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La porte de la maison de ma grand-mère refermée derrière moi, je reste un instant sur le seuil à rêver comme à mon habitude.
Je cherche des yeux la porte de la mercerie de madame Salvy. Le plus souvent nous la trouvions sur son pas de porte à tricoter. J’accompagnais parfois ma tante dans cet antre de la couture et de la broderie admirer cartes et bobines de fils, boutons sur cartes ou en vrac, dentelles, rubans et écheveaux de couleurs multicolores cachés dans les tiroirs sombres des meubles surmontés de piles de chaussettes en laine ou en fil d’Ecosse comme le signalait les étiquettes.
Dans cette rue si calme, en cette saison, comme dans la plupart des rues du village, les soirs d’été, quand l’air s’était radouci, des fenêtres ouvertes s’envolaient des bribes de conversations. Les femmes sortaient les chaises sur le pas de porte et discutaient dans l’air de ce début de nuit. Ces intonations chantantes roulaient les mots comme les pierres d’un torrent. Les enfants se contentaient des joies simples des jeux d’extérieur. Les hommes eux se rendaient au jeu de boules.
le boulodrome avenue Jean Moulin
Ce jeu de boules, je l'ai retrouvé avenue Jean Moulin. Dans mes souvenirs je le situais plus près des H.L.M. A côté de l’ancienne gare. Les soirs d’été, Il y avait foule sous l’éclairage public pour constituer les équipes de doublettes ou de triplettes. Les boules roulaient dans les grosses pognes glissées dans le dos des joueurs. Puis le « petit » lancé à une dizaine de mètres environ, quelqu’un dessinait un cercle. La partie pouvait débuter. Mon père me poussait légèrement à l’écart afin de ne pas gêner les joueurs. Et je restais là avec les spectateurs à admirer la finesse du jeu de chacun et écouter les commentaires insatiables qui n’en finissaient pas. Ça se charriait souvent. Ça contestait beaucoup, ce qui générait des mesures et des calculs bien savant pour savoir qui aurait le point. Ça discutait beaucoup. Ça pinaillait sec. Ça s’engueulait parfois. Toujours le verbe haut mais jamais de façon bien méchante.
On ne peut pas dire que mon père ait été un bouliste chevronné, mais il jouait toujours avec sérieux, application et un certain savoir-faire. Parfois un « carreau » ou un point arraché in extremis lui valait les félicitations de ses partenaires. Après chaque point, je récupérais les boules de mon père que j’essuyais à un chiffon avant de les lui remettre et regagner l’ombre et l’anonymat. Les jeux de boules achevés nous rentrions entre voisins et mon père ne manquait pas de se faire houspiller pour m’avoir ramené à pas d’heure.
Dans cette rue Armand Fallières où se dispersent mes souvenirs, la fontaine publique n’existe plus. Elle ressemble à celles qui témoignent encore du temps jadis. J'en ai vu une sur la place.
Nous les mioches, formions des équipes et faisions dévaler nos billes de couleurs dans le caniveau, comme les coureurs du Tour de France. Nous les accompagnions de nos rires et de nos cris pour les rattraper avant qu’elles ne disparaissent définitivement dans l’égout.
Depuis « la brèche » j’ai suivi la Lène jusqu’à l’avenue de Coulobres là où les aménagements de ses abords prennent fin et que la rivière reprend son cours naturel.
boulevard de la Lène
La végétation naturelle y est abondante. Les arbres apportent une ombre apaisante. Les berges végétalisées sont aussi de véritables habitats pour de nombreuses espèces animales dont les grenouilles. Armé d’une fourchette aplatie, attachée à du fil à pêche la marmaille se mettait en chasse des amphibiens. Je me prenais pour Ned Land le harponneur de Vingt mille lieues sous les mers ou Queequeg, le cannibale harponneur de Moby Dick. Mais ici rien à voir avec un poulpe où une baleine blanche seulement quelques batraciens. Je rassure ici les âmes sensibles, doté de cet équipement des plus précaires et ma maladresse devenue légendaire je n’ai harponné aucune grenouille mais y ai perdu bien des fourchettes.
boulevard de la Lène
La végétation naturelle y est abondante. Les arbres apportent une ombre apaisante. Les berges végétalisées sont aussi de véritables habitats pour de nombreuses espèces animales dont les grenouilles. Armé d’une fourchette aplatie, attachée à du fil à pêche la marmaille se mettait en chasse des amphibiens. Je me prenais pour Ned Land le harponneur de Vingt mille lieues sous les mers ou Queequeg, le cannibale harponneur de Moby Dick. Mais ici rien à voir avec un poulpe où une baleine blanche seulement quelques batraciens. Je rassure ici les âmes sensibles, doté de cet équipement des plus précaires et ma maladresse devenue légendaire je n’ai harponné aucune grenouille mais y ai perdu bien des fourchettes.
boulevard de la Lène
De retour par l'avenue de Coulobres me voila sur cette "Place des Capucins" curieusement débaptisée pour devenir place "du 2 décembre 1852". Cette date est l’avènement du second Empire, un an après le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, qui renversa la seconde république, comme l'a si bien raconté Emile Zola dans le premier volet des Rougon-Macquart : "La fortune des Rougon."
Photo au sténopé, pause 4s
Chapelle des Capucins, photo au sténopé, pause 4s
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