vendredi 11 septembre 2020

Neuf choses qui nous ont énervés en Creuse cet été





  Floris Bressy à publié dans la Montagne un bel article sur "le boom du tourisme en Creuse", ce qui pouvait que nous réjouir dans la période difficile que nous traversons.
 
  j'habite en Creuse depuis maintenant six ans et j'ai pu constater au fil du temps que ce que déplore Floris Bressy est hélas "monnaie" courante" dans le département : Les informations touristiques sur le net sont rarement voire jamais misent à jour pour informer correctement les visiteurs. La signalisation routière est des plus aléatoires. Cet été, trouver le numéro du restaurant de la base nautique de Jouillat fut un véritable chemin de croix.    
  J'ai eu l'occasion de croiser plusieurs dimanches bien des touristes sortant du musée de la tapisserie à Aubusson à la recherche d'un restaurant, découvrant une ville quasi morte, ce qui est rédhibitoire pour inciter les touristes à y revenir. Sans omettre les lundis qui rendent la ville fantôme comme dans les westerns.
 
 Mais laissons Floris Bressy nous narrer avec justesse ces désagréments.
 
 


"La Creuse a connu un boum touristique durant l’été post-confinement. Ceci étant dit, la destination doit encore trouver le juste équilibre entre ce goût de l’authentique un peu facile et un niveau de prestations minimum que les voyageurs sont en droit d’attendre. Voici à cet usage une petite liste de “peut mieux faire” glanée au fil de l’été...



La politique touristique est une chose. La culture touristique en est une autre. On ne dira jamais assez l’importance du travail accompli par les professionnels de l’accueil, l’agence départementale Creuse Tourisme en tête, pour retourner l’image du département à son avantage. Il porte aujourd’hui ses fruits de façon éclatante.
 

Mais derrière toutes les plus belles campagnes de com’ et malgré la meilleure volonté du monde, la campagne creusoise, réelle, réserve encore quelques surprises aux touristes. Ces derniers ne demandent qu’à être “pris par la main” or les Creusois ne sont pas si tactiles. Il va falloir apprendre... 
 
 

 

1) Les panneaux indicateurs... ou pas

« Qu’est ce qu’on s’est perdu mais qu’est ce que c’est beau. » Tel est le refrain entendu à de multiples reprises notamment dans la vallée des peintres, à propos des directions et des sites pas toujours facile à trouver.

Les petites routes “où deux voitures ne peuvent pas se croiser” chantées par Gauvain Sers contribuent certes beaucoup au charme de la balade en Creuse... jusqu’au moment où elles énervent ! D’autant plus quand on ne peut compter sur un assistant de navigation parce que le réseau... ne passe pas.

Les Creusois ne s’en rendent peut-être pas compte mais tous les visiteurs le disent : ça manque de panneaux ! Ou alors ils sont en assez mauvais état. Ou alors ils répondent à une logique ésotérique. “Le Grand-B.” par exemple, ça signifie Le Grand-Bornand ?
2) Les chemins creux, un mythe ? 
 


Dans le même ordre d’idée, le fléchage de certains circuits rando n’est pas toujours à la hauteur des standards édictés par les fédérations sportives. Il y a le cas des chemins dont le tracé semble publique sur la carte IGN et qui sont en réalité obstrués ou “accaparés” sur le terrain... Vaste problématique agricole.

Il y a aussi le cas des tracés bien connus qui déçoivent : vraiment dommage d’avoir fait des coupes à blanc sur le GR de Pays cascades, landes et tourbière à Saint-Junien-la-Brégère... Vaste problématique forestière.

Il y a aussi, tout simplement, le poids des habitudes : même si les Creusois font la balade depuis leur plus tendre enfance, non le reste du monde n’est pas sensé connaître la combine pour monter au Rocher de la Fileuse face à Crozant. Ainsi le 1er juillet, l’Hôtel Lépinat devait se fendre d’une longue explication sur Facebook pour indiquer la marche à suivre...

3) L'aventure commence au téléphone

La fausse route peut aussi être téléphonique. Et c’est rédhibitoire car elle touche des visiteurs potentiels qui ne sont pas encore sur place et peuvent donc se décourager de venir. Pour la célèbre forteresse de Crozant par exemple, Google donne un numéro qui n’est plus utilisé, ou mis à jour : “site actuellement fermé au public jusqu’à... début avril 2020” dit le répondeur.
4) Un peu survendu

Communiquer c’est bien mais donner les bonnes informations derrière c’est mieux. Cela évite les déconvenues sur le terrain, de touristes qui s’étaient fait un film en regardant le magnifique reportage à la télé et qui n’en retrouvent pas grand chose une fois sur place. Vous savez comment sont les médias...

Oui, il faut faire beaucoup de voiture pour rejoindre les sites ; non, on ne peut pas tout faire à vélo ou traverser le département en kayak. Oui, la plupart des villages semblent désertés par les petits commerces ; non, il n’y a pas de petits producteurs qui vous attendent avec un chapeau de paille au bord des routes comme dans le Midi pour vous vendre quelques fruits...

Et pourtant ! L’émission Des Racines et des Ailes nous a bien fait passer du plateau de Millevaches à la vallée des peintres sans aucune transition. Elle a vanté ces petits producteurs. Et nous avons tous des images de voyage en kayak dans la tête... 
 
 


5) Bonjour le travail d'équipe...

Ici, les offices de tourisme se retrouvent en première ligne pour ramener les visiteurs dans le droit chemin et bien les conseiller. La plupart font ça avec abnégation mais il y a quelques couacs : ainsi par exemple ce vacancier qui s’est plaint d’avoir raté les Moutonnades à Bénévent parce que l’office où il s’était renseigné pour les animations ne lui avait rien indiqué sur les territoires adjacents. « Ils m’ont dit “on n’en sait rien, adressez-vous à Bénévent...”»

Un écueil qui souligne non seulement l’importance de la mise en réseau des différents territoires mais aussi de la professionnalisation de certains recrutements.
6) Ça dénote dans le paysage !

Etre plus professionnel dans l’accueil touristique passe aussi par une large prise de conscience dans la population locale (et leurs élus). Certes, la Creuse est d’abord un lieu de vie avant d’être un décor de vacances. Mais il y a quand même des choses qui font tâche sur la carte postale !

Par exemple : pourquoi une voiture vandalisée, à l’état d’épave, est restée à l’entrée de la cascade des Jarrauds une partie de l’été ? Le site emblématique de Saint-Martin-Château se serait bien passé d’un tel emblème ! (D’autant que les touristes venaient là en désespoir de cause après s’être cassé le nez au musée de l’électrification de Bourganeuf où une affiche fatiguée indique qu’il est fermé pour cause de travaux jusqu’aux calendes grecques.)
Cet été près du parking de la cascade des Jarrauds. Photo DR

A l’autre bout de la Creuse, l’accès aux plages du Grand-Guéret (anciennement les Trois lacs...) est lui aussi déconcertant : pour celle d’Anzème c’est direction le cimetière (!) et pour celle de Jouillat on traverse quasiment une cour de ferme. Deux plages deux ambiances en quelque sorte, si vous avez toujours envie de vous baigner...
7) Arrêtez donc ce point-à-temps

C’est justement autour des Trois lacs, alors que les routes étaient archi-fréquentées, que l’on a pu constater le retour du fameux point-à-temps en plein mois de juillet ! Cette technique qui consiste à mettre des “rustines” de gravillons là où la chaussée se dégrade est une spécialité bien creusoise.

Et elle semble s’effectuer, systématiquement, durant la saison touristique.

C’est peut être moins cher qu’un tapis de bitume mais c’est aussi moins beau. C’est surtout désagréable et, encore plus, dangereux. Notamment pour les belles carrosseries parisiennes et les deux roues, particulièrement nombreux cette année. On a vite fait de déraper dessus. Or en vacances, on n’a pas envie de ruiner son véhicule ni de rester crispé sur le volant ou le guidon ! Juste d’apprécier le paysage.
8) Des horaires à la creusoise

Le plus gros point de crispation qui fait dire aux visiteurs que les Creusois manquent encore de professionnalisme porte sans doute sur les horaires d’ouverture des commerces. Il n’y a rien de plus triste que d’être sur la lancée d’une belle visite, que l’on voudrait clore par un verre ou du shopping, et de trouver nulle part ou le faire.

C’est entre autres le cas à Aubusson. Ceux qui sortent ébahis de la Cité internationale de la tapisserie un lundi déchantent bien vite quand ils arrivent en ville.

Pareil au Moutier-d’Ahun ou à Fresselines, quand les seuls lieux pour se restaurer ont fermé. D’accord cela tient parfois à des raisons personnelles. Mais c’est plus largement un problème très rural que de ne pas mettre les horaires d’ouverture en adéquation avec le flux de visiteurs. Cela peut vite briser le charme et laisser une impression de trop peu.
9) Et on mange où ?

Et pour manger ? Au chapitre des hôtels-restaurants, on notera aussi les regrets d’estivants qui, dans la première quinzaine d’août, témoignaient sur l’impossibilité de trouver quelque chose à manger. Par exemple dans l’ouest creusois. Ok c’est dimanche mais aussi la haute saison.

Or il n’y avait aucun intermédiaire entre le gastro des Toques blanches ou du food truck. Dans un large périmètre, il on ne trouvait guère que l’Auberge des pêcheurs pour tenir la barre, à la Celle-Dunoise. Laquelle était du coup... archi-complète et refusait du monde. Une vraie double peine."

Floris Bressy
floris.bressy@centrefrance.com

Aucun commentaire: