jeudi 23 juillet 2020

1970 et les autres (13) : le Salegy




    Ce fut pour moi un véritable choc que d'arriver dans la ville portuaire de Diego-Suarez située à l’Extrême-Nord de Madagascar dans l’immense baie enclavée du même nom où nous restâmes basé plusieurs mois en 1971.
« Habiter » Diego, c’était vivre dans une ville où les deux tiers de la population étaient étrangers et côtoyaient des Malgaches issus de toutes les régions de l’île, des Indiens, des Réunionnais, des Chinois, des Grecs, des Comoriens, des Somalis, des Yéménites, des Arabes, etc.




  Nous étions à quai en compagnie d'une autre aviso le Commandant Bory qui connaissait diverses péripéties liées à son appareil propulsif. 




   Diego, j'en entendais parler depuis des semaines et ma première sortie en ville fut pour me rendre avec les copains au Saigonnais ou à la Taverne deux lieux emblématiques de Diego pour y danser le Salegy.

      À l'origine, cette musique était entièrement liée aux us et coutumes malgaches. Les groupes ethniques utilisaient le salegy dans les rites de possession et les cérémonies liées au culte des ancêtres.

   Le mot salegy date des années 60. Il désigne une musique nouvelle, électrique, imaginée par certains guitaristes au confluent de la variété et de la tradition.
   Dans les années 1960, le salegy fait sa révolution avec l’arrivée des instruments électriques. Elisabeth Raliza et l’association folklorique de la côte Est lancent le salegy moderne avec le tube
« Viavy Rose ». Du salegy intégrant des instruments électriques et accordéon chromatique tout en brassant des styles locaux (basesa, tsapiky, sega) et importés (sega mauricien et réunionnais, rumba congo-zaïroise, le mbaqanga sud-africain et le benga du Kenya). Cette fusion connaît vite un succès considérable.






      Le salegy sera ensuite popularisé par le regretté Freddy Ranarison et Los Matadores, un orchestre de Diego Suarez. « Véritable pionnier de la guitare électrique des années 1960, Freddy Ranarison a propulsé le salegy sur l’échelle internationale avec son quarante-cinq tours Salegy






   L'un des célèbres vétérans de cette musique reste Eusèbe Jaojoby surnommé le roi du salegy. Jaojoby fait partie d’une succession de groupes célèbres à partir de 1972 notamment Los Matadores, Valoalo de Tamatave et Les Vickings de Nosy Be. de la musique salegy.  Depuis l'arrivée de Jaojoby et ses congénères le salegy est devenu la musique emblématique de la Grande Île.





    C'est vous dire qu'a Diego nous avons vite oublié la métropole et ses succès hexagonaux pour nous déhancher chaque soir au son du Salegy avant d'aller déguster des brochettes de zébu à la sauce piquante sur les trottoirs de Diego.




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