lundi 31 janvier 2011

"The Photographer" Edward Weston 1948

Edward Weston, photographe autodidacte, obtient ses premiers succès avec des photographies « picturalistes ». Au contact d’autres artistes (Alfred Stieglitz, Charles Sheeler et Paul Strand) et grâce à sa fréquentation de l’art contemporain, son art évolue de l’imitation de la peinture vers d’autres formes d’esthétique. Il opte notamment pour la « straight photography ». Une photographie « pure », précise, exacte et rigoureuse, dépouillée de tout artifice.
En 1932, cofondateur avec Ansel Adams et Imogen Cunningham du Groupe f/64, il considère que « l'image existe dès que le photographe appuie sur le déclic ».
Willard Van Dyke était un Américain réalisateur de film et photographe qui a cru que la photographie pourrait avoir une influence importante sur le monde. Il collabora au Groupe f/64
En 1948, Van Dyke a fait un film documentaire "The photographer" sur d'Edouard Weston.
Voici ce documentaire en version originale.

dimanche 30 janvier 2011

Dernière nuit à Twisted River de John Irving

Son acharnement à passer son pays au scanner a fait de lui l'un des ténors des lettres d'outre-Atlantique. John Irving est devenu, par excellence, l'incarnation du "grand romancier américain", à la fois fabuleux raconteur d'histoires mais aussi capable de donner matière à penser. Il a produit une flopée de romans-fleuves qui embrassent l'histoire de l'Amérique au cours de ces soixante dernières années et composent une oeuvre marquée par des thèmes récurrents : la perte des êtres chers, l'absence du père, les troubles de la sexualité mais aussi la condition de l'écrivain... John Irving mêle ces questions dans des intrigues loufoques, cocasses, plausibles et invraisemblables. "Dernière nuit à Twisted River" n'échappe pas à cette règle même si cette histoire de poursuite impitoyable est bien plus sombre que ses précédents romans.

samedi 29 janvier 2011

Freddy Hubbard, Red Clay

Miles Davis avait la dent dure. Sur Freddie Hubbard, trompettiste qui piétinait ses pla­tes-bandes : « Il n'a ni idées, ni talent. Il ne sait que monter et descendre les gammes. Il a été mon élève, mais il n'a ­aucune imagination, et si on n'a pas d'imagination, on n'a pas de talent. » C'est cité parmi d'autres propos amènes de Miles, et souvent ajustés, avec aussi beaucoup de choses qu'il importe d'apprendre en s'amusant, dans un petit livre signé Misterioso (on soupçonne une femme), conçu graphiquement avec ­astuce par Nicolas Pruvost (1) et qui vient d'obtenir de l'Académie du jazz le prix du meilleur livre paru en 2010. Quant à Freddie Hubbard, il est mort en décembre 2008, après avoir longtemps survécu à son ­talent. Car, n'en déplaise à Miles Davis, il en avait, du talent, à défaut de génie. C'était, dans ses grandes années, un trompettiste qui en mettait plein la vue, qui avait du ­biceps dans les lèvres, et rentrait dans le lard de la musique en lui en mettant plein les oreilles aussi.

vendredi 28 janvier 2011

Georges Rouquier de Farrebique à Biquefarre

Ses films majeurs Farrebique et Biquefarre, si singuliers dans le paysage cinématographique français par leur représentation du monde paysan de l’Aveyron, sont sans cesse redécouverts par des générations de cinéphiles. L’ouvrage est enrichi du bouleversant texte autobiographique Pêchelune. Ce livre constitue l’unique référence sur Georges Rouquier (1909-1989), cinéaste dont l’oeuvre suscite un engouement qui ne se dément pas. Ses films majeurs : Farrebique (1946) et Biquefarre (1984), si singuliers dans le paysage cinématographique français de par la représentation qu’ils nous proposent du monde paysan, sont sans cesse redécouverts par les nouvelles générations de cinéphiles. L’oeuvre de Rouquier est connue et reconnue dans le monde entier, principalement outre-Atlantique où l’on considère ses films comme de fructueux objets d’étude pour les futurs cinéastes. Mais ces deux oeuvres phares ne doivent pas occulter un itinéraire cinématographique riche de nombreux films courts ouy longs métrages que cet ouvrage parcourt minutieusement.En ouverture figure un texte autobiographique bouleversant de Rouquier, « Pêchelune », qui donne encore plus de relief à son oeuvre.
Dominique Auzel enseigne à l’Université de Toulouse et dirige l’option cinéma audiovisuel dans un lycée de Rodez.
Dominique Auzel, Georges Rouqier de Farrebique à Biquefarre, Cahiers du Cinéma

jeudi 27 janvier 2011

Smooth Criminal

Encore une reprise me direz-vous. Certes mais c'est un coup à ce que tous les gamins se précipitent pour s'inscrire au consevatoire apprendre le violoncelle. Stjepan Hauser et Luka Sulic reprennent Smooth Criminal de Michael Jackson et en profitent pour vous émoustiller à vie, et vous envoyer une décharge de frissons dans la colonne vertébrale. Allez Emmanuelle, encore un petit effort et tu pourras me le jouer sur la plage à l'ile de Ré avec un arrangement au pinao de Lou. Promis je garderai Swann sur mes genoux. J'attends. Je serais patient.

mercredi 26 janvier 2011

Un espace dédié à Goerges Rouquier à Goutrens

La commune de Goutrens s'est lancée dans un véritable projet d'envergure avec la construction de cet espace cinématographique dédié à l'enfant du pays et cinéaste Georges Rouquier, auteur des célèbres documentaires « Farrebique » et « Biquefarre ». Aidé par un groupe de cinéphiles locaux qui n'ont de cesse de raviver sa mémoire et qui ont constitué une association qui porte son nom, le conseil municipal, avec à sa tête le maire Alain Laporte, n'a pas hésité à investir. Le projet est sorti de terre, l'extérieur est fini. Reste l'aménagement intérieur. Les habitants du village ont eu récemment accès au bâtiment, guidés en cela par Christophe Belmon et Dominique Daures, deux membres de l'association, qui leur ont détaillé, plans à l'appui, le futur espace scénographique. Comme le faux plafond n'est pas encore en place, les visiteurs ont pu apprécier la longue et volumineuse poutre centrale qui supporte la toiture. Ils ont pu se faire une idée de ce que sera ce futur espace cinématographique construit avec des matériaux écologiques. Cette association souhaite, comme Alain Laporte, la fin des travaux avant l'été car, au-delà de l'hommage à rendre à l'artiste local, c'est une opération touristique qui est également recherchée pour la commune et par contrecoup pour le canton : « Avec Belcastel et son label de plus beau village de France, avec Bournazel et la rénovation en cours de son château, il pourrait se créer un circuit touristique préférentiel qui servirait tout le canton de Rignac », précise Christophe Belmon. Un budget de 600 000 € Situé sur la place du village derrière l'église, c'est un espace d'environ 200 m2. Le parcours de visite passera par un hall d'accueil de 25 m2, un lieu d'exposition temporaire réservé à l'œuvre de l'artiste de 155 m2, une salle de projection de 65 m2. Le tout pour un coût de 600 000 €, soit 10 ans de budget municipal. Heureusement, l'État, la région et le conseil général ont subventionné 80 % de cette somme.

mardi 25 janvier 2011

Farrebique de Georges Rouquier

D'abord il y eut cette découverte merveilleuse visionné durant mes études de bibliothécaire à Massy. Puis la sortie en DVD avec Biquefarre qui lui fait suite. Vous dire que ce film rencontre un franc succès auprès des emprunteurs de la médiathèque serait mensonger. Pourtant je tiens ce film pour un véritable chef-d'oeuvre.

Au lendemain de la seconde guerre, une ferme dans le Rouergue en Aveyron abrite une famille élargie. Des générations déjà que la maison s’agrandit au fil des achats de nouveaux domaines cultivables. Arrive le moment pourtant où le patriarche doit prendre des décisions : partager la terre, accepter ou non l’arrivée de l’électrification, choisir celui de ses fils qui restera travailler le domaine. Les saisons passent charriant leurs lots de travaux agricoles, les questions restent en suspens, le temps épouse une autre dimension mais le printemps lui, revient toujours.

Le film fut très controversé à sa sortie, éliminé de la sélection du festival de Cannes, il n’a pu être projeté que hors compétition. Il obtient malgré tout un prix créé spécialement pour lui : le Prix de la Critique Internationale. Une grande compagnie de distribution américaine, RKO pictures, achète alors les droits du film et l’exploite en salle où il rencontre un franc succès. Dès lors celui-ci ne se dément plus. Il recueille les faveurs européennes, en recevant différentes distinctions - et non des moindres-, mais aussi celles d’outre-Atlantique où le film est disséqué et étudié comme un modèle du genre dans les universités américaines. Francis Ford Coppola et Steven Spielberg n’hésitent d’ailleurs pas à prendre Farrebique comme référence.

lundi 24 janvier 2011

Marina de Carlos Ruiz Zafon

"Oscar Drai, quinze ans, a disparu pendant une semaine du pensionnat où il est interne. Où est-il allé et que lui est-il arrivé ? Quand l’histoire commence, Oscar vagabonde à travers Barcelone. Attiré par une mystérieuse maison apparemment abandonnée, il pénètre à l’intérieur. Se croyant seul, il commence ses investigations. Alors qu’il est en train d’examiner une curieuse montre à gousset laissée sur une table, il se rend compte que quelqu’un l’observe. Terrorisé, il s'enfuit. En rentrant au pensionnat, il s’aperçoit qu’il a gardé la montre.Tenaillé par les remords, il retourne quelques jours plus tard dans la grande maison. Il y fait alors la connaissance de Marina, fille du propriétaire. Elle a son âge, de l’audace et une intelligence très vive. Elle entraîne son nouveau compagnon dans l’élucidation d’un mystère qui la tourmente : au coeur du plus vieux cimetière de Barcelone, une vieille femme voilée visite une tombe anonyme sur laquelle figure le dessin d’un papillon noir.Qui est-elle, et qui dort sous la pierre tombale ? En menant leur enquête, les deux adolescents franchissent les limites d’une propriété privée délaissée. Dans la serre qui la jouxte, des pantins en partie amputés de leurs membres pendent dans les airs. Soudain, ils descendent lentement et semblent s’animer. Une odeur pestilentielle envahit la serre… Sur le fronton, un papillon noir identique à celui de la tombe paraît contempler l’épouvantable scène.Parcourant les plus effrayants endroits de Barcelone, s’égarant dans les entrailles de souterrains où vivent des créatures de cauchemar, s’enfonçant dans les coulisses d’un inquiétant théâtre désaffecté, Oscar et Marina réveillent les protagonistes d’une tragédie vieille de plusieurs décennies. La vengeance est en route, mue par une armée de fantômes, guidée par un savant de génie et une amoureuse désespérée.Entraînés dans la folie homicide de ces ombres tout droit sorties du passé, Oscar et Marina frôlent la mort. Pourtant, celle-ci les attaquera là où ils ne l’attendaient pas.. " Comme toujours depuis "L'ombre du vent" et "le jeu de l'ange" Carlos Ruiz Zafon mise tout sur l’ambiance gothique et brumeuse des rues de Barcelone, aux bâtiments d’un autre âge, rues dans lesquelles se perdent ses héros paumés et tourmentés qui cachent quant à eux bien des mystères et des secrets. Il y ajoute une touche de fantastique qui pimente un récit déjà bien rocambolesque qui se révèle parfois sombre et effrayant. Marina de Carlos Ruiz Zafon, Robert Laffont

dimanche 23 janvier 2011

Jaune le Carré (3)

RESUME Pour vérifier les économies réalisées dans les services publics Rosiane s'est fait hospitalisée; pour l'intégrale des épisodes précédents cliquez sur : Jaune le Carré (1) et Jaune le Carré (2) Et pour ceux qui n'ont pas suivi, je rappelle brièvement qu'en ce qui concerne Rosiane, ma belle-mère, suite à une occlusion intestinale et une intervention chirurgicale en 2008, il a été diagnostiqué un cancer du colon avec des ramifications sur le préritoine. Chimio en 2009. Nouvelle intervention fin 2009 pour lui ôter une grosse tumeur sur le muscle psoas avec section de l'uretère, le tout compliqué par une embolie pulmonaire à Lariboisière. Dans la foulée, à St Louis, on lui a posé une sonde double j. Elle a ensuite suivi un traitement de chimiothérapie pour cheval qui lui a fait tomber ses nattes, son moral et son état de santé. Nouvelle hospitalisation fin 2010. Une tumeur « aurait » sortie la sonde double J de son axe. De plus un vilain abcès s’est prononcé sur son ventre. La face caché de l'iceberg. Enfin tout est dans le dossier "gros comme ça" depuis 2008 que personne n'a consulté faute de temps et de personnel.

Sonde double J (Ce n'est pas Rosiane, je n'oserais pas la montrer nue)

A l'hôpital de Guéret donc, à propos de l'abcès, il y eut les palpations du mardi, puis il y eut la ponction du mercredi. Ah la ponction du mercredi ! Que du bonheur ! Un festival de couleurs d’après Rosiane. Un truc festif même pas dans les manuels de la faculté de médecine à envoyer d’urgence en analyse dans un laboratoire Chinois spécialiste de pyrotechnie depuis Marco Polo. Pour les résultats fallait compter au bas mot trois mois. La Chine, c’est loin. En attendant ils ont placé une sonde externe et surveillé l’écoulement, que dis-je l’assèchement complet du marais à l’intérieur de Rosiane comme des travailleurs du BPT en casque jaune. "C’est du sérieux, va falloir faire appel à Bouygues."que je me suis dit! en raccompagnant madame Clément dans son placard à balais dont elle s’était échappée par mégarde. "Pipi!" gueulait l’une. "Caca!" gueulait un autre. Vos gueules, je me suis pensé. J’ai déjà madame Clément et elle ne marche pas vite. Puis j’ai la lavette à passer, le repas à servir. Alors, caca, pipi, hein, on se retient. Ce n’est pas faute du personnel absolument admirable, que je regardais courir comme de beaux diables. Pourraient leur fournir des scotères pour allez plus vite, que je me suis pensé. Ou regrouper tout le monde dans la même chambre. Pour la même chambre, Rosiane est pas d’accord. Elle est pas partageuse. A cause de la télécommande de la télé et de "Plus belle la vie". Je ne vois pas pourquoi elle s’obstine à regarder "Plus belle la vie". Il suffit qu’elle regarde autour d’elle. La vie est là, toujours plus belle que jamais avec du personnel en sous effectif qui arrive, comme notre coq national, à chanter avec les deux pieds dans la merde.

Au bout de quelques jours, appareillée comme un astronaute de la NASA et alimentée aux carottes sous perfusion Daucy, Rosiane à eu un coup de Calgon et des escarres au cul. Deux types sont alors entrés dans sa chambre et l’ont embarquée illico expresso. On ne rigole pas dans la Fonction publique.

"On va vous passer un scanner, ca va vous détendre". Grisée par la vitesse du chariot, Rosiane s’est accommodée de la promenade dans les couloirs. Madame Clément voulait l’accompagner question de retrouver sa soeur. Je l’ai accroché au porte manteau du placard à balai et collé un Post-It sur le bec et sur la porte dudit placard afin de ne pas l’oublier quand même. On n’est pas des sauvages.

Au scanner Rosiane fut équipée pour passer un scanner de la tête. Elle allait donc si mal ! "Ce n’est pas de la tête que je suis malade mais du ventre!" s’est-elle insurgée. Rien à faire, ils avaient des ordres. Et avec les ordres, on ne plaisante pas. Déjà que c’est cher un scanner, les malades allaient pas faire chier pour les passer. Vas y Nénesse. Ils l’ont glissée dans la bécane. Et toc, une photocopie des boyaux de la tête ! (A suivre...)

samedi 22 janvier 2011

Dashiell Hammet

Né en 1894, Dashiell Hammett est décédé le 10 janvier 1961, il y a tout juste cinquante ans. Fin 1922, il intègre l’équipe du magazine Black Mask, qui publie des nouvelles criminelles. Hammett devient très rapidement le chef de file du mouvement littéraire hard-boiled, dont les héros sont des durs-à-cuire. Il devient l’exemple à suivre pour les autres rédacteurs de Black Mask. Son sens des dialogues, l’utilisation du langage de la rue, de l’argot, ses descriptions par touches successives, précises, la force du rythme de ses phrases : tout ce qui définira son style apparaît déjà dans les premières nouvelles dit Natalie Beunat, en préface de Coups de feu dans la nuit. Cet Omnibus, qu’elle présente et supervise (en VF), propose soixante-cinq nouvelles (dont neuf inédites en français) réunies pour la première fois en un seul ouvrage.

Père du Roman Noir, Dashiell Hammett fut lui-même un personnage singulier. Son œuvre fut écrite en quelques années seulement, de 1922 à 1934. Pour bien situer l’auteur, il est souhaitable de lire d’abord les deux préfaces, dont celle de Richard Layman, biographe de Hammett. Le texte de la petite-fille de Dashiell Hammett, Julie Marshall Rivett, intéresse aussi les admirateurs de l’écrivain.

Cinq magnifiques romans et leurs adaptions à l’écran ont apporté la notoriété à Dashiell Hammett. Ils ont été re-traduits et réédités en un seul volume dans la collection Quarto, chez Gallimard. Néanmoins, ses nouvelles offrent une autre approche aux lecteurs. De nombreux livres historiques et une multitude d’informations variées permettent de se documenter sur l’Amérique des années 1920-1930. Bien qu’étant des fictions, les textes d’Hammett donnent tout autant un témoignage sur l’époque, une illustration vivante du contexte. Car l’écrivain observa sans nul doute le monde de son temps, et pas seulement quand il fut détective (de 1919 à 1921) pour Pinkerton.

L’ensemble des protagonistes de ses histoires semblent issus de la réalité, décrits avec justesse. Il n’étale pas leur psychologie, puisque leur comportement et les faits suffisent à les comprendre. Voici un exemple d’une situation exposée clairement, indiquant une ambiance en quelques phrases. Le plancher vacilla sous mes pieds. Les fenêtres vibrèrent avec une violence qui dépassait l’intensité de l’orage. Le fracas assourdi d’une grosse explosion couvrit les bruits du vent et de la pluie qui tombait. Sans être toute proche, la déflagration n’était pas assez éloignée pour s’être produite hors de l’île. Grâce à pareille concision, les faits sont partagés et ressentis par le lecteur, bien mieux qu’en délayant la scène ou en prêtant au personnage d’inutiles hypothèses.

Au fil du temps, les nouvelles d’Hammett contiennent davantage de violence, pour obéir au thème de Black Mask. Pourtant, il évite généralement de montrer crûment les meurtres, n’en rajoute pas sur la brutalité. Si son héros est en difficulté, il fait face aussi sereinement que possible au danger. Je levai les mains. Je n’étais pas armé, n’ayant pas pour habitude de me munir d’un pistolet, sauf lorsque je sais que je vais en avoir besoin. Et mes poches auraient pu être bourrées d’une douzaine de flingues, ça n’aurait pas changé grand-chose. Je ne déteste pas tenter ma chance, mais elle n’existe pas lorsqu’on fait face au mufle d’un automatique qu’un homme décidé braque sur vous.

Histoires de détectives privés, avec le Continental Op (l’agent de la Continental) et, bien sûr, Sam Spade faisant ses premières apparitions dans ces nouvelles. Il faut rappeler que ce sont des hommes mûrs, des enquêteurs efficaces. S’ils sont dans l’action, rien à voir avec des super-héros dotés de facultés supérieures. Ils font leur métier, cherchant à définir la vérité, le plus humainement possible. La jungle urbaine est leur terrain de prédilection. Ils ne sont pas confrontés qu’aux gangsters ou à la Prohibition. Les combines tordues et les criminels les plus retors, souvent peu soupçonnables, tel est l’univers de ces détectives.

Dans chaque texte, les intrigues sont diablement bien pensées et développées. Un humour certain est perceptible dans nombre de ces nouvelles. Pour ne citer qu’un exemple, L’ange de l’étage (1923) offre un joli clin d’œil : Le squelette d’histoire que la fille lui avait raconté par-dessus les reliefs de son repas pouvait, grâce à un minimum d’efforts, se muer en une longue nouvelle qu’il n’aurait aucun mal à placer. Les histoires de truand étaient toujours très demandées, et celle-ci comporterait une monte-en-l’air femelle piquée sur le vif. Gardons évidemment le suspense sur le savoureux dénouement de l’affaire.

Dashiell Hammett ne fut pas un simple raconteur d’histoires. À travers ces nouvelles, on comprend sa volonté de créer une intensité, une force narrative, et certainement une forme de témoignage. Son style direct lançait les prémices du Roman Noir, dont il est pour tous les passionnés et pour toujours le créateur. Ces Coups de feu dans la nuit pourraient bien devenir le livre de référence des amateurs de noirs polars.


vendredi 21 janvier 2011

Eric Truffazz quartet, in between

On n'avait pas perdu de vue ici Eric Truffaz et ses aventures dans l'electricland ; simplement, on pensait qu'il y avait de nouveaux artistes du jazz à faire connaître, ou des aînés dont il fallait saluer les performances. Des disciples du trop méconnu Jon Hassell plus encore que de Miles Davis, deux trompettistes européens ont gagné en un peu plus de dix ans une audience internationale : le Norvégien Nils Petter Molvær et le Franco-Suisse Erik Truffaz. Son quartet d'origine, celui de The Dawn (1998) et de Bending new corners (1999), était formé du claviériste Patrick Muller, du bassiste Marcello Giuliani et du batteur Marc Erbetta, auxquels se joignait parfois le chanteur Nya. A présent âgé de 50 ans, ayant atteint une maîtrise du souffle qui assure un admirable son de trompette, ouverte ou bouchée, sur des phrases planantes qui sont sa marque en même temps que son hommage aux maîtres cités, il a aussi gagné en maturité musicale : une belle sérénité, des thèmes qui vous emportent dans ses rêveries paisibles font de In between un disque à glisser entre les oreilles sensibles à ce que le jazz issu de la fusion peut encore offrir de chaleureux et vrai. La sister visiteuse sur ce disque amical est sa compatriote helvète Sophie Hunger, qui chante Let me go ! (qu'on ne compte pas sur nous pour la laisser partir, cette merveille), et Dirge, de Bob Dylan. A part cette dernière chanson, les compositions sont du groupe entier, tout splendide : Truffaz, Giuliani, Erbetta et, aux claviers, un nouveau venu qui compte, Benoît Corboz (fils du célèbre chef de choeur suisse Michel Corboz). Du neuf avec le retour de la planète Truffaz et son inespéré satellite Hunger. Michel Contat

jeudi 20 janvier 2011

Jonathan Coe : la vie très privé de Mr Sim

Comme s'il avait refermé la parenthèse, ouverte le temps d'un seul livre, le superbe et poignant mélo La Pluie, avant qu'elle tombe (éd. Gallimard, 2009), revoici Jonathan Coe en terrain familier. Car le talent romanesque du Britannique, tel qu'on a pu en juger depuis quinze ans et la traduction du savoureux Testament à l'anglaise, tient avant tout à un sens très aigu de la satire sociale, un ancrage résolument réaliste et contemporain. Une acuité insolente et tonique qui n'exclut pas une propension certaine à l'imagination, l'extravagance, voire le rocambolesque pur, non plus qu'elle ne masque tout à fait une pente profondément méditative, un fond mélancolique soigneusement retenu mais discrètement omniprésent. Ce savant mélange a produit des merveilles : après Testament à l'anglaise, donc, il y eut notamment La Maison du sommeil, Bienvenue au club, Le Cercle fermé. Et il semble aujourd'hui que l'alchimie n'ait rien perdu de son efficience. Il suffit, pour en juger, de se pencher sur cette Vie très privée de Mr Sim, où s'emmêlent réalisme et drôlerie, où se superposent tableau d'époque et portrait psychologique d'une perspicacité aiguë.

Comment présenter Mr Sim sans se montrer d'emblée désobligeant ? Dire qu'il est un raté serait exagéré - en outre, ce serait lui conférer un attribut trop singulier, trop extraordinaire. Disons peut-être qu'il n'est pas un homme doué pour le bonheur. Non plus d'ailleurs que pour le malheur - le vrai, le drame. Mr Sim est un homme sans qualités, un antihéros plus que parfait. Presque quinquagénaire, chargé du service après-vente dans un grand magasin londonien, récemment quitté par son épouse - laquelle a déménagé pour le nord de l'Angleterre en emportant leur fille dans ses bagages -, séparation qui l'a plongé dans un état dépressif. Bref, en cet hiver 2009 durant lequel se déroule le ­roman, Maxwell Sim est un homme ordinaire et circonspect que la vie malmène, sans qu'il soit possible de conclure pourtant que la poisse lui colle aux semelles, à la paume des mains. Un homme solitaire, qui compte ses amis par dizaines sur Facebook, mais n'a personne à qui parler lorsque les antidépresseurs ne suffisent plus à endiguer ses accès de désespoir.

Envers ce type sous tous rapports tellement moyen et fatigué qu'il en est franchement attachant, Jonathan Coe nourrit pourtant de bien sombres desseins. C'est dans une sorte de voyage initiatique qu'il l'entraîne - mais alors que de ce genre d'aventure tout personnage romanesque sort généralement plus fort et plus savant, ce n'est pas, hélas ! ce qui attend Max Sim. Le décor de ce voyage, c'est l'Angleterre d'aujourd'hui, que Max entreprend de parcourir du sud au nord en voiture, pour le compte d'une entreprise de fabrication de brosses à dents. Autoroutes, zones industrielles, banlieues grises... Pour seule compagnie, Max dispose de l'imperturbable voix féminine de son GPS, qu'il baptise Emma, dont il tombe vaguement amoureux. Jalonnant sa route, des rencontres et des flash-back minutieusement orchestrés retracent son existence et les multiples ratages et échecs familiaux, amicaux, sentimentaux, dont elle est construite depuis l'enfance - et qui sait même si l'origine de cette malheureuse spirale n'est pas antérieure à son arrivée sur Terre...

L'entreprise de Jonathan Coe est plus qu'habile, qui voit s'approfondir de page en page le portrait de Max, et s'affirmer cette ultramoderne solitude dans laquelle il est enfermé. On se sait trop ce qu'il convient d'admirer le plus ici : la pénétration psychologique dont Coe fait preuve, l'acuité du regard qu'il porte sur notre époque et ses faux-semblants, l'intelligence et la dextérité avec laquelle il agence les scènes et séquences en une narration fluide, drôle, captivante - dont on ne mesure la dimension hautement ironique qu'à la lecture de l'ultime page du roman. Au terme de quoi, il ne fait aucun doute que Jonathan Coe est un maître - rien de moin

Nathalie Crom

mercredi 19 janvier 2011

Parallel realities live...

2010, année conflictuelle et traversée de peurs, aura vu, côté jazz, une suractivité festivalière, des clubs pleins et des ventes de disques en chute li­bre. Terminons-la par un choix de confiance : un double album fédérateur, enregistrement d'un concert au Mellon Jazz Festival le 23 juin 1990. Jack DeJohnette ouvre le feu avec une longue introduction, rappelant, par ses coups secs sur sa caisse claire à la peau tendue et ses toms bien accordés, qu'il produit l'un des plus excitants sons de batterie qui soit et que son jeu est tout d'exubérance joyeuse. Le maître de cérémonie annonce ensuite l'arrivée de Dave Holland, qui lance à la contrebasse un riff répété sur lequel on a envie de se lever pour danser. C'est probablement ce que fait Herbie Hancock, très applaudi, avant de se mettre simultanément au piano et au Fender Rhodes pour placer avec humour les accords du morceau qu'on a reconnu, Shadow Dance, de Dave Holland, que vient suggérer plutôt qu'exposer la guitare de Pat Metheny, ovationné dès son entrée en scène. Voilà parti un concert d'une heure et demie, sans un temps mort, sur des tempos variés qui vont des quelque 210 à la noire pour les treize minutes de Solar, de Miles Davis, à la ballade Silver Hollow, de Metheny, plus Metheny que jamais : pensée rapide sur lyrisme juvénile. Ces grands musiciens étaient au milieu de leur carrière, ils n'ont peut-être jamais été plus détendus ni plus intensément aimables. Le live conserve. Michel Contat

mardi 18 janvier 2011

Jaune le Carré (2)

RESUME Pour vérifier les économies réalisées dans les services publics Rosiane s'est fait hospitalisée; pour l'intégrale de l'épisode précédent cliquez sur : Jaune le Carré (1)
Après les agapes du réveillon vint l’an neuf suivi deux jours plus tard du trois tant attendu pour le retour de vacances de l’oncologue chérie. Il y eut donc visite de l’oncologue chérie puis d’un chirurgien chéri aussi. Il y eut observation. Il y eut palpation. Il y eut délibération. Il y eut interrogation. Il y eut incompréhension. Je sais, je suis un rien novice dans le monde médical, mais j’avais envie de dire que les informations à leurs questions étaient certainement dans une des enveloppes kraft du « dossier comme çà » (pas vu, pas lu) notamment celle du service d’urologie de l’hôpital St Louis. Mais il avait dû se séparer du scribe et du lecteur public pour raison économique.
Au vu du désappointement de l’oncologue chérie et du chirurgien chéri, Isabelle s’est proposée de leur narrer par le menu les différentes interventions chirurgicales sur Rosiane entre Guéret, St Louis, Lariboisière et à nouveau St Louis et ce depuis la mort d’Ambroise Paré. Une aventure de la médecine à elle toute seule. Que dis-je, un conte de fée. Elle a même eu l’obligeance de leur faire une photocopie du compte rendu de l’urologue, pisse-copie qui devait certainement se trouver dans le « dossier gros comme çà » mais qu’ils n’avaient pas cherché donc pas trouvé faute de chiens policiers.
Je suggère donc dorénavant de faire des comptes rendus de compte rendu sur des Post-It coupés en quatre, à conserver sur le frigo de la salle de repos à côté de la liste des courses, des cartes de vœux et des pensent-bêtes pour l’anniversaire de Zézette et Monique. Lorsque le frigo sera plein de bouts de Post-It, il ne restera plus qu’à faire des comptent-rendus de bouts de Post-It à coller sur une glacière d’occasion en remplacement du frigo mort.
Enfin moi, ce que j’en dis, c’est juste pour aider.
Je me suis donc contenter de raccompagner madame Clément du placard à balais jusqu’à sa chambre, tandis que les Gipsy Kings accompagnaient la Mamma sur l’air de Djobi Djoba et je n’étais pas sûr qu’elle allait mourir la Mamma avec un tel chambard !
Une aide-soignante à mi-temps, douze heures par jour, fut relevée de ses fonctions. Une infirmière à mi-temps, douze heures par jour, fut également relevée de ses fonctions et ils ont fermé derrière nous.
Silence Hôpital.

lundi 17 janvier 2011

Chem-Cheminée Chem-Chem Chéri...

Photo Papou
Le 19 octobre dernier, l'association ATCO (AuTour du Canal de l'Ourcq), Cafézoïde, et la Mairie du 19e ont organisé- à l'intiative de Julie Navarro, Maire adjointe chargée de la Culture- le cérémonial d'adieu à la chaufferie CPCU de la Villette dont les premières étapes de démolition sont prévues pour très bientôt. Des photos ont été prises, des voisins, des enfants sont venus, démontrant ainsi que ce bâtiment faisait partie de leur quartier, de leur paysage, de leur environnement.
L'usine de la CPCU témoigne du passé industriel et ouvrier de notre arrondissement. Un nouveau projet va voir le jour sur ses terrains pour répondre aux besoins actuels des habitants.Pourtant, nous déplorons que l'on détruise sans réfléchir, que l'on fasse, en démolissant intégralement ce bâtiment qui nous est si familier, table rase de la mémoire industrielle d'un territoire urbain qui nous appartient aussi. Nous pensons qu'il est possible de conserver la cheminée comme symbole de l'histoire du 19e. Nous pensons qu'il est même possible d'envisager une autre utilisation. Riverains, Habitants du 19e, Artistes, Architectes, nous appelons les autorités publiques à préserver cette cheminée pour transmettre à nos enfants et aux générations à venir la mémoire de l'histoire industrielle du 19e, Nous demandons que les 150 ans du 19e ne soient pas fêtés en détruisant un des derniers symboles de son histoire.Nous avons la conviction que l'aménagement de nos rues, de nos logements, des bâtiments qui nous entourent ne doit pas être laissé à l'aveuglement technocratique, Nous avons envie de penser et de participer à la façon dont nous habitons nos quartiers, dont nous voulons garder la mémoire du passé industriel de notre arrondissement, Nous ne voulons pas glisser vers le grand monde aseptisé de l'oubli et du saccage de nos paysages urbains. Sauvons la cheminée de l'usine CPCU, véritable phare industriel du 19e !

dimanche 16 janvier 2011

Loin du Paradis

En 1957 aux Etats-Unis. Cathy Whitaker vit sa paisible existence de femme au foyer discrète et de mère modèle. Son époux, Frank, occupe un poste important et représente un symbole de réussite. Derrière les apparences, le couple est pourtant bien loin du paradis...
Un film qui s'inspire du travail du grand Douglas Sirk dans ses magnifiques mélos flamboyants. Ce soir sur ARTE 20H40.

Impressions sénégalaises 12 et fin

Photos Papou. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

samedi 15 janvier 2011

Jaune le carré (1)

Rosiane, ma belle-mère, sa fille et moi-même avons décidé de mener une enquête sur les économies réalisées dans la Fonction publique.
En effet Napoléon IV a décidé de faire des économies drastiques sur le budget de la Fonction publique déjà largement réorganisée et professionnalisée par son aïeul.
Le député de l’Essonne Georges Tron, nom prédestiné pour les dons au trou du culte, rapporteur de surcroît, ce qui avouons-le n’est pas bien joli joli d’être rapporteur, rapporteur spécial disais-je de la commission des Finances de l’Assemblée nationale sur le budget de la fonction publique a sorti un rapport critique sur : « La gestion des finances publiques et des ressources humaines », dans lequel il évoque le fait que les dépenses de personnel, charges de pensions incluses, « représenteraient un total de 117 milliards d’euros en 2010, soit 41 % du total des dépenses du budget général (285,2 milliards d’euros.)
Il a toujours plaidé pour une gestion publique rigoureuse et note que les dépenses de personnel forment la plus grande partie des dépenses de l’État. Il propose l’application de la règle de non-remplacement qui permettrait une économie totale brute de 4,5 milliards d’euros pour environ 155 300 départs non remplacés, soit 7 % des effectifs de l’État. Selon le ministère du Budget, cet engagement de long terme pour le recrutement d’un fonctionnaire serait de l’ordre d’un million d’euros en valeur actuelle. Renoncer à 100 000 recrutements permettrait ainsi d’éviter 100 milliards d’euros d’engagements implicites de l’État.
Mazette ! Mais qu’en est-il vraiment en cette fin 2010 ?
Pour les besoins de l'enquête, Rosiane, sa fille et moi-même, avons donc ouvert une carte de France et choisi au hasard le centre hospitalier de Guéret. Toujours our les besoins de l’enquête, Rosiane s'est fait hospitalisée d’urgence et encastrée dans le service de médecine générale puis celui d’oncologie. Le chirurgien de garde, au vu de son état général et du vilain abcès violacé et purulent sur son bas ventre n’a rien osé tenter de plus. Une charmante infirmière, aidée d’un schéma laissé par le chirurgien de garde a tenté une once d’explication hors de ses compétences. Rien de plus. Avec la trêve des confiseurs, il a fallu nous contenter d’attendre. Alors j’ai baguenaudé un brin dans les couloirs.
Je sais bien que la saison s’y prête, mais en circulant vêtue d’une houppelande et d’une loupe des jours durant dans les couloirs de ce centre hospitalier, j’ai eu la désagréable sensation de parcourir un paysage enneigé tant ici tout me semble feutré et désert. Que j’aimerais n’être que le jouet d’une imagination vagabonde. Certes parfois quelques désespérés erraient eux aussi dans les couloirs, appelant à l’aide ou cherchant leur sœur voire leur chambre et je vous avoue que je n’eus guère le temps de reconduire les Alzheimer en chambre. A la rigueur leur mettre l’index sur le « Vous êtes ici » du plan d’étage et me carapater.
Les fêtes passées, le constat dressé restait le même et je n’étais pas le seul à en être témoin. Où était le personnel manquant ?
Le jeudi 30, le visible et profond agacement d’Isabelle c’est révélé payant. Un médecin en gériatrie nous a rencontrés dans le couloir. «Pour votre maman, nous avons son dossier » Nous l’avions vu en guise de chauffe-pieds sur le lit de Rosiane aux Urgences. « Il est comme ça » nous indiquant entre le pouce et l’index une épaisseur de quinze centimètres, « nous n’avons pas eu le temps d’en prendre connaissance. Nous ne sommes que deux médecins sur cinq, et il n’y a que deux infirmiers pour vingt-cinq chambres. Nous faisons au mieux avec les moyens et le personnel dont nous disposons.» Effectivement, vu sous cet angle, nous n’avions aucune raison de nous inquiéter. Il suffisait, surtout pour Rosiane, de prendre son mal en patience et d’attendre le 3 janvier, vu que l’oncologue responsable de son cas était en vacances et ne déléguait rien. Charmante fin d’année.
Que George Tron et Roseline Bachelot se rassurent, faire des économies : c’est possible !

vendredi 14 janvier 2011

Le pont des arts, Edward Hopper

Le pont des arts Edward Hopper, 1907 Huile sur toile 58 x71
New York, Whitney Museum of American Art.
"Papa, en août 1989, nous sommes sur une plage. Je ne sais plus laquelle. Dépité tu me parles de l'exposition consacrée à Edward Hopper qui se tient alors à Marseille. Tous deux nous savons que nous ne pourront nous y rendre et qu'une fois cette expo terminée toutes ces oeuvres retourneront à New York. New york ? Si nous ne pouvons même pas aller les voir à Marseille n'en parlons plus.
Depuis à chaque fois que je vois une reproduction d'un Hopper je nous revois sur cette plage. Et bien papa dis toi que vingt deux ans plus tard je vais enfin réaliser ce rêve." Yann

jeudi 13 janvier 2011

Pour la réouverture du centre de radiothérapie à Guéret !

Photos Papou
Pas besoin d'aller loin et soutenir l'action pour la réouverture du centre de radiothérapie de Guéret. Avec la bénédiction de Rosiane nous voici cinq étages plus bas dans le hall de l'hôpital avec les différents interlocuteurs dont le maire de Guéret Michel Vergnier.

mercredi 12 janvier 2011

André Gide Le retour du Tchad (1928)

Le retour du Tchad d'andré Gide Le Retour du Tchad est un journal de voyage d'André Gide publié en 1928. Il constitue la suite du Voyage au Congo publié l'année précédente.
« On ne voyage pas au Congo pour son plaisir. Ceux qui s’y risquent partent avec un but précis. Il n’y a là-bas que des commerçants, qui ne racontent que ce qu’ils veulent ; des administrateurs qui disent ce qu’ils peuvent et n’ont droit de parler qu’à leurs chefs ; des chefs tenus par des considérations multiples ; des missionnaires dont le maintien dans le pays dépend souvent de leur silence. Parfois enfin quelques personnages de marque, en un glorieux raid, traversent la contrée entre deux haies de « Vive la France ! » et n’ont le temps de rien voir que ce que l’on veut bien leur montrer. Quand, par extraordinaire, un voyageur libre se hasarde là-bas, comme j’ai fait moi-même, sans autre souci que celui de connaître, la relation qu’il rapporte de son voyage ne diffère pas sensiblement de la mienne, où l’on s’étonne de retrouver la peinture des mêmes misères qu’un Auguste Chevalier par exemple dénonçait il y a déjà vingt ans. Rien n’a changé. Sa voix n’a pas été écoutée. L’on n’a pas écouté Brazza lui-même, et ceux qui l’ont approché savent avec quelle tristesse, dans les derniers temps de sa vie, il constatait les constants efforts pour discréditer son témoignage, pour étouffer sa voix . Je n’ai pas grand espoir que la mienne ait plus de chance de se faire entendre. « Je tiens de source certaine, m’écrivait X., fort bien placé pour le savoir, que l’on s’apprête à torpiller votre livre. » Et c’est ce qui ne manqua pas d’arriver. Dès que l’on vit que mon témoignage courait risque d’être écouté, l’on s’ingénia à mettre en doute sa valeur ; je me vis traité d’esprit léger, d’imagination chimérique, de « chercheur de tares »… Ces accusations tendancieuses me laisseraient indifférent s’il ne s’agissait ici que de moi ; mais il y va du sort d’un peuple et de l’avenir d’un pays. Le reproche de partialité, que l’on me faisait également, je me défends de l’encourir. Tous les renseignements que je donnerai dans ces pages sont officiels. Même le commentaire que j’y ajoute n’est le plus souvent qu’un centon impersonnel formé de phrases extraites de rapports administratifs. Car, tout au contraire de ce que certains ont pu dire, ce n’est nullement contre l’administration que je m’élève ; je ne déplore que son impuissance en face de ces maux que je signale ; et cet article n’a d’autre but que de tâcher de lui prêter main-forte. « Que la haute administration, que le haut commerce prennent garde de vouloir mettre trop vite en coupe réglée une possession qu’à vrai dire nous connaissons insuffisamment et dont les indigènes ne sont pas encore initiés à ce que nous attendons d’eux », écrivait Savorgnan de Brazza en 1886. « Notre action, jusqu’à nouvel ordre, doit tendre surtout à préparer la transformation des indigènes en agents de travail, de production, de consommation. Ce qu’il faut redouter par-dessus tout, c’est de renverser en un jour l’oeuvre de dix années, car l’intervention de la force, dans une oeuvre préparée par la patience et la douceur, peut tout perdre d’un seul coup. » Ces sages conseils ne furent pas suivis. Dès 1887, une compagnie fut créée au Gabon : la S. H. O., dans des conditions si scandaleuses que le Parlement la fit dissoudre. En dédommagement de quoi, les directeurs de la S. H. O. réclamèrent et obtinrent le droit de choisir un terrain de 3 à 400 000 hectares, donné en toute propriété. Deux ans plus tard, le Parlement approuva la formation de quarante compagnies, à qui 650 000 kilomètres carrés furent concédés. (Je rappelle que la superficie totale de la France est de 551 000 km2.) Ces sociétés n’ont, du reste, pour la plupart, pas longtemps vécu. Certaines se sont transformées ; d’autres ont fusionné. Nous ne nous trouvons plus aujourd’hui en face que de quelques sociétés, et n’avons plus à nous occuper que de celles-ci. Mais, avant de commencer à parler d’elles, je voudrais mettre mon lecteur en garde de confondre ces Concessions congolaises avec les concessions ordinaires telles que peuvent les obtenir les colons ou de grandes sociétés financières, pour la mise en culture d’un terrain ou l’exploitation de richesses minières. Celles-ci concourent, en même temps qu’à l’enrichissement du colon ou de la société, à l’enrichissement du pays et du peuple qui l’habite. Qu’un parti politique anticapitaliste les désapprouve, peu m’importe ici ; je prétends n’avoir pas à me solidariser avec ce parti pour m’élever contre les abus particuliers à l’A. E. F. Le concessionnaire congolais obtint donc la propriété exclusive de tous les produits naturels d’immenses régions à peu près inexplorées, aussi peu connues du gouvernement qui les accordait que du concessionnaire lui-même. Jusqu’à ce moment les produits de chasse et de cueillette avaient appartenu aux indigènes ; mais l’on peut à peine dire que ceux-ci furent expropriés, car, en fait, ils furent concédés eux-mêmes avec les terrains. Le concessionnaire put alors les contraindre au travail moyennant tels salaires qu’il se réservait toute liberté de fixer. Quant aux produits, il estimait que, dans ce cas, il n’avait plus à les payer. » « Les concessionnaires s’engageaient par contre à verser au gouvernement de la colonie 15 p. 100 de leurs bénéfices, et à respecter les clauses d’un cahier des charges. Certaines de ces clauses prétendaient, il est vrai, protéger les « droits d’usage » que nos principes reconnaissent aux indigènes de toutes nos colonies. Ces clauses donnèrent satisfaction à l’esprit de justice de l’opinion publique et l’endormirent. En pratique elles ne furent jamais appliquées, et les populations habitant les immenses terrains concédés furent, en fait, réduites à un état qui ne diffère de l’esclavage, je voudrais que l’on me dise en quoi ? » André Gide

lundi 10 janvier 2011

Pour qui sonne le glas ?

L’écrivain et ancien présentateur du JT de TF1 doit bientôt publier une biographie d’Ernest Hemingway, baptisé Hemingway, la vie jusqu’à l’excès. L’Express affirme, mardi dernier, que PPDA “a plagié une biographie signée Peter Griffin” parue en 1987 sous le titre Along with Youth : Hemingway, the Early Years. “Les “emprunts” opérés par le journaliste-écrivain sont manifestes, massifs, et comme portés par un étonnant sentiment d’impunité”, écrit Jérôme Dupuis, affirmant que “près de 100 pages” du livre de Poivre d’Arvor “sont directement inspirées de l’ouvrage de Griffin, sans qu’aucuns guillemets le signalent”.
Patrick Poivre d’Arvor a expliqué qu’il s’était “naturellement documenté auprès des nombreuses biographies existantes, au nombre desquelles celle de Griffin me semble la meilleure sur le jeune Hemingway”. Mais il a démenti tout plagiat, estimant “ce soupçon très désobligeant”. Pour L’Express, ces “emprunts” viennent s’ajouter à d’autres similarités entre les deux ouvrages, notamment “la structure, les enchaînements, les incises sur la grande Histoire ou encore les extraits de correspondance retenus” qui ” coïncident parfaitement”. Le livre, qui doit sortir le 19 janvier, a déjà été tiré à 20 000 exemplaires.