Décidemment la chaîne ARTE nous gâte avec la diffusion d’ « Une femme sous influence » de John Cassavetes, après d’Opening Night mercredi dernier.
Il a fallu attendre 1992 pour découvrir certains films de John Cassavetes. Grand amateur Gérard Depardieu entreprend de faire connaître en France l'œuvre du réalisateur américain. Ayant acquis les droits de ses films, il en favorise la diffusion au cinéma et à la télévision dont une Femme sous influence que présente Arte lundi 14 à 20h30.
« Écrit par Cassavetes pour sa femme, Gena Rowlands, Une femme sous influence est un hommage ambigu dont la beauté et la cruauté n'en finissent pas de fasciner. Mabel veut plaire à son mari, mais le regard des autres la force à se conduire d'une façon étrange. Le mari, les enfants, les amis du couple deviennent les témoins et la cause involontaire de son dérèglement. Peu à peu, c'est la société entière qui semble porter sur Mabel un regard hostile, et ce regard - en même temps que le nôtre - va la mener à l'hôpital psychiatrique. La caméra de Cassavetes épouse les moindres troubles du comportement imprévisible de son héroïne : elle attend ses enfants dans la rue... le bus scolaire a du retard... elle s'inquiète... ses mouvements deviennent peu à peu incertains... les gens l'évitent... elle demande l'heure en vain... les passants ont peur d'elle, elle dérape... Cassavetes filme au scalpel la progression de ce glissement. Les gros plans sur le visage défait de Gena Rowlands, allongée dans la blanche lumière commune des draps et du jour filtrant des persiennes de sa chambre, sont aussi inoubliables que ceux dépeignant le bonheur de Sylvia Bataille dans l'herbe d'Une partie de campagne de Renoir, un autre "film phare" de l'histoire du cinéma. »
Comme l’écrit Aude Fauvel : « Une femme sous influence est un film sur l’hystérie, du moins sur ce que notre société considère comme tel, mais aussi un film communautaire sur la famille. Film communautaire car, comme souvent chez Cassavetes, l’équipe de tournage, les acteurs et les distributeurs sont des amis ou des parents. Cassavetes conçoit le cinéma comme une véritable expérience humaine et collective, ce qui lui a permis d’extirper de ses acteurs les émotions les plus vives. C’est également une œuvre sur la famille, qui opère une plongée directe dans l’intimité d’un couple et de son fonctionnement. L’hyperréalisme du film ne conduit pourtant pas au voyeurisme et le regard porté par la caméra reste d’une grande pudeur. Si les scènes qui se succèdent distillent un sentiment de malaise, c’est qu’elles capturent avec justesse les réactions de chaque personnage. Ainsi, plutôt que d’insister sur le visage crispé de Mabel lors de ses crises, la caméra souligne les expressions de peur et d’incompréhension qui paralysent son entourage. En capturant de l’intérieur l’intimité de cette famille américaine, Cassavetes évite toute subjectivité. Il retranscrit avec authenticité le sentiment d’étouffement social et familial, mais se garde de tout jugement vis-à-vis des personnages. »
Sorti en 1974, « Une femme sous influence » tient une place fondamentale dans la construction du mythe Cassavetes. Il est aussi un point d’orgue dans la carrière de sa femme Gena Rowlands.
Une femme sous influence (#3.2)
envoyé par birdy66. - Court métrage, documentaire et bande annonce.
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