Mon père est né à Lérida (Espagne) en 1915. Ses parents ont quitté l’Espagne pour venir s’installer à Servian dans l’Hérault. Mes grands-parents étaient illettrés. Raison financière oblige, mon père fut contraint d’abandonner l’école publique dès l’âge de treize ans. Ses parents pouvaient être fiers de leur dernière progéniture : son diplôme d’obtention du certificat d’études primaire est aujourd’hui en bonne place dans mon salon.
Il a épousé une française de naissance : Elise Navarro, fille d’émigrés espagnols. Refusant le travail agricole, il est monté, comme on dit, à Paris avec son épouse et trouvé un emploi au Bronze Industriel ainsi qu’un logement à Bobigny, banlieue Rouge, au 20 rue des Peupliers. Il y a vécu jusqu'en 1975 et j'y suis né.
Il a obtenu sa naturalisation française en 1936, alors que se déclenchait en Espagne les prémices de la Seconde Guerre mondiale. Mon père ne fut pas brigadiste. Mon père ne fut pas collabo. Mon père ne fut pas résistant. Mon père fut simplement mon père et avant moi celui de mes deux frères nés respectivement en 1939 et 1941 qu’il à élevé et nourri durant les années noires. En 1952 je suis arrivé tel une mauvaise herbe qu’il a pourtant laisser folâtrer dans son jardin ouvrier en l’arrosant avec tendresse.
Le sport fut sa seule faute. Il a longtemps excellé en coureur de demi-fond. Champion de l’Hérault, sa photo trônait au Grand Café dans le village de Servian. Il adorait les polonais Kopa, Stablinski et Jazy, l’algérien Mimoun, le marocain Cerdan, l’italien Platini et des dizaines d’autres sportifs français. Je crois qu’il aurait passionnément aimé la bande à Zizou et aujourd'hui d'Henry et Benzema. En 1975, il s'en est retourné à Servian où il est décédé et enterré depuis 1982.
Monsieur le Ministre, mon père était-il un bon français ?
1 commentaire:
cher papou
( je comprends mieux ) ce pseudo.
comme vous j'ai habité très longtemps
à noisy le sec (banlieue de bobigny)
et de part mon épouse, mes pas m'on
conduis dans l'herault à bédarieux
cordialmement
napo-jc
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