Ecole Jules Ferry, photo au sténopé, pause 4s
Voici l'école primaire Jules Ferry. Ma mère y a fait ses classes, mais cela remonte aux années vingt. Mon futur père venait la chercher et lui portait son cartable. Par contre je ne sais pas où se situait l’école des garçons à cette époque.*
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Ecole Jules Ferry
Photo au sténopé avec pause de 4s
Par l’étroite impasse des écoles j’ai rejoints la rue Molière. Mes pas me portent immanquablement jusqu'à la maison de l’oncle. La maison silencieuse ne semble pas avoir subi les caprices du temps.
Je reste campé devant la façade de cette maison aussi importante sentimentalement que celle de ma grand-mère. Le propriétaire actuel en est sorti les bras encombrés de matériel de pêche. Nous échangeons quelques mots tandis qu’il charge sa voiture.
Dans la cour de la maison voisine je revois la bignone se parer d’une multitude de longues trompettes orangées ou rouges, portées en bouquets durant l’été. Elles m'enchantaient lorsque j’étais enfant au travers des grilles de cette maison aux volets tirés.
Je reviens à la maison de l’oncle. Derrière le portail clos, je me souviens de la Citroën traction avant et de la Renault Frégate qui lui a succédé. Je me souviens du camion-benne mis à contribution par l’oncle pour emmener boissons, victuailles et enfants au Pioch’ sur la roue d’Abeilhan. Je me souviens du matériel de chantier entreposé en vrac patatrac. Je me souviens de l’ouverture grillagée donnant sur l’impasse des Ecoles définitivement murée…
Je me souviens de l’escalier carrelé menant à l’étage. Du hall d’entrée s’ouvrant sur l’ensemble des pièces. De la cuisine sur la droite ouverte sur une terrasse donnant sur l’impasse des Ecoles. Je me souviens la cotonnade de la porte-fenêtre, ouvrant sur la terrasse, esquisser l’ombre d’un mouvement et une bande de soleil éclabousser la tomette jusqu’à mes pieds. Je me souviens des immenses jarres en céramique aux plantes méditerranéennes et tropicales.
Je me souviens à dix heures du matin, la tablée d’ouvriers mangeant aux côtés de l’oncle. Je me souviens la terrine de fricandeau. Je me souviens le jambon de Lacaune. Je me souviens des œufs brouillés. Je me souviens de la grosse miche de pain que l’oncle coupait en belles tranches généreuses. Je me souviens de la tante aux fourneaux. Je me souviens du vin de pays à la mousse violette.
Je me souviens m’être retrouvé un matin attablé avec eux un jour où l’oncle m’avait emmené sur un chantier. Je me souviens du rire des hommes et de leurs plaisanteries. Je me souviens des brouettes à moitié rempli pour ne pas trop me fatiguer. Je me souviens avoir eu faim comme les hommes. Je me souviens …
Je me souviens de la salle à manger à gauche de l’entrée. Je me souviens la paye du vendredi. L’oncle se tenait au fond de la pièce assis à son bureau, l’air grave, derrière ses lunettes cerclées. Je me souviens de la grosse machine à calculer mécanique. Et des ouvriers en file indienne, attendant leur semaine, la casquette à la main. Ils prenaient des enveloppes de papier kraft, comptaient leur argent et repartaient après avoir salué la compagnie. Je me souviens …
Je me souviens de ces grands faitouts remplis de «cagarols» cuisinés par la tante, ramassés par temps de pluie par ma cousine et moi-même, restés à jeûner et dégorger dans des cagettes chez ma grand-mère, et dégustés en famille dans la salle à manger de l’oncle…
Je me souviens du grenier où nous nous enfermions par temps gris, ma cousine et moi à feuilleter la collection de Salut les Copains et Mademoiselle Age Tendre…
Age tendre... Je me souviens...
Age tendre... Je me souviens...
* A la lecture de mon billet Geneviève Forasiepi la correspondante de Servian pour le Midi-Libre m'a indiqué que :"L'école des garçons, se trouvait à l'emplacement de l'actuelle maison de retraite, l'Ensolelhada. Le bâtiment initial a été démoli." Merci à elle pour cette précision.
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