l'Autrichien Friedrich Gulda, né le 16 mai 1930 à Vienne et mort le 27 janvier 2000 (le même jour que la naissance de Mozart, ce qu'il souhaitait !) est considéré à juste titre comme l'un des meilleurs interprètes classiques du XXe siècle, en raison du caractère jamais routinier, toujours audacieux et novateur, mais jamais facile, de ses impeccables exécutions. Il fut tout à la fois un des pianistes classiques qui marquèrent durablement l'après-guerre, un passionné de jazz qui pratiqua cette musique en professionnel accompli et un des derniers maîtres de l'improvisation.
Spécialiste du répertoire classique et romantique, son nom est surtout associé à celui de Ludwig van Beethoven, Jean-Sébastien Bach ainsi qu'à celui de Wolfgang Amadeus Mozart, dont il était un admirateur sans limites. En février 1981, Friedrich Gulda donna pour la première (et unique) fois de sa vie l’intégrale des sonates pour piano de Wolfgang Amadeus Mozart en concert.
Inclassable et provocateur : pur produit de la grande tradition viennoise, Gulda ne cessera de défier le conservatisme esthétique et l'hypocrisie morale de la bourgeoisie autrichienne. Avec lui, la sacro-sainte cérémonie du concert se verra contestée par des programmes qui s'évadaient au dernier moment vers les horizons les plus improbables, par un jeu parfois volontairement iconoclaste.
De fait, ses concerts proposaient des mélanges incongrus, où un nocturne de Frédéric Chopin et un impromptu de Franz Schubert étaient entrecoupés de morceaux de jazz de sa composition, ou de longues improvisations sur un thème de Thelonious Monk.
En 1970 il renonça à l'anneau du bicentenaire de Beethoven que lui avait décerné l'Académie de musique de Vienne. Se présenter avec sa compagne devant les caméras de la télévision, tous deux entièrement nus, pour interpréter L'Amour et la vie d'une femme de Robert Schumann relevait d'une volonté délibérée de scandaliser et de l'affirmation d'une liberté personnelle qui n'accepte aucune limite. Après une carrière de concertiste il s’éclipsa de la scène internationale et opta pour le jazz et s’était posé partisan d’une musique et d’un style de vie libre.Cet aspect de sa personne musicale n'a cependant, à sa grande fureur, jamais touché ni le grand public, ni les amateurs de musique classique, désorientés, ni les amateurs de jazz, pour lesquels sa touche et son sens du rythme n'étaient pas assez affranchis des contraintes du métronome. Le parcours chaotique de ce grand maître a suscité toute la gamme des réactions passionnées, du rejet absolu à l'adulation sans réserve.
Friedrich Gulda & Joe Zawinul Light my fire
Mozart Sonates in B flat Major (extrait)
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