Jean-Paul Dubois est un auteur particulièrement discret; le petit texte qui le présente est le même sur tous ses livres et il est presque impossible, semble-t-il, d'obtenir d'autres informations sur son compte. Ainsi en est-on réduit à soutirer à ses romans quelques maigres conjectures. Il est ainsi possible que "Jean-Paul Dubois" soit un pseudonyme choisi pour sa parfaite neutralité; cela serait en tout cas conforme au personnage aussi bien qu'à son oeuvre ou à la philosophie qui semble se dégager de celle-ci.
D'aucuns, qui l'ont connu à Toulouse, prétendent l'avoir aperçu avec sa femme, il y a de cela longtemps, quinze, vingt ans. Sa femme portant le même nom, Dubois, on peut penser que Dubois serait son patronyme exact. Elle l'appelait Jean-Paul, on peut en conclure qu'il s'agit bien de son prénom. N'empêche.
Pour le reste, les romans de Dubois frappent par un certain nombre de constantes, dont la plus amusante ou la plus pittoresque est certes la passion du narrateur ou du héros principal pour les tondeuses à gazon. Mais il ne s'agit que d'une thématique parmi bien d'autres qui se répètent de roman en roman et dont il serait facile de dresser la liste: la femme du héros s'appelle Anna, le héros manque de se noyer en nageant dans l'océan, il nage sur de longues distances dans une piscine minuscule, etc. Toutes les thématiques répétitives ne sont pas nécessairement cohérentes: le héros peut adorer ses enfants ou les détester; il peut être dépressif, mais cela peut être aussi le cas de son épouse.
D'aucuns, à Toulouse, ont aperçu l'épouse. Enfin, la maman des enfants. Comme sur la photo, dans la barque, pareil, belle. Dépressive, elle ? Pensive, oui, avec des yeux profonds, des lèvres chargées de sens, un phrasé impeccable, et de la répartie.
Dépressif. Ce point est essentiel car si tout était cohérent, il serait trop facile d'imaginer que Dubois raconte tout simplement sa vie en ne la manipulant finalement que sur des points secondaires. Au lieu de cela, les pistes sont brouillées, et tout en sentant distinctement que l'on a parfois affaire à des choses vécues, il est tout aussi certain qu'il est impossible de dire quand l'auteur invente et quand il s'inspire directement d'une réalité vécue. Le trouble que suscite ces répétitions fait finalement partie du charme de l'oeuvre de Dubois.
Oeuvre de Jean-Paul Dubois :
Compte rendu analytique d'un sentiment désordonné, 1984 Eloge du gaucher dans un monde manchot, 1986 Tous les matins je me lève, 1988 Maria est morte, 1989 Les poissons me regardent, 1990 Vous aurez de mes nouvelles, 1991 Parfois je ris tout seul, 1992 Une année sous silence, 1992 Prends soin de moi, 1993 La vie me fait peur, 1994 Kennedy et moi, 1996 L'Amérique m'inquiète, 1996 Je pense à autre chose, 1997 Si ce livre pouvait me rapprocher de toi, 1999 Jusque-là tout allait bien en Amérique, recueil, 2002 Une vie française, 2004 Vous plaisantez, Monsieur Tanner, 2006 Hommes entre eux, 2007 Les accommodements raisonnables, 2008
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