dimanche 31 août 2014

Petula Clark : Petula (1962)




Avant l’arrivée on ne peut plus néfaste des Centres Commerciaux,  se rendre en 1962 jusque dans les grands magasins tenait de la grande aventure. Ma mère s’y rendait avec moi quelquefois le jeudi. Nous montions prendre le 105 au carrefour de Rosny. Le bus à plateforme grimpait jusqu’au terminus de la Porte de Lilas. Je me rappelle que j'aimais beaucoup les entrées du métro, avec ses grandes tiges étranges, achevées par des fleurs oranges, et ses grilles aux dessins de feuilles qui ressemblaient étrangement à des têtes de chats. Je me souviens avec le même ravissement d’enfant, du claquement des pas sur les scintillantes marches de quartz, de la foule compacte sur le quai, du miaulement d'un accordéon, des réclames colorées sur les murs de faïence et le tonnerre de la bringuebalante rame Sprague-Thomson rouge et verte entrant en station. A Châtelet, nous descendions et jusqu'aux magasins, suivions les trottoirs encombrés de badauds et de camelots. Ma mère faisait ses courses tandis que je glissais sur les parquets cirés entre les présentoirs et les rayonnages de bois vernis. A midi, nous mangions debout au self-service du magasin, sur des tables rondes en Formica munies des étagères pour déposer les courses. J'avalais un grand sandwich au pain de mie, enveloppé de Cellophane et un jus de fruit. La Samaritaine disposait d’un rayon disque et du haut de mes dix ans le sourire de Petula Clark m’a conquis. Cette année là comme quarante cinq milions de français je suis tombé amoureux de cette petite londonienne qui buvait du beaujolais parlait français avec un accent absolument ravissant. C’est l’unique disque que j’ai eu d’elle, acheté ce jour là à la Samaritaine.




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