"Dans « Incidences », l'écrivain raconte les frasques sexuelles d'un professeur de littérature appliquée. Ames prudes, s'abstenir !
Marc, 53 ans, rentre chez lui au volant de sa Fiat 500 qui pétarade dans les lacets (problème de pot). A sa droite, une jeune étudiante aussi bourrée que lui, Barbara. Marc donne des cours de creative writing à l'université. Et Barbara n'est pas la première fille à rêver d'être Faulkner, ni à obtenir de Marc, au cours d'une soirée agréable, qu'il lui donne un petit coup de main dans ce domaine. Marc habite avec sa soeur Marianne, près de la frontière suisse. Marc et Marianne ont été, semble-t-il, martyrisés par leurs parents quand ils étaient petits. Djian reste flou sur ce passé d'horreur, évoquant seulement quelques séances atroces. Toujours est-il que le frère et la soeur ne s'en sont sortis que parce qu'ils étaient deux : se consolant l'un l'autre, se caressant, faisant l'amour à l'occasion pour ne former plus qu'un. Depuis combien d'années n'ont-ils plus couché ensemble ? A en juger par la jalousie qui les anime toujours, on jurerait que le feu, entre eux, n'a pas fini de couver.
Mais Marc est un charmeur. Elles tombent toutes, à ce qu'il paraît. Comme cette Barbara qu'il ramène chez lui à pas d'heure, ivre morte et probablement incapable d'accomplir quelque galipette que ce soit. Ou comme cette Annie qui, avec sa poitrine affolante, se coltinerait bien tout Brecht si elle pouvait finir au lit avec lui. Marc y voit comme un bonus, mais prend garde de ne pas éveiller les soupçons de Richard Olso, le chef du département de français, qui verrait d'un sale oeil qu'un prof soit pris la main dans le slip d'une étudiante.
C'est alors que Myriam, la belle-mère de Barbara (du moins le croit-il encore), entre en scène. Les voici tous les deux transformés en bombes H du désir humain, créatures littéralement possédées l'une par l'autre, se sautant dessus dans des positions déconseillées par tous les ostéopathes de la Terre, parce qu'effectuées dans des endroits impossibles (la Fiat 500, donc, ou les sanitaires du campus).
On s'en voudrait de trahir tous les petits secrets du dernier Djian : il vous suffit de savoir que ce roman à la fois sombre et d'une drôlerie irrésistible est votre dernière tequila. Il réveillerait un mort. Mais qui peut en douter ? Dans tous les compartiments de la fiction, et notamment dans le style, ses images, ses lenteurs, la puissance que l'auteur a sous le capot, comme un impressionnant bolide dont il préférerait faire rugir la seconde plutôt que de laisser partir la bête, Djian n'a pas son pareil."
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