Ariane et ses comparses ont recueillis auprès d'amis, de connaissances, de rencontres, les témoignages de différentes personnes, issues de différents endroits du globe, cherchant à fuir leur pays d'origine et à venir se réfugier ailleurs, dans l'eldorado occidental.
Et l'Odyssée commence, poignée d'individus livrés aux caprices de la mer, au bon vouloir de passeurs maffieux, à la tyrannie des maquereaux, aux aléas des administrations du monde, « aux grandes lois et à leurs petites copies pétrifiées » (Robert Musil), aux décrets absurdes, aux arrêtés insensés.
Nous les suivons dans leurs périples, médusés, tétanisés, incrédules et honteux. Les éléments de l'histoire contemporaine (guerres récentes et régimes indécents) prennent sens, corps, vie, et l'Afghanistan devient toute proche, la Tchétchènie au bout du couloir, l'Iran derrière la porte.
Au sortir de la Cartoucherie, tout vous est différent, vous avez laissé tombé l'attirail paranoïaque et sécuritaire, vous ne pouvez plus regarder une cabine téléphonique de la même façon et, si quelqu'un vous parle de Sangatte, non seulement vous vous sentez concerné mais la pensée qui vous vient et fait passer un triste sourire sur vos lèvres est : « Sangatte, je sais, j'y étais. »
En ces temps de peste politique globalisée, voir le Dernier Caravansérail est un acte de résistance... et de survie intellectuelle.
Rien ne sert de s'étendre ici en une analyse scrupuleuse de la dernière création du Théâtre du Soleil, petit bijoux méticuleux et parfaitement rôdé. Et ça n'est fichtrement pas lié au manque de matière du spectacle. Au contraire : le spectacle est riche, irradie à des kilomètres et prête à la réflexion. Au final, il est de ces spectacles pour lesquels on a plus qu'un conseil à donner : si vous avez râté le spectacle à La Cartoucherie de Vincennes achetez d'urgence le DVD.
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