Nous ne sommes plus au XIXème siècle où la notion de voyage s’évaluait en semaines voire en mois. A l’ère des voyages éclairs où le monde s’offre à vous en l’espace de quelques jours, rien de plus gratifiant et inoubliable que de découvrir un lieu au simple rythme de ses pas et de ses pulsations cardiaques.
Alors que je n’en attendais rien ou presque, le Maroc reste à mes yeux une admirable aventure amoureuse. Ce pays m’a immédiatement touché par sa grâce lors de notre première rencontre il y a douze ans déjà.
A cette époque, en quinze jours, je n’ai parcouru qu’une infime parcelle de ce beau pays dans le Haut Atlas central, qui vit paisiblement au rythme des saisons bien à l’écart de l’agitation du monde moderne. Ces magnifiques vallées étirant leurs longs rubans de cultures aux couleurs éclatantes et changeantes le long de tumultueux cours d’eaux.
Depuis, j’y suis revenu à maintes reprises que ce soit pour des treks au sommet du M’goun ou du Toubkal, découvrir le désert ou en simple villégiatures à Marrakech avec toujours le même engouement et le même amour pour ce pays et cette ville.
Si vous êtes en vacances, vous devez hélas repartir bien vite car le temps nous est compté. Alors si vous repartez le moral gonflé à bloc, la tête et le cœur chargés de souvenirs, vous repartirez sûrement avec la sensation bizarre que ce vous avez vu n’était pas réel.
C'estque la médina de Marrakech a joué de son charme et vous a ensorcelé, vous laissant le goût amer du retour et l’envie irrésistible d'y revenir pour en percer le secret de sa séduction.
Pourtant, il faut bien l'avouer, dans son ensemble, la ville de Marrakech a bien changé en l’espace de quelques années. On le palpe, on le sent, on le voit dès son arrivée avec un aéroport entièrement refait à neuf, un immense parking bétonner pour les autocars, de vastes avenues vides prêtent à desservir la ville et des dizaines de grues érigées aux quatre coins de la ville et dans ce qui n’était auparavant que le désert. Marrakech est devenu un immense chantier ouvert en permanence sur une cité en plein mouvement.
Un dynamisme sans précédent qui ne cesse de susciter admiration et fierté des uns et grande inquiétude chez d'autres, notamment les nostalgiques de la capitale du sud, mais surtout et avant tout la population pauvre de la Médina.
Et si soudain Marrakech n’était plus Marrakech. Marrakech la rouge, l'africaine, la fastueuse, l'exotique, l'exubérante, l'excentrique où tout ici est spectacle, émotions fortes et parfums violents...
Tu m’étonnes, Simone. Depuis des années, la ville ne cesse de subir des changements remarquables, notamment un boom immobilier sans précédant, une extension urbanistique dans tous les sens, des réaménagements des espaces verts déjà existants et la création d'autres dans plusieurs artères de la ville dans le but de soit disant préserver son charme et d'en constituer le poumon. Des travaux d'embellissement, d'assainissement et d'électrification se font au quotidien pour mettre les visiteurs et les locaux plus à l'aise, leur permettant un séjour de rêve et un cadre de vie des plus agréables.
La ville continue de séduire nationaux et étrangers, la preuve en sont le nombre croissant des étrangers installés dans la capitale du sud (qui font flamber les prix) et celui des projets en cours de réalisation aussi bien dans le périmètre urbain que dans les régions limitrophes. Or, cet engouement pour la cité ocre ne semble guère plaire à tous les Marrakchis pure souche, notamment ceux qui demeurent attachés à une vie simple, harmonieuse, au rythme lent et au coût de la vie abordable.
MARRAKECH EXPRESS
Take a train to Casablanca going south
Blowing smoke rings from the corners of my m,m,m,m,mouth
Cold coffins hang in the square
Charming corporals in the square
Don't you know we're riding on the Marrakesh Express (2 times)
They're taking me to Marrakesh Express
Don't you know we're riding on the Marrakesh Express (2 times)
They're taking me to Marrakesh
All on board that train (3 times)
"Avec mon salaire je peux juste me nourrir, me vêtir et payer mon logement" nous a avoué Mounir. Le prix d'un simple kilo de tomates à été multiplié quatre, ce qui n'est pas rien pour un Marrakchi de la Médina.
Pour nombre de nostalgiques qui gardent une image envoûtante de la ville, Marrakech n'est plus ce qu'elle était autrefois. Tout a changé : des centaines d'immeubles ont poussé ici et là comme des champignons, des villas qui formaient l'essentiel du paysage architectural de plusieurs quartiers de la ville nouvelle se sont transformées en chantiers de construction d'immeubles, la palmeraie s'est vue de plus en plus dévastée et envahie par le béton.
Les embouteillages ne sont plus visibles uniquement durant les heures de pointe, d'autant plus qu'ils n'épargnent plus maintenant ni grands axes ni petites ruelles.
Des nuages de poussières et de fumée s'élèvent très tôt le matin pour couvrir le firmament de la cité ocre. Le vacarme et bruit des véhicules et bulldozers s'accentuent au fil des heures, brisant le calme des différents coins de la ville, même les plus isolés. Autant de changements qui poussent ces gens à s'interroger au quotidien sur le devenir de leur cité.
Les Marrakchis ne sont pas contre ces changements mais s’interrogent sur le devenir de cette ville où le coût de la vie pour les plus pauvres tend à devenir prohibitif. Car Marrakech est devenu très en vogue ces dernières années et l'une des destinations secondaires, sinon principales, pour nombre de grandes célébrités du monde entier.
En se baladant dans les différents grands axes de la ville et en se rendant dans un café le temps de prendre un bol d'air après des heures de marche, on a presque l'impression d'être dans une métropole européenne. Certes, la ville a encore de belles choses à son actif actuellement, cela n'a pas été fait sans pour autant porter atteinte au charme de la ville et à ses grands traits architecturaux qui puisent dans la culture et les traditions arabo-musulmanes. Mais les Marrakchis estiment aussi qu'il y a nécessité de déployer davantage d'efforts pour la préservation de ce qui reste du cachet historique de la ville et d'accorder un intérêt particulier à la protection de l'environnement, notamment la palmeraie de Marrakech.
Ils ont également estimé nécessaire de faire face à cette course acharnée vers la construction d'immeubles, notamment dans des zones aménagées au départ pour abriter des villas et des petites demeures, étant donné la faiblesse des infrastructures mises en place auparavant (absence de parkings, faiblesse du réseau d'assainissement, étroitesse des ruelles). Et si on ghettoïsaient les pauvres ! pensent certains non sans raisons.
Entre admiration des uns et inquiétude des autres, Marrakech continue de subir diverses pressions, à un moment où la cité est appelée plus que jamais à maintenir l'équilibre entre modernité et tradition. Nous reste encore l'envoûtante Médina.
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