Donc le 15 août 1969 pendant que chez tante Yvonne je goûtais aux joies bien naturelles d’un repas familial, plus de 300 000 personnes sont venus à Woodstock assister à ce qui allait devenir le symbole d'une culture extrêmement riche au niveau musical. Les artistes qui se sont produits au festival de Woodstock ne représentent pourtant qu'une partie de ce formidable courant essentiellement anglophone, mais un courant qui fut l'une des rares contributions des Etats-Unis au patrimoine mondial culturel.
L’histoire du festival de Woodstock nous ramène en février 69, lorsque ses 4 organisateurs se rencontrent et souhaitent créer un studio dans une petite ville de l'Etat de New York : Woodstock.
Woodstock, petite ville située à150 km au nord de New York, est un lieu de villégiature et de résidences secondaires, où vit une communauté d’artistes, peintres et sculpteurs. Bob Dylan y a acheté une ferme. Les musiciens de The Band, avec lesquels il répète depuis son accident de moto, vivent désormais dans le voisinage, ainsi que Janis Joplin.
John Roberts et Joel Rosenman, après des études universitaires, songent à monter un cabinet d'investissement. John a hérité de 250.000 dollars de l’époque à sa majorité, et tous deux souhaitent investir dans un projet sérieux.
Michael Lang ouvre en 1966 en Floride une Head Shop, boutique où les hippies trouvaient tout ce qui faisait leur art de vivre: des perles indiennes, des bâtonnets d'encens, leurs journaux, des bougies parfumées, des produits diététiques... Michael Lang avait également été l'un des organisateurs du premier Miami Pop Festival. Mais la police ayant fermé sa boutique, il était remonté à New York où il s'était lié d’amitié avec Artie Kornfeld, alors vice président de Capitol.
Début 1969, l’avocat de John et Joël leur présente Michael et Artie qui ont en projet un studio à Woodstock et souhaitent les rencontrer. Le métier du disque est en plein développement, les groupes se multiplient, les techniques évoluent. La construction et l’exploitation d’un studio à Woodstock leur apparaissaient comme une affaire sérieuse à proposer à deux hommes disposant d’un capital illimité.
Le projet n’enchante guère les deux investisseurs, mais au cours d’une discussion Michael envisage un grand concert pour l’inauguration du studio. John et Joël, peu intéressés par un studio, sont beaucoup plus attirés par l’organisation d’un concert. L’époque est au grand rassemblement : il y a eu Monterey en 1967 (70.000 personnes), le Miami Pop Festival en 1968 (100.000 personnes), mais rien n’a pour l’instant eu lieu autour de New York, alors pourquoi pas un festival à Woodstock ?
Dans le petit monde du Rock, le bruit commence à se répandre qu'un grand festival se prépare du côté de Woodstock. Peu après, la rumeur se répand: « Un festival aura lieu pendant l'été à Woodstock, dans la ferme de Dylan, dont ce concert marquera le retour sur scène.» Bob Dylan n'est pas réapparu depuis son accident de moto, mais il vient de sortir son premier album depuis trois ans (John Wesley Harding). Avant même que la promotion démarre, le bouche à oreille commence à assurer la publicité de l'événement.
Un premier site que négociait Michael lui est refusé sans explications. Les résidents se sont réunit en « Concerned Citizens» et les citoyens concernés ont fait pression : « On ne veut pas de ça chez nous. ». L'intolérance pointée du doigt par le film Easy Rider sorti il y a peu, est belle et bien présente aux Etats-Unis.
John et Joël trouvent alors Mill's Park, emplacement d'une future zone industrielle. Michael n'aime pas l'endroit, plat et sans caractère, qui n'offre pas le cadre vallonné et bucolique dont il rêve; de plus il ne le trouve pas suffisamment isolé. Pas de bonnes vibrations. Une étude du site est malgré tout entreprise au cas où un meilleur lieu ne serait pas trouvé. Cette étude étant satisfaisante les préparatifs peuvent commencer.
Les organisateurs comptent sur 50.000 personnes. Il en viendra six fois plus. Une telle foule demande que soient traités les problèmes d'accueil que posent le présence de dizaines de milliers de personnes rassemblés pendant trois jours, le temps d'un festival, et il faut donc assurer le gîte, le couvert et la sécurité.
Un ancien chef de la police de San Francisco, partage la même analyse de l'époque que les organisateurs : « Nous sommes en 1969. Il y a une guerre au Vietnam, le mouvement pour les droits civiques a pris un tour révolutionnaire et les campus sont entrés en rébellion. Les jeunes sont souvent engagés politiquement et depuis la convention de Chicago la police est l'ennemi. «Pigs» est devenu un qualificatif courant.
Dans ces conditions, il n'est pas question d'une sécurité classique, employant des hommes en armes et en uniforme, d'autant plus qu'il y a fort à parier que marijuana et LSD vont circuler. L'idée du chef de police est d'employer des flics en congé, avec l'accord de leur hiérarchie sans armes et identifiables par le port d'un tee-shirt marqué d'un sigle « Peace Corps », dont l'écho ne peut manquer de susciter la sympathie du public. Finalement, aucun policier ne participera au festival.
Enfin, on fait appel à la «Hog Farm» - ferme du cochon - une commune fondé par Wavy Gravy. Il lui sera confié les services généraux, accueil et organisation de la cuisine centrale des équipes qui travaillent pour le festival. La «Hog Farm» sera aussi charger de responsabiliser la foule afin d'assurer une sécurité sans l'aide de la police.
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