Papou à horreur de la mauvaise foi. Et décidément, même s'il m'arrive d'apprécier quelques articles de périodiques culturels et cinématographiques, ceux-ci ont la dent dure lorsqu'il s'agit de critiquer des films comme " Les petits mouchoirs " de Guillaume Canet. Un film destiné à un public bien plus large que les pisse-froid psychorigides qui vous décortiquent chaque scène et chaque plan comme une langoustine pas fraîche à un cours de SVT, sans prendre le temps de goûter la mayonnaise ni apprécier le verre de muscadet qui va avec. Ils chipotent dans les huîtres du Cap-Ferret de peur d'être intoxiqués.
Le scénario de ces petits mouchoirs nous plonge dans les abysses de l'amitié, dont il explore les ambiguïtés avec précision, cruauté, lucidité, émotion et humour grinçant. Tout pour satisfaire le plus grand nombre. La bande son est parfois un peu lourde et le film aurait gagné en force à être plus ramassé, débarrassé de certaines scènes trop longues, voire inutiles. Mais le résultat n'en reste pas moins réjouissant. Seulement voilà : " Le troisième film de Guillaume Canet marque les limites d'un système de production où n'importe qui, pourvu qu'il soit connu - acteur, donc, mais aussi romancier à gros tirage, par exemple - se voit accorder le privilège de devenir cinéaste et le chèque en blanc qui va avec. " D'emblée le ton est donné par l'un d'eux qui assurément n'apprécie guère le système de production cinéma actuel français. C'est son droit, et il n'a peut-être pas tord, mais après tout, n'en a t-il pas été toujours ainsi dans le monde du cinéma ? Qu'il se rassure, au final le public ne se trompe pas. Un mauvais film ne figure jamais au palmarès populaire. Et puis qu'importe, est-ce une raison suffisante pour descendre en flèche ces petits mouchoirs fort sympatiques ? Ah! oui il y a cette thématique éculée depuis des lustres de Claude Sautet à Esposito en passant par Yves Robert, des potes qui se retrouvent en vacances, chargés de leurs petits problèmes narcissiques et existentiels sans jamais évoquer la misère du monde. N'en déplaise, nombreux sont ceux qui comme les personnages du film de Canet, partent en vacances entre potes deux semaines (durée du temps d'action du film) sans tenir de conversations philosophiques, politiques et sociales autour des dernières analyses du Monde et des Echos, sans pour cela être des " Hystériques " pour les unes et des "lourdauds décérébrés " pour les autres.
"Ont-ils le droit d'être aussi antipathiques, lourdement caricaturés, et désespérément incultes ?" nous rétorqueront-ils encore. "C'est vrai, pourquoi un journal, un livre, pourquoi une conversation intéressante en vacances." s'enlise l'un d'eux. Antipathiques ! Oui, certains le sont, aussi irritables que ridicules, pathétiques et émouvants. Caricaturés ! Aussi et personnellement j'en connais beaucoup qui joue à être ce qu'ils ne sont pas pour avoir le sentiment d'exister en regard des autres. Incultes ! Rien ne permet de l'affirmer" Jean-Louis, loin de l'agitation parisienne n'est pas qu'" un improbable ostréiculteur philosophe " mais est un homme simple débordant d'humanité.
"L'étanchéité du groupe au monde réel est symbolisée par une image fugitive, et ici incongrue : Marion Cotillard dépliant maladroitement Le Monde." Lâchez-nous avec Le Monde, les huitres, le Cap-Ferret. Personne n'est dupe. C'est tout juste si on distingue le titre du journal derrière lequel Cotillard masque son émotion et sa détresse sans en lire une ligne. Heureusement que ce n'était pas l'Equipe ou l'Auto Journal. A 58 ans, je trouve ce film "générationnel" plutôt réussi. Oui, j'ai ri. Oui j'ai pleuré. Alors me faites pas chier avec vos critiques à deux balles d'intellos mal brossés. Mais je m'énerve. Je vais devenir grossier. Allez, passez-moi le muscadet et courrez voir "Les petits mouchoirs" en attendant le retraite à 62 ans.
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