samedi 17 avril 2010

Adèle Blanc-Sec le film.

(...) il règne dans ce blockbuster à la française une fantaisie plutôt rassérénante, portée par une actrice qui s'affirme de film en film et qui a ici la gouaille requise (et le charme, appelez-la Adèle Blanc-Sexe). Luc Besson étant un garçon poli, il régurgite tout ce qu'il a consommé (et il consomme beaucoup) : dans son Adèle, il y a un peu de La Momie - mais sans doute y avait-il déjà un peu du Cinquième Elément dans la Momie en question -, une louche des Brigades du Tigre, quelque chose d'Une nuit au musée, une lichette d'Amélie Poulain et, s'il y a un album auquel peut penser en voyant le film un bédéphile béotien, c'est bien Les Sept Boules de cristal. Ah, ce n'est pas de Tardi ? L'histoire est assez extravagante, à l'image des motivations d'Adèle, qui cherche à ressusciter une momie égyptienne pour soigner sa soeur blessée lors d'une partie de tennis (si cela ne vient pas de Tardi, alors je parierais volontiers que dans l'esprit syncrétique de Luc Besson, les soeurs Willams ont dû passer par là...). La résurrection en question passe d'abord par l'éclosion d'un oeuf de ptérodactyle, lequel vient déranger d'un large battement d'aile une France courtelinesque : flic goinfre (Gilles Lellouche, pas mal en ancêtre de Bérurier), Tartarin à la petite semaine (Jean-Paul Rouve, plus classique), président débonnaire et guillotineur maladroit. Les méchants sont très méchants : la présence de Mathieu Amalric, ultra-grimé (Scaphandre et papillon sur pattes) emmène assez haut le prologue, au point qu'on regrette qu'il disparaisse aussi vite. Mais reste l'idée, pour certains personnages, d'un sur-maquillage grotesque, qui fonctionne assez bien. Ce qui marche, c'est l'humour global de la chose. On aime, par exemple, que miss Bourgoin multiplie les déguisements pour délivrer le savant qui pourra l'aider - la voilà tour à tour cuisinière bouffie, infirmière, avocat à moustache, geôlier un peu hagard. On aime plus généralement l'insolence calculée dont elle fait preuve, la vie, le relief, qu'elle apporte à cet univers un peu sous cloche (beaux décors et images de synthèse ici et là). D'une certaine façon, il est bien qu'elle ait son franc-parler, cette jeune actrice-là, une drôle de façon de surjouer avec naturel. On aime aussi qu'elle sorte précipitamment de son bain, mais c'est une autre histoire. Il y a un bémol, tout de même : je continue de penser qu'un dialoguiste malin, à l'écriture un peu moins familière que celle de Luc Besson, aurait pu apporter un cachet supplémentaire à l'ensemble, quelque chose d'un peu plus savoureux. Je ne suis pas fan de la résurrection finale de Ramsès II et de sa cour, ni de la façon dont ils s'expriment. On sait que, pendant le tournage de La Terre des pharaons, Howard Hawks et William Faulkner s'étaient colletés à cette essentielle question : comment faire parler un pharaon ? Confronté au même problème, Luc Besson s'en sort moins bien. Peut-être parce qu'il n'est pas Hawks, sûrement parce qu'il n'a pas Faulkner sous la main. Aurélien Ferenczi, Télérama

2 commentaires:

Sophie a dit…

j'arrive à l'instant (23H42 !)
il est trop tard pour tout lire mais ....je reviens demain matin !
sophie (des grigris)

aram a dit…

Je suis etudiante de francais et tres contant de vous rencontre.mon blog est au sujet de cinema de france.