mardi 2 novembre 2010

Même le silence à une fin

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Je dois admettre n'avoir pas été tendre avec Ingrid Betancourt lors de sa libération. Cette femme qui avait annoncé au premier congrès des Verts en 2001 : « le futur est vert et il le sera !», «a dût longuement la méditer pendant les six ans de sa captivité dans la jungle colombienne à respirer de la chlorophylle. » avais-je commis à l’époque alors que les médias nous en faisaient des tonnes. Et même d’ajouter. « A vrai dire, je n’ai rien contre cette femme, six ans c’est long, elle a été libérée à temps pour les Soldes, elle a retrouvé enfants, famille et amis, dont je fais parti comme tout un chacun, c’est elle qui l’a dit, elle a remercié Dieu, La Colombie, Urube, l’ami des paramilitaires d’extrême droite et des narcotrafiquants, embrassé Sarkozy et retrouvé son copain Villepin. Elle va même être reçue par le Pape.»
Pas tendre je vous dis. Et le pire, c’est que je ne regrette rien. Je ne suis pas là pour aimer le monde.
Et puis il y a eu la sortie fin septembre de son livre chez Gallimard « Même le silence à une fin », dans la prestigieuse collection Blanche. Alors j’ai décidé d’aller jeter un œil à ce gros livre de sept cents pages qui nous conte ses six années de détention dans la jungle colombienne. Et l’on peut lire sous la plume de qui d'évidence se révèle un écrivain : « Enchaînée par le cou à un arbre, privée de toute liberté, celle de bouger, de s'asseoir, de se lever ; celle de parler ou de se taire ; celle de boire ou de manger ; et même la plus élémentaire, celle d'assouvir les besoins de son corps... J'ai pris conscience – après de longues années – que l'on garde tout de même la plus précieuse de toutes, la liberté que personne ne peut jamais vous ôter : celle de décider qui l'on veut être. » D’emblée ce livre vous happe, vous poigne et ne vous lâche plus jusqu’à la dernière ligne. Récit intime d'une aventure qui ne ressemble à aucune autre, voyage hanté, palpitant du début à la fin, c'est aussi une méditation sur la condition des damnés – et sur ce qui fonde la nature humaine.
Et si l'opinion publique et les médias qui aiment brûler ce qu'ils ont adoré semblent la considérer aujourd'hui comme une égoïste avide de pouvoir et d'argent, il n’en reste pas moins que son livre est de la trempe de ceux des grands écrivains.

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