Dans les années 60, sans que je le sache, Claude Santelli m’a fait aimer la littérature. Je vous parle d’un temps où la télévision ne se déclinait que par une seule chaîne avec des horaires d’émission assez réduits. Imaginez-vous que le midi il y avait un magazine présentant des comédiens, des romanciers, des humoristes, suivi du journal d’information, et puis plus rien, sinon la sacro-sainte mire indispensable aux dépanneurs et aux vendeurs de notre chère télévision. Il fallait attendre 18 heures pour voir un magazine, un feuilleton et le journal télévisé présenté par des Messieurs en costume cravate qui maniaient un français de bon aloi. Après, la speakerine nous annonçait les réjouissances de la soirée : les fameuses dramatiques, les émissions comiques sont la haute surveillance de l’Etat. Le dimanche, c’était fête, le jour du seigneur et l’après-midi, l’émission 36 chandelles était animée par le gentil et spirituel Jaboune ou Jean Nohain. Le film du dimanche soir, institution plus fermement instaurée que le 14 Juillet, était une récompense. Le petit écran devenait noir bien avant minuit. Le débonnaire Gros Nounours de Bonne nuit les petits et le Marchand de sable venaient exhorter les chères petites têtes blondes des années soixante à aller au lit de bonne heure, car on parlait déjà, à l’époque, des dangers du petit écran pour la scolarité des enfants. Ce petit écran, véritable lanterne magique, était en noir et blanc. On n’y prenait garde, puisque le choix n’existait pas, et on trouvait magique d’avoir cela chez nous.
Pour le jeune public, il y eu un petit miracle avec le Théâtre de la jeunesse. Nous étions plongés dans l’ambiance dès le générique qui s’ouvrait par une petite musique charmante, illustrant les images animées d’un théâtre dont le rideau de carton se levait. Claude Santelli apparaissait et il nous parlait, à nous les enfants, sans niaiseries, sans afféteries ni condescendance. Il nous parlait des grands noms de la littérature, du théâtre tout en faisant une introduction aux dramatiques (comme nous disions alors) proposées. Ses ambitions pour nous étaient magnifiques. Nous faisions connaissance avec La Comtesse de Ségur, Victor Hugo, Théophile Gauthier et Oscar Wilde. Bien sûr, nous trouvions quand même que les enfants sages et courageux de L’auberge de l’ange gardien avaient un côté un peu exagéré, mais ils nous étaient sympathiques ; la bonne aubergiste bien gentille et le zouave courageux, très…… courageux ! Grâce à lui, nous allions faire la connaissance du tonitruant Général Dourakine qui allait revenir pour une autre aventure ou les gentils sont récompensés et les méchants punis ; mais pas trop on savait être magnanime. Claude Santelli nous a fait découvrir Les misérables, une super production pour la télévision de l’époque. Encore aujourd’hui, j’ai des frissons en revoyant Cossette transie et tremblante sauvée par jean Valjean, et je suis amusée par les facéties du fantôme de Canterville.
En découvrant ces DVD éditée par KOBA FIMS, j’ai plongé délicieusement dans mon enfance. Quel plaisir de revoir Les deux nigauds, diffusé pendant les vacances et de retrouver Claude Winter, Denise Gence, Claude Rich, Jacques Fabbri, Michel Galabru truculant Général Dourakine, Michel Bouquet et selon l’expression « j’en passe et des meilleurs ». Il y a une fraîcheur, une qualité, un soin dans les décors et les costumes qui sont remarquables. Il est amusant et touchant de retrouver tous ces comédiens, comme Rosy Varte en méchante Thénardier. Les films ont été restaurés, remasterisés. Ils sont bien sur les témoignages d’une époque, mais d’abord des films qui enchantent tous les enfants, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui.La collection du théâtre de la jeunesse compte une dizaine de titre, en plus de ceux cités précédemment, et notamment les excellents Oliver Twist, et l’ile mystérieuse.
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