samedi 2 janvier 2010

Alice in wonderland de Tim Burton (2010)

Selon Tim Burton : «Chaque personnage d’Alice est bizarre. L’un des défis a été de leur conférer une étrangeté propre afin qu’ils soient tous différents. À mon avis, tous ces personnages servent à illustrer des excentricités communes à chacun d’entre nous. Au fond, la folie d’une personne est la réalité de quelqu’un d’autre». L’enfance comme âge de la découverte de la cruauté du monde et moyen de maîtriser le monde devenu adulte, est l’un des thèmes récurrents chez Tim Burton.
De son propre aveu, Tim Burton eut une enfance solitaire et les goûts qu’il a cultivés à cette période de sa vie en lisant Edgar Allan Poe, Vincent Price et certainement Carroll ne firent que renforcer son opinion qu’il était différent des autres enfants, un " monstre ".
C’est d'ailleurs ce point de vue qui est exprimé dans un ouvrage publié par l’auteur en 1997, La Triste Fin du petit enfant huître et autres histoires. Dans ce recueil de poèmes, le réalisateur raconte les histoires d’enfants monstres tels que l’enfant huître, l’enfant robot ou la fille allumette.
L’absence d’enfance pour diverses raisons peut d’autre part conduire au phénomène des " grands enfants ". Beaucoup des personnages des films du réalisateur sont des adultes restés bloqué dans le monde de l’enfance.
A cete égard, Tim Burton ne pouvait donc qu'être fatalement attiré par l'univers de Lewis Carroll.
« L’œuvre de Lewis Carroll a tout pour plaire au lecteur actuel : (…) des mots splendides, insolites, ésotériques ; des grilles, des codes et décodages ; (…) un contenu psychanalytique profond, un formalisme logique et linguistique exemplaire. Et par-delà le plaisir actuel quelque chose d’autre, un jeu du sens et du non-sens, un chaos-cosmos. », Gilles Deleuze.
Cette poétique du nonsense qui consiste en un démantèlement systématique du langage et de la logique consacre Lewis Carroll comme un précurseur du surréalisme. Son refus du réel tend à un culte de l’enfance aussi inspiré que révélateur. Le monde merveilleux de l’enfance et le monde réel des adultes se mêlent en une œuvre hybride qui renvoie aux adultes une part d’eux-mêmes qu’ils ont occultée : « Cette petite Sibylle ne sait pas qu’elle est une des clairvoyantes du monde occidental. », Claude Roy.
Parcours de l'enfance à l'adolescence, les deux voyages d'Alice, au pays des merveilles et de l'autre côté du miroir, figurent une expérience initiatique essentielle à la construction et à la connaissance de soi. Cette publication du diptyque romanesque consacre l'inaltérable singularité et l'indéfectible lien des deux récits .L'adaptation de deux contes de Lewis Carroll – « Alice au pays des merveilles » et « De l’autre côté du miroir » portés par l'esthétique cinématographique de Tim Burton, laisse augurer un résultat des plus prometteurs et sortira sur nos écrans en avril 2010. Espérons toutefois que le fantastique et le merveilleux de ces deux univers ne se télescopent mais parviennent à s'harmoniser.
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