mardi 14 juillet 2020

Jean Giono (1895-1970) bibliographie sélective (1)



    Le cinquantenaire de la disparition de Jean Giono  (1895-1970) est l'occasion de revenir sur la bibliographie de  cet écrivain majeur de la littérature française




     En fait d'Odyssée, il semble que le retour d'Ulysse à Ithaque tienne davantage de l'école buissonnière et qu'il soit plutôt hâté par l'annonce de l'infidélité de Pénélope. Mais que dire lorsque l'on vous somme de justifier une absence de dix ans ? Peu de choses, suggère Giono, un mensonge... Ainsi naît l'Odyssée. Dans ces pages merveilleuses de poésie, Giono célèbre un monde où, à travers les dieux, l'homme et la nature entrent en communion profonde.

Conception: juillet-décembre 1927.
Publication: Revue Commerce, été 1928.
Bernard Grasset, coll. Cahiers Verts, février 1929.
     Un débris de hameau où quatre maisons fleuries d'orchis émergent de blés drus et hauts. Ce sont les Bastides Blanches, à mi-chemin entre la plaine et le grand désert lavandier, à l'ombre des monts de Lure. C'est là que vivent douze personnes, deux ménages, plus Gagou l'innocent. Janet est le plus vieux des Bastides. Ayant longtemps regardé et écouté la nature, il a appris beaucoup de choses et connaît sans doute des secrets.
Maintenant, paralysé et couché près de l'âtre, il parle sans arrêt, " ca coule comme un ruisseau ", et ce qu'il dit finit par faire peur aux gens de Bastides. Puis la fontaine tarit, une petite fille tombe malade, un incendie éclate. C'en est trop ! Le responsable doit être ce vieux sorcier de Janet. Il faut le tuer... Dans Colline, premier roman de la trilogie de Pan (Un de Baumugnes-Regain), Jean Giono, un de nos plus grands conteurs, exalte dans un langage riche et puissant les liens profonds qui lient les paysans à la nature.

Conception: août-décembre 1928.
Publication: La Nouvelle Revue française, août-novembre 1929.
Bernard Grasset, octobre 1929.

      À la Buvette du Piémont, un vieux journalier est attiré par un grand gars qui paraît affreusement triste ; il provoque ses confidences : Albin vient de la montagne, de Baumugnes. Trois ans auparavant, il était tombé amoureux fou d'une fille qui s'est laissé séduire par le Louis, " un type de Marseille, un jeune tout creux comme un mauvais radis ". Le Louis ne lui avait pas caché que son intention était de mettre la fille sur le trottoir.
Depuis, Albin est inconsolable, traînant de ferme en ferme, sans se résoudre à remonter à Baumugnes. Alors le vieux, qui n'est que bonté, décide d'aider Albin... Rempli d'amour, de tendresse et de fraîcheur, Un de Baumugnes est le deuxième roman de la trilogie de Pan, les deux autres étant Colline et Regain. 


 Conception: mars-décembre 1929.
Publication: Revue de Paris, octobre-novembre 1930.
Bernard Grasset, octobre 1930.

     Tous sont partis. Panturle se retrouve seul dans ce village de Haute-Provence battu par les vents au milieu d'une nature âpre et sauvage. Par la grâce d'une simple femme, la vie renaîtra. Jean Giono, un de nos plus grands conteurs, exalte dans Regain avec un lyrisme sensuel les liens profonds qui lient les paysans à la nature. 


      Conception: 26 avril-16 mai 1930.
Publication: Paris, Éditions Émile-Paul, décembre 1930.
Gallimard, 1986 (suivi de Poème de l'olive).


     "Ce pays-là va tout en vagues, puis se creuse en un beau val. Un ruisseau est au fond, sous les saules. C'est le Largue. Un Largue large de trois pas. Il ne va pas comme tous les ruisseaux, d'un flot égal, mais il dort dans des trous profonds, puis l'eau glisse d'un trou à l'autre, en emportant des poissons, puis tout s'arrête et l'on attend une pluie là-bas sur les plateaux. Quand on se penche sur ces trous d'eau, on voit d'abord le monde renversé des arbres et du ciel.
Là, j'ai compris pourquoi les jeunes filles se noyaient : c'est la porte d'un pays, c'est un départ ; sous l'eau sont des nuages, et des arbres, et des envols d'oiseaux, et des fleurs. Un peu de courage, même pas du courage, laisse faire le poids de cette chair..." 

 Publication: Paris, Éditions des Cahiers Libres, 1930.
Gallimard, 1932, 1947.

    

   Conception: juillet-10 août 1930
Publication: Les Nouvelles littéraires, décembre 1930-février 1931.
Bernard Grasset, avril 1933.

     Une nuit d'été, sur le plateau de Malefougasse, parmi "deux cents hommes et cent mille bêtes", Giono, l'imagination exaltée par des contes flottant au vent des collines, assiste stupéfait à un singulier spectacvle, une véritable cérémonie secrète. A la lueur des feux, au son des harpes éoliennes et des flûtes à eau, une dizaine de bergers jouent un drame épique dans une langue tissée de visions, mêlant le provençal, le génois, le corse, le piémontais...Opéra en plein air dont l'étrangeté est multipliée par l'écriture tout en images de l'auteur, ce Serpent d'étoiles se situe entre le récit d'initiation et l'enquête hallucinatoire. 



Conception: décembre 1929-mars 1931.
Publication: Revue Europe, mai-septembre 1931.
Éditions de la N.R.F., novembre 1931.
Gallimard, 1944.
     Un curé traverse la route en portant une pendule. Un canon anglais passe au grand galop, les chevaux fouettés par les artilleurs français. Un colonel sans capote et nu-tête fait ses grands pas dans l'herbe. De sa main gauche il tient une boîte de sardines ouverte. Il trempe le pain dans l'huile et il pompe à pleine bouche. Un officier anglais, penché derrière un arbre, allume sa pipe à l'abri. Tout ça s'en va vers le mont Cassel. Un réquisitoire contre la guerre.

 Conception: printemps-été 1932.
Publication: Bernard Grasset, novembre 1932.

     Dans ce récit autobiographique, Jean Giono évoque son enfance passée à Manosque, dans une maison haute avec un escalier étroit qui relie la blanchisserie du rez-de-chaussée, où s'active sa mère Pauline, au troisième où se trouve l'atelier de cordonnier de son père. C'est là que Jean Giono a appris à sentir, à voir et à penser sous la garde vigilante de sa mère, modelé par la sagesse et la grande bonté de son père. Jean Giono nous raconte aussi les aventures et les drames qui l'ont marqué et sa découverte de la sensualité au cours d'un séjour chez les bergers. C'est sur le départ pour la guerre de 1914 que s'achève ce merveilleux recueil de souvenirs d'enfance, empli de fraîcheur et de tendresse.

Conception: janvier-septembre 1933.
Publication: Revue de Paris, mars-avril 1934.
Bernard Grasset, novembre 1934.


    Le matin fleurissait comme un sureau. Antonio était frais et plus grand que nature, une nouvelle jeunesse le gonflait de feuillages. -Voilà qu'il a passé l'époque de verdure, se dit-il. Il entendait dans sa main la truite en train de mourir ; Sans bien savoir au juste, il sa voyait dans son île, debout,, dressant les bras, les poings illuminés de joies arrachées au monde, claquantes et dorées comme des truites prisonnières. Clara, assise à ses pieds, lui serrait les jambes dans ses bras tendres. 

      Conception: février 1934-janvier 1935.
Publication: Bernard Grasset, avril 1935.

     Sur le rude plateau provençal de Grémone, quelques hommes peinent tristement sur leurs terres, chacun de leur côté. Ils comprendront le message de joie et d'espérance que leur apporte le sage Bobi, vagabond au coeur généreux, et, malgré les difficultés de l'existence, la joie renaîtra sur le plateau. Que ma joie demeure est un hymne à la vie, un chant merveilleux en l'honneur de la nature, des hommes et des animaux.

       Conception: juillet-décembre 1935.
Publication: Bernard Grasset, avril 1936.

      Les Vraies Richesses... Titre explicite pour une manière de récit et d'essai dénonçant la vanité de la vie citadine, de l'argent, célébrant la gloire du soleil, de la terre, des collines, des ruisseaux, des fleuves " qui m'irriguent plus violemment que mes artères et mes veines ". L'ouvrage débute par une promenade parisienne à Belleville, prétexte pour l'auteur à une réflexion sur les "racines". Giono, visionnaire et virtuose du sacré, rejoint vite, d'un bel élan amoureux, ses chemins de traverse provençaux, ses paysans mythologiques, la loi du pain, le vent des rêves. 
 Publication: Nouvelle Revue française, janvier 1937.

     "Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l'entends, je la subis encore. Et j'ai peur. Ce soir est la fin d'un beau jour de juillet. La plaine sous moi est devenue toute rousse. On va couper les blés. L'air, le ciel, la terre sont immobiles et calmes. Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre.
L'horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marque". Un texte bouleversant dans lequel Jean Giono livre, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, un véritable plaidoyer pour la paix.

Aucun commentaire: