lundi 22 juillet 2013

Louise Patin

                                            
 
 
Une grille, une allée de jardin et une maison sans étage, rue d’Odessa. Une maison discrète et simple comme celle qui l’habitait. Madame Patin, femme étonnamment bonne et douce. Madame Patin était ma marraine. Elle vivait seule avec ses enfants, deux filles et un garçon de l’âge de mes aînés. Je lui rendais visite chaque jeudi. Parfois, elle m’invitait à déjeuner et nous faisions une adorable dinette tous les deux dans un décor feutré. Au dessert, j’avais droit à de savoureux œufs à la neige que je dégustais sous l’œil d’un monsieur dans son cadre posé sur le buffet. Rester ainsi depuis des années dans son cadre sur le buffet lui donnait un air un peu triste. En me régalant des œufs à la neige de ma marraine, je songeais que moi aussi j’aurais fini par avoir l’air triste à rester bien sagement dans mon cadre. A l’emplacement de ce qui était la maison de madame Louise Patin se tient un grand pavillon à l’air triste entourée d’un cadre de briques rouges.

jeudi 18 juillet 2013

Sanseverino Honky Tonk



Un débit mitraillette à la Boby Lapointe, ses jeux de mots, son ton sautillant et enjoué... Pour tout cela, on aime vraiment bien Sanseverino. Réflexion injuste ? Un peu. Après le jazz manouche, l'épopée big band, l'immersion country, le voici qui endosse l'habit d'un vieux chanteur de bluegrass — passion d'adolescence, paraît-il. D'ailleurs, il le fait bien : les musiciens maîtrisent parfaitement l'exercice, comme tout droit issus de ces ambiances d'avant et d'après guerre, très américaines. Reste que ce cinquième album s'inscrit dans la même ligne que les précédents : celui d'un joyeux recyclage musical, concocté par un chanteur qui manie le swing et la dérision.








vendredi 5 juillet 2013

Creusekistan 1ère édtion 22 & 23 juin 2013



l'association Creusekistan à organisé les 22 et 23 juin son premier rallye de véhicules anciens, fort logiquement appelé Creusekistan Classic. Cette épreuve de régularité disputée sur route ouverte a rassemblé des pilotes et voitures de légende dans des lieux qui ne le sont pas moins.

Quelques voitures participantes photographiées lors de leur passage à Ahun.

Cliquez sur les images pour les agrandir





















En rentrant à la maison, j'apprends que les véhicules du Rallye des Mille Sources organisé le même week-end passaient dans le village de La Charse. Il était bien tard, certes, mais j'ai pu capter les derniers conccurents.
















jeudi 4 juillet 2013

Monsieur Blanchard





Sur cette photo, au deuxième rangs, la troisième personne en partant de la gauche, celle avec les bras croisés, est monsieur Blanchard. Il eu été plus simple que je l'appelle par son prénom. Durant toutes ces années de mon enfance, je n’entends pas mon père l’appeler autrement que par son prénom.  Pourtant je  ne parviens pas à m’en souvenir. Juste son nom : monsieur Blanchard.
 Monsieur Blanchard fut l’un des collègues de mon père au Bronze Industriel rue de Paris à Pantin.  Son  nom me revient comme celui de messieurs Martin, Bobasse et Loiseau. Monsieur Blanchard fut aussi le compagnon de sport de mon père chaque dimanche à Vincennes où Ils allaient courir ensemble. J’ai entendu bien des moqueries, jamais bien méchantes, à son encontre. Il était le seul à désirer un steak alors que tout le monde choisissait des fruits de mer lors d’un séjour en côte normande. Il était le seul à craindre que la race canine ne vienne mordre son cadavre en cas d’attaque des joggers. Il était le seul à ne pas aimer les clowns et les lions de la famille Pinder, lorsqu’il lui fut proposé de se rendre au cirque de Navacelles.
Il fut le seul à faire mille kilomètres dans la nuit pour assister aux obsèques de son ami, mon père avant de rentrer aussi vite qu'il était venu reprendre sa place. Merci monsieur Blanchard.

mardi 2 juillet 2013

Zoufris Maracas



Rencontrés dans le métro samedi dernier à Colonel Fabien, les Zoufris Maracas nous ont enchantés jusqu'à Pigalle où hélas je descendais et eux aussi.

Les Zoufris Maracas tirent leur nom de ces ouvriers algériens venus travailler en France dans la seconde moitié du XXe siècle. Des hommes en bleu de chauffe, coiffés d’un casque de chantier, vivant dans le souvenir sublimé de leur terre natale. La solitude aidant, le terme est devenu synonyme de « célibataires »… Vin’s et Micho, fondateurs des Zoufris Maracas, la trentaine sombre et mordante, vivent eux aussi en exil : au sein de leur propre pays, rendu méconnaissable par les « dieux du pétrole et de l’emploi ».




Vin’s et Micho se sont rencontrés autour d’une partie de flipper à l’âge de quinze ans, à Sète, dans le sud de la France. Mettant vite entre parenthèse leur vie universitaire, les deux amis s’embarquent pour l’Afrique de l’Ouest. Du Niger au Mali en passant par le Burkina Faso, ils montent une association pour soutenir le cinéma itinérant. Vin’s et Micho font l’« école du Sahel », où les riens sont essentiels. Ils apprennent à se méfier du «paternalisme destructeur» des ONG occidentales, qui se comportent le plus souvent comme des éléphants dans la porcelaine des traditions. Entre deux tournées de brousse, pour se distraire, ils chantent du Brassens ou du Brel sur une guitare à quatre cordes. « Une guitare à quatre cordes, expliquent-ils, c’est une guitare à six cordes qu’on n’a pas eu le temps de réparer… »




De retour en France, Vin’s achève ses études de géographie, puis s’engage au sein de Greenpeace. Un travail qui consiste à recruter des adhérents dans la rue. Il alpague les passants sur les trottoirs de Marseille, de Montpellier ou encore du Luxembourg. Micho, quant à lui, part vivre avec sa petite amie au Mexique. Une séparation qui n’entame en rien leur révolte contre le « bonheur synthétique » de l’Occident et la fébrilité aveugle de leurs contemporains. Vin’s, se retrouvant bientôt sans emploi à Toulouse, commence à composer quelques morceaux à la guitare. Des « odes à l’oisiveté » dans le grand désert hexagonal. Il a le sentiment d’avoir relevé un défi : dix chansons en six mois de chômage…




Les deux amis se rejoignent à Paris en 2007, les finances au plus bas. Ils décident de faire la manche sur les terrasses de Montmartre : Micho à la guitare, Vin’s aux claves. L’hiver les conduira dans le métro. Lignes de prédilection : la 2 et la 13. « Au début, on essaie de vaincre sa timidité, confie Vin’s. Il y a des “rames à blanc”, et d’autres qui applaudissent. La manche génère un contact improvisé et direct avec le public : pas de place pour la triche. » Les Parisiens découvrent les cantilènes acides des Zoufris Maracas, qui dénoncent haut et fort le « manque de bruit, d’idée, d’envie… » En cinq ans de manche, Vin’s se voit gratifié de 5 000 € d’amendes par la RATP. Le « musicien clandestin » n’a pas les moyens de payer : la régie devra se résoudre à échelonner ses dettes sur vingt ans, jusqu’en 2029. Une note pleine d’avenir…




La manche est aussi l’espace des hasards fulgurants et des rapprochements soudains. En 2008, ils rencontrent ainsi Titi, figure de l’underground parisien qui leur propose de participer à un festival dans les bars de la capitale. C’est à cette occasion que Julio, producteur indépendant, les remarque. Il les présente à son tour à François Causse, réalisateur, arrangeur et batteur avec lequel les Zoufris Maracas font leurs débuts en studio. Parallèlement, en 2010, le groupe La Rue Kétanou les invite pour la première fois à monter sur scène. Le public plébiscite cette « poésie de l’insoumission », emmenée par des rythmes à mi-chemin entre la chanson française, le zouk ou encore la rumba congolaise. D’une rencontre à l’autre, ils enchaînent les festivals : Sur les pointes à Vitry-sur-Seine, La Fête de l’Huma à la Courneuve, et même Les Bambous libres sur l’île de La Réunion. Entre temps, la formation s’est étoffée : outre Vin’s et Micho, François Causse s’installe à la batterie, Brice à la trompette et Mike à la guitare manouche.




En juillet 2011, le label Chapter Two appose sa griffe sur leur premier single, Et ta mère, avant la sortie d’un six-titres à l’automne et d’un album début 2012. Autant d’opus qui renforcent la ligne de fuite des Zoufris Maracas : loin du monde des Taser, des champs stériles et de l’amour taillé à la hache. Mais le groupe, dans le sillage des « clochards célestes », entretient toujours une méfiance instinctive face au succès. Dès que l’occasion se présente, les Zoufris Maracas redescendent dans la rue pour faire la manche. « Sans doute une déformation professionnelle, précise Vin’s. Peu importe le flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse… »