jeudi 23 février 2012

L'homme à la tête de chou vu par Alain Bashung



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L'Homme à tête de chou est le second album-concept, c'est-à-dire narratif, de Gainsbourg, sorti en 1976, cinq ans après Histoire de Melody Nelson. Ses douze titres racontent l'histoire de Marilou, petite shampouineuse rendant fou de jalousie son amant aux grandes oreilles, qui la fera disparaître sous la mousse, à coups d'extincteur.
A sa sortie, l'album a été un échec commercial avant d'être largement considéré comme l'un des disques les plus aboutis de la chanson française par son invention musicale et poétique.








mercredi 22 février 2012

Il y a 150 ans : Les Misérables

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"En 93, selon que l'idée qui flottait était bonne ou mauvaise, selon que c'était le jour du fanatisme ou de l'enthousiasme, il partait du faubourg Saint-Antoine tantôt des légions sauvages, tantôt des bandes héroïques."

"Sauvages. Expliquons-nous sur ce mot. Ces hommes hérissés qui, dans les jours génésiaques du chaos révolutionnaire, déguenillés, hurlants, farouches, le casse-tête levé, la pique haute, se ruaient sur le vieux Paris bouleversé, que voulaient-ils ? Ils voulaient la fin des oppressions, la fin des tyrannies, la fin du glaive, le travail pour l'homme, l'instruction pour l'enfant, la douceur sociale pour la femme, la liberté, l'égalité, la fraternité, le pain pour tous, l'idée pour tous, l'édénisation du monde, le progrès ; et cette chose sainte, bonne et douce, le progrès, poussés à bout, hors d'eux-mêmes, ils la réclamaient terribles, demi-nus, la massue au poing, le rugissement à la bouche."

"C'étaient les sauvages, oui ; mais les sauvages de la civilisation."

"Ils proclamaient avec furie le droit ; ils voulaient, fût-ce par le tremblement et l'épouvante, forcer le genre humain au paradis. Ils semblaient des barbares et ils étaient des sauveurs. Ils réclamaient la lumière avec le masque de la nuit."

"En regard de ces hommes, farouches, nous en convenons, et effrayants, mais farouches et effrayants pour le bien, il y a d'autres hommes, souriants, brodés, dorés, enrubannés, constellés, en bas de soie, en plumes blanches, en gants jaunes, en souliers vernis, qui, accoudés à une table de velours au coin d'une cheminée de marbre, insistent doucement pour le maintien et la conservation du passé, du Moyen-Âge, du droit divin, du fanatisme, de l'ignorance, de l'esclavage, de la peine de mort, de la guerre, glorifiant à demi-voix et avec politesse le sabre, le bûcher et l'échafaud. Quant à nous, si nous étions forcé à l'option entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la barbarie, nous choisirions les barbares."


                                                                                                                                                                                         Victor Hugo







lundi 20 février 2012

Domicile conjugal & l'amour en fuite de François Truffaut

Arte 20H30 et 22h30
 Pendant vingt ans, François Truffaut à réalisé une série de films autour d’un même héros, interprété par un même acteur.


Truffaut – Léaud - Doinel, ces trois noms résonnent avec bonheur aux oreilles des cinéphiles du monde entier. La relation entre le réalisateur et son comédien fétiche fut sans équivalent, entre identification et filiation, entre mélancolie euphorique et joie triste, entre fausse naïveté et vraie profondeur.

Revoir aujourd’hui les 2 derniers longs métrages, après « Les 400 coups » , « Antoine et Colette » et « Baisers volés » constitue encore une source de plaisir, simple et léger mais souvent aussi bouleversant, derrière la façade trompeuse de films que l’on pourrait croire mineurs.

Si Truffaut a pu être critiqué par certains intégristes pour avoir, en apparence, cédé à une certaine facilité, contrairement à l’intransigeance d’un Godard, son alter ego de la Nouvelle Vague, il demeure ce cinéaste unique, sensible, observateur généreux et attentif des méandres sentimentaux.

Il ne pouvait pas trouver plus parfaite projection de lui-même, que dans son double Jean-Pierre Léaud qui a apporté au personnage de Doinel une magnifique vitalité, mélange permanent d’arrogance, de fragilité et de décalage, transcendant les scénarios de Truffaut. Doinel doit autant au cinéaste qu’au comédien, parfaite synthèse de la vie et des obsessions des deux.


Cette complicité éclate dès « Les 400 coups » en 1959, Léaud devient pour l’éternité, ce garçon gouailleur, indépendant d’esprit, épris de liberté, qui se cognera sans cesse aux murs de la réalité, jonglant avec la vérité pour mieux la tordre, quitte à mentir à ceux qu’il aime.
Sans être une biographie de Truffaut, beaucoup d’éléments correspondent à sa propre enfance, de l’école buissonnière à l’amour naissant pour l’art (le cinéma bien sûr mais aussi la littérature et la musique). « Antoine et Colette », sketch d’une demi-heure, réalisé en 1962, nous montre un Doinel adolescent, en proie à ses premiers affres amoureux.

Truffaut alors, se doit de reprendre ce personnage, double et fétiche. Ce sera chose faite en 1968 avec « Baisers volés », délicieuse comédie où, dans une époque de rupture et de révolution, Doinel se révèle être un inadapté plus qu’un subversif, un instable (professionnel et sentimental) plus qu’un rebelle.
Il est désireux de s’intégrer mais se trouve trahi par sa sincérité et sa maladresse. Il aime les filles gentilles et sages, comme Christine, le grand amour de sa vie et surtout les parents de celle-ci, comme pour retrouver une chaleur familiale, disparue trop vite de sa propre existence.

« Domicile conjugal », en 1970, représente la suite logique de la vie de Doinel, qui emprunte désormais l’itinéraire commun du couple (mariage, vie commune, naissance d’un enfant puis adultère et crise). Se dessine alors la grande ambition de sa vie, écrire.

 






Cette vocation s’incarnera, en 1979, dans le dernier chapitre de ses aventures, « L’amour en fuite », point final du cycle. On y découvre un Doinel, toujours aussi merveilleusement en inadéquation avec le monde, auteur du roman de sa vie, peuplé des femmes aimées et quittées.
Le film, d’une tristesse insondable malgré son ton badin, est constitué, en grande partie, de longs extraits des épisodes précédents, lui donnant un caractère récapitulatif et finalement très nostalgique. Antoine Doinel termine sa vie à l’écran sous une apparente forme de bonheur, que l’on devine aussi intense qu’éphémère.