article de Philippe Chevilley, les Echos
"Le Théâtre du Soleil nous embarque en
Inde. Pas pour fuir le monde, mais pour le regarder en face. Pour
regarder le diable en face. Avec culot, Ariane Mnouchkine et sa troupe
s'attaquent, dans leur nouvelle fresque, au terrorisme et n'hésitent pas
à représenter les tueurs de Daech sur scène. En utilisant la meilleure
arme pour déjouer le fanatisme : la dérision. « Une chambre en Inde » se
moque de l'Etat islamique, comme Molière l'aurait fait, sur le mode de
la comédie. Une comédie pour rire et pour pleurer, qui pose avec acuité
la question du rôle du théâtre dans la lutte contre la barbarie.
L'horreur peut rendre fou. C'est ce qui arrive à Constantin Lear,
directeur d'une compagnie théâtrale en résidence dans une petite ville
indienne. Exit le grand projet de monter le Mahabharata ; le metteur en
scène, anéanti par les attentats de Paris, perd la raison et se retrouve
en prison après avoir grimpé, nu, sur une statue de Gandhi. A charge
pour Cornélia, son assistante (irrésistible Hélène Cinque), de monter un
spectacle en phase avec les angoisses de notre temps. Installée, avec
la troupe, chez l'accueillante Madame Sita Murfi (Nirupama Nityanandan),
la jeune femme à cran, cherche désespérément l'inspiration. Elle qui,
jusqu'ici, n'a jamais eu de « visions », va être visitée, dans
ses rêves (et cauchemars) par de glorieux fantômes : Gandhi, Tchekhov,
le Roi Lear et, bien, sûr Shakespeare... C'est ce dernier qui lui montre
la voie, en regrettant de ne pas s'être assez moqué des « méchants »
dans ses pièces. S'ensuivent des saynètes ridiculisant les fanatiques
islamistes - et l'incroyable se produit : on rit ! Le spectacle dénonce,
en parallèle, l'oppression des femmes, au Moyen-Orient comme en Inde.
Pour affronter ces démons, « Une chambre en Inde » convoque tous les
dieux (et formes) du théâtre. La commedia dell'arte rencontre Theru
Koothu, théâtre populaire tamoul ; les marionnettes côtoient la vidéo...
Certes, le spectacle pose plus de questions qu'il ne donne de réponses,
l'écriture collective (« en harmonie avec Hélène Cixous »)
souffre de naïvetés et s'attarde un brin trop sur des sujets annexes
(les errements bureaucratiques des services de la Culture). Après
quelques représentations la fable balbutie, se cherche encore, mais elle
paraît si belle déjà !
Le
plateau, métamorphosé en chambre-usine à rêves, chatoie sous les
lumières qui fusent des persiennes et bruisse des mille sons d'une ville
indienne. Les beaux chants et musiques orchestrés par Jean-Jacques
Lemêtre ensorcellent. Les images oniriques (singes bondissants, vache
sacrée, danses rituelles) font tourner la tête. Les mouvements
d'ensemble étonnamment fluides (une quarantaine de comédiens virtuoses
évoluent sur scène) et l'utilisation de l'espace, savamment maîtrisée,
achèvent d'emballer le public. Jusqu'à ce final bouleversant où un
Charlot, grimé en imam, rejoue le plaidoyer humaniste qui clôt le film «
Le Dictateur ». Le théâtre, s'il ne peut sauver le monde, peut au moins
donner la force de chasser la peur. Debout, unis avec le Soleil, contre
l'obscurantisme.
Une chambre en Inde
une création collective du Théâtre du Soleil
dirigée par Ariane Mnouchkine
musique de Jean-Jacques Lemêtre
en harmonie avec Hélène Cixous
avec la participation exceptionnelle de
Kalaimamani Purisai Kannappa Sambandan Thambiran
musique de Jean-Jacques Lemêtre
en harmonie avec Hélène Cixous
avec la participation exceptionnelle de
Kalaimamani Purisai Kannappa Sambandan Thambiran
Représentations
du mercredi au vendredi à 19h30
le samedi à 16h
le dimanche à 13h30
le samedi à 16h
le dimanche à 13h30
Durée du spectacle
3h30 + entracte de 15 minutes les mercredi et jeudi, entracte de 30 minutes les vendredi, samedi et dimanche
3h30 + entracte de 15 minutes les mercredi et jeudi, entracte de 30 minutes les vendredi, samedi et dimanche
Prix des places
Individuels 40 € / Collectivités, demandeurs d’emploi 30 € / Étudiants - de 26 ans et scolaires 20 €
Individuels 40 € / Collectivités, demandeurs d’emploi 30 € / Étudiants - de 26 ans et scolaires 20 €
Billets mécènes
pour ceux qui peuvent soutenir le Théâtre du Soleil : 150 € | 100 € | 50 €
pour ceux qui peuvent soutenir le Théâtre du Soleil : 150 € | 100 € | 50 €
LOCATION
Individuels 01 43 74 24 08
tous les jours de 11h à 18h
et en ligne (mais quelques places seulement)
sur le site de ThéâtreOnline
et la Fnac
Lorsqu’il n’y a plus de places à la vente « sur internet », cela ne veut – absolument pas – dire que la représentation est complète. Mieux vaut vérifier auprès de notre location !
Individuels 01 43 74 24 08
tous les jours de 11h à 18h
et en ligne (mais quelques places seulement)
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Lorsqu’il n’y a plus de places à la vente « sur internet », cela ne veut – absolument pas – dire que la représentation est complète. Mieux vaut vérifier auprès de notre location !
Collectivités, groupes d’amis 01 43 74 88 50
du mardi au vendredi de 11h à 18h
du mardi au vendredi de 11h à 18h
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