mercredi 17 décembre 2008

Les petits métiers qui sauvent la vie : madame Pîpi

Cinq pains d’explosifs ont été retrouvés derrière la cuvette des WC des magasins du Printemps dans le 9ème arrondissement de Paris. Des menaces terroristes sont mises à exécution dans les chiottes de France et moi, eh bien les chiottes j’y vais assez souvent. Pas vous ? . Je sais, vous allez dire il a un sacré problème avec les chiottes le Papou et ferait mieux de consulter son psy ou lire son petit Lacan pour les Nuls. Mais reconnaissez que je n’y suis pour rien dans cette affaire. Donc, ce matin, je suis allé tranquillement au boulot dans la plus grande insouciance possible. Je vaquais à mes occupations journalières quand soudain : envie d’avoir envie. Et quand j’ai envie d’avoir envie, eh bien j’y vais. Pas vous ? Et par voie d’association me revient en mémoire cette putain d’alerte à la bombe d’hier matin un peu à la même heure. Détends-toi, man, que je me dis in petto, Le CHSCT et les services secrets Français sont sur le coup. Ils ont retrouvé les pains d’explosifs au Printemps sans casse ni dommages collatéraux. Ouais, en tout cas si on attend le printemps, on a de quoi se faire expolser l'anus. J’arrive aux chiottes et Farid ben lui, il en sort. Farid, vous savez le grand black du service courrier que je protège des terroristes comme Jack Bauer. Mais là, je suis aussi blême que lui est black. Et si Farid était une taupe modèle ? Un infiltré d’Al Caca Hideux, déguisé en Camembert Président pour donner le change et nous mettre des pains d’explosifs dans les cagoinsses ? Et Farid il est pas musulman, des fois ? Il est marseillais. Il est pour l’O.M. Pour le reste, je sais pas. C’est vrai que depuis hier Farid a une démarche bizarre genre le mec qui planque des pains d’explosifs dans son slip. Et c’est pas Abraham, le gardien qui va lui palper les roustons ou les lui faire renifler par un berger allemand. De toutes les façons ont à pas de Berger allemand à la boîte. On est pas dans la merde. Bon, faut que j’assure seul. J’ai piqué dans le coffre à jouets de la voisine, un gun en plastique qu’on dirait un vrai. J’enclenche la poignée doucement et pousse la porte du pied d’un coup. Irruption dans les chiottes en hurlant « Lâchez vos armes et les explosifs, putain d’enculés de terroristes !!!! » Bon, je sais c’est pas poli, et puis la vie sexuelle, même celle des terroristes ne me regarde pas, mais faut reconnaître que ça en jette. J’ai tellement eu peur moi-même tant j’ai crié fort que j’ai failli jeter mon arme et lever les mains en l’air. Mohamed qu’était au Marcel Duchamp en train de pisser à tellement flippé qu’il s’est retourné d’un coup et m’a arrosé les pompes de son jet acide. Foutus les pompes. J’ai cru qu’il allait mourir, le Mohamed. – « Eh les gars, j’en tiens hein ! » j’ai hurlé.. - « Un quoi ? Un quoi ? Un quoi ? « qu’il gueulait Mohamed la bistouquette déconfite. Et où ils étaient les autres. Jamais là quand on a besoin d’eux les membres éminents du CHSCT. J’ai collé Mohamed à plat ventre pour le fouiller. Rien. Donc le dispositif était déjà en place derrière les cuvettes. Attiré par les cris, Dugenoux est arrivée avec Farid. Ca m’a semblé louche. Deux fois, Farid en l’espace de quelques minutes. Parait qu’il a une gastro. La chiasse, mon cul ouais. « qu’est e qu’il fout Mohamed, par terre, il est malade ? » a demandé Farid. - « Ta gueule, Farid, fait pas le malin ou je te descends sans sommation ! » - « T’est givré, ou quoi ! » - Ta gueule, je te dis ! » Je les tiens en joue tandis que je perquisitionne le derrière des cuvettes. Rien d’anormal si ce n’est, comme d’habitude, la balayette qui a disparu avec l’abattant et le rouleau de P.Q et dans la cuvette les traces de pneus du trente tonnes avec remorque. Mais de pains d’explosifs que tchi ! La routine, quoi ! Pis soudain, j’y pense. Peut-être qu’au Printemps, le Front révolutionnaire afghan a maquillé le vol des balayettes et des lunettes de WC en attentat terroriste pour sortir du magasin lors de l’évacuation avec le matos volé. Technique de pro, quoi, façon gang des Godiches. C’est ce que j’ai tenté d’expliquer aux deux mastards en blouse blanche qui m’ont maîtrisé au sol de leurs petites mains musclées. En sortant des chiottes avec ma camisole, tout le CHSCT était présent. Il était bien temps maintenant que le boulot était fait. Il y avait aussi madame Pipi qui faisait sa tournée d’inspection pour ravitailler les distributeurs en savon, papier hygiénique et serviettes en papier. Je l’ai croisé vite fait, mais il m’a bien semblé reconnaître sous son déguisement de fortune Michèle Alliot-Marie, notre ministre de l’intérieur des chiottes. Elle est enfin à sa vraie place : madame Pipi. Soyez rassurés : le gouvernement est sur le coup.

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