Paolo Pandolfo est un gambiste. Mais il aime les 6 Suites pour Violoncelle de Bach. Alors, le temps d'une rêverie poétique qu'il justifie avec brio et tendresse dans un Dialogue imaginaire entre un violoncelle et une viole de gambe, le musicien transpose les tonalités, multiplie les doubles cordes, reconstruit les articulations, ajoute des ornements. Le résultat de l'expérience est grandiose, révélant les sous-entendus polyphoniques de Bach, insufflant un vent nouveau à ces pièces archi-rebattues. La surprise est présente à chaque mesure, la réflexion derrière chaque coup d'archet. Plus qu'une simple transcription, Paolo Pandolfo a voulu rapprocher le violoncelle de celle qu'il supplanta. Et les Six Suites tanguent désormais entre la douleur d'un Sainte-Colombe et le coup d'archet endiablé d'un Forqueray. Certains pointeront du doigt les nombreuses déviances de la partition originelle, et une tentative rétrograde. D'autres ne s'habitueront pas à l'humeur instable et changeante de Pandolfo. Enfin, une poignée se demandera, non sans raison, s'il s'agit encore là des Suites pour Violoncelle de Bach. Qu'importe, voilà plus de deux heures de beauté et de génie qu'on serait impardonnable de mépriser.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire