D'abord un livre. Lorsque Christopher Isherwood arrive en gare de Berlin un matin de 1929 pour rejoindre son ami, le poète anglais Wystan Auden, il a 25 ans. Il vient tout juste de publier son premier roman «Tous les conspirateurs», avec peu de succès, et il faudra toute la ténacité de Virginia Woolf pour que son deuxième ouvrage «Adieu à Berlin» soit édité.
Chronique de l’Allemagne des années trente, de l’ombre brune qui petit à petit asphyxie tout un monde. Univers de petites gens, celui de sa logeuse Fraülein Schroeder, bourgeoise déchue, pleine de tendresse pour son "Herr Isherwood". La rencontre avec la famille Novak, le père éternellement saoul, une épouse atteinte de la poitrine et qui se plaint à longueur de journée, une fille un peu niaise, un garçon engagé dans la propagande des chemises brunes. Et au milieu de ce taudis, de ce monde à l’écart, l’autre fils, Otto Novak, séduisant ; celui qu’il avait rencontré à l’île de Reugen, celui dont son ami anglais est l’amoureux déçu. Chronique aussi de la riche famille des Landauer. Les promenades et les discussions littéraires avec Nathalia jusqu’au petit matin dans le Tiergarten. Nathalia qui lui fait découvrir Goethe, Jacobsen et le poète Stefan George.
Témoin de la vie à Berlin, Christopher Isherwood est toujours en décalage, en recul par rapport à l’histoire racontée. «Je suis une caméra braquée, absolument passive, qui enregistre et ne pense pas» écrit-il au début de ce roman. Le narrateur, Christopher n’est là que comme regardant. Caché, sans jamais vraiment l’être, derrière l’histoire, il témoigne, ne joue pas le premier rôle. Christopher devient lui-même un personnage de fiction qui sait tirer parti de sa vie et nous offre ces intimités de la vie berlinoises.
■ Editions L.G.F., Collection : Le Livre de Poche
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