Après une matinée de visite dans les boutiques chics du Guéliz, nous est venue l’idée de nous rendre aux Jardins Majorelle. On n’a pas été au plus court. A chaque place, on a failli au bas mot se faire percuter dix fois par des enragés. Tout le monde voulait tuer tout le monde. Pire qu'aux autos tampons à la fête à Neu-Neu. L'activité dans cette chaleur étouffante me tuait. On a longé un bout de rue sous le cagnard parmi les détritus et les poubelles.
Le Guéliz est un apostème aussi vaste que la Médina accolée à ses remparts. On aurait mieux fait de rester couché que d'avoir cette idée de génie toute militaire, d'une expérience architecturale sous le protectorat français. Ce repaire commercial et administratif n'avait que peu d'intérêt.
Sur l'Avenue Yacoub el-Mansour, ce fut l'apothéose. Je cherchais l'ombre sous le feuillage endémique de palmiers rabougris. La circulation était dense et les décibels agressifs. On avoisinait 35° centigrades. D’après le plan on n'arrêtait pas d’arriver. Une heure avant, on arrivait déjà. Au prix de la course de taxi, on aurait eu tout intérêt à en louer les services.
Selon Félix Marcilhac, c'est en 1923 que le peintre Jacques Majorelle, l'un des piliers de l'école de Nancy, acquit auprès de la Compagnie Marocaine, une première parcelle de terrain située au lieu-dit Rouidat au nord-ouest de Marrakech. Sur cette propriété il édifia en 1924 une maison en terre surnommé Bou Saf-Saf. Par la suite en 1928 et en 1931, il agrandira son domaine par l'achat de trois parcelles supplémentaires.
A l'opposé de la maison d'habitation qu'il partageait avec son épouse, il fit bâtir en 1931 un atelier dans ce que l'on appela à l'époque La villa cubiste de Majorelle, conçue et réalisée par l'architecte Sinoir telle que l'avait souhaitée Majorelle, en accord avec ses idées sur l'architecture moderne. Plus tard, il y adjoindra une délicate construction de bois aux arcades dentelées, vert véronèse et modifiera l'aspect extérieur en bleu et jaune. Un large bassin creusé devant la maison servait de piscine.
A son décès en 1962, la propriété laissée à l'abandon fut sauvée par Yves Saint Laurent et Pierre Berger. Rebaptisée, Bou Saf-Saf devint Villa Oasis. L'atelier transformé en musée fut restauré ainsi que le jardin aux plantes exotiques que l'on visite aujourd'hui.
L'harmonie subtile de parfums et de couleurs tendres en accord avec le bleu vif des murs de l'atelier, reste une de mes visites favorites à chacun de mes séjours à Marrakech.
En cheminant à pas lent dans les allées, des fragments de bleu en étincelles frivoles éclataient entre les hibiscus les géraniums et les bougainvillées. Sous un tapis de nymphéas pleurait l'eau glauque du bassin que des éclairs vermillons frissonnaient. Les oiseaux perturbaient le silence.
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1 commentaire:
Ne vous plaignez pas d'une étouffante chaleur à nous qui nous sommes gelés à Marrakech !!!!
Vos photos sont superbes,bien plus belles que les miennes!
Quel bonheur de les voir !
A demain pour Marrakech 10 ...j'espère
Sophie(des grigris)
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