Quand l’annonce est tombée sur les téléscripteurs la nouvelle a fait sensation : Rosiane a démissionné de la BRB. Place Beauvau Brice était sous le choc. Faut dire se séparer de son meilleur élément depuis l’affaire tchétchène, il y a de quoi faire grise mine par les temps qui courent. « J’ai le cerveau qui mijote et je tiens rien dans les mains. Qu’est-ce que j’irais foutre à la BRB.» Lucide, la Rosiane. C’est sûr, qu’en ce moment tu files un gros calibre à la Rosiane, elle se loge vite fait une balle dans le pied. Déjà qu’elle n’est pas en forme. Quand ce n’est pas une infirmière qu’elle te plombe pour une purée de tubercules pas fraîs. Et si d’aventure le professeur Cornet de Lariboisière, le brave homme qui travaille en binôme avec le chirurgien de Johnny, lui rend une petite visite de courtoisie, alors là c’est direct une bastos dans la tête. Vous ne tirez pas une carte chance, vous ne passez pas par la réa, rendez-vous directement à la morgue. Pas de demi-mesure avec Rosiane. Alors nous lui avons confisqué ses armes.
En attendant des jours meilleurs, ils lui ont administré un nouvel anti-douleur : l’Acupan. Bien sûr il y a quelques effets indésirables et Rosiane les a tous, notamment l’excitabilité, l‘irritabilité, et les hallucinations.
Accrochée à sa potence de lit, elle nous a joué sa Gina Lolobrigida dans Trapèze avec Burt Lancaster, et Toni Curtis, ses deux aide-soignants pour la toilette du matin. Remarquable et sans filet. J’ai crains pour sa santé.Entre deux numéros, tandis que Pipo & Mario étaient en piste, elle nous a confié que ce fameux peintre espagnol, qui avait eu tant de succès, certainement Picasso, marchait lui aussi à l’Acupan. Elle voyait très distinctement sur les murs jaunes de l’hôpital les toiles du peintre ibérique. A moins qu’elle n’est confondu avec les Delaunay mais je n’ai pas cherché à la contrarier. L’art, c’est quelque chose de tellement personnel.
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