« Lady Chatterley et l'homme des bois » (publié chez Gallimard en 2006) est la deuxième version du roman de D.H. Lawrence L'Amant de lady Chatterley que le public « connait » pour la troisième version et hélas ses avatars cinématographiques pornographiques.
Après la version cinématographique en voici la version longue et télévisuelle dont la première partie est diffusée ce soir sur Arte à 20h40.
« Il est probable que Lady Chatterley-le film subisse un sort comparable à celui du roman. Le même mais à l’envers. Il y a 80 ans, Lawrence avait tenu à prévenir les contre-sens en précisant qu’il n’avait pas écrit un « roman de sexe », que son projet n’était nullement l’exaltation d’amours bucoliques et torrides dans l’Angleterre industrielle des années 20. Rien à voir, donc, avec l’image de porno soft au coin du feu parvenue jusqu’à nous, qui à cause d’elle ne lisons plus L’Amant de Lady Chatterley. Le livre visait ailleurs : la conquête d’un érotisme qui ne soit pas coupé du reste de la vie, l’adaptation de la conscience aux réalités physiques premières, la reconnexion du corps et de l’esprit. « Je veux qu’hommes et femmes puissent penser les choses sexuelles pleinement, complètement, honnêtement et proprement. »Parce qu’elle actualise un tel programme dans un film dégagé de tout affect négatif dans l’approche des scènes sexuelles,Pascale Ferran risque d’être louée pour ce qu’elle n’a pas voulu : faire un cinéma du corps. Le corps, dernier rempart, dernier réel, c’est le leitmotiv depuis presque dix ans. Il faut donc écouter la cinéaste quand elle déclare avoir réalisé un film contre l’époque, c’est-à-dire à l’écart des deux représentations usuelles du désir au cinéma. Un très vieux modèle : violons, ralenti et fondus. Et un modèle plus récent : le désir comme pulsion animale.
C’est en effet autre chose que montre Lady Chatterley au cours des six scènes d’amour physique entre Parkin et Connie. On peut en proposer une approximation à travers un mot dont Lawrence eût souhaité faire le titre de son roman, afin de couper court à toute équivoque : tendresse. » Source Cahiers du Cinéma.
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