mardi 29 juillet 2008

Freud, Zorro et moi

Je venais de porter à ma bouche du céleri rémoulade lorsque la question de Martine est tombée sans appel. – « Pourquoi tu fais un blog ? » Répondre me semblait difficile tant à cause du céleri que de la pertinence de la question. –« Pourquoi tu demandes ça ? » - « N’éludes pas la question en la retournant, s’il te plaît ! » - « c’est mon fils qui m’a…. » - « Ne cherche pas non plus à en faire porter la responsabilité à ton fils ! » Je ne sais pas si Martine était mal brossé ce jour là, mais elle semblait en forme question répartie « j’avais envie d’écrire sur des souvenirs d’enfance associés à des disques, des livres, des films, des anecdotes, voire éventuellement écrire sur l’actualité mais par avec un regard différent de l’information officielle. Eh puis mes émotions connaissent trop de conflits d'intérêts pour que la vie me paraisse acceptable. Alors je me suis dit qu’il valait mieux en rire pour conjurer les avatars et les regrets du passé et les craintes de l’avenir. » Je rattaquais le céleri, pensant m’en être pas trop mal sorti. Nous allions passer à autre chose, genre cinéma ou les turpitudes du chiot labrador d’on s’occupait Isabelle dans un refuge. Faisant office de chiot labrador Martine ne lâchait pas mon bas de pantalon. – « Ouais, c’est une sorte de thérapie en quelque sorte ? » – « Si tu veux » j’ai lâché en secouant la jambe. - «Mis à part ton psychanalyste, qui est-ce que ça intéresse ? » -« Pfffft ! » - « Non sérieux qui sont tes lecteurs ? » - « Franchement je n’en sais rien et puis je m’en fou ! » Je devais être rouge comme un thon. - « Ne dis pas que tu t’en fou ! Tu photographies, c’est pour être vu. Tu écris, c’est pour être lu ! » - « Pas forcément. Si d’aventure je conte une anecdote à propos d’une omelette…. » - « Ça n’intéressera que les poules ! » Mis à part quelques veaux en creuse, aucune poule pondeuse de ma connaissance ne lisaient mon blog. - «C’est toi qui parlait de thérapie et de journal intime. » - « Sauf que ta thérapie ou ton petit journal intime tu l’étales sur la place publique ! » -« Mais je n’étale rien : » - « Si ! Tout ce déballage tient de l’exhibitionnisme ! Tu as besoin d’être vu ou lu pour être admiré et consolé comme un petit garçon. » Qu’est-ce que j’avais bien pu lui faire à Martine pour qu’elle se montre aussi mordante à mon égard. Mon bas de pantalon était ruiné. Instinctivement je me suis tâté les poches. A tous les coups, Martine allait me ponctionner cinquante euro pour prix de sa consultation publique. Tout le monde me regardait comme si j’étais attend d’une maladie honteuse. J’ai abandonné le céleri. – « Tu peux l’analyser comme ça si tu veux » – « Remarque après tout je m’en fou, si cela te fait du bien d’écrire dans ton blog. » Oui, je me suis pensé, ça me fait du bien d’écrire à la première personne dans mon blog. Ça flatte mon ego. Na ! T’es contente, c’est ça que tu voulais que je dise ? Eh bien je le dirais pas. - « En tout cas moi ça me gênerait d’être lu par quelqu’un que je déteste ? » - « Comment veux tu que je sache si mes lecteurs me détestent, je ne les connais pas même pas, mes lecteurs potentiels? » -« Parce que tu ne connais pas tes lecteurs et vous ne communiquez jamais entre vous ? » -« Ben, non ! C’est un peu comme un journaliste ou un écrivain ils écrivent peu importe les lecteurs » - « Sauf que le journaliste communique de l’information dans un journal et signe ses articles. Un romancier invente une histoire et nous fait partager une vision du monde par l’intermédiaire de son roman.» -« Mais journalistes et écrivains ne peuvent pas communiquer avec tous leurs lecteurs ! » - « Qu’est-ce que tu veux, moi ça me gêne tout cet étalage et ce voyeurisme. Tu ne me retireras pas de l’idée qu’il y a quelque chose de pervers, là dedans ! » -« Je ne vois pas où est la perversité !. » j’ai lâché indigné comme un roquet sans couilles. -« Et tu n’as jamais de commentaires ? » - « Ben si parfois quelque uns » - « Donc tu as des lecteurs et tu les connais ? – « Non, ils utilisent des pseudonymes » -« Ah! Ouais, dans le genre ?» - « Longue Focale, Ça sent le gazoil, Zeul…. » - « C’est des indiens ? » -« Non, pourquoi ? –« Tous ces noms d’emprunts ressemblent à des noms de tribus : Comanches, Sioux, Cheyennes, Longue focale, Zeul, Kuquigrate, doikisan, Anuskipèt. Et toi, c’est comment Zorro ? » - « Vu que tu abordes la question, Zorro ne serait pas Zorro s’il arborait masque et cape et se faisait appeler Don Diego de Lavega. Le sergent Garcia l’arrêterait illico pour le livrer au gouverneur ! » - « Rassure moi, tu ne te prends pas pour Zorro tout de même ? » - « Pas du tout, c’était pour répondre à ton exemple » - « Et toi, c’est ? » - « Papou. « On n’en sort pas de la tribu ». Mon entrecôte était maintenant froide. J’ai chipoté dans les légumes d’un bout de fourchette maussade. – « C’est un nouveau mode d’expression….. » - « Étalez ses petits cacas sur la toile, tu appelles ça un mode d’expression ? » – « Petula Clark n’est pas un petit caca ! » - « Non, mais un vieux boudin, sûrement » - « Donc, si je comprends bien, tu me conseilles de fermer mon blog ? » -« Tu fais ce que tu veux, c’était juste question de parler » - « Je crois alors que je vais aller me pendre » - « Encore une belle façon de se faire remarquer ». J’ai compris alors pourquoi les armes n’étaient pas en vente livre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi je m'appelle vraiment Sophie et j'ai eu bien du plaisir à lire cet article !!!!

Anonyme a dit…

laisse tomber...et ne cherche pas d'arme surtout...la blogosphère est désormais un vrai lieu de divertissement pour ne pas dire de culture décalée... alors...continuons !!!