samedi 13 juin 2009

Le lièvre de Patagonie (rappel)

Les uns vous diront que Claude Lanzmann est né en 1925, qu’il est l’auteur de Shoah, le directeur des Temps Modernes et a été l’amant de Simone de Beauvoir. La belle affaire ! D’autres le confondront avec Jacques Lanzmann, l’écrivain et parolier de Jacques Dutronc et beaucoup avoueront sans aucun doute, ne pas le connaître et passeront à autre chose. Et après ? Que reste-t-il dans tout cela de la vie d’un honnête homme, de ses doutes et de ses certitudes, de ses inquiétudes, de ses contradictions, de ses peurs et de ses amours dans la tourmente d’un siècle ? C’est ce que nous livre ce « Lièvre de Patagonie », ouvrage d’excellence par la qualité et la fuidité de son écriture, ce rythme incessant sur les événements et les rencontres de ce siècle, le 20ème, que nous « dévorons » comme un thriller, ce qu’il est bel et bien, car bien souvent le grand frisson le long de l’épine d’orsale, qu’il soit de plaisir, d’angoisse de peur ou de dégoût est là, permanent, vous habite tout le long de cette lecture absolument passionnante et frissonnante. Je me souviens encore du conseil de ma libraire « Comment, vous ne l’avez pas lu ! Mais c’est un livre magnifique ! » et moi d’avouer « que certainement peu de lecteurs s’y interesseraient » (toujours ces foutus préjugés). Et j’ai eu tort (comme toujours). Et les lecteurs auraient tort de bouder le plaisir immense de rire aux frasques des deux Khagneux dragueurs Jean Cau et Claude Lanzmann sur les Champs Elysées. A être emportée d’émotion aux pages magnifiques consacrées à sa sœur suicidée. A ses engagements et actes de résistance. Frémir d’impatience quand il nous narre sa « liaison étrangère » aussi folle qu’impossible, lors d’un visite en Corée en 1958. Ces portraits d’intellectuels toujours en mouvement, qu’étaient Sartre et Beauvoir et son histoire d’amour pendant plusieurs années avec cette dernière. Compagnon toujours fidèle en amitié, il accompagnera le Castor jusqu’au bout en 1986 comme il l’avait fait pour Sartre quelques années plus tôt. Sans oublier la « somme » de travail, d’acharnement, de combat et de souffrance pour mener à bien le projet d’une vie : « Shoah ». Ce « Lièvre de Patagonie » se lit comme un roman, le roman d’une vie, celle d’un jeune homme de 80 ans à la « noblesse sans limite ».
Claude Lanzmann : Le lièvre de Patagonie; Gallimard.

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