mardi 5 janvier 2016

Les huit salopards de Quentin Tarantino





Vous connaissez le Cluedo, ce jeu de société dans lequel les joueurs doivent découvrir qui est le meurtrier d'un crime commis dans un manoir anglais. Madame Leblanc, Madame Pervenche, Colonel Moutarde, Mademoiselle Rose, Docteur Olive, Professeur Violet.
Dans ce grand classique du jeu de société vous pouvez changez les noms des protagonistes en Monsieur White, Monsieur Blonde, Monsieur Orange, Monsieur Pink, Monsieur Blue et Monsieur Brown, comme ce fut le cas dans Reservoir dogs, film d'une heure trente neuf (je précise), premier huis clos sanglant réussi de Quentin Tarantino.

Ici, pas de manoir anglais, ni un entrepôt cerné par la police, pas dix petits nègres ou dix indiens comme chez Agatha Christie ou de mystère de chambre close si chère à Gaston Leroux, mais un relais de diligence perdu dans les montagnes du Wyoming, où se retrouvent enfermés pour cause de blizzard intense, le chasseur de primes John Ruth, sa prisonnière, Daisy Domergue, le major Marquis Warren un ancien soldat de l'Union devenu lui aussi chasseur de primes, Chris Mannix, le soit disant nouveau shérif de Red Rock et quatre autres individus un mexicain basané, le bourreau de Red Rock, un cow boy, et un général confédéré court-sur-pattes. Et au-dessus de leur tête plane en permanence une violence sourde qui ne demande qu'à s'exprimer. En attendant qu'elle s'exprime, les protagonistes le font pour elle, comme c'est souvent le cas pour ne pas dire toujours chez Tarantino. Vu qu'ils n'ont que ça à foutre, eh bien ils vont tricoter de la menteuse. Et la ils nous offre à avaler une grosse tartine de tarantinade bien grasse et indigeste que nous ne supportons plus au bout d'une heure alors qu'ils étalent de la tarantinade sur du pain pour encore une heure quarante (je précise).
 Lorsque s'ouvre le cinquième chapitre, deux heures déjà que le film est lancé au grand galop (je précise toujours) l'on se dit dit que cela aurait fait un excellent début comme dans un film de Sergio Leone moins bavard que Tarantino mais tout aussi efficace sinon plus que ce dernier dans son dernier opus.
 
Alors l'on nous vente à longueur de pages de magazines le tournage de ce 11ème film en Ultra Panavision 70 comme Ben Hur. Mais attention pas de courses de chars ici. Oui, l'on vous vante le jeu de Jennifer Jason Leigh, que beaucoup voit déjà oscarisée, alors que couverte de sang et sans dents, elle ne fait que grimacer entre Regan la petite fille de l'exorciste et un personnage de Saw. Et cette scène (elle deviendra culte) où l'on voit le major Marquis Warren, un nordiste de couleur joué par l'excellent Samuel L. Jackson, raconter la mort de son fils au général sudiste, après lui avoir fait sucer son sexe. Trop fort. La quéquette noire du nordiste dans la bouche du blanc sudiste. Fallait y penser. Tarantino l'a fait. Une variante de chez Sergio Leone en quelque sorte. Imaginez Sergio Leone demander à Charles Bronson de fourrer sa bite dans la bouche d'Henri Fonda plutôt que de lui mettre un harmonica dans « Il était une fois dans l'Ouest ». Ça aurait eu une de ces classes. Fonda nous aurait jouer du pipeau, certes, mais nous y aurions perdu en morceau de bravoure musicale.

Alors, en dépit des réserves énoncées ci-dessus, faut-il voir «les Huit salopards» de Quentin Tarantino. Ma réponse est d'évidence oui, car Quentin Tarantino prouve qu'il à la patte d'un grand cinéaste, grand cinéaste qui s'écoute et se regarde filmer parfois. Son huitième opus est trop long et vraiment trop bavard.


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