un linge. On aurait dit moi en jeune et plus grand. J’ai levé la tête et ne lui ai pas parlé de Blaise pour éviter l’embrouille. Juste caressé sa joue et esquissé un sourire. C’est novembre. Ca va passer, que je me suis dit.
Cette nuit, j’ai très mal dormi, j’ai toujours ma gueule de papier mâché, Pupuce itou, le petit est toujours aussi pâle que la veille et Rosiane entre à l’hôpital mercredi. C’est novembre. Mon amicale relation a tenté ce matin de s’excuser sans trop que je comprenne pourquoi : « Que je n'aime pas être maladroite.....en fait il y a des mots qui me font monter au créneau et "ennui" est de ceux là. je suis désolée de vous avoir fait de la peine car je sens que je m'enfonce un peu plus..... c'est toujours comme ça quand je veux rattraper une gaffe »
Alors je lui ai dit que surtout elle ne rattrape rien. Tendre une gaffe à un noyé, cela s’appelle un sauvetage.

dimanche 15 novembre 2009

La burqa



Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. Puis le jour et la nuit. Le second jour le matin et le soir. Puis le troisième jour des arbres, de l’herbe et des tondeuses à gazon. Le quatrième jour il a inventé la Piste aux Etoiles, le rayon luminaire avec 50% sur les lampes basse consommation. Le cinquième jour les filets de Colin, les oiseaux et la rôtissoire à moineaux. Le sixième : les animaux vivants dont les mouches. Puis il a fait l'homme et la femme afin qu'ils dominent les animaux vivants, même les mouches. Mais comme l’homme et la femme rencontraient de sérieux problèmes avec les mouches, Il inventa la tapette à mouches pour l’homme et la Burqa pour la femme. Bien plus tard vint le Fly-Tox qui pique les yeux bien plus qu’il ne tue les mouches. Suite à une série de plaintes dont la Fondation Brigitte Bardot, Il a retiré le produit du marché car le composant chimique a entraîné toutes une série de mutations chez les mouches détectée par hasard lors d’une chasse au tigre volant qui s’est vite avéré être une mouche tigre. Les mouches tigres sont des mangeurs agressifs qui ont causé la misère en Asie, en Afrique et au Kremlin-Bicêtre, venant certainement par la Porte d’Italie, dans les bagages de « Jo-l’enflé », pseudonyme donné au passeur de mouches tigres piqué à maintes reprises durant son voyage, transformé en œdème géant et retrouvé mort dans sa bagnole sur le parking de Créteil Soleil. Pas de bol.
Alors, comme nous en avions marre de nous torgnoler la gueule pendant la sieste, nous avons fini par poser les trois moustiquaires aux fenêtres du bas et des barrières anti-mouches au grenier. Rien n’y fit. L’autre soir j’ai été envahi d’une peur irrationnelle en entendant vrombir un coléoptère dans le silence de la nuit. Derechef, j’ai abandonné la tiédeur du lit douillet à Pupuce pour affronter l’immonde bestiole bourdonnante. Ratée une bonne cinquantaine de fois je me retrouvais épuisé par mes vaines gesticulations, sous les yeux effarés de Pupuce qui craignait plus pour la tapisserie que pour la mouche elle-même, avant qu’elle ne s’échappe enfin par le couloir en direction de la chambre de ma belle mère. Je parle bien évidemment de la mouche et non pas de Pupuce.
Tout bien réfléchi, je n’avais pas affaire à une mouche tigre mais une variété bien plus commune de mouche casse-couilles, car sitôt la porte de notre chambre close, attirée par le rai de lumière, la mouche casse-couilles s’est infiltrée sous la porte pour jouer à la mobylette dans mes douze mètres carrés.
Nous avons donc passé toutes nos vacances ensembles : Pupuce, la mouche et moi. Rosiane s’est acheté une tapette à mouches neuve et moi je fais la sieste avec une burqa. Le monde à l’envers mais faut comprendre aussi. Besame Mucho.

samedi 14 novembre 2009

Devoir de réserve

Dans un entretien aux Inrocks, paru en août, Marie NDiaye avait qualifié la France de Nicolas Sarkozy de "monstrueuse". Depuis deux ans, elle vit à Berlin, en Allemagne. À l'époque, Marie NDiaye avait expliqué: "Nous sommes partis juste après les élections en grande partie à cause de Sarkozy (...) Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... " Du coup, après le Prix Goncourt qu'elle a obtenu, le député UMP Eric Raoult a adressé la semaine dernière une question écrite au ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, pour exiger que les Prix Goncourt observent un inédit "devoir de réserve". Pour Eric Raoult, les propos de Marie Ndiaye "d'une rare violence sont peu respectueux, voire insultants, à l'égard de ministres de la République et plus encore du chef de l'Etat. Le droit d'expression ne peut pas devenir un droit à l'insulte ou au règlement de compte personnel. A ce propos, voici le point de vue de Pierre Assouline publié sur son blog en date du 13 Novembre 2009.
"Franchement, j’avais l’intention de faire l’impasse sur cette lamentable polémique lancée par Eric Raoult, député UMP et maire du Raincy. Je n’imaginais pas qu’une idée aussi grotesque puisse faire boule de neige : réclamer d’un écrivain, fût-il lauréat du prix Goncourt, qu’il s’en tienne à un “devoir de réserve” qui l’empêcherait, comme la romancière Marie NDiaye l’a fait dans une interview, de juger la France de Sarkozy ”monstrueuse” et les ministres Hortefeux et Besson itou :“Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d’abêtissement de la réflexion, un refus d’une différence possible”. Un devoir de réserve ! A un artiste ! Comme s’il s’agissait d’un fonctionnaire de l’Etat ! On croit rêver. D’autant que le député a publiquement demandé au ministre de la Culture de se prononcer, ce dont M. Mitterrand se garde bien. Bref, je comptais oublier les mauvaises manières de l’épais crétin de Seine-Saint-Denis lorsque j’ai reçu, pas plus tard qu’hier, un courriel personnel plein de bonnes manières celui-là, de la part d’Eric Besson, justement. Foin de mon devoir de réserve vis à vis d’une missive d’ordre privé, voici l’invitation que me faisait tenir sa conseillère :
“(…) Au nom d’Éric BESSON, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, nous vous invitons à réserver votre soirée du 16 décembre 2009 pour un « Dîner Citoyen » réunissant les femmes et les hommes nourris de la relation unique entre la France et le Maroc. Français d’origine marocaine, Marocains de France ou, comme Éric BESSON, Français nés au Maroc, ce dîner rassemblera des personnalités de tous horizons et de tous bords politiques, issues du milieu artistique, sportif, politique, associatif, économique ou académique. Vous êtes l’un des éminents représentants de cette communauté franco-marocaine et nous espérons donc avoir le plaisir de vous retrouver le 16 décembre (…)”
Déjà que l’expression “dîner citoyen” est de celles qui me coupent l’appétit en attendant pire, j’étais prêt ce soir-là à me réfugier plutôt auprès des clodos du Macdo. Dans un premier temps, je me suis frotté les yeux. C’est vrai, je demeure très attaché au Maroc où je suis né, où j’ai grandi, jusqu’à mon adolescence, et à son peuple. Mais qu’en sait-il, le ministre ? Je suis français et républicain. Le reste ne regarde que moi. Qu’est-ce qui lui permet de m’enrôler dans une improbable “communauté franco-marocaine” dont j’apprends l’existence ? Si ce n’est du communautarisme light, qu’est-ce donc ? Et si détestais le Maroc, au point de renier toute attache autre qu’administrative, au nom de quoi se permettrait-il de m’y rattacher d’office ? J’ignore même quel ministre au juste m’invite à être le probable commensal d’Elisabeth Guigou, Dominique de Villepin, Jean Reno, Gad Elmaleh, Arthur, Guy Forget, Jean-Charles de Castelbajac et quelques autres : le ministre de l’Immigration ? celui de l’Intégration ? ou celui de l’identité nationale ? à moins qu’il ne s’agisse de celui du développement solidaire, ce qui me permettrait au moins d’apprendre ce que cela recouvre. Vous imaginez la conversation à table avec mes “compatriotes” : ah le protectorat, c’était le bon temps ! et quelques verres plus tard, on s’interrogerait sur notre marocanité refoulée… Eric Besson est natif de Marrakech mais il a fait ses études chez les jésuites agriculteurs près de Rabat comme personne, puis au lycée Lyautey de Casablanca comme tout le monde. Mais à quoi cela rime, en plein faux-débat sur l’identité nationale instaurée en lieu et place du défunt roman national, de nous réunir sous l’égide du ministre entre anciens de là-bas ? Un dîner franco-tunisien avait inauguré la série au printemps. Pour les franco-sénégalais, c’était en septembre. Ironie de l’histoire : l’historien Pap NDiaye, frère de la romancière, qui y était convié, n’y avait pas donné suite (quelle famille !). Pour les Algériens, on doit déjà afficher complet mais ils ne couperont certainement pas à un excitant discours de Jean Daniel sur “Camus et moi”. Et après, ceux d’Indochine regroupés entre natifs ? A quoi riment ces rafles mondaines franco-ethniques ? Au fait, comme l’invitation était polie, j’ai répondu de même. En la déclinant pour cause de voyage à l’étranger. Ce qui est vrai. Si j’avais été dans-mon-pays-la-France à ce moment-là, qui sait, j’aurais peut-être accepté. Au cas où j’y aurais retrouvé mon identité. Juste pour vous raconter la soirée par le menu. Au mépris de tout devoir de réserve."
Pierre Assouline.

vendredi 13 novembre 2009

Moulinsart l'a tué.

Bob Garcia est auteur de polars, musicien de jazz, chroniqueur à TSF Jazz et tintinophile. Il a publié 5 ouvrages sur Tintin. En 2006 avec son éditeur, il a été condamné par le Tribunal de Nanterre pour « contrefaçon », atteinte aux « droits patrimoniaux » et au « droit moral de l’auteur ». Le jugement crée néanmoins une jurisprudence qui permettrait la courte citation d’images d’un auteur de BD. Décision contre laquelle la société Moulinsart à fait Appel . Par un arrêt du 17 septembre 2009, la Cour d’Appel de Versailles a donné raison à Moulinsart. Du coup, un huissier est venu saisir la maison de l’écrivain.

"Je suis auteur de polars aux éditions du Rocher, Payot-Rivage, etc. (Testament de Sherlock Holmes, Duel en enfer, etc.) En marge de mon travail d’écrivain, j’ai publié par passion cinq petites études tintinophiles, tirées en moyenne à 500 exemplaires chacune, dans le cadre d’une association loi 1901 (Promocom) dont le but est de faire connaître Tintin auprès du jeune public. Certains de ces ouvrages contiennent quelques vignettes de Hergé au titre de la courte citation graphique et conformément à la convention de Berne de 1974 (Acte de Paris), afin d’illustrer le propos. Ni Promocom, ni moi-même n’avons gagné un centime avec ces publications quasi confidentielles. Un premier jugement – Tribunal de Nanterre – dans le procès opposant Moulinsart/Rodwell à Promocom/Garcia a admis le principe de la courte citation graphique. Moulinsart a fait appel. Le jugement en appel – Tribunal de Versailles – infirme sur le principe de courte citation graphique et me condamne à payer 48.619,76 euros pour contrefaçon, sur des accusations mensongères et non démontrées de Moulinsart (on me demande par exemple de retirer des images de Tintin d’un de mes ouvrages qui n’en contient aucune !) L’association Promocom étant acculée au dépôt de bilan, et ne pouvant pas moi-même payer cette somme (je ne suis pas imposable en 2009), j’ai donc proposé par voie d’avocat une solution de conciliation à Moulinsart qui connaît fort bien ma situation financière. Réponse de Moulinsart : commandement de payer avec saisie-vente de ma maison, au plus tard mercredi 28 octobre. Je souhaite dénoncer les procédés orduriers de Rodwell et de Moulinsart, en montrant la violence et l’acharnement dont ils font preuve à mon égard. Un proche de Rodwell a annoncé publiquement devant témoins que « Rodwell veut la peau de Bob Garcia. Jusqu’à quand les juges vont-ils donner raison à un tel personnage ?" Pour mieux connaitre Bob Garcia :

jeudi 12 novembre 2009

Climate Circus

A la suite du Conseil européen des 29 et 30 octobre, au cours duquel il a été question de la conférence des Nations unies sur le climat, les députés du Groupe des Verts/ALE ont lancé un site Internet humoristique, le Climate circus, destiné à mesurer les positions des principaux pays sur les changements climatiques. Nicolas Sarkozy y apparaît comme un magicien raté, et Stephen Harper, le Premier ministre canadien, comme un acrobate inconscient. Cette campagne en ligne tente de montrer le décalage qui existe entre le discours des dirigeants de l’UE et des leaders mondiaux, et les mesures réelles qu’ils sont prêts à prendre pour lutter efficacement contre le changement climatique.

mercredi 11 novembre 2009

La nostalgie...

Pourquoi tant de nostalgie vis à vis du passé ? Dans cette banlieue Rouge où j’ai vécu jusqu’à mes 17 ans, ma vie de famille n’était pas des plus reluisantes. Les minuscules trois pièces sans salle de bain et les W.C sur le palier, étaient le témoin des sévisses que me faisait subir ma mère et des longues après-midi d’ennuie et de solitude. Les murs laissaient filtrer les râles de plaisir tout autant que les cris et les coups des voisins. Ma scolarité fut tout aussi médiocre que ma sexualité. De quinze à dix sept ans il y a eu cette bouffée d’espoir vite étouffée quand le Général a fait rentrer tout le monde dans le rang. Puis la fuite de l’homoncule vers le néant. Pourtant ce sont ces années qui ont fait bien malgré moi ce que je suis devenu aujourd’hui. Que ne donnerais-je pas pour revoir certains camarades avec lesquels j’ai fait les 400 coups, retrouver mes vieux albums de Tintin et Spirou, Revolver des Beatles et mes autres vinyles sans compter la flopée de 45t, les Dinky Toys sans pneus, enlevés pour jouer au saut de puces ce qui me valut une trampe mémorable (y a pas idée aussi), le premier cinéma, le premier baiser, la première fois, les autres fois, la Gauche de plus en plus gauche au fil des ans, les manifs, la contestation, le monde à refaire, la chute du mur de Berlin (c’est à la mode); en bref retrouver le vrai passé de dans le temps à l’ancienne. Sacré passé, tu nous enseignais, le vrai, le bon, le durable, l’authentique. Aujourd’hui tout n’est que désillusion, commémoration et inauguration du musée d’hier. Pourtant aujourd’hui je m’ennuie tout autant qu’hier. L’insouciance en moins, peut-être même encore plus qu’hier mais certainement bien moins que demain. Jusqu’à l’ennui final enterré sous un bloc du mur de Berlin bradé aux Puces. J’ai donc hâte d’être à demain pour regretter amèrement aujourd’hui : la nostalgie, Camarade, la nostalgie.

lundi 9 novembre 2009

Confiture de Mur (A l'ancienne)

Les Bonnes recettes de Mamie Honecker
Confiture de mur (à l’ancienne) Temps de préparation : seize ans Temps de cuisson : (généralement) nuit du 12 au 13 août Conservation : 28 ans
Ingrédients :
Tours de contrôle : 302
Unités de chiens de garde : 259.
Miradors : 93.
Bunker : 20.
Mesures d'un segment de mur :- Hauteur : 3,6 m. au minimum.- Largeur 1,20 m.- Profondeur au sol 2,10 m. Encerclez le périmètre délimité sur une longueur totale de la ceinture autour de Berlin-Ouest : 155 kilomètres, dont longueur entre Berlin-Ouest et Berlin-Est : 43,1 km. et longueur entre Berlin-Ouest et la RDA : 111,9 km.
Lavez soigneusement les opposants au régime, puis dégouttez-les. Mettez-les dans une grande bassine de cuisson. Dès le début de l'ébullition, retirez du feu et passez les opposants au moulin à légumes. Lorsque tous les opposants au régime sont passés, pesez la purée obtenue et jetez les grains retenus dans la Spree.
Remettez le jus dans la bassine rincée avec le sucre cristal (comptez 900 g de sucre pour 1 kg de purée). Remuez pour diluer le sucre avant de reprendre la cuisson.Comptez 5 mn à partir du début de l'ébullition, et remuez sans cesse.Versez dans des pots préalablement ébouillantés, refermez aussitôt et placez-les à l'envers sur un torchon avant de les retourner pour les stocker.
Dès l'ouverture du Mur à consommer sans modération.