jeudi 12 janvier 2012

Erich Maria Remarque : l'Obélisque noir




Dans L'Obélisque noir, c'est le chaos de la société allemande saignée à blanc et humiliée par la défaite de la Grande Guerre qui est brossé avec beaucoup de réalisme.

Le narrateur, envoyé au front en 1916 en est revenu blessé et pacifiste convaincu. Ce jeune soldat de 25 ans qui essaie de se frayer un chemin vers un semblant de normalité, a renoncé à sa carrière d'enseignant et travaille désormais dans une entreprise de monuments aux morts et, à ses heures perdues, joue de l'orgue dans un asile psychiatrique. Dans le contexte de banqueroute de 1923, où l'inflation " atteinte de phtisie galopante " accule à la faillite les tenants " de l'épargne, de l'honnêteté et de l'honneur ", tous les coups bas et les trafics pour extorquer à la mort le plus de profit possible deviennent aisés. Mais des spéculateurs qui s'étourdissent la nuit dans l'alcool des bordels, aux rentiers, invalides et autres estropiés de l'âme qui tentent de survivre à la misère, la corruption, insidieuse mais irrémédiable, vient abîmer les valeurs comme les sentiments. Chantages, pulsions morbides, commerce tarifé et jouissance sordide de la domination, voilà à quoi se réduisent les rapports entre les hommes dans une époque traumatisée et gangrenée par les germes de " la vérole nationale-socialiste ". De cette dévaluation généralisée, chacun s'en sort alors comme il peut et règle ses comptes avec sa conscience devenue subitement " élastique ". Dans ce tableau historico-social s'exprime une violence brutale et glacée que l'humour souvent sarcastique de l'auteur ne suffit pas à désamorcer.

Pour mieux comprendre la république de Weimar et l'ascension du national socialisme on peut lire les romans d'Erich Maria Remarque dans l'ordre suivant :

"A l'Ouest rien de nouveau" qui narre la vie quotidienne dans les trachées durant la guerre de 1914, publié en 1929. avec ce roman, il sera s pris pour cible par les nazis qui l'accusent d'affaiblir le moral de la nation allemande dans ses écrits. En 1933, ses livres sont d'ailleurs brûlés à Berlin et interdits dans les bibliothèques.
"Après" peint la fresque la plus tragique et la plus poignante de l'Allemagne après la guerre de 14-18, des premiers jours de la défaite aux derniers jours de la révolution spartakiste. La déroute, l'émeute, la faim, le doute, Erich-Maria Remarque les évoque avec une âpre sincérité, une violence vengeresse.

"Les camarades"  conte  l'aventure de trois camarades de guerre, en proie aux difficultés de l'existence, dans l'Allemagne où le nazisme est en train de croître. Une âpre poésie chargée de détresse et de fatalité imprègne le livre tout entier. Il s'en détache une héroïne attachante et tendre, et un roman d'amour dont la brève flambée illumine de façon inoubliable un monde désolé et menaçant.

"L'obélisque noir" présenté ci-dessus.







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