samedi 26 septembre 2020

Paris 1910-1937. Promenades dans les collections Albert-Kahn du 16 septembre au 21 janvier 2021

 



Produite en partenariat avec le musée départemental Albert-Kahn, cette exposition explore à travers l'image, le Paris de la Belle époque à la fin des années 1930. À partir des autochromes et des films produits par les opérateurs des Archives de la Planète, l'exposition dresse un portrait de la ville et révèle le glissement d'une capitale intemporelle vers une métropole soucieuse de progrès et tournée vers l'avenir.

Cette exposition est l'occasion de porter un regard nouveau sur un fond d'images atypique au sein de la production visuelle des premières décennies du 20ème siècle : les autochromes, premier procédé de photographie en couleur, et les films pris à Paris par les opérateurs des Archives de la Planète.
 


 


Les Archives de la Planète, vaste entreprise imaginée par Albert Kahn, banquier, mécène utopiste et pacifiste, poursuivait l'ambition « d'établir un dossier de l'humanité prise en pleine vie », à un moment charnière de son histoire, à « l'heure critique » de changements aussi profonds qu'inéluctables pour reprendre les mots mêmes du géographe Jean Bruhnes, directeur scientifique du projet. 
 
 


 


Avec près de 5 000 autochromes et 90 000 mètres de films, le fonds « Paris » des Archives de la Planète constitue l'un des plus importants fonds d'images photographiques, et cinématographiques du début du 20ème siècle consacré à la capitale. Resté relativement confidentiel en son temps et depuis, sa présentation dans le cadre de cette exposition n'en est que plus exceptionnelle. L'exposition souligne les liens étroits de cette collection avec les grandes questions urbaines qui ont accompagné la mutation de la capitale en ville moderne, à la genèse du Grand Paris. À travers une déambulation poétique dans la ville, elle propose aux visiteurs un parcours immersif, au cœur de l'image, propre à montrer le glissement d'une capitale intemporelle, en cours de patrimonialisation, vers une métropole tournée vers l'avenir. À l'appui des 120 autochromes en couleurs et des films projetés sont exposés des œuvres et documents uniques provenant notamment des collections de la Cité de l'architecture & du patrimoine.
 
 Paris 1910-1937. Promenades dans les collections Albert-Kahn
Du 16 septembre 2020 au 11 janvier 2021
Cité de l’architecture & du patrimoine – Galerie haute des expositions temporaires
1 place du Trocadéro et du 11 novembre
Paris 16e
Métro Iéna ou Trocadéro
Ouvert tous les jours sauf le mardi
de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h

jeudi 17 septembre 2020

Jean Giono (1895-1970) bibliographie sélective (3)




      

Le cinquantenaire de la disparition de Jean Giono (1895-1970) est l'occasion de revenir sur la bibliographie de cet écrivain majeur de la littérature française dont voici le dernier volet consacré aux chroniques.


Après 1945, l'écriture de Jean Giono devient plus incisive, allègre et ironique, tandis que son œuvre prend une tonalité sombre et pessimiste.
Elle se développe dans deux directions : le « cycle du Hussard » avec Angelo, Le Hussard sur le toit, Le Bonheur fou, Mort d’un personnage et la série des « Chroniques romanesques », avec Un roi sans divertissement, Les Âmes fortes, Le Moulin de Pologne.



L’objectif initial de Jean Giono était de composer une série de dix ouvrages mettant en scène la vie d’Angelo Pardi, puis de sa descendance. Cette décalogie commençant à la lumière du XIXème siècle avec Angelo, publié en 1945, consiste à retravailler l’histoire d’un personnage vivant dans le siècle antérieur à celui de l’auteur, pour mieux montrer l’opposition avec son propre XXème siècle. En effet, si le cycle avait été complet, nous aurions pu assister à l’évolution de la lignée d’Angelo au travers de années, jusqu’à l’ultime épisode où son petit-fils, Angelo III, aurait incarné un héros de la résistance durant la seconde guerre mondiale.


L’ampleur de la tâche n’à pas permis à Giono d’accomplir son projet initial : seuls trois tomes sur les dix prévus ont vu le jour : Mort d’un personnage en 1949, Le Hussard sur le toit en 1951, et Le Bonheur Fou en 1957. Le fil conducteur est cependant conservé, car le troisième opus nous présente encore la suite des aventures d’Angelo, tandis que la mort de la personne mentionnée dans le premier n’est autre que Pauline de Théus, qu’on ne découvre que pleinement dans le second tome.

 Conception: printemps 1945.
Publication: Gallimard, 1958.

 Angelo Pardi part de Turin après avoir fort joliment tué d'un coup de sabre M. le baron Schwartz, espion autrichien. Il passe la frontière en grand uniforme de colonel des hussards de Sardaigne, sur un cheval admirable. Les conspirations, les dangers, les amours ne vont point manquer à Angelo qui se trouvera aux prises avec le subtil vicaire général d'Aix-en-Provence, le marquis de Théus, avec la charmante Anna Clèves qui l'aimera sans espoir, avec Pauline enfin, cette femme si belle qu'il sauvera un jour.




     Vieille et grande dame de Provence, Pauline de Théus attire et intrigue tous ceux qui l'approchent. Mais c'est son petit-fils Angélo qui, plus que quiconque, subit le charme de cette femme au passé généreux qui vit désormais à Marseille, dans une maison d'aveugles. Les années passent, lointaines, et c'est une Pauline de Théus aux confins de la mort que retrouve Angélo : mais elle n'a rien perdu de son prestige ni de sa grandeur. Pudique et bouleversante histoire d'amour entre un enfant et une vieille dame, Mort d'un personnage est peut-être le plus classique, le plus dépouillé, le plus rare des romans de Jean Giono.



     Hiver 1843. De mystérieuses disparitions inquiètent les habitants d'un village perdu au cœur des Alpes. C'est alors que le capitaine de gendarmerie Langlois arrive pour mener l'enquête... Au fil des pages, le lecteur suit avec passion l'enchaînement des faits que reconstitue le narrateur. Il découvre peu à peu qu'il ne s'agit pas tant de résoudre une énigme que d'explorer les tréfonds de l'âme humaine.
Jean Giono signe un roman fascinant, qui emprunte les codes du récit policier pour mieux s'en émanciper, et renouvelle le genre de la chronique littéraire. 





     "Il y a de petites places désertes où, dès que j'arrive, en plein été, au gros du soleil, Œdipe, les yeux crevés, apparaît sur un seuil et se met à beugler. Il y a des ruelles, si je m'y promène tard, un soir de mai, dans l'odeur des lilas, j'y vois Vérone où la nourrice de Juliette traîne sa pantoufle. Et dans le faubourg de l'abattoir, à l'endroit où il n'y a rien qu'une palissade en planches, j'ai installé tous les paysages de Dostoïevski..."

 


     "Elle était à ce moment-là, de beaucoup et de loin, la plus belle femme de Châtillon, et même d'ailleurs certainement. Quelqu'un qui l'a bien connue à ce moment-là me disait :"Elle était belle comme ce marteau, vois-tu !". Et il me montrait le marteau dont il faisait usage depuis vingt ans (c'était un cordonnier), un marteau dont le manche était d'un bois doux comme du satin depuis le temps qu'il le maniait, dont le fer si souvent frappé étincelait comme de l'or blanc.
Et avec ça elle était tout le temps affable et gentille". 



      Alors, il se met à tripoter son paquet de cartes comme s'il tirait sur un accordéon. Il le frappe, il le pince, il le soufflette, il le caresse, il l'étire et le referme. Il annonce : roi de pique, sept de carreau, trois de cour, roi de trèfle, dame de cour, neuf de pique, deux de carreau ; et chaque fois la carte annoncée tombe. Il jette le jeu de cartes dans le bassin de la fontaine et, quand il va y tomber, le jeu de cartes se regroupe dans sa main.
Il me l'étale sous le nez en éventail, en fer à cheval, en roue, en flèche. Il fait couler les cartes de sa main droite à sa main gauche, en pluie, en gouttes, en cascades. Il leur parle, il les appelle par leurs noms ; elles se dressent toutes seules hors du jeu, s'avancent, viennent, sautent. Il raconte de petites saloperies à la dame de cour et la dame de cour bondit jusqu'à sa bouche...

 



      Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu'a-t-il fallu pour l'amener là ? Rien moins qu'une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d'abord un roman d'aventures : Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d'une mission mystérieuse.
Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque. Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d'avoir empoisonné les fontaines ! Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque ! Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat.
Une nuit, au cours d'une expédition, il rencontre une étonnante et merveilleuse jeune femme. Tous deux feront route ensemble, connaîtront l'amour et le renoncement. 



     Ils se jetèrent l'un contre l'autre. En échappant aux bras, Mon Cadet frotta sa tête contre la poitrine de Marceau. Il entendit de nouveau les furieux coups sourds. Il comprit que c'était le cœur de son frère ; il se sentait, lui, propre, net, sec et dur comme un fuseau de quenouille. Il lui glissait des mains, il prit audace et appuya carrément son épaule contre le ventre de Marceau. Il essaya de le ceinturer.
Marceau le saisit aux hanches et le souleva.




     "Moulin de Pologne, pourquoi ce nom ? Personne n'en sait rien. Les uns prétendent qu'un pèlerin polonais allant à Rome s'établit jadis à cet endroit-là dans une cabane. Un peut après la chute de l'Empire, un nommé Coste acheta le terrain, fit construire la maison de maître et les dépendances qu'on voit encore. Coste était un enfant du pays, mais il y revenait après un long séjour au Mexique. C'était, paraît-il, un homme maigre et silencieux. On se souvient surtout de ce qui le caractérisa : des sautes d'humeur violentes qui le faisaient passer sans transition d'une bonté de pain à une cruauté famélique ". 



    Le Bonheur fou, c'est celui qu'éprouve Angelo Pardi, le héros du Hussard sur le toit, à faire la révolution italienne en 1848. Angelo se promène à travers la révolution comme il se promenait naguère à travers le choléra de Provence. La guerre - cette guerre-là, qui est à la fois guerre civile et guerre à l'Autriche - lui communique les sentiments les plus délicieux. L'amitié y prend quelque chose d'exalté et d'admirable, bien propre à transporter l'âme la plus noble du Piémont.
Les combats de rues ou batailles confuses quoique «rangées», n'ont rien de honteux, car c'est l'amour de la patrie qui les anime, ainsi qu'un prodigieux goût de vivre.Des amours très brèves, de longues marches à pied ou à cheval, d'innombrables rencontres avec une foule de personnages d'une extraordinaire vérité, sont les événements de ce roman aux dimensions tolstoïennes, écrit dans la langue la plus rapide du monde.




      Le héros d'Un roi sans divertissement, l'inoubliable et désenchanté capitaine de gendarmerie Martial Langlois, reparaît dans ces six nouvelles. Pendant la Restauration, Martial, ancien soldat de Napoléon, sert le pouvoir en y mettant une nuance de distance et de dédain. Sur son cheval, des Alpes de Provence aux Cévennes, il débrouille les mystères policiers et déjoue les complots politiques, tout en poursuivant son rêve. La nature, les chevaux, le mystère, le danger, l'intelligence et les personnages aux cours fiers, tout concourt à faire de ces nouvelles autant de chefs-d’œuvres qui se lisent avec le plus vif plaisir.





vendredi 11 septembre 2020

Neuf choses qui nous ont énervés en Creuse cet été





  Floris Bressy à publié dans la Montagne un bel article sur "le boom du tourisme en Creuse", ce qui pouvait que nous réjouir dans la période difficile que nous traversons.
 
  j'habite en Creuse depuis maintenant six ans et j'ai pu constater au fil du temps que ce que déplore Floris Bressy est hélas "monnaie" courante" dans le département : Les informations touristiques sur le net sont rarement voire jamais misent à jour pour informer correctement les visiteurs. La signalisation routière est des plus aléatoires. Cet été, trouver le numéro du restaurant de la base nautique de Jouillat fut un véritable chemin de croix.    
  J'ai eu l'occasion de croiser plusieurs dimanches bien des touristes sortant du musée de la tapisserie à Aubusson à la recherche d'un restaurant, découvrant une ville quasi morte, ce qui est rédhibitoire pour inciter les touristes à y revenir. Sans omettre les lundis qui rendent la ville fantôme comme dans les westerns.
 
 Mais laissons Floris Bressy nous narrer avec justesse ces désagréments.
 
 


"La Creuse a connu un boum touristique durant l’été post-confinement. Ceci étant dit, la destination doit encore trouver le juste équilibre entre ce goût de l’authentique un peu facile et un niveau de prestations minimum que les voyageurs sont en droit d’attendre. Voici à cet usage une petite liste de “peut mieux faire” glanée au fil de l’été...



La politique touristique est une chose. La culture touristique en est une autre. On ne dira jamais assez l’importance du travail accompli par les professionnels de l’accueil, l’agence départementale Creuse Tourisme en tête, pour retourner l’image du département à son avantage. Il porte aujourd’hui ses fruits de façon éclatante.
 

Mais derrière toutes les plus belles campagnes de com’ et malgré la meilleure volonté du monde, la campagne creusoise, réelle, réserve encore quelques surprises aux touristes. Ces derniers ne demandent qu’à être “pris par la main” or les Creusois ne sont pas si tactiles. Il va falloir apprendre... 
 
 

 

1) Les panneaux indicateurs... ou pas

« Qu’est ce qu’on s’est perdu mais qu’est ce que c’est beau. » Tel est le refrain entendu à de multiples reprises notamment dans la vallée des peintres, à propos des directions et des sites pas toujours facile à trouver.

Les petites routes “où deux voitures ne peuvent pas se croiser” chantées par Gauvain Sers contribuent certes beaucoup au charme de la balade en Creuse... jusqu’au moment où elles énervent ! D’autant plus quand on ne peut compter sur un assistant de navigation parce que le réseau... ne passe pas.

Les Creusois ne s’en rendent peut-être pas compte mais tous les visiteurs le disent : ça manque de panneaux ! Ou alors ils sont en assez mauvais état. Ou alors ils répondent à une logique ésotérique. “Le Grand-B.” par exemple, ça signifie Le Grand-Bornand ?
2) Les chemins creux, un mythe ? 
 


Dans le même ordre d’idée, le fléchage de certains circuits rando n’est pas toujours à la hauteur des standards édictés par les fédérations sportives. Il y a le cas des chemins dont le tracé semble publique sur la carte IGN et qui sont en réalité obstrués ou “accaparés” sur le terrain... Vaste problématique agricole.

Il y a aussi le cas des tracés bien connus qui déçoivent : vraiment dommage d’avoir fait des coupes à blanc sur le GR de Pays cascades, landes et tourbière à Saint-Junien-la-Brégère... Vaste problématique forestière.

Il y a aussi, tout simplement, le poids des habitudes : même si les Creusois font la balade depuis leur plus tendre enfance, non le reste du monde n’est pas sensé connaître la combine pour monter au Rocher de la Fileuse face à Crozant. Ainsi le 1er juillet, l’Hôtel Lépinat devait se fendre d’une longue explication sur Facebook pour indiquer la marche à suivre...

3) L'aventure commence au téléphone

La fausse route peut aussi être téléphonique. Et c’est rédhibitoire car elle touche des visiteurs potentiels qui ne sont pas encore sur place et peuvent donc se décourager de venir. Pour la célèbre forteresse de Crozant par exemple, Google donne un numéro qui n’est plus utilisé, ou mis à jour : “site actuellement fermé au public jusqu’à... début avril 2020” dit le répondeur.
4) Un peu survendu

Communiquer c’est bien mais donner les bonnes informations derrière c’est mieux. Cela évite les déconvenues sur le terrain, de touristes qui s’étaient fait un film en regardant le magnifique reportage à la télé et qui n’en retrouvent pas grand chose une fois sur place. Vous savez comment sont les médias...

Oui, il faut faire beaucoup de voiture pour rejoindre les sites ; non, on ne peut pas tout faire à vélo ou traverser le département en kayak. Oui, la plupart des villages semblent désertés par les petits commerces ; non, il n’y a pas de petits producteurs qui vous attendent avec un chapeau de paille au bord des routes comme dans le Midi pour vous vendre quelques fruits...

Et pourtant ! L’émission Des Racines et des Ailes nous a bien fait passer du plateau de Millevaches à la vallée des peintres sans aucune transition. Elle a vanté ces petits producteurs. Et nous avons tous des images de voyage en kayak dans la tête... 
 
 


5) Bonjour le travail d'équipe...

Ici, les offices de tourisme se retrouvent en première ligne pour ramener les visiteurs dans le droit chemin et bien les conseiller. La plupart font ça avec abnégation mais il y a quelques couacs : ainsi par exemple ce vacancier qui s’est plaint d’avoir raté les Moutonnades à Bénévent parce que l’office où il s’était renseigné pour les animations ne lui avait rien indiqué sur les territoires adjacents. « Ils m’ont dit “on n’en sait rien, adressez-vous à Bénévent...”»

Un écueil qui souligne non seulement l’importance de la mise en réseau des différents territoires mais aussi de la professionnalisation de certains recrutements.
6) Ça dénote dans le paysage !

Etre plus professionnel dans l’accueil touristique passe aussi par une large prise de conscience dans la population locale (et leurs élus). Certes, la Creuse est d’abord un lieu de vie avant d’être un décor de vacances. Mais il y a quand même des choses qui font tâche sur la carte postale !

Par exemple : pourquoi une voiture vandalisée, à l’état d’épave, est restée à l’entrée de la cascade des Jarrauds une partie de l’été ? Le site emblématique de Saint-Martin-Château se serait bien passé d’un tel emblème ! (D’autant que les touristes venaient là en désespoir de cause après s’être cassé le nez au musée de l’électrification de Bourganeuf où une affiche fatiguée indique qu’il est fermé pour cause de travaux jusqu’aux calendes grecques.)
Cet été près du parking de la cascade des Jarrauds. Photo DR

A l’autre bout de la Creuse, l’accès aux plages du Grand-Guéret (anciennement les Trois lacs...) est lui aussi déconcertant : pour celle d’Anzème c’est direction le cimetière (!) et pour celle de Jouillat on traverse quasiment une cour de ferme. Deux plages deux ambiances en quelque sorte, si vous avez toujours envie de vous baigner...
7) Arrêtez donc ce point-à-temps

C’est justement autour des Trois lacs, alors que les routes étaient archi-fréquentées, que l’on a pu constater le retour du fameux point-à-temps en plein mois de juillet ! Cette technique qui consiste à mettre des “rustines” de gravillons là où la chaussée se dégrade est une spécialité bien creusoise.

Et elle semble s’effectuer, systématiquement, durant la saison touristique.

C’est peut être moins cher qu’un tapis de bitume mais c’est aussi moins beau. C’est surtout désagréable et, encore plus, dangereux. Notamment pour les belles carrosseries parisiennes et les deux roues, particulièrement nombreux cette année. On a vite fait de déraper dessus. Or en vacances, on n’a pas envie de ruiner son véhicule ni de rester crispé sur le volant ou le guidon ! Juste d’apprécier le paysage.
8) Des horaires à la creusoise

Le plus gros point de crispation qui fait dire aux visiteurs que les Creusois manquent encore de professionnalisme porte sans doute sur les horaires d’ouverture des commerces. Il n’y a rien de plus triste que d’être sur la lancée d’une belle visite, que l’on voudrait clore par un verre ou du shopping, et de trouver nulle part ou le faire.

C’est entre autres le cas à Aubusson. Ceux qui sortent ébahis de la Cité internationale de la tapisserie un lundi déchantent bien vite quand ils arrivent en ville.

Pareil au Moutier-d’Ahun ou à Fresselines, quand les seuls lieux pour se restaurer ont fermé. D’accord cela tient parfois à des raisons personnelles. Mais c’est plus largement un problème très rural que de ne pas mettre les horaires d’ouverture en adéquation avec le flux de visiteurs. Cela peut vite briser le charme et laisser une impression de trop peu.
9) Et on mange où ?

Et pour manger ? Au chapitre des hôtels-restaurants, on notera aussi les regrets d’estivants qui, dans la première quinzaine d’août, témoignaient sur l’impossibilité de trouver quelque chose à manger. Par exemple dans l’ouest creusois. Ok c’est dimanche mais aussi la haute saison.

Or il n’y avait aucun intermédiaire entre le gastro des Toques blanches ou du food truck. Dans un large périmètre, il on ne trouvait guère que l’Auberge des pêcheurs pour tenir la barre, à la Celle-Dunoise. Laquelle était du coup... archi-complète et refusait du monde. Une vraie double peine."

Floris Bressy
floris.bressy@centrefrance.com

vendredi 4 septembre 2020

Carlos Ruiz Zafón (1964-2020)






  "Chaque livre, chaque tome que tu vois, a une âme. L’âme de celui qui l’a écrit, et l’âme de ceux qui l’ont lu et ont vécu et ont rêvé avec lui". C’est par ce passage fondateur de L’Ombre du vent, premier volet de la tétralogie du Cimetière des livres oubliés, que l’éditeur catalan Planeta a révélé le décès de Carlos Ruiz Zafón, survenu dans sa ville d’adoption, Los Angeles, vendredi 19 juin.

  A 55 ans, le Catalan était devenu l’écrivain de langue espagnol le plus lu depuis… Cervantès. Et avait même intégré le Top 5 des écrivains les plus lus au monde. Son univers  entre roman populaire, polar fantastique et poésie était tout entier dévolu à la chose écrite, à la littérature, sans se préoccuper qu’elle soit grande ou petite.

  Cela intéressait peu Zafón, qui se ravissait d’être un auteur populaire, défendait les libraires et aborrhait les liseuses, ces engins froids et inertes. Son héros, Daniel Sempere, est d’ailleurs un libraire, fils de libraire, ami de bibliophiles, dont la mission, dans l’Espagne franquiste, est de sauver un livre qu’il aura choisi, gisant inanimé, là, dans les sous-sols de la ville, dans cette fameuse nécropole des écrits abandonnés, pour qu’il ne disparaisse pas à tout jamais.



  Barcelone, qui l’avait vu naître et dont il connaissait toutes les ruelles obscures pour les avoir parcourues enfant, alors qu’il étudiait chez les jésuites et portait les courriers de son père, un courtier en assurance peu porté sur les belles lettres. L’homme était doux, rond et charmant. A l’inverse des aventures retorses, aiguisées, mystérieuses qu’il faisait vivre à ses héros.

  Devenu écrivain à l’âge de 30 ans, avec la sortie du Prince de la brume, Zafón avait tourné le dos à sa carrière de publicitaire et de scénariste pour se consacrer à la littérature.

  Avec ses héros au passé enfoui, ses spectres de l’histoire récente, son écriture cinématographique et sa noble ambition, ce fou de jazz y a réussi au-delà de toutes espérances. "Le monde n’est que le miroir des hommes qui le composent, écrivait-il dans son ultime livre, le Labyrinthe des esprits. Si les livres parlaient, il n’y aurait pas autant de sourds". Une épigraphe qui résonne, aujourd’hui, comme une sombre admonition.
 
  De toute la production littéraire de Zafòn j'ai une prédilection pour la tétralogie du "Cimetière des livres oubliés" que je conseillerais aux lecteurs qui souhaiteraient découvrir son oeuvre.
 
 



le cimetière des livres oubliés 1
 
l'ombre du vent


   Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, "ville des prodiges" marquée par la défaite, la vie est difficile, les haines rôdent toujours.
Un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés.

   L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y "adopter" un volume parmi des centaines de milliers.

   Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets enterrés dans l'âme de la ville : L'Ombre du Vent.
 
 

le cimetière des livres oubliés 2
 
Le jeu de l'ange


   Dans la turbulente Barcelone des années 1920, David, un jeune écrivain hanté par un amour impossible, reçoit l'offre inespérée d'un mystérieux éditeur : écrire un livre comme il n'en a jamais existé, "une histoire pour laquelle les hommes seraient capables de vivre et de mourir, de tuer et d'être tués", en échange d'une fortune et, peut-être, de beaucoup plus.

   Du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique de destruction se met en place autour de lui, menaçant les êtres qu'il aime le plus au monde. En moyennant son talent d'écrivain, David aurait-il vendu son âme au diable ?

"



le cimetière des livres oubliés 3

le prisonnier du ciel
 

  Barcelone, Noël 1957. À la librairie Sempere, un inquiétant personnage achète un exemplaire du Comte de Monte Cristo. Puis il l'offre à Fermín, accompagné d'une menaçante dédicace. La vie de Fermín vole alors en éclats.

   Qui est cet inconnu ? De quels abîmes du passé surgit-il ? Interrogé par Daniel, Fermín révèle ce qu'il a toujours caché.
La terrible prison de Montjuïc en 1939. Une poignée d'hommes condamnés à mourir lentement dans cette antichambre de l'enfer. Parmi eux Fermín et David Martín, l'auteur de La Ville des maudits. Une évasion prodigieuse et un objet volé.

  Dix-huit ans plus tard, quelqu'un crie vengeance. Des mensonges enfouis refont surface, des ombres oubliées se mettent en mouvement, la peur et la haine rôdent.

Foisonnant de suspense et d'émotion, Le Prisonnier du ciel nous rapproche pas à pas de l'énigme cachée au cœur du Cimetière des Livres oubli.





le cimetière des livres oubliés 4

Le labyrinthe des esprits

   Dans la Barcelone franquiste des années de plomb, la disparition d'un ministre déchaîne une cascade d'assassinats, de représailles et de mystères. Mais pour contrer la censure, la propagande et la terreur, la jeune Alicia Gris, tout droit sortie des entrailles de ce régime nauséabond, est habile à se jouer des miroirs et des masques.
   Son enquête l'amène à croiser la route du libraire Daniel Sempere. Il n'est plus ce petit garçon qui trouva un jour dans les travées du Cimetière des Livres oubliés l'ouvrage qui allait changer sa vie, mais un adulte au coeur empli de tristesse et de colère. Le silence qui entoure la mort de sa mère a ouvert dans son âme un abîme dont ni son épouse Bea, ni son jeune fils Juliàn, ni son fidèle compagnon Fermin ne parviennent à le tirer.
   En compagnie d'Alicia, tous les membres du clan Sempere affrontent la vérité sur l'histoire secrète de leur famille et, quel qu'en soit le prix à payer, voguent vers l'accomplissement de leur destin. Erudition, maîtrise et profondeur sont la marque de ce roman qui gronde de passions, d'intrigues et d'aventures. Un formidable hommage à la littérature.
 
 

 


  Ce guide de Barcelone invite le lecteur-voyageur à explorer, l'univers et les lieux évoqués dans L'ombre du vent.
Des extraits du roman, des photos, des détails historiques et touristiques (bus, métro, bars, restaurants, musées) et les commentaires de l'auteur nous mènent avenue du Tibidabo où vivent les Aldaya, Carrer Joaqufn Costa où habite Fermin Romero de Torres, Carrer de Santa Anna, chez les Semperes... Nous flânons en compagnie d'un ami qui connaît la ville et nous en livre les secrets. Nous retrouvons la librairie, les cafés, les églises... et qui sait, le Cimetière des Livres Oubliés !