Les marchandes de frites, 1946
Ce jour-là, je venais de terminer un reportage sur les Halles Baltard, les grandes Halles de Paris. Le quartier m’intéressait beaucoup et je me promenais encore, comme ça, au gré de ma fantaisie. Il était midi et j’étais arrivé rue Rambuteau. J’ai été saisi par la grâce de ces deux jeunes filles qui vendaient simplement des frites et parlaient à un client qui, naturellement, plaisantait avec elles. J’ai fait ma photo, de chic, le nez au vent. Il y avait beaucoup de monde tout autour et comme elles étaient jolies et avenantes, ça excitait la verve des clients. C’était en 1946, un an après la Libération, Paris vivait une période d’optimisme et de grand enthousiasme, c’est ce que traduit pour moi cette photo. Leur charme, leur sourire, leur malice, c’est au fond tout ce qu’on aime dans ce Paris-là, vif, alerte, drôle. J’ai eu la chance de vivre à cette époque-là. J’ai couvert les trois-quarts du siècle. Mes premières photos datent de 1926, et j’ai travaillé jusqu’en 2002. Avec un arrêt pendant la guerre, où j’étais dans le Midi. Là, je n’ai pas fait de photos, sauf quelques-unes de Vincent bien sûr. Et une série de portraits de Jacques Prévert qui nous avait invités à passer la Saint-Sylvestre chez lui, à Tourettes-sur-Loup, la nuit de 1941 à 1942.Mais il y a un nouveau Paris que j’aime aussi, qui possède un vrai charme. Le parc Citroën, le parc de Bercy, la coulée verte, et d’autres belles créations architecturales.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire