samedi 7 février 2009

Roland

Il y a tout juste un an, sans prévenir personne, Roland s’en est allé pour un bien long voyage. A ma connaissance, c’est la seule mauvaise action que je puisse mettre à son actif. Et en y repensant je me dit que le temps était clément lorsqu’il a pris la route sous le soleil.
J’ai fait sa connaissance après la tempête de 99. Sous un ciel gris, la Creuse en portait encore les stigmates, avec une campagne dévastée aux arbres arrachés, que rien à l’entour n’enchantait. La première personne à me serrer la main, fut cet homme au regard franc et paisible, qui, les pieds bien campés sur le sol de sa terre natale, m’en communiquait la sève. Avec le temps, Roland est devenu mon arbre, majestueux , familier. Un arbre auprès duquel il faisait bon vivre et auquel je pensais qu’il ne pouvait rien arriver. Il me plaisait d’imaginer me voir vieillir à ses côtés, protégé par l’ombre de ce Patriarche. La vie en a décidé autrement. Quand je suis en Creuse, de ma fenêtre, à la Charse, celle qui fait face à un majestueux châtaigner, je l'imagine passer de son pas lent et mesuré pour aller au potager. Je sais qu’il est là, chaque jour que Dieu me donne. Et il passera encore à coup sûr. Il sera là à me caresser le regard. Il ne peut en être autrement, car la Creuse sans lui perd un peu de son âme. Et comme il n’est pas homme à vouloir me faire trop de peine, Je sais qu’il viendra au rendez-vous où je serai présent à l’attendre chaque matin.

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