vendredi 4 février 2011

Jaune le Carré (5)

J'ai été tiré de mes considérations (voir Jaune le Carré 4) par deux garde-barrière recrutés par le STO. Ils tenaient en sandwich un type en blouse assortie élégamment à son visage blême, les mains ligotés avec son stéthoscope. Je lui ai soulevé le visage du bout de l'index droit. " Quand on est morveux, on se mouche, mon bonhomme, lui fis-je. Allez, avouez. Parlez vous fera du bien." Il avait les yeux rouges d'un lapin albinos mort. " J'ai prescris un scan de l'encéphalogramme pour madame Truquemuche Rosiane à son arrivée à l'hôpital de Guéret le 28 décembre…- Vous en êtes sûr ! ai-je hurlé. - Bien entendu, j'étais le médecin de garde. - Le 28 décembre ! ai-je hurlé. Mais nous sommes le 10 janvier ! Elle aurait pu avoir des lésions multiples et variées durant tout ce temps ! – Oh vous avez, moi je me contente de les prescrire, les scanner, pas de les faire passer. - Et pourquoi ne l'a telle pas passé avant, ce foutu scanner des boyaux de la tête ! - Je ne sais pas, tout était dans le " gros comme ça… " - Le " gros comme ça ?". - Oui, le " gros comme ça ", c'est ainsi que nous appelons les dossiers des patients, ici. – La demande était dans le « gros comme ça » et personne ne s’en est préoccupé ? – Faut croire. – Mais alors comment à telle pu passer le scanner le 10 si personne n’était au courant à part vous depuis le 28 décembre ? – je sais pas. – Pareil pour madame Clément ? – Madame Clément ! Qui c’est ça, madame Clément ? » je l’ai traîné jusqu’au placard à balais. « Et ça, c’est quoi ? » j’ai hurlé. Un portemanteaux. Y m’a dit. Un portemanteaux dans un placard à balais. – Et qu’est-ce qu’il y avait sur le portemanteaux dans le placard à balai ? – Sais pas. – Madame Clément ! » Le type était terrorisé. Le manque de sommeil et des hurlements, rien de tel pour vous faire avouer son homme, j’ai pensé. « Qui donc a ordonné de faire passer le scanner ? j’ai hurlé. – C’est moi ! » j’ai entendu. Une femme en blouse bleue à remonter le couloir jusqu’à nous en poussant une raclette nettoyante géante.
« Cémoi ! You fézé lé ménache, et lou dossier « grou coume cha » lé tombé par terre. Badaboum ; Houlala tous léche papié tousse meslangesse. Alors jé ramassé tousse et je refoure toussa dans le « grou coume cha » vité fé, bienfé. Et séla quéyé trouvé lé pozite yonne - Le pozite yonne, kézako ? - Ben le pozite yonne et doussou lé pozite yonne, yavé écrit, passé lé scannère à madame Trouquémouché. Alorre, yé prévenou lé responsab’ des chariots. Et y zon fépassé lé scanère à madame Trouquemouché. – Et vous pouviez pas le dire avant ? – Perzonne mé la demandé. Et pourquoi lou doctore il est attaché ? – Vous le connaissez ? – Cé lé doctore Degarde. – Le docteur de garde ? – Oui, lé doctore Degarde, c’est son nom. – Vous êtes le docteur de garde ? – Je me tue à vous le dire. – Mais vous êtes de garde depuis quand. ? – Depuis que je suis né." Je comprenais mieux son regard fatigué. (A SUIVRE)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

la fée du jardin a souri malgré sa tristesse, bravo Papou, j'aime