mardi 7 juillet 2020

Bob Dylan, Rough and Rowdy Ways





« Ou que j’aille, je restais un troubadour des sixties, une relique du folk-rock, phraseur des temps anciens, le chef d’Etat fictif d’un pays inconnu. L’enfer sans fin de l’oubli culturel. » Voici ce qu’écrivait Bob Dylan en 2004 dans le premier volume de ses Chroniques –

Ce qui n’est pas le cas de Rough and Rowdy Ways, son 39e en studio, dont l’improbable single de dix-sept minutes, Murder Most Foul, exercice de name-dropping autour de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, a permis à son auteur de prendre, à l’approche de son 79e anniversaire, la première place des ventes digitales de « rock » (?) aux Etats-Unis.
Double (Murder Most Foul occupe à lui seul le deuxième CD), ce nouvel album attire la curiosité car il est le premier de chansons originales (dix) depuis Tempest en 2012, l’oracle ayant, dans l’intervalle, difficilement fait patienter ses fans avec une trilogie (dont un triple album) de standards de jazz popularisés par Frank Sinatra.

Entre-temps, Dylan a été surpris d'apprendre en 2016 qu'on lui décernait le prix Nobel de littérature. Il est douteux que cette récompense ait eu le moindre effet sur son écriture mais, de fait, Rough and Rowdy Ways privilégie le texte, le récitatif, la psalmodie et le talkin’ blues autour d’une musique souvent évanescente, comme contemplative sur des tempos lents. Fidèle à son orientation depuis Time Out of Mind (1997), le chef-d’œuvre qui mit fin à ses errements, il puise dans le vivier de l’americana, ces genres (blues, folk, country) d’avant le rock qui ont décidé du destin de Robert Zimmerman.

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