En 1833, Dickens n’est encore qu’un petit journalise inconnu et besogneux. Il a écrit de temps à autre, pour son plaisir personnel de petits récits humoristiques, des esquisses de personnages et de lieux recueillies dans un carnet depuis son plus jeune âge. Il dépose l’un d’eux dans la boite aux lettres du Monthly Magazine à Fleet Street. Et lorsqu’en décembre il achete un exemplaire de la dernière livraison de ce périodique et y trouve imprimé son récit. Ce n’est pas la fortune assurée, puisque le directeur ne rétribue pas ses collaborateurs. Ceci dit il sollicite de nouveaux textes de la même plume et au même tarif. Dickens fournit cinq récits en 1834 et un conte en janvier 1835.
Finalement rémunéré, il en publie auprès de différents magazines plus d’une cinquantaine.
En octobre 1835 un éditeur lui propose d’acheter le copyright des esquisses et récits qu’il avait fait paraître depuis deux dans divers périodiques pour les publier en deux volumes, illustrées par George Cruikshank.
Ces deux volumes paraissent en février 1836.
Dans la tradition des essayistes du XVIIIe siècle, ces « Esquisses » nous révèlent que Dickens fut un observateur original de la vie londonienne dont il décrit les aspects pathétiques ou grotesques dans des tableaux colorés et précis de la vie quotidienne.
Ses contemporains apprécient autant que la vivacité de son style sa capacité d’enregistrement de la vie du peuple. Dickens découvre ainsi son grand sujet dans les scènes de foule, dans la rue, dans la vie des gens exceptionnellement liés les uns aux autres, pour le meilleur ou pour le pire et qui font partie de la ville surgissant comme une hallucination au milieu de ces premières esquisses.
Les esquisses de Boz, dans sa version définitive publiée en 1839, contient cinquante-six morceaux, regroupés en quatre sections et subdivisés en chapitres :
"Notre paroisse ", "Scènes", "Personnages" et "Récits".
Si ces textes de jeunesse sont marqués par l’inexpérience de leur auteur, John Forster ami et biographe de Charles Dickens affirme à propos des Esquisses de Boz qu’elles formaient « un livre qui aurait résisté à l’épreuve du temps même s’il n’y en avait pas eu d’autres ! » il ajoute que son auteur a nettement sous-estimé son premier livre en refusant d’y reconnaître les « premières manifestations vigoureuses de son génie », la drôlerie, la perception des caractères, l’observation des détails, la vérité du tableau, du sentiment, du pathétique et l’aisance de conduite de la description ou du récit.
En outre le livre contient à l'état embryonnaire toute l'œuvre future de Dickens : comédie, sentiment, respect pour la vitalité des personnages, pour stupides ou limités qu'ils soient, don admirable des transformations linguistiques frappantes, notion d'un déterminisme social irrésistible par lequel le milieu urbain cause le triste sort des malheureux qui y vivent.
En France aucune édition intégrale n’avait jamais été publiée. Cette lacune a été réparée en 1986 avec la publication complète des Esquisses dans la collection de La Pléiade chez Gallimard.
Les éditions de l’Ombre en offre un recueil d’une douzaine tirée de la série des « Récits » moins intéressante à mes yeux que les somptueuses esquisses londoniennes véritable reflet de la vision de Londres du jeune Dickens, disponibles seulement en collection de la Pléiade.
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