Ma toute première version des Misérables je la dois à la télévision. Comme beaucoup d’enfants, j’ai frémis et pleuré aux aventures mélodramatiques de ses héros. Le merveilleux Claude Santelli et son Théâtre de la Jeunesse, en adaptant ce monument de la littérature en trois parties : Cosette, Gavroche et Jean Valjean m’a ouvert en grand le monde de Victor Hugo. Plus tard, j’ai eu entre les mains la version abrégée des Misérables, publiée dans la bibliothèque verte et illustrée par Jacques Pecnard. Cette édition de 1959 en deux volumes devait appartenir à mon frère. Et puis il y a eu les trop nombreuses adaptations cinématographiques dont aucune ne trouve vraiment grâce à mes yeux. Hugo n’a pas eu la chance d’avoir derrière la caméra un David Lean comme ce fut le cas pour l’œuvre de Charles Dickens.
Tout le monde en connaît plus ou moins la trame principale qui débute en octobre 1815 sous la Restauration et s’achève peu de temps après l’insurrection républicaine à Paris en juin 1832 qui tente de renverser la monarchie de juillet.
Commencé en 1845, sous le titre initial Les Misères, l’auteur termine ce roman, conçu comme un réquisitoire social, en 1861. Il n’achèvera en revanche jamais la longue «préface philosophique». Entre le roman historique et le roman à thèse, Hugo a voulu avant tout faire de cette œuvre une épopée du peuple.
Dans les années quatre-vingt j’ai lu la version intégrale en compagnie d’une guide du vieux Paris et une carte de 1839 détaillant les rues de la capitale avant les grands travaux d’Haussmann. Ce qui m’a le plus frappé à sa lecture c’est, comme l’écrit Mario Vargas Llosa dans son essai « La tentation de l’impossible » :
« (...) Sur l'intrigue principale se greffent d'autres histoires, indépendantes ou parasites, ainsi que de multiples digressions philosophiques, sociales et religieuses. Cette amplification est parfois disproportionnée, anarchique ; tant d'allées et venues font par moment perdre le fil de l'action et il arrive que l'attention du lecteur se dilue dans l'abondance des commentaires. Mais c'est précisément par sa nature torrentielle, à l'image du vertige de la vie, que ce roman Les Misérables, malgré ses naïvetés et sa sensiblerie, son côté daté et ses maladresses de feuilleton, est apparu à ses lecteurs depuis sa publication — et nous ne faisons pas exception —, comme l'une des plus mémorables histoires qu'ait produites la littérature. »
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