vendredi 8 août 2008

La photo de Willy Ronis

Rue Simon Bolivar. Copyright Willy Ronis 1950
"Cette photo, je l’ai faite en 1950. J’étais là, dans cet escalier, j’attendais quelque chose, parce que je voulais qu’il y ait un peu de monde qui passe. À un moment donné, j’entends une voix de femme derrière moi, qui parlait à son enfant, qu’elle tenait dans ses bras. J’ai attendu qu’elle me dépasse, et miracle, miracle qui arrive quelquefois dans la photographie : quand elle est arrivée en bas, est passé cet attelage étonnant - car même en 1950 il n’y avait plus tellement d’attelages avec des chevaux. Et ce qui est amusant, c’est qu’il y a en même temps cet ouvrier municipal, qui en train de réparer ses feux tricolores, et des femmes qui promènent leurs enfants dans des poussettes derrière. Et puis le petit cordonnier qui parle avec le client. Et le petit chat noir, en bas de l’escalier. C'est une photo pleines d'histoires." Willy Ronis
Rue Simon Bolivar. Copyright Papou 2007
"Cette photo, je l’ai faite en 2007. J’étais là, dans cet escalier assis sur les marches de cette photo célèbre de Willy Ronis. j’attendais quelque chose, parce que je voulais qu’il y ait au moins une personne qui passe. À un moment donné, j’entends quelqu’un descendre derrière moi en sifflotant. J’ai attendu qu'elle me dépasse, et quand elle est arrivée en bas, j’ai imaginé que cette personne qui sifflotait était l'un des petits enfants de cette maman qui à l'époque portait alors dans ses bras. Ce qui est amusant, c’est que depuis 1950 les ouvriers de la voirie n’ont pas refait la chaussée. Le feu tricolore nous tire une gracieuse révérence. Le cordonnier à fermé ses portes et le petit chat est mort. A sa manière c’est aussi une photo pleine d’histoires !" Papou

mardi 5 août 2008

Une journée de Papou Denissovitch

Nous en étions au générique de fin du film documentaire sur les Camps de Travail mis en place par notre bon Président, lorsque l’huis ébranlé à grands coups de poings me tira de ma torpeur et me plongea dans la plus profonde consternation. Qui donc à cette heure indue cherchait vigoureusement à dégonder ma porte ? Je jetais un œil au judas tandis que les poings tambourinaient avec autant de vigueur que de passion. Trois masses informes obstruaient le couloir. Des masses casquées et armées jusqu’aux dents. Je reconnus l’uniforme des Triplepets : Police Politique du Président. Mes trois lascars arborant en prime le brassard orange de la PRUT Police de Répression Urbaine Territoriale, la branche dure de la PPP. J’entrebâillais ma porte, derechef enfoncée par un grand Triplepet d’au moins deux mètres et j’allais dinguer en slip kangourou au beau milieu du couloir où se tenaient mon épouse et les chats terrorisés. Je portais la main à mon nez douloureux tout poisseux de sang. – « Mais vous n’avez pas le droit ! » hurlais je terrifié par l’abondance de sang sur le linoléum. Une mandale appliquée avec soin me coupa la parole. Un triplepet gradé, visiblement le chef, s’approcha de moi exécuta une génuflexion et me tandis une photo. – « C’est vous ?». La photo n’était pas très bonne, mal cadrée, légèrement floue, un rien jaunie. J’en fis part à mon interlocuteur. Une mandale un chouia plus consistant que la précédente me fit comprendre que la réponse n’était pas celle escomptée. Je marchais sur mes lunettes, en chaussais les débris et de l’œil droit entre la graisse et les brisures de verre je me reconnus. Je devais avoir dans les dix, douze ans, la tronche comme un cake aux cerises, une paire de lunettes, certes hideuses mais complètes, et le chef coiffé d’une casquette écossaise à pompon. C’est bien simple on ne voyait qu’elle. – « C’est vous, Papou Denissovitch ? » Réitéra le Triplepet. Comment avaient-ils pu se procurer cette photographie des années 60 ? J’avais depuis longtemps brûlé toutes les pièces d’un passé peu glorieux. A L’évidence il en restait encore quelques traces. Sincèrement, je pouvais encore dire non. A part moi, et encore, personne ne me reconnaîtrait. Une poigne vigoureuse exercée sur les couilles du kangourou m’arracha un oui porcin. – « Embarquez-le ! » gronda le Triplepet en chef. Je fus entraîné sans ménagement dans les escaliers accompagnés par les cris de ma femme tout au long de ma descente. Elle réitéra cet exercice vocal depuis la fenêtre. Tout l’immeuble assistait au spectacle. Du moins je le présume car encagoulé je ne voyais rien. – « Ils ont encore eu un de ces salauds ! » cria quelqu’un. - « A mort ! » hurla un autre. - « Casse-toi, pauv’ con ! » brama un supporter du camp de notre bon Président. Et soudain une partie de la foule hystérique se mit à hurler couvrant ainsi les cris indignés de mon épouse – « Casse-toi, pauv’ con ! Casse-toi pauv’ con ! Casse-toi, pauv’ con ! .» Jeté dans le fourgon, bourré de coups je m’évanouis tandis que celui-ci démarrait en trombe sous les huées de la foule.
Visiblement le type était mal à l’aise. Peut-être les zébrures violettes sur mon corps jaune. A moins que ce ne soient les taches rouges sur le kangourou gris clair. L’un des Triplepets présents pour l’entrevue me désigna une chaise. Le type prit place face à moi derrière une petite table carrée. –« Vous êtes avocat ? Vous êtes venu pour ma défense ? Pouvez-vous me dire ce que je fais ici ? ». On fit sortir le type. Les Triplepets me rouèrent de coups. Quand le type revint il s’assit sans m’accorder le moindre regard. Je devais être juste un peu plus violet. Pas vraiment de quoi en faire une histoire. Par contre même en machine à 90° le slip était irrécupérable. Un slip de martyr. Un collector. Le type se racla la gorge. –« J’ai été désigné par les Autorités Judiciaires afin de vous signifier votre transfert dès demain au TPI à la Haye pour y être jugé pour Crimes contre l’humanité. » – « Crimes contre l’humanité ! Mais vous êtes dingue ! J’ai rien fait! J’ai jamais rien fait à personne ! J’ai même pas poussé ma mère dans les escaliers quand j’étais petit alors que j’en avais vachement envie ! Elle, alors là oui, vous auriez pu la juger pour Crimes contre mon humanité… ! » Et pif ! Et vlan ! Et paf ! Des trois Triplepets présents chacun y alla de sa rengaine. Il n’y avait qu’à fermer sa gueule. Le type fit glisser sur la table un paquet. – « Une tenue descente pour le Tribunal. »
Le train était bondé. Fallait-il aimer les tulipes et la Hollande. Poussez au cul par les Triplepets, j’ai dû jouer des coudes pour monter dans le wagon. La joyeuse bande d’occupants ne sentait ni la rose ni la tulipe. L’apprêt du costar ruiné en quelques secondes j’allais être d’un chic au tribunal. On était tous de la même tranche d’âge coiffé de l’affreuse casquette à pompon et d’un costard visiblement trop étroit. – « Vous êtes-là pour quoi ? » j’ai osé. De partout une même réponse : Crimes contre l’humanité. Je me suis senti moins seul. La casquette devait y être pour beaucoup. Le voyage était un peu long. Encombrés comme l’étaient les wagons à bestiaux, le service minibar avait été annulé. On a donc voyagé debout dans le noir les uns dans les autres dans un affreux remugle de pets et de sueur avec nos envies de pipis et de pot pots contrariés. A l’arrivée l’odeur était épouvantable. J’ai constaté que je n’étais pas le seul à m’être souillé le costard. -« La Haye sous la pluie n’a plus la même nostalgie d’antan.» J’ai opiné du chef à ce verdict poète en aspirant une goulée d’air. Dans les tribunes du stade où nous marinions depuis plusieurs heures sous la pluie, j’ai répondu à l’appel de mon nom pour me retrouvé en plein cœur du Tribunal.
Debout sous les regards de l’assistance j’ai dû décliner nom, prénom, âge et qualité avant d’écouter le Procureur général glapir les chefs d’accusations pour Crime contre l’humanité sans vraiment n’en rien comprendre –« Que plaidez-vous ? » me demanda le Président à l’issue de cette fastidieuse lecture. « Oubaple… » me susurra tête basse l’avocat commis d’office. « Hein ? » j’ai couiné. Rappelé à l’ordre d’une dextre virile de Triplepet j’ai lâché le « oubaple » tant attendu. «Comment ?» a grondé le Président. « Veuillez répétez nous n’y entendons rien !». « Oubaple ! » j’ai dit. Le Procureur se tourna alors vers la Cour. –« Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs de la Cour. Voici une de ces fortes têtes réfractaires doublée d’une tête de cochon que le Tribunal devra faire ployer avec force et détermination. » il s’adressa ensuite à moi. « Reconnaissez-vous au moins les faits ? ». Je niais. Il émit un petit rire sardonique. « Faites-nous croire aussi que ce n’est point vous à l’époque des faits sur cette photo?» Ma tronche boutonneuse et casquettée s’afficha sur écran géant. A la stupeur générale céda une rumeur. Il y eut même quelques cris. La preuve irréfutable était faite. On dû évacuer deux femmes évanouis. –« Est-ce vous ou n’est-ce pas vous ? » -« Je ne sais pas comment vous vous êtes procuré ce document, mais il me semble bien que l’individu légèrement flou projeté sur l’écran, en dépit de la qualité médiocre du tirage, je le répète, tend à me ressembler lorsque j’avais l’âge de douze ans.» - « Voilà déjà un fait. Le lascar acnéique à l’écran et l’accusé ne font qu’un. Et dites-moi en cet âge déjà avancé où toute personne normalement constituée est doteé d’un cerveau et d’une once d’intelligence, vous est-il venu à l’esprit de lire un certain Hergé ? – « Hergé ? L’auteur de Tintin. Ben ouis je les avais tous ! » - « l’accusé reconnais donc les faits, il les avait tous. » Il y eut un immense brouhaha dans la salle. Le Président usa de son marteau. - « Silence ou je fais évacuer la salle ! » - « Ma mère avait tout foutu à la poubelle… » clâmais-je - « Ingénieuse femme se débarrassant des preuves pouvant accabler son enfant » - « Rien du tout. C’est pour me faire chier quelle a tout balancé à la poubelle. Quand j’ai lu celles de mon fils…. » - « La Cour appréciera. Non content de les lire il a fallu aussi qu’il diffuse au cœur de la jeune France cette littérature on ne peut plus pernicieuse et dangereuse» - « Mais il est dingue cet homme là ! Un hystérique§ Un acharné ! » Le Triplepet usa à nouveau de sa dextre pour m’intimer un minimum de respect à l’égard du tribunal. -.« En les relisant j’ai constaté que des planches entières avaient été redessinées par l’auteur lui-même afin de mieux coller à l’actualité.» - « Une forme de révisionnisme en quelque sorte. Et quelles genres de différences avez-vous constaté ? » - « Dans Tintin au Congo, par exemple… » -« Comme par hasard » - « Ben dans Tintin au Congo ce n’est plus une leçon de géographie sur la Belgique la mère patrie que Tintin donne à ses élèves, mais une leçon de calculs… » - « Et à l’époque cela ne vous a pas choqué qu’il invite de petits congolais innocents à s’interesser à leur mère patrie, comme vous dites, la Belgique ? » - « Ben à l’époque, le Congo était encore belge, non ? » - « Une colonie belge, oui ! Et vous vous repaissiez de cette littérature raciste en dégustant des têtes de nègres, sans doute, ou des congolais ! » - « Vous voulez parler de la meringue aux pépites de chocolat ? C’était vachement bon et tout le monde appelait ça une tête de nègre, alors pourquoi j’aurais été différents des autres !» - « C’est ce que clamaient les Nazis à Nuremberg… Et les congolais vous ne pouviez pas appelez cela des rochers à la noix de coco ? » - « Si c’était marqué congolais je n’allais pas commander à la boulangère des rochers à la noix de coco, tout de même ! » - « Toujours une répartie mais aucun regrets dans la bouche du condamné, une sorte de fatalité et de condescendance issue du monde colonialiste et raciste ambiant, déviant et pernicieux. La Cour appréciera. Mais il y a plus grave… » - « Plus grave que de de lire Tintin et manger des têtes de nègres ? Dans l’état actuel des choses, franchement je ne vois pas, à part tuer ses parents et les manger avec une Béchamelle… » - « Je vous prierais de ne pas faire le malin ! Et le fameux slogan Y’abon ! Signe de ralliement de la jeunesse fasciste, raciste et colonialiste à laquelle vous apparteniez et dont vous êtes assurement un nostalgique ! » - « Ah bon ! » – « Pas Ah bon ! mais Y’abon…Y’abon comment…? » -« Ben Y’abon Banania » « J’aime vous l’entendre dire. Et reconnaissez-vous en avoir consommé durant cette période ? » - Ben ! Oui ! Pourquoi c’est pas un crime que de boire du cacao ? » - « Du cacao, certes non. Nombre d’enfants en boivent chaque matin avant d’affronter les dures épreuves de la journée. Mais pas comme vous qui avez usé d’une consommation outrancière de Banania ainsi que tous les individus louches et sans scrupules de votre génération.» - « Elle est bonne celle-là, un Tintin, une tête de Nègre du Banania et hop ! vingt ans de prison ! Vous y allez un peu forts, tous ! » - « Nous y voila ! » hurla le Procureur. » un index vengeur pointé vers moi. « Et vous remarquerez, Monsieur le Président, qu’il n’est pas fait mention d’autres marques de produits cacaoté Poulain, Nestlé, Van Houten pour ne citer que les plus connus. » -« Vous avez oublié Nesquick ! » fis-je remarqué. – « Monsieur fait l’insolent, mais je vous prie de croire que tout ceci va vous coûter, cher. Très cher ! Pouvez-vous expliquez à la Cour pourquoi du Banania ? » - « Pourquoi. Est-ce que j’en sais moi. C’était bon. Il y avait de la banane dedans pour me donner des forces et le monsieur était rigolo…. » - « Le monsieur rigolo ? Vous voulez certaienement parler du sénégalais sur la boite…. » -« Qué sénégalais ? Ah oui, le tirailleur hilare. Ben je le trouvais vraiment sympa. C’est vrai qu’il a une bonne gueule… » - «Taisez-vous insolent ! Savez-vous que la naissance de Banania remonte à 1914 alors que nos pauvres tirailleurs se faisaient trouer la peau afin de sauver la République ? » - « Vous savez moi qui suis né en 1952, la guerre de 14 c’est un peu loin ! » - « Est ce une raison suffisante pour occulter les faits ? » - « Mais je ne nie rien. Il m’est même arrivé de manger de la Vache qui rit sans que les représentants de la race bovine ne portent plainte » - « Monsieur se veut sans doute ironique ! ». – « J’ai bu aussi du Poulain…. » - « Et vous ne deviez pas vous priver de la blague à deux balles : Qu’en il y en a poulain il y en a poulautre ! en imitant le langage petit nègre, veuillez excusez l’expression Monsieur le Président, le langage petit nègre des tirailleurs…..Vraiment vous étiez prêt à toutes les bassesses, toutes les crapuleries. Sachez seulement que dans les années 1950, l'entreprise Banania vendait 5 000 tonnes de Banania par an. En 1968, pour les chocolats en poudre en France, la part de marché de Banania s'élevait à 30 % avec un volume de vente s'élevant à 10 000 tonnes[]. Dans les années 1970, les usines produisent plus de 100 000 boîtes d'1 kilo et 400 000 boîtes de 250 grammes de Banania. 29 millions d'euros de chiffre d'affaires. Une fortune colossale sans oublier tous les objets publicitaires dérivés de la marque dont l’accusé était et est toujours aussi friand. » - « j’ai juste eu une tasse ! et une petite encore. Faut pas déconner ! » -«Vous m’écoeurez ! Quoi qu’il en soit, pour ma part, j’en ai fini de vous entendre. Il n’y a plus grand chose à dire. Mais il reste beaucoup à faire. Se montrer exemplaire en condamnant le prévenu aux TIG à perpétuité. Vous et vos acolytes mis aux fers, partirez dès demain construire des écoles dans la république Démocratique du Congo ou débroussaillé tous les chemins de France. …..Que justice sois faite ! » Tous le monde alors se leva et entama le grand Slogan National – « Casse-toi, pauv’ con ! Casse-toi pauv’ con ! Casse-toi, pauv’ con ! ».
A la chute du verdict je quittais la salle Tribunal tête basse encadré par mes deux Triplepets. En attendant le convoi qui devait nous conduire à la Prison de l’Ile de Ré, on me fit asseoir sur une banquette à proximité d’autres condamnés aux TIG. J’hasardais une question à mon avocat. Ce dernier lui aussi tête basse n’avait pas pipé mot durant toute la durée de cette parodie de procès expéditive.– « Qu’est-ce qu’ils ont fait ces deux là ? » je demandais en désignant deux types de la tête. – « Celui de droite c’est le directeur de Banania. Il a été arrêté ce matin. L’usine a immédiatement été fermée et le personnel licencié pour collaboration intense. » -« Même pas reclassés, c’est dur quand même ! Et l’autre ? » L’autre ! C’est un nationaliste Serbe qui a organisé en le massacre de 8000 personnes en 1995… » - « Pas avec du Banania tout de même ? » - « Pas que je sache. » Parce que moi le Banania je l’ai bu tout seul je ne l’ai jamais fait boire aux autres.» - « Hélas…. » fit l’un des Triplepets en me faisant lever pour rejoindre le convoi avec mes codétenus, « les salauds dans votre genre n’ont droit à aucune circonstance atténuante. Et vous verrez d’ici quelques jours, les petits congolais s’occuperont bien de vous en vous bottant le cul et alors là vous aurez tout le temps de réfléchir si vraiment Y’abon ! ».
La Cour du tribunal était pleine à craquer. Parmi la foule Je reconnus femme et enfants tout sourire qui me regardaient passer entre les Triplepets raides comme la justice rendue. D’autres gens riaient aussi du malheur du monde. Jean Poiret, Pierre Bellemare, Jean-Paul Blondeau et Jacques Rouland par exemple ainsi que Jacques Legras et Marcel Beliveau en uniformes de cérémonie de la PRUT.
Cette petite bande de joyeux drilles m’avait bien eu comme tant d’autres dans le pays. Nous y avions cru jusqu’au bout. La Nouvelle Société de Divertissement du Service Public sous les ordres de notre bon Président, avait réussie à distraire agréablement toute la France télévisuelle avec un concept entièrement nouveau : le procès truqué. Personne n’y avait vu que du feu. Bien entendu en plus d’un kangourou neuf je touchais au paquetage un uniforme rayé neuf porteur de ce slogan devenu depuis célèbre : « Toute société qui ne sait plus rire est vouée immanquablement à disparaître. ». Au Congo, Sous cinquante cinq degrés, caressé à la schlague par mon garde chiourme, je montais le mur d’une école et repensais au slogan inscrit à l’entrée du chantier, à tous les opposants au régime, aux chômeurs et autres parasites qui s’étaient fait avoir de même. Un sourire édenté s’afficha sur ma face pouilleuse et congestionnée. J’étais enfin rassuré sur le devenir de mon pays.