Depuis sa création spontanée, à la suite de biens des malversations, trafics et squats au sein de nos immeubles, l’association ne ménage pas ses efforts de mobilisation chaque week-end afin de dissuader les dealers de venir s’installer au chaud dans le hall.
Sur les locataires des cent dix logements, ce sont essentiellement les femmes : retraités, veuves et mères de famille qui se mobilisent les plus et de façon régulière. D’hommes nous ne sommes guère et toujours les mêmes. La Grange aux Belles porte bien son nom.
Hélas nous manquons de forces vives. Il serait souhaitable que la majorité des locataires prenne conscience de la situation et de la difficulté à tenir dans la durée en dépit de la bonne volonté de chacun. Contrairement à ce que se persuade bien des locataires, issus de l’ensemble des communautés présentes au sein de nos immeubles, les membres de l’association mobilisés chaque semaine ne sont pas des vigiles chargés de leur tranquillité et de leur sécurité. Notre action n’est pas un acte anti-jeunes ni un acte raciste. Nous demandons simplement à toutes et tous d’accepter les règles de vie en communauté et de nous aider à les faire respecter. Hélas il y a encore bien du travail pour les convaincre.
Cependant nous ne désespérons pas. Notre association a déjà été reçue par le commissaire de l’arrondissement et nous rencontrerons le député-maire mardi prochain. D’autres projets de mobilisation sont en cours de discussion. La lutte continue.
Seul point réellement positif, dont je me réjouis, de ses soirées de veille prolongée jusqu’à deux heures du matin, c’est que les locataires qui ne faisaient que se saluer depuis des années se découvrent, se parlent, finissent par se tutoyer, à s'apprécier. Autour d’un délicieux thé à la menthe et de petites pâtisseries orientales, une voisine marocaine nous narre de savoureuses anecdotes avec une verve peu commune. Une autre, d’origine tchèque, fait visiter les musées parisiens et la capitale à des touristes allemands. Une troisième de plus de quatre-vingt ans et d’origine grecque déplore l’état catastrophique dans lequel se trouve son pays et admire d’un œil pétillant de « jeunes apollons » qui traversent parfois le hall, apollons avec lesquels, si elle était plus jeune, elle partagerait bien un moment. D’anciennes locataires racontent le temps passé dans un quartier ouvrier aujourd'hui disparu.
Nous observons le ménage inqiétant des voitures aux vitres teintés qui stationnent à deux pas. Les infiltrations par les parkings et les entrées d’immeubles voisin. Nous assistons sur le coup d’une heure du matin au regroupement d’une quinzaine de suspects sous les fenêtres d’un voisin du rez-de-chaussée qui vient juste de rentrer de son travail de barman dans une brasserie de la gare de l’Est et ne pourra pas dormir. Vendredi soir, dans la nuit, nous avons reçu la visite d’une brigade du GPIS (Groupement Parisien Inter-bailleurs de Surveillance) et plus tard d’une brigade de la BAC (Brigade Anti-Criminalité). Samedi soir nous aurions eu besoin d’eux mais un meurtre les mobilisait ailleurs. A quand une ZSP (Zone de Sécurité Prioritaire) comme il en existe dans le 18ème et 19ème arrondissement ? Hier au soir à deux heures trente du matin nous avons levé le camp. Nous n’en avons pas fini.
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