L'année 2016 commence mal. Tout le monde disparait.
Un type vient de m’annoncer le décès de ma sœur Françoise. Anéanti par la nouvelle, je suis resté sans voix, puis me suis laissé aller au chagrin. J’ai eu beaucoup de peine à l’annonce de cette disparition soudaine avant qu'une bonne âme ne me ramène à la brutale réalité : « Tu n’as jamais eu de sœur.» Raison de plus pour en souffrir doublement. Je me suis acheté une perruque question de voir à quoi pouvait bien ressembler cette sœur que je n’avais jamais connu. J’ai pris la pose devant la glace. Je suis resté stupéfait : la ressemblance avec ma sœur était frappante. On dirait moi avec une perruque. Mon coude sur le genou, j’ai reposé mon menton sur la paume de ma main droite, les doigts le long de ma joue terminée par une cigarette de tabac blond tenue nonchalamment entre l’index et le majeur. Ma sœur était belle, quoiqu’un rien mélancolique, l’opale de son visage brouillée dans les volutes de fumée bleue à moins que ce ne soit dans mes yeux brouillés de larmes. Ma soeur avait des airs de Françoise Sagan. Françoise Sagan avec une barbe. Et je dois admettre que la barbe lui allait bien.
Sagan. La Sagan. Celle de tous les excès, des soirées chez Régine et Castel, de l’argent facile des voitures de luxe et de l’Aston Martin qu’elle a crashé avant de me la prêter. Je la regarde droit dans les yeux. Pourquoi m’avoir caché si longtemps qu’elle était ma sœur ? Nous aurions pu faire un beau bout de chemin ensemble, elle sur le devant de la scène et moi l’homme de l’ombre. Ce que j’ai toujours été en fait.
Puis qu'est ce que je vais mettre pour la cérémonie ? Mon Chanel est chez le teinturier. C'est bien ma veine. Fait chier, ma soeur. Toujours à me pourrir la vie.
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