« I would That my love , op 63 n°1 » de Felix Mendelssohn ouvre la projection du film « Le Goût des autres » d’Agnès Jaoui. ». Il est interprété par La contralto Kathleen Ferrier et la soprano Isobel Bailly. Suvront dans le films deux autres interpétations « Let us wander, not unseen » de Henry Purcell et « Spring is coming » de George Friederich Haendel.
Je suis immédiatement tombé sous le charme de Kahtleen Ferrier cette cantrice qui « faisait pleurer tout le monde. Les mélomanes, bien sûr, mais aussi son fan-club de jeunes filles, le premier du genre. Les musiciens et les plus grands chefs, à son contact, étaient émus aux larmes. Karajan, qui n'était pas un tendre, ne pouvait écouter cette contralto - la voix féminine la plus grave - sans être bouleversé. Elle-même, chavirée par sa propre voix, n'arrivait pas à finir certains airs! La cantatrice est née le 22 avril 1912, dans une petite ville industrielle du sombre Lancashire, au nord de l'Angleterre. Le père est directeur d'école et la mère vaque au foyer. Une sœur, Winifred, la suivra toute sa vie. Durant neuf ans, de 14 à 23 ans, elle est standardiste au central téléphonique de la Poste, sans espoir de promotion: elle a échoué au concours de recrutement pour l'horloge parlante. L'incroyable voix n'a pas passé le cap des éliminatoires! Pourtant, elle prend sa première leçon de chant en 1939, à 27 ans. Une hérésie en musique. Pendant la guerre, Kathleen Ferrier va chanter dans toute l'Angleterre. Elle écume chantiers et usines pour remonter le moral des troupes. Ce ne sont que logements glacés, correspondances de chemin de fer et pianos droits au son aigre. Mais son professeur a déniché l'organe du siècle. Miss Ferrier a une gorge d'une profondeur unique, une pomme pourrait s'y engouffrer. »
« Londres 1942. C'est le début d'une carrière internationale, rapide et brillante comme une météorite, qui dure jusqu'à sa mort, en 1953. Kathleen trouve un répertoire taillé sur mesure: Brahms et Schumann, Bach et Haendel. Cette femme gaie et simple, aimable et aimée, était d'une incroyable énergie. Sa correspondance, survoltée comme celle d'une gamine, témoigne d'une insolence malicieuse. Elle aime Bach et le verlan. Ses lettres ne sont que contrepèteries, grivoiseries et jeux de mots. Elle signe Klever Kaff, «Cath la futée»! Futée, il faut l'être pour supporter l'aride discipline des répétitions, des concerts. En 1951, elle affronte le cancer et une radiothérapie épuisante. Elle continue de chanter, mais en 1953 elle se brise net le fémur en scène. Avec une injection de morphine, elle tient jusqu'au baisser de rideau. The show must go on. Kathleen Ferrier expire le 8 octobre 1953, en pleine trajectoire vertigineuse. Elle avait 41 ans. Ian Jack, directeur du magazine anglais Granta, signe une biographie à lire en une heure, pour écouter la grande Kathleen pendant des années. »
Les trois morceaux utilisés dans le film « Le goût des autres » cités plus haut figurent dans un très bel enregistrement de la chanteuse où les Kindertotenlieder de Gustav Mahler tiennent une bonne place. Les Kindertotenlieder (Chants sur la mort des enfants) sont un cycle de cinq lieder pour voix et orchestre composé par Gustav Mahler de 1901 à 1904.
Kathleen Ferrier. Isobel Baillie . "Let Us wander not unseen" The Indian Queen. Purcell.
Les poèmes des "Kindertotenlieder" sont des textes extraits du recueil de poèmes de Friedrich Rückert, écrits à la suite de la mort de ses deux enfants.
Il faut avoir entendue Kathleen Ferrier dans cette musique sombre et funèbre. Il faut l'avoir écoutée dans les Kindertotenlieder (Chants pour des enfants morts) pour être saisie à jamais.
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